Publié : novembre 2022
Quand il faut traiter un patient victime d’un AVC, chaque seconde compte. Au Canada, l’AVC est au troisième rang des principales causes de décès et d’invalidité chez les adultes, une statistique qui pourrait changer maintenant que L’Hôpital d’Ottawa a recours à la thrombectomie, un traitement novateur qui ne cesse de se perfectionner. L’Hôpital d’Ottawa, reconnu dans le monde entier pour son expertise en neurosciences, a fait des pas de géant en réponse à certains des défis les plus cruciaux de notre époque dans cette discipline, notamment par ses travaux sur l’AVC qui révolutionnent les pratiques à l’échelle internationale. L’Hôpital est d’ailleurs en tête de peloton au Canada pour ses méthodes de traitement des AVC, y compris le recours à la thrombectomie.
Il y a dix ans, la thrombectomie était un traitement expérimental qui promettait de changer des vies. Le Dr Robert Fahed était étudiant en médecine et effectuait sa résidence en neurologie dans un hôpital prestigieux de Paris, en France, quand il a entendu parler de cette intervention inédite pour la première fois. Il se souvient même parfaitement du résultat de la première thrombectomie qu’il a observée. « Une femme dans la cinquantaine avait eu un très grave AVC. Elle était paralysée du côté droit et incapable de parler. Malheureusement, il était impossible de lui administrer un médicament qui sert à dissoudre le caillot dans le cerveau, raconte le Dr Fahed. Je me suis dit : “Cette pauvre dame sera paralysée jusqu’à la fin de ses jours, si elle survit.” »
« C’est alors qu’un membre de l’équipe de soins a expliqué qu’ils allaient essayer un traitement expérimental appelé thrombectomie. » Le Dr Fahed a poursuivi sa tournée et 30 minutes plus tard, il a reçu un appel stupéfiant. « La patiente bougeait son bras droit. Elle n’était plus paralysée. Immédiatement, je me suis dit : “Je ne sais pas ce qui s’est passé dans cette salle, mais je veux être celui qui réalise ces interventions. Je veux être celui qui ramène ces gens à la vie. Voilà ce que je veux faire.” »
Attirer la crème de la crème dans le monde
Il n’y a que quatre neuroradiologues d’intervention et neurologues spécialisés en AVC au Canada en ce moment et le Dr Fahed est l’un d’eux. Recruté par L’Hôpital d’Ottawa en 2019, il réalisait un rêve d’enfance en venant s’installer ici.
« L’Hôpital d’Ottawa est renommé pour son expertise des AVC. Nous avons un excellent programme de soins et notre centre reçoit un gros volume de patients. Nous administrons ces traitements de 150 à 200 fois par année. »
— Dr Robert Fahed
Quels sont les symptômes d’un AVC?
- Faiblesse, paralysie ou engourdissement soudain, surtout d’un seul côté du corps
- Confusion ou difficulté soudaine à parler ou à comprendre ce que disent les autres
- Troubles soudains de la vue : vision floue ou double d’un œil ou des deux yeux
- Difficulté soudaine à marcher, étourdissements ou perte d’équilibre
- Mal de tête soudain et violent inexpliqué
Une nouvelle technologie change le pronostic des patients après un AVC
Parmi les Canadiens qui vivent avec les séquelles d’un AVC, le quart a moins de 65 ans, tandis que le risque d’AVC grimpe rapidement après 55 ans. Quatre-vingt-sept pour cent des AVC sont des AVC ischémiques, c’est-à-dire causés par un vaisseau sanguin alimentant le cerveau qui est obstrué par un caillot.
Le regretté Dr Cheemun Lum et le Dr Dar Dowlatshahi ont contribué à mettre au point une technique appelée thrombectomie endovasculaire qui a sauvé la vie de nombreux patients victimes d’AVC. Les résultats de l’essai clinique baptisé ESCAPE ont été publiés en 2015. Cette intervention unique consiste à insérer un mince tube dans une artère de l’aine, pour l’acheminer jusqu’au caillot dans le cerveau. En s’aidant de l’imagerie par rayons X, on aspire ensuite le caillot avec une pompe, ce qui rétablit la circulation sanguine vers le cerveau.
Un caillot de sang obstrue un important vaisseau sanguin dans le cerveau, ce qui cause un AVC ischémique aigu.
Un minuscule cathéter est inséré dans une incision à une artère de l’aine et acheminé jusqu’au caillot de sang. Un tuteur est ensuite inséré dans le cathéter et acheminé jusqu’au caillot pour s’en emparer en l’enveloppant.
Le tuteur contenant le caillot est ensuite ramené vers l’incision dans l’aine pour retirer le caillot. L’objectif est de retirer tout le caillot dès la première tentative pour restaurer la circulation sanguine le plus vite possible et limiter ainsi les dommages causés par l’AVC.
La circulation sanguine est restaurée. La fonction cérébrale peut bien souvent s’améliorer immédiatement.
« Notre objectif est donc de déloger le caillot entier, du premier coup. C’est ce que nous appelons un coup de circuit. »
La vidéo est uniquement disponible en anglais.
Comment savoir si quelqu’un fait un AVC?
Si vous croyez que quelqu’un fait un AVC, pour le confirmer, les experts recommandent la méthode VITE.
- Visage : Demandez-lui de sourire. Un côté de son visage semblera affaissé.
- Incapacité : Demandez-lui de lever les bras. Un de ses bras ne se lèvera pas autant que l’autre, ou pas du tout.
- Trouble de la parole : Demandez-lui de parler. La personne aura un trouble de l’élocution ou de la difficulté à produire des sons clairs.
- Extrême urgence : Si vous constatez l’un des signes ci-dessus, composez immédiatement le 911 et notez l’heure de leur première apparition.
L’Hôpital a contribué à perfectionner la technologie pour améliorer les résultats
Récemment, un nouveau cathéter mis au point à Kitchener-Waterloo s’est révélé efficace pour retirer plus de caillots au premier essai. L’entreprise a demandé à notre équipe de spécialistes des AVC de l’aider à tester l’efficacité du dispositif, qui était approuvé par Santé Canada. « L’Hôpital d’Ottawa est renommé pour son expertise des AVC. Nous avons un excellent programme de soins et notre centre reçoit un gros volume de patients. Nous administrons ces traitements de 150 à 200 fois par année », indique le Dr Fahed.
« Nous possédons une expertise inégalée dans la conception d’études permettant d’évaluer ces outils, ajoute-t-il, car lorsqu’on crée un outil, on ne commence pas tout simplement à l’utiliser. Il faut le tester, l’évaluer et vérifier s’il est sûr et efficace. C’est ainsi que l’entreprise nous a demandé, au Dr Brian Drake et à moi-même, de faire une étude. »
Les chercheurs ont testé cette nouvelle solution de traitement avec de faux caillots dans des modèles de vaisseaux sanguins en silicone imprimés en 3D qui reproduisaient un cerveau. Pendant d’innombrables heures, ils ont testé différentes façons d’utiliser le cathéter. « Nous voulions trouver la meilleure manière de l’utiliser avec succès chez les patients et nous avons trouvé une méthode très prometteuse et extrêmement efficace avec le modèle en silicone. Ensuite, nous avons conçu une étude sur l’utilisation du cathéter chez les patients victimes d’AVC. Nous comparerons les résultats de cet essai avec ceux d’essais portant sur différents outils et dispositifs », explique le Dr Fahed.
« Si la tendance se maintient, ce sera une véritable révolution dans notre domaine. Tout va changer. »
Jusqu’ici, les résultats sont extrêmement encourageants. Le taux de succès de l’extraction d’un caillot du premier coup – le « coup de circuit » – a fortement augmenté depuis que l’équipe utilise le nouveau modèle de cathéter. « Nous sommes maintenant capables de retirer entièrement le caillot en une seule tentative chez la vaste majorité des patients. Si la tendance se maintient, ce sera une véritable révolution dans notre domaine. Tout va changer. »
Quel est le lien entre la COVID-19 et l’AVC?
La COVID-19 peut entraîner des complications neurologiques, pas simplement respiratoires. De premières études montrent que la COVID-19 pourrait plus que doubler le risque d’AVC, surtout chez les personnes présentant d’autres facteurs de risque. Selon plusieurs études, même les jeunes sont plus à risque de faire un AVC à cause de la COVID-19. Les personnes qui font un AVC lorsqu’elles sont atteintes de la COVID-19 courent aussi un risque accru de décès ou d’invalidité.
Des innovations et des traitements qui bouleversent le paysage grâce à la recherche
« Je suis fier de contribuer aux bouleversements causés par ces innovations et ces traitements – notre discipline est en pleine effervescence. »
– Mary Vanstone
Le médecin continue d’être émerveillé par le monde, tout comme il a été émerveillé par cette première thrombectomie il y a longtemps.
La vidéo est uniquement disponible en anglais.
« La recherche d’aujourd’hui définit les soins de demain. Ce que nous étudions aujourd’hui engendrera les traitements avant-gardistes et révolutionnaires qui bouleverseront les soins offerts à nos patients demain. »
Statistiques et données importantes sur l’AVC
- Un AVC ischémique survient lorsque la circulation du sang vers le cerveau est perturbée par un caillot sanguin.
- 87 % de tous les AVC sont ischémiques.
- Un accident ischémique transitoire ou « mini-AVC » est provoqué par un caillot bloquant temporairement une artère.
- Un AVC hémorragique survient lorsqu’il y a rupture d'un vaisseau sanguin affaibli.
- Les AVC sont la principale cause d'invalidité chez les adultes au Canada.
- Au Canada, chaque année, environ 50 000 personnes font un AVC.
- Deux tiers de tous les AVC surviennent chez les plus de 65 ans.
- Après 55 ans, le risque de faire un AVC double tous les 10 ans.
- Le risque d’AVC est un peu plus élevé chez les hommes.
- Voici quelques facteurs de risque : antécédents familiaux, hypertension artérielle, hypercholestérolémie, toxicomanie, surpoids, sédentarité, consommation abusive d'alcool, tabagisme, apnée du sommeil et diabète.
Fièrement affilié à l’Université d’Ottawa, L’Hôpital d’Ottawa est un centre de recherche et de santé universitaire de premier plan.