Colleen Webber, Ph.D., n’a pas toujours été orientée vers les sciences de la santé, et surtout pas vers la recherche. Mais après un stage de maîtrise, elle a eu le coup de foudre pour le processus de la recherche de réponses aux grandes questions de la vie.
Détentrice d’une maîtrise ès sciences (ergothérapie) et d’un doctorat en épidémiologie, Mme Webber met ses études rigoureuses à profit comme principale associée de recherche clinique et boursière postdoctorale à L’Hôpital d’Ottawa, où elle étudie les soins palliatifs pour les personnes qui vivent avec la schizophrénie.
En reconnaissance de ses importants travaux sur le sujet comme chercheure en formation, Mme Webber a été nommée lauréate du Prix du chercheur en formation, Recherche clinique et appliquée de 2023.
En reconnaissance de ses importants travaux sur le sujet comme chercheure en formation, Mme Webber a été nommée lauréate du Prix du chercheur en formation, Recherche clinique et appliquée de 2023.
Q : Comment s’est passée votre enfance?
R : Je suis née à Atikokan, dans le Nord de l’Ontario, où j’ai vécu jusqu’à mes années universitaires. C’était un endroit magnifique, mais très isolé. J’ai toujours aimé l’école, de même que les sciences et les mathématiques. Je n’ai jamais eu de grandes ambitions pour ma carrière, mais j’ai toujours voulu aller à l’université et sortir de mon village. J’ai donc déménagé à Hamilton pour fréquenter l’Université McMaster, où j’ai poursuivi des études de baccalauréat en psychologie.
Q : Comment avez-vous décidé d’étudier en sciences et de faire de la recherche ?
R : Pour moi, un baccalauréat en psychologie était parfait lorsqu’on ne sait pas ce qu’on veut faire. Mais dans mes cours, je voyais mal pourquoi on réalisait certaines recherches, pourquoi elles étaient importantes. Mon baccalauréat en poche, j’ai décidé de me diriger vers le milieu de la santé.
« Ce que j’aimais en recherche, c’était la possibilité d’avoir une question à se poser, puis d’y répondre ».
— Colleen Webber, Ph.D.
J’ai fait une maîtrise en ergothérapie à l’Université de Toronto, et c’est là que j’ai commencé à faire de la recherche. En plus de la formation clinique, nous devions faire un projet de recherche et le mien portait sur l’expérience universitaire d’étudiants aux prises avec des problèmes de santé mentale. Je me suis aperçue que le milieu de la recherche me convenait mieux que le milieu clinique et les rapports directs avec les patients. J’ai donc obtenu une deuxième maîtrise, en épidémiologie, et un doctorat dans le même domaine de l’Université Queen’s.
Ce que j’aimais en recherche, c’était la possibilité d’avoir une question à se poser, puis d’y répondre. Je trouvais cela plus satisfaisant comme carrière.
Q : Pouvez-vous décrire vos travaux de recherche actuels?
R : En ce moment, je me penche sur les soins palliatifs et de fin de vie des personnes atteintes de schizophrénie. Je m’intéresse beaucoup aux populations vulnérables et marginalisées qui peuvent être laissées pour compte par notre système de santé.
Nous savons que les soins palliatifs jouent un rôle si important lorsqu’il s’agit de bien mourir. Nous cherchons donc à déterminer si ces personnes reçoivent des soins palliatifs et quand : très tard et lorsqu’elles sont près de mourir? Nous voulons aussi savoir où elles meurent. La plupart des gens ne veulent pas mourir à l’hôpital, mais cela est encore très courant. Nous voulons nous assurer que les gens reçoivent des soins de fin de vie là où ils le veulent, ce qui est à la maison pour la plupart.
Comme cette étude est réalisée auprès de tous en Ontario, les données portent sur l’ensemble de la population. L’objectif principal est de savoir si les soins et les résultats de cette partie de la population diffèrent de ceux de toute la population, puis de déterminer comment nous pourrions mieux structurer les soins pour qu’ils répondent aux besoins des personnes qui ont la schizophrénie.
La recherche n’en est qu’à ses débuts, mais je crois qu’une des choses qui se dégage de nos travaux jusqu’ici est le fait que les personnes atteintes de schizophrénie sont plus susceptibles de recevoir des soins de longue durée avant de mourir. De là découlent certaines questions : Les foyers de soins de longue durée sont-ils en mesure d’offrir aux adultes âgés atteints de schizophrénie les soins de santé mentale et de fin de vie qui répondent à leurs besoins complexes? Le personnel est-il formé en matière de vieillissement avec la schizophrénie? Les aînés atteints de cette maladie pourraient-ils vivre dans la collectivité s’ils avaient de meilleures ressources à leur portée?
Q : Qu’est-ce qui motive votre recherche?
R : Dans le cadre de ce projet, nous avons créé un conseil consultatif des patients et de leurs familles et collaborons avec différents organismes communautaires, provinciaux et nationaux qui viennent en aide aux personnes atteintes de schizophrénie. Ces groupes me motivent parce qu’on entend leurs témoignages sur les difficultés auxquelles ils se butent et leurs expériences lorsqu’il s’agit d’accéder aux soins de santé. Comme chercheurs, nous pouvons nous pencher sur les données scientifiques et les lacunes, mais ce sont les personnes qui ont un vécu qui peuvent nous parler de ce que qui compte pour elles. Je quitte ces réunions revigorée, car elles me rappellent que ce que nous faisons pourrait faire une différence.
Un des aspects de l’épidémiologie que j’ai toujours aimés est le fait que cette science est très appliquée et peut avoir des retombées directes pour les patients. Vous pouvez voir comment vos travaux font changer la manière dont les patients sont soignés.
Q : Parlez-nous de quelque chose d’étonnant ou d’inhabituel dans votre domaine.
R : Beaucoup sont très mal à l’aise de parler de la mort, mais je crois que je saisis mieux maintenant l’importance d’en parler. Et il faut donner une plus grande place aux soins palliatifs dans tous les milieux de soins. Ce n’est pas seulement une spécialité, mais bien quelque chose qui doit s’intégrer dans tous les aspects des soins.
Q : Que diriez-vous à une personne qui songe à poursuivre une carrière en recherche à L’Hôpital d’Ottawa?
R : À L’Hôpital d’Ottawa, on reçoit beaucoup de soutien. La recherche qui s’y réalise est si diversifiée qu’il est facile d’y trouver sa niche au sein d’un groupe. C’est aussi un endroit très ouvert aux stagiaires, qui peuvent atteindre leurs objectifs grâce aux processus et aux soutiens en place.
« Je ne crois pas que j’aurais reçu ce prix sans avoir bénéficié de toute cette aide ».
— Colleen Webber, Ph.D.
Q : Comment vous sentez-vous en recevant ce prix?
R : Je suis heureuse de le recevoir. Je sais qu’il a des stagiaires extraordinaires à l’Institut de recherche, alors suis certaine que la compétition a été forte. C’est un honneur d’avoir été choisie et de voir reconnaître ainsi mon travail.
Q : À l’extérieur du travail, à quoi vous occupez-vous?
R : J’ai deux petits garçons, alors je suis souvent à les suivre un peu partout – pour nager l’été, jouer dans la cour ou aller au parc. J’aime aussi lire, courir et apprendre à coudre par moi-même.