Le Dr Alvin Tieu aspire à changer la vie des patients depuis le début de sa carrière scientifique. C’est en raison de ce désir d’aider autrui qu’il s’est intéressé à la méthode scientifique assez tôt dans son parcours, ce qui l’a amené à constater que la recherche se traduit par des résultats concrets pour les patients.
Après des études de premier cycle et à la maîtrise à l’Université Western, le Dr Tieu est venu à l’Université d’Ottawa pour étudier au doctorat en médecine (M.D./Ph. D.) et devenir scientifique clinicien. Sous la supervision des Drs Duncan Stewart et Manoj Lalu, les recherches translationnelles qu’il mène pourraient révolutionner les soins de demain.
En reconnaissance des recherches du Dr Tieu, qui contribuent à convertir les découvertes scientifiques en résultats concrets pour les patients, celui-ci est le récipiendaire du prix Worton du chercheur en formation de 2023.
Poursuivez votre lecture pour savoir ce qui a attiré le Dr Tieu vers les sciences et sur quelles avenues scientifiques prometteuses il travaille en ce moment.
Q. : Parlez-nous un peu de votre jeunesse.
R. : Je suis né et j’ai grandi à Scarborough, dans la région du Grand Toronto. Mes deux parents, qui ont immigré du Vietnam, ont occupé plusieurs emplois pour faire vivre notre famille. Même si mes parents ne provenaient pas du milieu scientifique ou de la recherche, mon éthique professionnelle est le reflet direct de la discipline dont ils ont fait preuve au quotidien pour m’offrir les possibilités d’instruction auxquelles ils n’ont jamais eu accès.
Je suis le premier à admettre que je n’étais pas très bon élève quand j’étais jeune. J’adorais le sport, comme beaucoup d’enfants. À l’époque, je me voyais probablement devenir un athlète. Heureusement, en faisant du sport, j’ai appris à travailler en équipe et à consacrer des heures et des heures à des activités qui me passionnent. Aujourd’hui encore, le sport occupe une grande place dans ma vie.
Q. : Qu’est-ce qui vous a poussé vers une carrière dans la recherche scientifique?
R. : Je me souviens encore du moment exact où j’ai commencé à aimer la science et la recherche. Au début, cela ne m’intéressait pas du tout, mais en 7e année, j’avais un professeur de sciences inspirant. Pour notre premier devoir, il fallait rédiger une dissertation sur le sujet de notre choix et j’ai opté pour la théorie du big bang sur l’origine de l’univers. Je m’attaquais à un gros sujet, mais mes lectures ont vraiment capté mon intérêt. J’ai été ébahi d’apprendre que quelqu’un était arrivé à élaborer cette théorie complexe à partir de ses propres idées, des mathématiques et de la recherche. C’est là que j’ai décidé que la science ferait partie de ma future carrière.
Q. : Comment en êtes-vous venu à faire des études en médecine?
R. : J’ai d’abord obtenu un baccalauréat et une maîtrise en pharmacologie. C’est ainsi que j’ai commencé à explorer la physiologie intéressante du corps humain et des maladies. En pharmacologie, il faut savoir comment les médicaments agissent sur différents systèmes de l’organisme.
Mon affinité pour la recherche s’est vraiment développée à cette époque. Pendant ma maîtrise, j’ai dirigé un essai clinique qui portait sur les moyens d’optimiser la gestion des médicaments antihypertenseurs chez les patients en hémodialyse. Ces expériences m’ont incité à poursuivre ma carrière en recherche scientifique, dans le but d’améliorer les traitements offerts aux patients.
Par la suite, j’ai choisi le programme de doctorat en médecine de sept ans de l’Université d’Ottawa. Quand j’ai été accepté, je me rappelle que ma mère m’a demandé : « Pourquoi veux-tu étudier encore sept ans? » Même si la recherche m’attirait, j’avais aussi développé un intérêt pour la médecine pendant mes études de premier cycle. J’avais eu l’occasion de faire partie d’équipes de santé mondiale et j’avais vu comment les médecins peuvent changer la vie des patients grâce à l’écoute active et à des soins centrés sur le patient. Cela m’a donné le goût de devenir scientifique clinicien, afin de pouvoir traiter les patients individuellement tout en réalisant des recherches prometteuses qui peuvent améliorer des vies à l’échelle mondiale.
Q. : Qu’est-ce qui vous a attiré à Ottawa pour cette étape de votre carrière?
R. : J’ai entendu parler en bien de la Faculté de médecine à Ottawa, notamment pour l’importance qui est accordée au bien-être des étudiants et au développement de leurs compétences cliniques. De plus, L’Hôpital d’Ottawa abrite l’un des meilleurs instituts de recherche au Canada. Nous avons une foule d’occasions de travailler avec des scientifiques qui sont des experts et des chefs de file mondiaux dans diverses disciplines, soit sous leur supervision ou même en collaboration avec eux.
Q. : Pouvez-vous décrire vos recherches?
R. : J’étudie les vésicules extracellulaires, de minuscules particules qui sont libérées naturellement par chaque type de cellule de notre corps. Les recherches des cinq à dix dernières années ont démontré que différentes cellules communiquent entre elles à travers ces petites particules pour maintenir le fonctionnement normal de l’organisme. Cependant, elles contribuent aussi à la progression de maladies. Par exemple, les cellules cancéreuses peuvent aussi excréter ces petites particules, ce qui pourrait contribuer à l’apparition de la maladie, localement et dans les tissus d’autres organes.
J’essaie d’isoler ces vésicules extracellulaires à partir de cellules souches pour traiter des maladies pulmonaires. Les cellules souches sont étudiées depuis des décennies et leur potentiel thérapeutique a été clairement démontré en laboratoire, mais ce potentiel ne s’est pas encore traduit par des résultats concrets pour les patients. En isolant ces petites particules pour les concentrer fortement, nous pourrions exploiter les atouts des cellules souches d’une façon plus commode pour traiter des maladies pulmonaires dévastatrices.
Q. : Que ressentez-vous après avoir remporté le prix Worton du chercheur en formation?
R. : Quand j’ai appris que j’avais été sélectionné, j’étais vraiment ravi, parce que je connais plusieurs des récipiendaires précédents. Certains étaient des étudiants comme moi et je connais leurs travaux qui ont vraiment repoussé les frontières de la recherche scientifique. C’est donc un grand honneur d’être nommé à leurs côtés. J’ai réalisé plus de la moitié de mon doctorat pendant la pandémie de COVID-19, ce qui a créé beaucoup d’obstacles. Toutes les études qui ne portaient pas sur la COVID-19 ont été interrompues pendant plusieurs semaines et j’ai dû modifier complètement mes objectifs de recherche pour y inclure la recherche sur cette maladie. Finalement, je crois que j’ai réussi à formuler une thèse interdisciplinaire novatrice. Je suis très heureux d’être le récipiendaire de cette année et que l’on ait reconnu ma capacité de m’adapter pendant une période difficile.
Q. : Que faites-vous lorsque vous n’êtes ni en clinique ni en laboratoire?
R. : Je libère mon stress au gymnase. Puisque j’ai grandi en faisant du sport compétitif, c’est surtout en jouant au volley-ball ou au basket-ball avec mes amis que je m’éclaircis les idées et que je me maintiens en santé.
Sinon, j’adore voyager. L’an prochain, j’irai en Europe quatre fois, pour des vacances et des mariages. Il n’y a rien de plus gratifiant comme expérience que de s’immerger dans différentes cultures, goûter les mets fins locaux et escalader une montagne dans un autre coin du monde.