Dr Michael Verret

Qu’il dévale une montagne à vélo ou qu’il fasse de la planche à neige, ou qu’il anesthésie un patient dans une salle d’opération, le Dr Michael Verret sait prendre des décisions sous pression. Animé par la curiosité, cet anesthésiologiste de Québec a décidé d’ajouter la recherche à son portefeuille en devenant scientifique clinicien. 

Le Dr Verret a récemment obtenu son doctorat en épidémiologie, sous la supervision des DrsDean Fergusson et Manoj Lalu. Il a étudié des solutions de rechange aux opioïdes dans les soins chirurgicaux pour les patients qu’il voyait si souvent dans l’exercice de l’anesthésie. Ses résultats ont permis de changer les pratiques cliniques et de recherche relatives à l’administration de solutions de rechange aux opioïdes dans une salle d’opération. En 2024, il s’est vu décerner le Prix Grimshaw du chercheur en formation. 

Découvrez ce qui pourrait vous surprendre au sujet de l’anesthésie et comment le Dr Verret a changé la pratique grâce à ses recherches à L’Hôpital d’Ottawa. 

Q: Pouvez-vous nous parler de votre enfance?

« J’ai aimé la rapidité de prise de décisions dans la pratique de ces sports, le fait de devoir s’adapter et de relever les défis. »

Dr Michael Verret

R : À l’école, mes matières préférées étaient les mathématiques et la philosophie. En dehors de l’école, j’adorais faire du sport, surtout ceux qui avaient un certain niveau d’intensité, comme le vélo de montagne et la planche à neige. J’ai aimé la rapidité de prise de décisions dans la pratique de ces sports, le fait de devoir s’adapter et de relever les défis, et le fait de découvrir la nature. En hiver, j’enseignais la planche à neige et, toutes les fins de semaine, j’étais donc parti pour faire de la planche à neige en montagne.

Dr Verret snowboarding

Q: Quand avez-vous pris conscience que vous vouliez faire de la médecine, et plus particulièrement de l’anesthésiologie?

R : Au secondaire, je pensais à devenir médecin, mais j’envisageais aussi de devenir policier. Ces deux professions m’inspiraient en termes de discipline et de rigueur. Je voulais améliorer la sécurité et la santé. 

Mais voilà que le père d’un bon ami était représentant en fournitures de bloc opératoire. Il m’a demandé de l’accompagner un jour dans un bloc opératoire pour voir si cela me plairait. J’ai été très impressionné par l’esprit d’équipe et la façon dont les médecins, et en particulier les anesthésiologistes, appliquaient leur compréhension du fonctionnement du corps pour aider le patient et améliorer les résultats. J’avais environ 15 ans et, à partir de ce moment-là, j’ai voulu devenir médecin, et plus précisément anesthésiologiste. 

Q: Qu’est-ce que les gens ne savent peut-être pas sur l’anesthésiologie?

R : Souvent, les gens ne savent pas ce qu’est exactement l’anesthésiologie ou ignorent que nous sommes en fait des médecins. Lors d’une intervention chirurgicale planifiée ou d’urgence, nous préparons le patient, nous nous assurons que tout se déroule de façon optimale et stable. Lorsque nous pratiquons une anesthésie, nous sommes également responsables de la surveillance, de la prévention et du traitement des complications qui peuvent survenir avant, pendant et immédiatement après une opération. Au bout du compte, nous veillons à ce que le patient se rétablisse de manière optimale après l’opération. Nous nous rendons également dans l’Unité des naissances pour aider à gérer la douleur lors d’un accouchement. Enfin, nous travaillons dans des cliniques de la douleur pour gérer les douleurs aiguës et chroniques. Certains d’entre nous travaillent également avec des patients en soins critiques. 

Ce qui est formidable avec l’anesthésie, c’est que c’est l’une des rares spécialités médicales où l’on administre un médicament, où l’on comprend son effet et où l’on voit immédiatement les résultats. Il faut être capable de comprendre rapidement ce qui se passe et savoir agir en conséquence. Il y a aussi des moments clés avec le patient, où il faut le rassurer et établir une relation de confiance en un temps court. 

Lorsque nous sommes de garde, nous devons nous préparer, y compris l’équipe et le patient, à tout optimiser, et nous devons nous adapter rapidement aux difficultés qui peuvent se présenter — comme vous le feriez pour un sport ou une compétition. 

Q: Quand avez-vous commencé à vouloir faire de la recherche?

R : Dès le début de ma résidence, j’ai commencé à m’intéresser à la recherche parce que je voulais connaitre l’origine des connaissances. Je voulais fonder mes décisions sur des données probantes. Je me suis inscrit au Programme de formation de cliniciens-chercheurs offert par le Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada. Je suis détenteur d’une maîtrise en épidémiologie clinique de l’Université Laval. Plus je faisais de la recherche, plus je voulais non seulement la comprendre, mais aussi générer moi-même de nouvelles connaissances. 

Au cours de ma maîtrise, j’ai réalisé un examen systématique de grande envergure, qui consistait à faire une synthèse de toutes les connaissances sur un sujet donné à l’époque. Il s’agissait de déterminer l’efficacité des gabapentinoïdes, une catégorie d’options aux opioïdes, utilisés dans les soins chirurgicaux. Cet examen systématique a montré que les gabapentinoïdes ne devraient pas être utilisés pour soulager la douleur et améliorer le rétablissement, car ils ne présentaient aucun avantage net. Cette catégorie de médicaments a permis de réduire l’utilisation des opioïdes à court terme, mais elle a également eu de graves effets secondaires. Cela a mis en évidence le fait que nous devons être prudents quant à la manière dont nous appliquons certaines solutions à la crise des opioïdes. 

Q: Quels sont les travaux de recherche pour lesquels vous recevez le Prix Grimshaw du chercheur en formation?

R : C’est dans la continuité des travaux que j’ai menés dans le cadre de ma maîtrise. En me basant sur les résultats de mon examen systématique, pour mon doctorat, j’ai décidé d’élaborer un programme de recherche complet, non seulement sur cette autre solution spécifique applicable aux opioïdes, mais aussi sur toutes les solutions de rechange aux opioïdes actuellement utilisées. Il y a plus de 20 médicaments utilisés, et nous cherchons à améliorer leur utilisation appropriée.  

Premièrement, j’ai évalué les lacunes actuelles en matière de connaissances et la documentation existante sur l’efficacité de ces solutions de rechange. Ensuite, j’ai fait un sondage auprès de tous les anesthésiologistes au Canada pour décrire leurs pratiques et les croyances dont ils font état au sujet de l’utilisation de solutions de rechange aux opioïdes. Ensuite, nous effectuerons des essais cliniques à grande échelle sur deux des solutions de rechange, la dexmedetomidine et la lidocaïne, et l’essai pilote sera mené dans plusieurs centres au Canada. 

Q: Quel impact cette recherche aura-t-elle sur les patients et les professionnels de la santé?

R : Pour les patients, nous visons à améliorer leur rétablissement en utilisant des résultats centrés sur le patient. Les résultats traditionnels pourraient permettre de réduire la consommation d’opioïdes à court terme, mais nous avons constaté que le plus important pour les patients et les cliniciens était d’évaluer les résultats globaux – comme la qualité du rétablissement, la fonction, la douleur, etc. – nous générons des connaissances qui sont plus bénéfiques.

« En améliorant le rétablissement, nous améliorons l’ensemble du système hospitalier. »

Dr Michael Verret

Pour l’hôpital, lorsque nous améliorons le rétablissement, nous pouvons souvent réduire la durée du séjour et la réadmission. En améliorant le rétablissement, nous améliorons l’ensemble du système hospitalier. 

Q: Qu’est-ce qui vous a attiré à L’Hôpital d’Ottawa pour vos recherches?

R : J’ai rencontré l’un de mes superviseurs, le Dr Fergusson, à plusieurs reprises avant de venir à Ottawa. À la suite de ces rencontres, j’ai su que le Dr Fergusson était unique en son genre, non seulement en raison de ses compétences scientifiques, mais aussi en tant que mentor. Ses valeurs et son sens de l’éthique sont incroyables. 

Ensuite, il y a toute l’équipe et l’environnement de L’Hôpital d’Ottawa. Il y a le Groupe de recherche translationnelle Blueprint avec lequel j’ai travaillé pour mon doctorat. Mon co-superviseur, le Dr Manoj Lalu, codirigeait ce groupe avec le Dr Fergusson, et la rigueur, les compétences, l’organisation et le mentorat fournis étaient excellents. 

De gauche à droite : Dr Fergusson, Dr Verret, et Dr Lalu

Q: Que ressentez-vous lorsque vous recevez le Prix Grimshaw du chercheur en formation?

R : C’est très agréable et motivant. À mesure que j’élabore mon programme de recherche –  Optimizing Patient-centred outcomes Using opioid minimization Strategies (OPUS) (Optimisation des résultats axés sur le patient au moyen de stratégies de réduction de l’utilisation au minimum des opioïdes) – mon objectif est de générer des connaissances qui seront pertinentes, applicables et percutantes. C’est un honneur et un privilège de recevoir un prix appuyant cet important objectif de recherche. 

Q: Où peut-on vous trouver lorsque vous n’êtes pas au travail? 

R : La plupart du temps, vous me trouverez avec mon nouveau-né et ma femme. C’est vraiment passionnant. Notre bébé est né le lendemain de ma défense de thèse. C’est vraiment fantastique de devenir père et de le voir évoluer et grandir. Je dirais que je passe le plus clair de mon temps avec lui au parc ou à me promener le long du fleuve Saint-Laurent à Québec. 

Dr Verret et sa famille
Dr Verret et son fils