
La Dre Julie Ouellette ne plaisante pas, du moins pas lorsqu’il s’agit de recherche. En tant que doctorante à l’Hôpital d’Ottawa et à l’Université d’Ottawa, les travaux de la Dre Ouellette sur le rôle des vaisseaux sanguins cérébraux dans l’autisme ont ouvert une nouvelle voie dans le domaine des neurosciences.
L’étude du rôle du système vasculaire dans les troubles neurodéveloppementaux est un domaine nouveau, et les recherches de la Dre Ouellette apportent des informations cruciales à ce débat. Enrichissant le travail multidisciplinaire qui se déroule aujourd’hui à l’Hôpital d’Ottawa, elle contribue à donner de l’espoir pour atteindre à l’avenir une meilleure compréhension de l’autisme.
Découvrez exactement ce que la lauréate du prix Worton 2025 du chercheur en formation a découvert en examinant de près le système vasculaire du cerveau — et quand vous pourriez réellement la voir s’amuser.
Q : Pouvez-vous nous parler un peu de votre enfance?
R : Je suis née et j’ai grandi à Ottawa, dans une famille ayant une formation en ressources humaines et en médecine. Toute l’éthique du travail que j’ai apprise vient de leur engagement quotidien face aux défis qu’ils ont rencontrés.
Enfant, j’aimais le sport, comme la gymnastique, le football et l’équitation. Ces activités m’ont appris le travail d’équipe et la communication, et m’ont également donné un esprit de compétition sain.
À l’école primaire, j’aimais faire du sport, mais j’adorais les mathématiques et les sciences, ce qui est tout à fait logique aujourd’hui!
Nous avions un chien, un caniche royal, qui était très gentil, mais qui trouvait toujours le moyen de faire des bêtises. C’était vraiment le meilleur ami qu’un enfant puisse demander.
Q : Que vouliez-vous faire plus tard quand vous étiez enfant?
R : Vétérinaire! J’adore être avec les animaux et m’occuper d’eux, et j’ai toujours été passionnée par leur bien-être. Je n’aimais pas les voir souffrir, alors j’ai toujours voulu les aider.
Q : Comment avez-vous décidé de vous lancer dans la recherche en neurosciences?
R : Au cours de mes études de premier cycle, j’ai étudié la biologie à l’Université d’Ottawa (uOttawa) et me suis spécialisée en physiologie animale, pensant que j’irais à l’école vétérinaire. Mais au fur et à mesure que mon programme se déroulait, je me suis rendu compte que je souhaitais davantage comprendre les raisons pour lesquelles les choses se produisaient : pourquoi ils réagissaient ou répondaient d’une certaine manière, ou pourquoi ils ne le faisaient pas.
Ma décision de me lancer dans la recherche est le résultat d’une succession de moments, petits et grands, qui ont façonné mon parcours. Des membres de ma famille atteints de troubles neurologiques et voir comment cela affectait leur entourage, jusqu’à suivre un cours de neurobiologie qui a éveillé mon intérêt pour les neurosciences, l’idée de comprendre les troubles neurologiques m’intriguait.
Q : Avez-vous des peurs particulières?
R : Je n’ai pas de peur inhabituelle, du moins pas que je sache. Cependant, je n’aime pas particulièrement les araignées, car j’y suis très allergique. J’essaie de les éviter autant que possible!
Pour mes études supérieures, j’ai fait la connaissance du Dr Baptise Lacoste à l’Hôpital d’Ottawa. Il était en train de constituer une équipe chargée d’étudier le développement de la vasculature du cerveau et m’a proposé d’étudier le rôle du système vasculaire cérébral dans les troubles du spectre autistique. Pour moi, c’était une nouvelle façon d’étudier le cerveau, parce que je ne connaissais rien à ce sujet. En réalisant à quel point la relation entre le système vasculaire et un cerveau en bonne santé peut être délicate et complexe, j’ai voulu poursuivre dans cette voie en tant qu’étudiante à la maîtrise, puis en tant que doctorante à l’uOttawa.
« Julie est une scientifique très motivée, travailleuse et persévérante qui vise toujours l’excellence. Elle a tout pour devenir une chercheuse accomplie! »
— Dr Baptiste Lacoste
Q : Qu’est-ce que le système vasculaire cérébral?
R : Le système vasculaire cérébral est un réseau complexe de vaisseaux sanguins qui apportent les nutriments et l’oxygène nécessaires au bon fonctionnement du cerveau.
Q : Sur quoi portent vos recherches?
R : Lorsque j’ai étudié le rôle de la vascularisation cérébrale dans l’autisme, je me suis intéressée à un syndrome appelé délétion 16p11.2, une mutation souvent associée à l’autisme. Nous avons découvert que les cellules endothéliales cérébrales, qui constituent les éléments constitutifs de la paroi vasculaire, étaient dysfonctionnelles en présence de cette délétion. Les cellules endothéliales ne formaient pas de réseaux vasculaires étendus à un stade précoce.
Au cours du développement du cerveau, de nombreux processus se déroulent, et un dysfonctionnement ou une dérégulation précoce de ces vaisseaux sanguins pourrait avoir des effets chez les adultes. Les modifications précoces auront des effets à long terme.
Le projet a permis de déterminer de nouvelles cibles et de nouveaux biomarqueurs qui peuvent approfondir notre compréhension de la physiopathologie des troubles du spectre autistique. Il a marqué un changement de paradigme vers une meilleure compréhension de l’autisme.

Q : Comment vos recherches aident-elles les patients?
R : Déterminer de nouvelles cibles, de nouveaux biomarqueurs et le développement potentiel de nouvelles thérapies constitue une avancée considérable dans ce domaine. Ces recherches pourraient déboucher sur de nouveaux moyens d’améliorer le bien-être des personnes autistes, de leurs familles et de leurs aidants.
Q : Qu’est-ce qui vous surprend dans votre domaine?
R : Il est surprenant que beaucoup de gens imaginent les vaisseaux sanguins du cerveau comme de simples tubes qui acheminent le sang vers le cerveau. Or, le système vasculaire cérébral est complexe et sophistiqué. Les vaisseaux apportent non seulement de l’oxygène et des nutriments au cerveau, mais ils sont également essentiels au développement et à la plasticité cérébrale, et garantissent que le cerveau fonctionne dans un environnement sécuritaire pour les fonctions neuronales.
Concernant les troubles du spectre autistique, la plupart des recherches se concentrent sur les neurones, les cellules nerveuses qui communiquent entre elles. Étudier l’autisme d’un point de vue vasculaire semble toujours surprenant, car ce n’est pas courant.
Q : Y a-t-il des livres ou des émissions que vous aimez particulièrement?
R : J’aime lire tout ce qui comporte un grain d’aventure, comme les romans policiers où je peux voir comment l’intrigue se développe. Il y a une série que je regardais récemment, intitulée High Potential, dont le personnage principal est capable de trouver des indices très précis que personne d’autre ne voit. Je me dis toujours : « Waouh, j’aimerais pouvoir faire ça, mais dans le domaine scientifique. »
Q : Comment l’Hôpital d’Ottawa innove-t-il dans votre domaine?
R : À l’Hôpital d’Ottawa, la présence de chercheurs multidisciplinaires nous permet d’étudier les troubles neurodéveloppementaux sous différents angles. L’esprit communautaire qui règne à l’Hôpital d’Ottawa garantit que les questions de recherche sont examinées sous tous les angles possibles, ce qui est essentiel pour faire progresser ce domaine.
Q : Où travaillez-vous actuellement?
R : Je suis actuellement chercheuse postdoctorale au Conseil national de recherches, au Centre de recherche en thérapeutique en santé humaine. Je continue à travailler dans le domaine des anomalies vasculaires cérébrales, mais je me concentre désormais sur les maladies rares. Je mets à profit ce que j’ai appris à l’Hôpital d’Ottawa et à l’Université d’Ottawa et je cherche des moyens de créer et de perfectionner des outils et des plateformes innovants afin d’améliorer notre compréhension des maladies rares.
Q : Que ressentez-vous après avoir remporté le prix Worton 2025 du chercheur en formation?
R : Je suis extrêmement honorée de recevoir ce prix. Non seulement cela signifie que la qualité de mon travail est reconnue, mais il me motive vraiment à repousser les limites et à essayer d’apporter autant de contributions positives que possible. Je suis restée sans voix quand j’ai appris que j’avais gagné.
Q : Qui est votre mentor?
R : Il y a un groupe de personnes dont je m’inspire, et qui forme une sorte de mentorat multidisciplinaire à plusieurs. Il y a mes parents, qui m’ont appris à persévérer face à différents défis; des amis qui ont eux-mêmes rencontré des difficultés et qui ont réussi à les surmonter; et au travail, le Dr Lacoste, bien sûr. Il trouve toujours des moyens de repousser mes limites et de m’aider à exceller dans le monde de la recherche.
« Julie est une jeune scientifique exceptionnelle, profondément déterminée à faire progresser notre compréhension des troubles neurodéveloppementaux. »
— Dr Maxime W. Rousseaux
Q : Qu’est-ce que vos amis ignorent peut-être à propos de votre travail?
R : Mes amis sont surpris d’apprendre que nous travaillions avec des animaux pour modéliser les troubles neurodéveloppementaux. Ils sont surtout intrigués par la façon dont cela s’est produit et par notre capacité de reproduire des résultats pertinents pour les humains dans ces modèles.
Q : Où peut-on vous trouver lorsque vous n’êtes pas au travail?
R : J’essaie de passer autant de temps que possible à l’écurie. Je suis une cavalière passionnée et je me fraye lentement un chemin dans le monde du concours complet, une discipline qui peut être décrite comme similaire à un triathlon équestre. Je travaille actuellement avec un cheval nommé Oakley, un pur-sang de huit ans. Nous apprenons l’un de l’autre en permanence. Il a un caractère de chiot et adore attirer l’attention. Il est prêt à essayer tout ce que je lui propose.
En dehors de cela, pendant l’été, j’aime passer du temps au chalet avec ma famille ou mes amis.


