Elle est infirmière autorisée et titulaire d’un doctorat. Elle aide les patients et leurs familles à prendre les meilleures décisions concernant leur santé.

La Dre Dawn Stacey est scientifique chevronnée et codirectrice scientifique du Groupe de recherche sur les outils d’aide à la décision pour les patients à L’Hôpital d’Ottawa et vice-doyenne à la recherche à la Faculté des sciences de la santé de l’Université d’Ottawa (uOttawa). Elle a consacré sa carrière à améliorer les processus décisionnels des patients et à aider à mettre en place de meilleurs systèmes permettant aux prestataires de soins de santé de guider les patients dans leurs choix.

Il est difficile de quantifier l’incidence que la Dre Stacey a eue sur les patients à Ottawa et bien au-delà, mais le fait que ses travaux aient été cités dans plus de 120 lignes directrices cliniques en donne une bonne idée.

En tant que lauréate du prix Grimes du mérite scientifique de 2025, il est clair que ses pairs reconnaissent son influence.

Découvrez la Dre Dawn Stacey et constatez par vous-même l’importance de son travail pour notre communauté.

Q : Pouvez-vous nous parler un peu de votre enfance?

R : Je suis née à Zweibrücken, en Allemagne, de parents canadiens. Mon père était dans l’armée, j’ai donc grandi dans un milieu militaire. Nous sommes retournés au Canada quand j’avais deux ans. Nous avons vécu au Manitoba, en Alberta et en Colombie-Britannique avant de nous installer à Ottawa, où mes parents vivent depuis que je suis en 8e année.

Nous avons beaucoup voyagé quand j’étais jeune. Quand j’avais 12 ans, nous sommes retournés en Europe pour voir l’endroit où je suis née. Mes parents avaient aussi une autocaravane, et chaque année, nous traversions le Canada en long et en large pour rendre visite à nos proches.

J’ai grandi en changeant souvent de ville et d’amis. Je pense que cela a influencé mon amour pour la recherche, car la recherche implique elle aussi des changements constants.

Q : Que vouliez-vous devenir en grandissant?

R : Je voulais être hôtesse de l’air pour voyager à travers le monde. En grandissant, j’ai voulu devenir physiothérapeute, comme ma mère. 

Q : Comment avez-vous décidé de vous lancer dans les soins infirmiers?

R : L’été de mes 16 ans, j’ai travaillé au camp Merrywood d’Easter Seals, où j’étais monitrice pour enfants ayant un handicap physique. Je m’occupais de leurs soins personnels, notamment les cathétérismes, l’alimentation, l’habillage et la toilette, et j’ai réalisé à quel point j’aimais prendre soin des autres.

Lorsque j’ai fait ma demande d’admission à l’université, ma mère m’a conseillé d’aller à l’Université McMaster à Hamilton, en Ontario, car on y proposait un apprentissage interprofessionnel et basé sur les problèmes. Les physiothérapeutes et les infirmières apprennent ensemble pendant certains travaux, et elle pensait que c’était ainsi que nous devrions travailler ensemble. L’ensemble du programme était axé sur la résolution de problèmes à travers des discussions en petits groupes et l’autoapprentissage. C’était très collaboratif, et j’ai vécu une expérience formidable.

Q : Qu’est-ce qui vous a amené à vous orienter vers la recherche?

R : Dès que j’ai obtenu mon diplôme de premier cycle, j’ai commencé à travailler dans un service d’hospitalisation pédiatrique. J’étais tellement habituée à étudier tout le temps que j’ai décidé de reprendre mes études pour me spécialiser dans les soins infirmiers en cancérologie.

Au bout de deux ans, j’ai accepté un poste d’infirmière dans le domaine des essais cliniques à Hamilton, où je m’occupais de femmes atteintes d’un cancer du sein ou de l’ovaire. En collaboration avec l’oncologue médical, nous avons créé le premier comité de décision pour aider les femmes à comprendre leurs options de traitement. Mais ensuite, je suis tombée amoureuse de quelqu’un à Ottawa, et j’ai commencé à travailler comme formatrice en soins infirmiers à l’actuel Centre de cancérologie de L’Hôpital d’Ottawa. J’ai été responsable des soins infirmiers et de l’éducation des patients pendant une décennie.

En tant qu’éducatrice, j’ai commencé ma maîtrise avec la Dre Annette O’Connor – alors que j’avais un enfant en bas âge et un bébé à la maison! La Dre O’Connor m’a encouragée à faire mon doctorat immédiatement. J’ai quitté mon emploi et je me suis inscrite à temps plein dans un programme de doctorat en santé des populations.

Q : Avez-vous des atouts particulières?

R : J’aime le changement, les défis variés et occuper des postes de direction. En plus de diriger des équipes de recherche, je suis vice-doyenne à la recherche de la Faculté des sciences de la santé à l’uOttawa, où je soutiens les travaux de recherche d’environ 120 professeurs dans cinq écoles. Je suis également présidente du conseil d’administration de notre copropriété. J’apprends constamment.

Q : Qu’est-ce qui a suscité votre intérêt pour les sciences de la décision et de la mise en œuvre?

R : Mon intérêt a été éveillé pendant ma maîtrise, lorsque j’ai créé et testé un outil d’aide à la décision pour les femmes à risque de cancer du sein. Cet outil a aidé ces femmes à comprendre les données probantes relatives aux différentes options. Mais une fois l’étude terminée, la clinique a cessé d’utiliser l’outil d’aide à la décision.

Au cours de mon doctorat, j’ai souhaité mettre en lumière le rôle des infirmières de la BC Nurseline dans l’accompagnement des patients confrontés à des décisions de santé. Plus précisément, j’ai souhaité comprendre les obstacles qui empêchent les infirmières d’accompagner les patients, et j’ai évalué les interventions visant à surmonter ces obstacles à la mise en œuvre. Grâce à leur capacité à prendre des décisions, les infirmières peuvent aider les patients à comprendre les options qui s’offrent à eux en matière de soins de santé, à déterminer ce qui est important pour eux dans leur situation et à choisir la meilleure option.

Q : Sur quoi portent vos recherches depuis votre arrivée à L’Hôpital d’Ottawa?

R : Au fil des ans, j’ai fait de la recherche dans plusieurs domaines différents.

Dès que j’ai obtenu mon doctorat, j’ai commencé à travailler en collaboration avec France Légaré, médecin de famille à l’Université Laval à Québec, sur une nouvelle approche de prise de décision par les patients appelée « modèle interprofessionnel de prise de décision partagée ». Nous avons testé sa mise en œuvre dans plusieurs environnements.

J’ai également commencé des recherches à la clinique de remplacement articulaire de l’hôpital, afin d’aider les patients à comprendre les différentes options qui s’offrent à eux pour traiter l’arthrose de la hanche et du genou. Ils pouvaient envisager la physiothérapie, la chirurgie, les injections articulaires, la perte de poids ou le traitement de la douleur. Nous avons contribué à réduire légèrement le nombre de patients opérés et, pour ceux qui ont subi une chirurgie, nous les avons aidés à avoir des attentes plus réalistes quant au déroulement et aux conséquences de l’opération, ce qui a amélioré leur satisfaction à l’égard du processus.

Un important projet de recherche portait sur les raisons pour lesquelles les infirmières ne suivaient pas les lignes directrices provinciales pour la prise en charge des symptômes du cancer par téléphone. J’ai mis en place et évalué les guides de décision COSTaRS (Pan-Canadian Oncology Symptom Triage and Remote Support) afin d’améliorer la qualité du soutien apporté par les infirmières aux patients atteints de cancer. Ce travail avec COSTaRS s’est concentré sur la mise en œuvre, sur la manière dont nous pouvions changer l’exercice des infirmières pour les amener à aller au-delà de la question « À quel point est-ce grave sur une échelle de 0 à 10? » et les inciter à effectuer des évaluations appropriées et à donner de meilleurs conseils sur l’autogestion des symptômes. COSTaRS est utilisé par les infirmières dans les programmes de lutte contre le cancer partout au Canada, et les patients qui bénéficient du soutien des infirmières utilisant ces guides voient leurs symptômes mieux pris en charge.

Au niveau international, j’ai codirigé l’élaboration des normes internationales relatives aux aides à la décision pour les patients, qui garantissent la qualité des aides à la décision et évitent tout préjugé négatif dans les décisions. J’ai influencé l’accréditation des hôpitaux en Australie pour exiger un soutien aux patients pour leur permettre de participer à la prise de décision. Et je fais partie d’un comité consultatif de prise de décision partagée au Danemark.

Q : Comment vos recherches aident-elles les patients à L’Hôpital d’Ottawa?

R : Lorsque les patients sont encouragés à participer aux décisions relatives à leurs soins de santé, nous savons que cela les aide à comprendre leurs options, à avoir des attentes réalistes et à se sentir plus à l’aise avec l’option qu’ils ont choisie. Cela leur donne voix au chapitre dans la prise de décision. Cela fait partie du nouveau plan stratégique de L’Hôpital d’Ottawa, qui vise à améliorer les soins fournis en partenariat avec les patients et à favoriser leur engagement significatif. Cela implique notamment d’encourager les patients à participer au processus décisionnel.

Du point de vue de la recherche, nous savons que dans 50 % des cas, les patients ne sont pas informés des autres options possibles lorsqu’ils doivent prendre des décisions concernant leur santé. On leur dit simplement ce qu’ils doivent faire. Nous encourageons les patients à poser des questions telles que « Quelles sont les autres options qui s’offrent à moi? » et « Quels sont les avantages et les inconvénients de ces options, et quelle est leur probabilité de se produire? ». Ils peuvent également trouver des aides à la décision concernant des choix spécifiques sur notre site Web.

Q : Avez-vous des peurs particulières?

R : Ma peur intérieure est de ne pas avoir fait de mon mieux. Mes parents m’ont élevé en me disant : « Quoi qu’il arrive, tu dois toujours faire de ton mieux. » Quand je pense au travail, c’est généralement en me demandant : « comment puis-je m’améliorer? »

« La Dre Stacey est une clinicienne-chercheuse exceptionnelle, reconnue à l’échelle internationale, et une innovatrice dans le domaine des sciences de la décision et de la mise en œuvre appliquées à la pratique clinique, à la gestion et aux politiques de santé. Elle a apporté une contribution remarquable à la théorie et à l’application de la prise de décision partagée. »

— Dr Dean A. Fergusson

Q : Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans votre travail?

R : C’est le fait de travailler avec d’autres personnes. J’adore vraiment pouvoir venir au bureau et travailler en équipe. J’aime aussi encadrer les chercheurs en début de carrière et les étudiants.

Q : Que ressentez-vous après avoir remporté le prix Grimes du mérite scientifique?

«  Honnêtement, ces recherches sont tellement importantes pour les patients et les soins fournis aux patients, et je suis tellement heureuse qu’elles soient valorisées à ce point à L’Hôpital d’Ottawa. »

— Dre Dawn Stacey

R : La nouvelle m’a complètement renversée. Je suis très touchée que mes recherches soient reconnues par ce prix important. Honnêtement, ces recherches sont tellement importantes pour les patients et les soins fournis aux patients, et je suis tellement heureuse qu’elles soient valorisées à ce point à L’Hôpital d’Ottawa.

Q : Qui est votre mentor?

R : La Dre O’Connor est une mentore importante pour moi. C’est elle qui a créé ce programme de recherche à L’Hôpital d’Ottawa, et elle a été intronisée au Temple de la renommée médicale pour ses travaux de recherche fondamentale. Je reçois aussi des conseils de recherche de la Dre France Légaré et de mon mari, le Dr Ian Graham.

« Il est difficile de décrire l’incidence des contributions de la Dre Stacey dans le domaine des soins de santé à l’échelle mondiale. Au cours de la dernière décennie, nous avons assisté à une reconnaissance internationale de la nécessité d’impliquer les patients dans les décisions concernant leur santé et la manière dont les services de santé sont fournis. Au cours des 20 dernières années, Dawn a été à l’avant-garde de la recherche sur ces questions. Elle a mené des recherches fondamentales qui ont guidé ce domaine. »

— Dr Jeremy Grimshaw

Q : Comment occupez-vous votre temps libre?

R : La fin de semaine, je fais souvent du vélo, sur les magnifiques pistes cyclables d’Ottawa et de Gatineau. Je vais au travail à vélo, même habillée en robe. En hiver, j’adore le ski de fond et le curling. Mon mari et moi aimons voyager pour le travail et les vacances, souvent avec nos trois enfants.

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