En tant que chef de la chirurgie vasculaire et endovasculaire à L’Hôpital d’Ottawa depuis 2012, le Dr Nagpal dirige une équipe spécialisée en chirurgie vasculaire qui est maintenant réputée pour son utilisation de techniques de pointe.
Le Dr Nagpal, qui est également chercheur clinicien à l’Institut de recherche de l’Hôpital d’Ottawa, se consacre tout aussi bien à la recherche qu’à l’excellence des soins, améliorant ainsi la santé des patients de notre hôpital.
Q : Quand avez-vous réalisé que vous vouliez devenir médecin, ou comment êtes-vous devenu chirurgien vasculaire?
R : Je m’intéressais déjà aux sciences au secondaire et mes professeurs m’ont toujours encouragé à faire des études supérieures. Dans la petite ville de Nouvelle-Écosse où j’ai grandi, je me souviens que mon médecin de famille m’impressionnait beaucoup avec son tempérament calme et son attitude tranquille. C’était quelqu’un que l’on voulait forcément prendre comme modèle.
Quand je fréquentais l’Université Dalhousie et que je discutais avec des étudiants de l’école de médecine, je savais que cette profession serait à la fois remplie de défis et enrichissante. Après mes études à l’école de médecine de Dalhousie, j’ai travaillé comme urgentologue pendant environ quatre ans avant de faire une spécialisation en chirurgie générale. Pendant ma résidence, mes stages préférés étaient ceux en chirurgie vasculaire. Les interventions sur des vaisseaux sanguins sont assez difficiles du point de vue technique, mais elles sont somme toute très satisfaisantes, car le résultat est souvent immédiat. De plus, les patients en chirurgie vasculaire sont surtout des personnes âgées et ces gens nous racontent les histoires les plus extraordinaires lors des consultations!
Q : Parlez-nous de quelque chose d’inhabituel ou de surprenant dans le domaine de la chirurgie vasculaire.
R : La chirurgie vasculaire a connu une véritable révolution au cours des 10 ou 15 dernières années. Certaines interventions qui exigeaient une chirurgie lourde, de grandes incisions et une longue hospitalisation peuvent maintenant se faire grâce à une technique à effraction minimale (ou mini-chirurgie) appelée thérapie endovasculaire. Souvent, les patients sont de retour chez eux après un jour ou deux. Pourtant, même si la mini-chirurgie est moins effractive physiquement, elle n’est pas toujours préférable à une chirurgie ouverte plus complexe.
Voilà l’un des grands dilemmes auxquels sont confrontés les spécialistes en chirurgie vasculaire, qui doivent déterminer quelle intervention convient le mieux à chaque patient à long terme. À L’Hôpital d’Ottawa, nous avons eu la chance d’acquérir l’une des premières salles d’opération hybrides de pointe, qui nous permet d’effectuer une mini-chirurgie et une chirurgie ouverte en même temps sur un même patient. Cela a permis à l’Hôpital de devenir un chef de file au pays en ce qui concerne ces interventions novatrices.
Q : Vous avez contribué à soigner Mina Jean King . En quoi son cas était-il complexe ou unique?
R : Mina présentait des obstructions aux deux jambes et nous avons réussi à améliorer la circulation dans sa jambe droite avec une thérapie endovasculaire. Toutefois, du côté gauche, où des ulcères (des plaies ouvertes sur la peau qui ne guérissaient pas) menaçaient l’intégrité de sa jambe, la thérapie endovasculaire n’a pas fonctionné. Le risque d’amputation de sa jambe gauche était élevé. Cela aurait grandement réduit la qualité de vie de la patiente.
Pour les personnes de son groupe d’âge, un pontage complexe exige une approche en équipe. Il faut la participation de professionnels chevronnés en anesthésie, en soins infirmiers, en chirurgie et en soins postopératoires. Heureusement, à L’Hôpital d’Ottawa, nous avons une foule de spécialistes hautement qualifiés dans ces domaines. Pour ce pontage, nous devions suturer des vaisseaux sanguins de deux millimètres de diamètre dans la partie inférieure de la jambe de Mina. L’intervention a duré environ quatre heures et demie et elle s’en est parfaitement remise, grâce à toute l’équipe.
Q : Le pontage que vous avez dû réaliser dans l’une des jambes de Mina Jean King était extrêmement complexe. Selon vous, pourquoi réussissons-nous de façon aussi remarquable ce genre de pontages complexes à L’Hôpital d’Ottawa?
R : L’Hôpital d’Ottawa réalise plus de pontages complexes que tout autre hôpital en Ontario. La Division de chirurgie vasculaire de notre hôpital met fortement l’accent sur la préservation des membres. Nous avons créé une clinique de préservation des membres qui sert de modèle en matière de soins partout en Ontario et ailleurs au Canada. Encore une fois, il faut un important travail d’équipe entre experts des soins des plaies, spécialistes des maladies infectieuses, chirurgiens plasticiens et chirurgiens orthopédistes. Cette approche collaborative permet aux patients d’être pris en charge par de multiples spécialistes de différentes disciplines en une seule visite. D’ailleurs, notre taux d’amputation à la suite d’un pontage est l’un des plus bas en Ontario principalement grâce à la coordination des soins et du suivi effectuée par la clinique de préservation des membres. La division amorce un programme de surspécialisation clinique en préservation des membres pour enseigner aux jeunes chirurgiens vasculaires des techniques chirurgicales et endovasculaires complexes, ainsi que l’optimisation des soins des plaies et la gestion des facteurs de risque. Grâce à cet enseignement, nous espérons enseigner notre savoir-faire et ainsi reproduire les excellents résultats de notre hôpital partout en Ontario et au Canada.
Q : En recherche vasculaire, quelles sont les réalisations prometteuses ou révolutionnaires de L’Hôpital d’Ottawa?
R : La recherche est aussi un aspect important de la Division de chirurgie vasculaire et il ne fait aucun doute qu’elle améliore les soins aux patients. Divers projets de recherche ont fait de notre division un chef de file national de la recherche vasculaire et de l’innovation. Récemment, certains ont même été récompensés au Canada et reconnus à l’étranger.
De nouveaux projets prometteurs qui sont en cours et qui ont obtenu d’importantes subventions portent notamment sur un programme de recherche sur la maladie artérielle périphérique, le contrôle de la qualité pour l’accès à la gestion des facteurs de risque vasculaires, l’intelligence artificielle dans la salle d’opération en chirurgie vasculaire, ainsi que l’évaluation de la pleine conscience pour améliorer la santé mentale des résidents en chirurgie. Voilà un aperçu des nombreux projets qui sont en cours au sein de la division.
Q : Quelle est l’importance du soutien ou des dons de la communauté pour l’avancement de la recherche?
R : Toute division de recherche est constamment en quête de financement pour innover de façon continue. Cela est particulièrement vrai pour une division chirurgicale qui se consacre activement aux soins aux patients. Le soutien de la communauté nous permet de mettre à contribution des ressources afin de réaliser les idées novatrices des chirurgiens et des résidents. Ce soutien financier est indispensable, de la naissance d’une idée jusqu’à la rédaction d’un manuscrit. Nous sommes reconnaissants envers les donateurs qui nous ont permis de poursuivre et de perfectionner nos recherches au fil des ans. Les coûts de la recherche ne font qu’augmenter et nous avons toujours besoin de nouvelles ressources et de soutien.
Q : L’Hôpital d’Ottawa travaille actuellement à la création d’un nouveau centre de santé et de recherche de pointe pour remplacer le Campus Civic vieillissant. Que signifie ce nouveau centre pour vos patients?
R : Nous avons examiné les plans du nouveau campus, qui abritera un centre de recherche. C’est formidable de participer à la conception de ce nouvel établissement de santé moderne. Les patients ayant besoin de soins vasculaires seront bien soignés dans ce nouveau centre, où ils auront accès à des services de médecine externe intégrés (notamment notre clinique de préservation des membres), à des équipes multidisciplinaires de spécialistes, ainsi qu’à notre centre de diagnostic vasculaire. Leurs tests et leurs consultations en clinique se dérouleront tous au même endroit, ce qui permettra d’obtenir un diagnostic et de déterminer le traitement rapidement. Les nouvelles salles d’opération seront dotées d’infrastructures modernes hybrides où nous pourrons combiner chirurgie classique et thérapie vasculaire afin de rester à l’avant-garde et d’innover toujours plus pour améliorer les soins aux patients.
Q : Qu’est-ce qui vous garde motivé dans les moments stressants en tant que chirurgien vasculaire à L’Hôpital d’Ottawa?
R : Sur le plan professionnel, la chirurgie vasculaire peut être effectivement éprouvante par moments. Même si une opération complexe de quatre ou cinq heures sauve la vie d’un patient, l’ampleur du stress infligé à son corps peut entraîner des complications au bout du compte. Les conséquences peuvent donc être lourdes à porter, professionnellement et personnellement, car beaucoup de nos patients ont des problèmes de santé préexistants.
En revanche, quand on contribue à sauver des vies et des membres, la chirurgie vasculaire peut être immensément gratifiante – c’est le principal facteur qui me motive à supporter les longues heures et les moments stressants.