Publié : janvier 2025
Personne active depuis toujours, Kumar Visvanatha a commencé à remarquer des changements inquiétants en 2020. Ce retraité de l’industrie de la haute technologie adorait faire du vélo et de la randonnée et voyageait parfois au Colorado pour en parcourir les sentiers. Pilote d’avion, il aimait aussi fendre les airs. Cependant, dans le contexte de la pandémie, comme tant d’autres personnes, les activités qu’il aimait lui étaient devenues inaccessibles. Et l’isolement dans lequel il s’est retrouvé a profondément bouleversé son bien-être.
« J’ai alors commencé à me sentir anxieux et malheureux. J’avais très peu d’énergie. J’étais convaincu d’avoir un problème physique. Je n’ai jamais pensé que c’était une dépression . »
Il ne se doutait pas que cette situation engendrerait une spirale sans fin. En 2022, des maux de dos devenus chroniques ont exacerbé la situation. Sa qualité de vie s’est peu à peu dégradée. Faute de médecin de famille, il multipliait les consultations dans des cliniques sans rendez-vous, sans jamais obtenir de réponse ou de soulagement.
« J’ai alors commencé à me sentir anxieux et malheureux. J’avais très peu d’énergie. J’étais convaincu d’avoir un problème physique. Je n’ai jamais pensé que c’était une dépression », a expliqué Kumar.
Bientôt, Kumar ne se reconnaissait plus. C’est à ce moment qu’il a fait appel à l’équipe de santé mentale de L’Hôpital d’Ottawa.
La spirale infernale de la dépression
Plusieurs examens et analyses avaient confirmé que Kumar ne souffrait pas d’une maladie physique. Néanmoins, sa qualité de vie était en chute libre. À l’été de 2023, cet homme auparavant actif et motivé traversait une période très sombre. « Je ne me reconnaissais pas; l’homme dont je voyais la réflexion dans le miroir m’était complètement inconnu », explique Kumar.
« Tout espoir m’avait complètement quitté. »
Son énergie était au plus bas, il n’arrivait pas à dormir, il ne voulait rien faire. Sa seule activité consistait à « se morfondre à la maison ». Kumar ne sortait plus. Il ne comprenait pas ce qui lui arrivait et n’aurait pas su comment expliquer aux membres de son réseau qu’il n’était plus cet homme actif et sociable qu’ils connaissaient auparavant. Kumar se sentait complètement isolé. « Tout espoir m’avait complètement quitté. »
C’est à ce moment, en juillet 2022, que sa conjointe a insisté pour l’accompagner à l’Urgence du Campus Civic de L’Hôpital d’Ottawa, où il a fait la connaissance du Dr Andrew Greene, un psychiatre de l’équipe. « Kumar avait touché le fonds. Il croyait qu’il ne serait plus jamais lui-même », d’expliquer le Dr Greene.
De l’aide pour soigner une dépression à L’Hôpital d’Ottawa
Ce n’était pas le premier contact de Kumar avec L’Hôpital d’Ottawa, quoique les circonstances furent auparavant bien différentes. Avant de prendre sa retraite, Kumar avait travaillé chez JDS Uniphase, cette entreprise dont le personnel avait uni ses forces pour recueillir 15 millions de dollars pour l’Unité de soins critiques au Campus Général, qu’on appelle maintenant l’Aile des soins critiques Héritage des employés de JDS Uniphase. À l’époque, Kumar ne pouvait se douter qu’un jour, il recevrait des soins critiques en santé mentale à L’Hôpital d’Ottawa.
Heureusement, le Programme de santé mentale de L’Hôpital d’Ottawa offre le diagnostic et le traitement précoces des maladies mentales graves. Les deux services d’urgence psychiatrique de l’Hôpital et les 96 lits réservés aux soins de courte durée en font souvent le premier établissement vers lequel se tournent les personnes aux prises avec une crise de santé mentale à Ottawa. De plus, l’Hôpital offre trois programmes régionaux aux personnes vivant un premier épisode de psychose, des troubles d’alimentation ou un problème de santé mentale périnatale, en plus de déployer une équipe mobile de crise dans notre collectivité. Le Programme de santé mentale est aussi un chef de file de la recherche et il propose de nouvelles thérapies novatrices pour les patients.
Le défi de la dépression pourrait se résumer comme suit : les personnes qui en souffrent ont tendance à penser et à faire exactement le contraire de ce dont elles ont besoin pour se sentir mieux. Elles s’isolent, cessent de sortir et de faire des activités.
— Dr Andrew Greene
Lors de la consultation initiale, le Dr Greene a immédiatement observé que Kumar posait un regard lucide sur sa situation et voulait sincèrement aller mieux, mais qu’il avait besoin d’aide pour entreprendre le virage requis. Kumar a reçu un diagnostic de trouble dépressif majeur, une maladie mentale qui prive la personne atteinte de son élan habituel et l’empêche pendant une période prolongée de vivre pleinement les choses qui lui apportent habituellement du bonheur.
Le Dr Greene précise : « C’est un trouble vraiment persistant. Habituellement, les symptômes se font sentir pendant des mois, voire des années. Le défi de la dépression pourrait se résumer comme suit : les personnes qui en souffrent ont tendance à penser et à faire exactement le contraire de ce dont elles ont besoin pour se sentir mieux. Elles s’isolent, cessent de sortir et de faire des activités. Graduellement, leur inactivité aggrave leurs symptômes. »
Après la première évaluation à l’Urgence, Kumar est retourné chez lui avec des médicaments et un plan de traitement prévoyant sa participation au programme de compétences de transition.
Les solutions du programme de compétences de transition
Kumar a accepté de participer au programme de compétences de transition, qui comprend des séances de thérapie cognitivo-comportementale. Les séances d’une demi-journée sont offertes quatre fois par semaine.
« Nous aidons les gens à prendre conscience de la façon dont ils réfléchissent aux choses, affirme le Dr Greene. Dans certains cas, leurs réflexions produisent des pensées négatives ou très sombres qui affectent leur humeur. Nous examinons également l’effet de leurs comportements – les choses qu’ils font ou ne font pas – sur leur humeur. »
Kumar souligne les grands bienfaits que le programme lui a apportés pendant son rétablissement. « Parmi les différents sujets enseignés, j’ai vraiment été sensible aux dimensions de la pleine conscience, de la compassion envers soi et de la thérapie cognitivo-comportementale, et je mets régulièrement ces approches à profit encore aujourd’hui. »
« Graduellement, j’ai retrouvé mes repères. J’avais de plus en plus d’énergie, alors petit à petit, j’ai repris mes promenades à pied et à bicyclette. »
Il souligne également d’autres éléments bénéfiques du programme, notamment le groupe de régulation émotionnelle, le groupe d’établissement d’objectifs et le journal de gratitude.
La guérison est un long processus. Les rendez-vous de Kumar se sont poursuivis avec le Dr Greene. Il a fallu déterminer quelle dose de médicament lui convenait. Et en plus de participer au programme à l’Hôpital, Kumar rencontrait régulièrement un thérapeute.
Il a fallu beaucoup de temps et de patience, puis Kumar a recommencé à se sentir lui-même en avril 2024. « Graduellement, j’ai retrouvé mes repères. J’avais de plus en plus d’énergie, alors petit à petit, j’ai repris mes promenades à pied et à bicyclette. Mes activités ont agi comme un médicament pour moi. Lentement, mais sûrement, j’ai commencé à me sentir mieux. »
Un heureux retour à une vie saine et active
« Un trouble dépressif majeur est une affection temporaire. C’est très important que tout le monde comprenne cet aspect, dont je parle constamment à mes patients. Je leur dis sans cesse : je ne peux dire quand exactement, mais je peux vous garantir qu’un jour, ça ira mieux. »
Tout au long de son traitement, le Dr Greene répétait à Kumar que sa dépression ne durerait pas éternellement. « Lorsque les gens sont plongés dans une profonde dépression, ils croient qu’ils ne s’en sortiront jamais, explique-t-il. Un trouble dépressif majeur est une affection temporaire. C’est très important que tout le monde comprenne cet aspect, dont je parle constamment à mes patients. Je leur dis sans cesse : je ne peux dire quand exactement, mais je peux vous garantir qu’un jour, ça ira mieux. »
C’est un message très important à transmettre aux patients comme Kumar. « Je ne m’y attendais vraiment pas. Je ne comprenais pas du tout la dépression. Je me souviens d’avoir déjà songé : si quelqu’un se sent triste ou déprimé, il n’a qu’à sortir un peu et faire quelque chose d’amusant. Je sais maintenant qu’un trouble dépressif peut toucher n’importe qui, et qu’il ne suffit pas de volonté pour s’en sortir. »
Aujourd’hui, Kumar a repris ses activités et retrouvé sa joie de vivre. En songeant aux soins qu’il a reçus, il ressent beaucoup de gratitude. Il s’estime aussi très chanceux d’avoir reçu le soutien aimant de sa conjointe et d’amis très chers. Au cours de cette période difficile, ses proches prenaient de ses nouvelles régulièrement et insistaient pour qu’il sorte prendre l’air et faire des promenades.
Et maintenant, quand il se regarde dans le miroir, il voit une personne bien différente de l’image que lui renvoyait la glace il y a deux ans : « Je suis un peu plus vieux, c’est vrai, dit-il en souriant. Mais c’est bien moi, je me reconnais. »
Si quelqu’un a besoin d’aide :
Si vous connaissez quelqu’un qui pourrait souffrir d’une dépression et avoir besoin d’aide, une consultation auprès d’un médecin de famille est un bon point de départ. Si vous n’avez pas de médecin de famille, rendez-vous sur AccèsSMT.ca. Il s’agit d’un point d’accès centralisé aux ressources en santé mentale et en dépendances offertes dans notre région. Inscrivez-vous pour recevoir l’appel d’un membre du personnel qui vous mettra en relation avec les ressources appropriées.