Une chirurgie mini-invasive rétablit « parfaitement » l’ouïe.
Alors qu’une tumeur cérébrale commençait à grossir dans son oreille, Denis Paquette risquait de devenir sourd des deux oreilles, ce qui l’aurait empêché d’entendre la voix de sa femme pour toujours. Puisque la chirurgie traditionnelle était jugée trop risquée, les Drs Fahad Alkherayf et Shaun Kilty ont dû trouver une solution plus sûre – retirer la tumeur par le nez.
Une vie différente
Denis Paquette, maintenant âgé de 66 ans, a toujours été sourd d’une oreille. Il est évident qu’il comprend très bien les subtilités liées à une telle déficience. Après tout, c’est ce qu’il a toujours connu. Tenir le téléphone contre son oreille saine et tourner la tête afin de mieux entendre quelqu’un lors d’une conversation sont des habitudes qu’il a rapidement adoptées.
Mais en 2016, ces petites astuces qu’il avait utilisées toute sa vie ont commencé à le laisser tomber. Les conversations étaient de plus en plus difficiles à entendre et Nicole, la femme de Denis, avait constaté que ce dernier augmentait progressivement le volume de la télévision.
« Je commençais à être frustré parce que les gens me parlaient et je n’entendais que des bouts de conversation », explique Denis.
Parcours vers le diagnostic
Tracassé par son ouïe, Denis est allé consulter son médecin de famille. Il a passé divers tests d’audition qui ont tous démontré que quelque chose n’allait pas. Il a alors été aiguillé vers le Dr David Schramm, un spécialiste de l’audition à L’Hôpital d’Ottawa. Le Dr Schramm a demandé une imagerie par résonance magnétique (IRM) et celle-ci a révélé une tumeur rare dans le crâne et l’oreille interne de Denis. Ces résultats n’étaient pas ceux que Denis et Nicole attendaient.
« Je ne savais pas à quoi m’attendre alors ce fut vraiment un choc », explique Denis.
Afin de retirer la tumeur, Denis devait subir une intervention chirurgicale spécialisée et avait besoin de l’expertise du Dr Fahad Alkherayf, neurochirurgien, et du Dr Shaun Kilty, spécialiste des oreilles, du nez et de la gorge (ORL).
À cause de la complexité du diagnostic de Denis, le Dr Alkherayf et son équipe devaient trouver une solution pour retirer la tumeur sans compromettre complètement son ouïe.
« La tumeur grossissait dans son crâne et son oreille interne, exerçant une pression sur le nerf auditif de l’oreille saine. Il risquait de perdre ce qu’il lui restait de son ouïe, explique le Dr Alkherayf.
« Bien qu’il s’agissait d’une lésion bénigne, ses répercussions étaient énormes. » – Dr Fahad Alkherayf.
Le Dr Alkherayf savait que le fait de retirer la tumeur par l’oreille de Denis risquait d’affecter de manière permanente le peu d’ouïe qu’il lui restait. Dans ce contexte, le Dr Alkherayf a recommandé à Denis de subir la chirurgie mini-invasive du cerveau nouvellement disponible. Dans le cadre de cette technique, sa tumeur serait retirée par les narines plutôt que par l’oreille.
Le risque était élevé
Traditionnellement, une chirurgie du cerveau pour un cas comme celui de Denis doit être réalisée par l’oreille et nécessite la pratique d’une grande incision traversant le crâne. Cependant, réaliser ce type de chirurgie aurait pu complètement compromettre l’ouïe de Denis de manière permanente puisqu’il n’avait qu’une seule oreille saine.
Non seulement Denis aurait-il pu perdre l’ouïe, mais la méthode traditionnelle utilisée pour retirer une telle tumeur présente de plus grands risques de complication et d’infection et exige une plus longue période de rétablissement, pouvant aller jusqu’à six mois. Elle aurait également laissé une grande cicatrice partant du devant de l’oreille et se prolongeant jusqu’en haut de l’oreille et derrière celle-ci. L’idée seule de subir une telle intervention était angoissante.
Une nouvelle technique de chirurgie
Au cours des dernières années, le Dr Alkherayf a fait progresser une nouvelle technique qui permet de retirer divers types de tumeurs cérébrales : la chirurgie mini-invasive.
La chirurgie mini-invasive a transformé la manière de réaliser les chirurgies qui peuvent maintenant s’effectuer par micromanipulation chirurgicale, ce qui permet d’avoir accès à des parties du corps sans avoir à pratiquer de grandes incisions. Ce type de chirurgie est beaucoup plus sûr, présente un risque d’infection moindre et exige une période de rétablissement plus courte. Dans bon nombre de cas, les patients quittent l’hôpital quelques jours après la chirurgie.
« Les patients se rétablissent plus rapidement, explique le Dr Kilty, car ils n’ont pas besoin de se remettre de l’importante incision normalement pratiquée lors de l’approche [chirurgie] traditionnelle. »
Deux médecins sont nécessaires à la réalisation de ce type de chirurgie : un neurochirurgien, qui retire la tumeur, et un ORL, qui assure l’accès à la tumeur par le nez et qui dirige l’endoscope. Étant donné la nature complexe de ces chirurgies, seul un petit groupe de médecins, dont fait partie le Dr Alkherayf, accepte de les réaliser. De nombreuses personnes se tournent vers L’Hôpital d’Ottawa pour en apprendre davantage sur cette chirurgie novatrice. « Nous sommes devenus l’un des meilleurs endroits au Canada à pratiquer cette technique », affirme le Dr Alkherayf.
« Ils ont accompli un miracle avec moi. »
Le 20 juillet 2016, Denis a subi une intervention de cinq heures lors de laquelle les Drs Alkherayf et Kilty ont réussi à accéder à la tumeur et à lui retirer par le nez. La mise en place d’un tube microscopique partant de la cavité où se trouvait la tumeur jusqu’aux sinus de Denis devrait empêcher l’accumulation de fluide et réduire les chances que la tumeur réapparaisse.
Lors de son réveil, Denis était stupéfait d’entendre la voix de sa femme. « Je me suis réveillé et wow, dit Denis, je pouvais entendre! »
Il a obtenu son congé de l’hôpital deux jours seulement après sa chirurgie.
« Ils ont accompli un miracle avec moi. Ils ont réalisé quelque chose de fantastique », s’exclame Denis, dont les tests d’audition sont concluants depuis l’opération.
« Ils ont accompli un miracle avec moi. Ils ont réalisé quelque chose de fantastique. » – Denis Paquette
Grâce aux soins qu’il a reçus à L’Hôpital d’Ottawa et aux avantages de la chirurgie mini-invasive, Denis peut maintenant regarder ses émissions de télévision et discuter avec sa femme sans difficulté. Il ne craint plus de vivre sans entendre.
Fièrement affilié à l’Université d’Ottawa, L’Hôpital d’Ottawa est un centre de recherche et de santé universitaire de premier plan.