Publié : juillet 2023
Comme toute future mariée, Mechelle Kulker est stressée par les préparatifs de son mariage. Elle est certes aussi confrontée à beaucoup plus que de réserver une salle de réception, de trouver un photographe et la « robe parfaite ». Mechelle est atteinte d’une forme agressive de cancer du sein.
« Je pensais en mon for intérieur que j’avais sans doute un cancer ».
En février 2020, Mechelle a senti une boule au niveau de l’un de ses seins. Elle avait 29 ans à l’époque; elle enseignait à des élèves de 3e et 4e années, et sa vie professionnelle et personnelle l’a gardée bien occupée. C’est sous l’empressement de son petit ami, Kent Lampkie, qu’elle a pris rendez-vous avec son médecin, suivi rapidement d’une échographie, d’une mammographie, puis d’une biopsie – tout cela en plein tumulte de COVID-19.
« Je pensais en mon for intérieur que j’avais sans doute un cancer, dit Mechelle, et lorsque mon médecin m’a appelée pour le confirmer, je n’ai pas décroché un seul mot. Je ne souviens que de mes pleurs ».
La mauvaise nouvelle ne s’arrêtait pas là. Mechelle avait un cancer du sein triple négatif (CSTN) de stade 3, une forme rare et agressive de cancer qui touche de manière disproportionnée les jeunes femmes comme Mechelle, dans la fleur de l’âge.
« Le CSTN est le sous-type de cancer du sein le moins fréquent avec le pire pronostic, d’expliquer la Dre Moira Rushton, l’oncologue de Mechelle. Il n’a aucun récepteur d’œstrogènes, de progestérone et de HER2, d’où la description de “cancer du sein triple négatif”, à savoir que nous ne disposons d’aucun ciblage pharmacologique ».
Le traitement du CSTN est tout aussi agressif. Mechelle a eu une chimiothérapie préopératoire, suivie d’une lumpectomie, puis d’une chimiothérapie orale après sa chirurgie pour traiter le reste de la maladie. Les effets indésirables ont certes été très intolérables.
« J’avais l’impression que mon cancer était partout ».
Quelques mois plus tard, lors d’un examen de tomodensitométrie, des taches ont été observées au niveau de ses poumons et des ganglions lymphatiques autour de son cœur. Lors d’une IRM, des taches ont été trouvées au niveau de son cerveau, et son cancer avait aussi atteint ses os, dont une métastase de 7 cm au niveau de son fémur. Il a fallu l’opérer pour mettre une tige métallique dans sa jambe pour éviter qu’elle ne se casse. Le cancer de Mechelle était maintenant de stade 4.
« Je comptais les jours, j’attendais la fin, mais je n’en voyais jamais la fin ».
« Je comptais les jours, j’attendais la fin, dit-elle en sanglotant, mais je n’en voyais jamais la fin. J’avais l’impression que mon cancer était partout ».
N’ayant pas bien répondu à la plupart des traitements habituels, Mechelle explique avoir été parmi les premiers patients à L’Hôpital d’Ottawa à se voir administrer un médicament appelé sacituzumab govitecan (ou Trodelvy). La Dre Rushton précise que ce médicament a été le premier conjugué anticorps-médicament à avoir été approuvé pour le traitement du CSTN – et le taux de survie de ces patients est bien meilleur.
« Dans le cas de Mechelle, cela a complètement change la donne, de dire la Dre Rushton. Si elle n’avait pas commencé à prendre du Trodelvy en février dernier, je ne pense pas qu’elle serait encore en vie aujourd’hui ».
« Son cancer a quasiment disparu sur les clichés d’imagerie, ce qui relève tout simplement du miracle ».
« Les tumeurs dans mes poumons et mes os ont immédiatement commencé à rétrécir, d’ajouter Mechelle. Cela a pris un certain temps, mais il n’y a en fait aucune maladie évolutive dans mes os en ce moment. Trodelvy permet de stabiliser tout, sauf mon cerveau ».
Mechelle a un certain nombre de petites métastases cérébrales nécessitant des traitements répétés au CyberKnife. Ce robot de radiochirurgie est l’un des rares en service au Canada et il a été entièrement financé grâce aux dons. Il permet à des patients comme Mechelle de bénéficier de traitements de radiothérapie plus puissants et précis que la radiothérapie classique.
En dépit de la poursuite des traitements, la Dre Rushton s’accorde à dire que, de manière générale, Mechelle a fait des progrès incroyables. « Les tumeurs dans ses poumons ne sont plus visibles aux examens de tomodensitométrie, alors qu’auparavant, parler de « lésions boulets » était la seule manière de les décrire. À vrai dire, le cancer a quasiment complètement disparu sur les clichés d’imagerie, ce qui relève tout simplement du miracle ».
Donner en retour
Durant tout cela, Mechelle a commencé à réfléchir à des manières de sensibiliser au cancer du sein triple négatif.
« Il faut davantage d’options thérapeutiques pour traiter ce cancer très agressif. Cela ne peut se faire que grâce à la recherche menée dans des hôpitaux canadiens de premier plan comme L’Hôpital d’Ottawa ».
« Je voulais donner en retour à L’Hôpital d’Ottawa qui a été si formidable pour moi ».
Comme elle voulait aussi se concentrer sur les soins exceptionnels qu’elle reçoit, elle a commencé sa propre collecte de fonds en faveur de la recherche sur le cancer et a ainsi réussi à amasser jusqu’à présent des milliers de dollars.
« Je voulais donner en retour à L’Hôpital d’Ottawa qui a été si formidable pour moi. Les infirmières sont tout à fait exceptionnelles. Elles me parlent des préparatifs pour mon mariage ».
Les trois dernières années ont été éprouvantes pour Mechelle et Kent, aujourd’hui son fiancé, mais ils sont restés positifs et voyagent autant que possible : ils sont notamment allés nager au Costa Rica et faire de la randonnée dans le Maine.
« Dans l’ensemble, nous faisons comme si cela n’existait pas et nous vivons la vie que nous voulons, d’ajouter Mechelle. Lors de l’annonce de mon diagnostic, on m’a dit que j’avais un an à vivre; je viens d’atteindre ma deuxième année. J’espère que ces nouveaux médicaments vont me permettre de vivre plus longtemps ».
Elle espère aussi que la recherche va changer la trajectoire de toutes les autres personnes atteintes d’un cancer du sein triple négatif, et, grâce à ses efforts pour amasser des fonds, elle fait sa part pour que cela se concrétise.
Malgré toutes les épreuves qu’elle a traversées, Mechelle a trouvé la « robe parfaite ». Elle et Kent se marieront en août dans la maison de son enfance dans le comté de Prince Edward.
Félicitations à Mechelle et Kent, et merci à Mechelle pour ses efforts de collecte de fonds pour la recherche sur le cancer.