Pour de nombreuses personnes, les visites à l’hôpital sont rares. Mais pour d’autres, les visites à l’hôpital sont beaucoup plus régulières. C’est certainement le cas des patients atteints d’une maladie rénale avec lesquels l’infirmière Robin Laird travaille à la clinique de néphrologie du Campus Riverside de L’Hôpital d’Ottawa. Travaillant dans cette unité depuis plus de 30 ans, Robin est un visage familier pour les patients qui doivent venir jusqu’à trois fois par semaine pour une dialyse, et elle joue un rôle essentiel non seulement dans la santé physique des patients, mais aussi dans leur santé émotionnelle.
Qu’elle s’occupe d’une personne traitée depuis des décennies ou d’une personne qui vient pour la première fois après une maladie soudaine, la compassion de Robin est le moteur de ses soins quotidiens.
Poursuivez votre lecture pour en savoir plus sur les raisons pour lesquelles Robin a choisi de travailler en néphrologie et sur quelques faits inhabituels concernant les maladies rénales.
Q : Pouvez-vous nous parler un peu de votre enfance et de vos premières années?
R : J’ai grandi à Belleville et j’étais une adolescente des années 1970 – j’étais meneuse de claque, je faisais partie du conseil étudiant et j’adorais l’école secondaire. J’ai épousé mon chum au secondaire, et nous sommes toujours mariés. À l’école, j’aimais l’anglais et l’histoire. Les sciences, c’était pas mal, mais ça dépendait du professeur. J’ai fait beaucoup de gardiennage d’enfants; j’adorais les petits enfants.
Q : Quand avez-vous décidé de devenir infirmière, et plus particulièrement en néphrologie?
R : Il n’y avait vraiment rien d’autre qui m’intéressait. C’est drôle, quand j’ai commencé à travailler comme infirmière, je pensais que j’aimerais être dans les salles d’accouchement, mais je me suis vite rendu compte que ce n’était pas pour moi. J’ai travaillé à l’Hôpital de Trenton pendant cinq ans, à l’étage médical, puis j’ai déménagé à Ottawa en 1986 et j’ai posé ma candidature au Civic. Peu de temps après, j’ai reçu un appel téléphonique me demandant si j’étais intéressée par la néphrologie. À l’université, la néphrologie n’avait pas beaucoup été évoquée, mais une fois que j’ai commencé, je m’y suis sentie à ma place – je ne l’ai jamais regrettée. Je pense que je suis l’une des plus anciennes infirmières en néphrologie du programme à L’Hôpital d’Ottawa!
À l’époque où je travaillais à l’étage médical, j’avais toujours l’impression qu’il était impossible de tout faire dans une journée. Mais en dialyse, on fait son travail, on aide les patients à se sentir mieux et ils partent à la fin de la journée. Vous avez le sentiment d’avoir accompli votre journée.
Q : Qu’y a-t-il d’inhabituel ou de surprenant dans la néphrologie et la dialyse?
R : Le plus surprenant, c’est que certaines personnes atteintes d’une maladie rénale ont l’air en parfaite santé – on ne se rendrait jamais compte qu’elles sont malades, et pourtant elles risquent de mourir si elles ne sont pas dialysées. Une autre chose que les gens ne comprennent peut-être pas, c’est qu’une fois que l’on a commencé la dialyse, on ne peut plus s’en passer.
Une autre chose surprenante est que lorsque vos reins ne fonctionnent pas, vous ne produisez pas d’urine – vous ne faites pas pipi. Certains ont une fonction rénale très résiduelle et produisent un peu d’urine, mais beaucoup n’en produisent pas. Les liquides restent dans le sang. Nous devons faire un calcul pour éliminer le liquide pour eux pendant la dialyse.
Je dois apprendre à mes patients que si d’autres pensent qu’il est sain de se promener avec une grosse bouteille d’eau, ce n’est pas le cas pour eux – ils doivent arrêter cela.
Ainsi, lorsque les patients arrivent avec leur café double très grand – qui peut atteindre 500 mL – je leur dis simplement : « Nous allons devoir passer à un petit, très petit, parce que la limite des liquides est seulement d’un litre par jour! »
Q : Vous étiez l’une des infirmières dans l’affaire Katie Skidmore. Quelle était la particularité de cette affaire?
R : Nous recevons deux types de patients : ceux qui souffrent de problèmes rénaux depuis des années et qui décident finalement de passer à la dialyse et ceux qui souffrent d’une insuffisance rénale aiguë et qui n’ont pas le temps de se préparer.
Katie est venue nous voir avec un diagnostic soudain et bouleversant de maladie de la membrane basale anti-glomérulaire (anti-GBM), alors qu’elle avait une trentaine d’années. C’était une jeune femme qui menait une vie saine et bien remplie, et soudain, elle a reçu ce coup dur. À ce stade, les patients sont souvent en proie au chagrin, et il était donc important de l’aider sur le plan physique et médical, mais aussi sur le plan émotionnel.
Katie est également si intelligente que rien ne lui échappe. Elle surveillait notamment ses valeurs sanguines : lorsque ses anticorps diminuaient, cela signifiait qu’elle se rétablissait, mais lorsque ce n’était pas le cas, elle s’effondrait. Elle est unique parce qu’elle cherche à connaître ses résultats et qu’elle est proactive.
Je suis très fière de Katie et du chemin qu’elle a parcouru. Je l’ai vue dans l’unité l’autre jour, et elle était au téléphone, riant et parlant. C’est un tel bond en avant pour elle.
Q : Quels conseils lui donneriez-vous à une personne qui vient de recevoir un diagnostic de maladie rénale?
R : Je pense que la chose la plus importante est que la maladie rénale ne signifie pas nécessairement la fin de votre vie – ce n’est qu’un chapitre; ne sautez pas à la fin du livre. Et vous n’êtes pas seul. Le programme que nous avons à L’Hôpital d’Ottawa est extraordinaire en ce qui concerne le soutien que nous apportons aux patients. Je l’ai observé au fil des ans, depuis 1986, et tout cela est exceptionnel. Vous avez le choix et vous pouvez décider de votre parcours.
Q : Comme infirmière à L’Hôpital d’Ottawa, qu’est-ce qui vous motive dans les moments de stress?
R : Deux choses : le soutien des collègues et le fait de pouvoir prendre congé de tout ça.
Le métier d’infirmière est stressant, mais nous formons une équipe. Le soutien que nous recevons les uns des autres dans la salle à manger ne peut pas être sous-estimé. Mes meilleures amies sont toutes issues du programme de néphrologie, nous nous appelons sœurs et beaucoup d’entre nous travaillent ensemble depuis plus de 30 ans.
Même si c’est très stressant pour moi, j’ai aussi des vacances. Mes patients, eux, n’ont jamais de vacances. S’ils ont de la chance, ils peuvent aller quelque part, mais ils doivent toujours faire leur dialyse.
Q : Comment vous occupez-vous quand vous n’êtes pas à l’hôpital?
R : Je vis à la campagne avec mon mari, mes deux filles adultes et un chat. Avant la COVID-19, j’adorais organiser des fêtes et je m’occupais de la planification des célébrations pour les infirmières qui partent à la retraite. J’adore la décoration intérieure – les friperies, l’art floral. Je fais également partie d’un club de lecture composé de 13 membres du personnel de néphrologie à la retraite. Nous sommes très pointilleuses et nous posons des questions. Nous l’avons maintenu pendant la pandémie et nous venons de reprendre nos rencontres en personne pendant l’été.