D’officier de marine à chercheur primé :
Découvrez le Dr Paul E. Beaulé, chirurgien orthopédiste
Le Dr Paul E. Beaulé estime que la pratique de son art est un privilège. Cet ancien chef de la Chirurgie orthopédique de L’Hôpital d’Ottawa (2015-2021) s’est d’ailleurs efforcé tout au long de sa carrière de peaufiner toujours davantage son art – en se spécialisant dans la préservation et le remplacement de hanche de façon à maximiser les résultats des patients. Lorsqu’il ne travaille pas directement auprès de patients, le Dr Beaulé enfile son chapeau de scientifique à L’Hôpital d’Ottawa, de directeur de la recherche et de l’innovation au sein du programme d’orthopédie de l’Université d’Ottawa ou, un chapeau de plus récente confection, celui de médecin-chef à l’Hôpital général de Hawkesbury et du district.
Comptant à son actif plus de 350 articles et 200 conférences et ateliers dans plusieurs domaines de la recherche en orthopédie, le Dr Beaulé figure parmi les auteurs les plus cités (premiers 2 %) en orthopédie à l’échelle mondiale.
Il a des tonnes de projets en cours, vous vous en doutez, mais il a tout de même trouvé le temps de nous confier ce qui motive sa recherche et de nous expliquer pourquoi une meilleure expérience du côté des fournisseurs de soins mène nécessairement à de meilleurs soins aux patients.
Q : Parlez-nous de votre enfance.
R : Je suis originaire de la ville de Québec. Ma langue maternelle est le français, mais mon père nous a envoyés dans une école anglaise, ce qui était plutôt inhabituel dans les années 1970, soit au summum du mouvement séparatiste. J’ai toujours eu l’impression de sortir du lot et de ne pas cadrer dans la norme de pratique – un peu comme si je remettais en question le statu quo. Je pense que c’est ce qui a fondé une partie de mon caractère ou de ma personnalité aujourd’hui.
Je me suis également donné à fond dans les cadets de la marine. Il suffit de définir son domaine d’intérêt au sein d’une grande organisation – j’étais dans la fanfare – et ensuite on gravit les échelons. J’ai ainsi appris à suivre un leader, mais aussi à devenir un leader et à m’intégrer à des personnes de tous les horizons. J’étais instructeur de musique. Je prenais un groupe de jeunes adolescents et je les faisais non seulement jouer d’un instrument, mais aussi jouer ensemble et se produire ensemble. C’est là que j’ai compris l’importance du travail d’équipe, de la collaboration et de l’éducation, ce qui s’est manifesté tout au long de ma carrière de chercheur, d’éducateur et de leader.
Q : Qu’est-ce qui vous a attiré en médecine, plus particulièrement en orthopédie et en recherche?
R : Je me suis intéressé très tôt à la médecine. J’aime la stabilité et savoir quel est mon rôle. Un ami proche de la famille était chirurgien orthopédiste et j’ai entendu parler de ce qu’il avait fait. C’est l’aspect technique de l’orthopédie et le fait de redonner aux gens leur qualité de vie qui m’ont attiré vers cette spécialité.
Je n’avais pas vraiment conscience du niveau d’intensité qu’il était possible d’atteindre en recherche en orthopédie jusqu’à ce que je me rende à Los Angeles, en 1998, pour faire une surspécialisation de deux ans – une à l’Université de Californie à Los Angeles (UCLA) et une à l’Université de Californie du Sud (USC). J’ai alors découvert que la recherche sur le système musculosquelettique, qui est au cœur de l’orthopédie, a une portée dans tellement d’autres domaines scientifiques. Il est possible d’innover sur de nombreux fronts, par exemple du côté des techniques, des implants et du rétablissement des patients. C’est sans compter la magnitude titanesque du fardeau des maladies musculosquelettiques : elles sont la première cause d’invalidité chronique au monde!
Q : Pouvez-vous nous parler de la recherche que vous menez à L’Hôpital d’Ottawa?
R : Ma recherche sur les maladies de la hanche et la biomécanique a été influencée par les années passées à Los Angeles. J’ai travaillé avec deux chirurgiens spécialisés dans la hanche de renommée internationale qui m’ont fait prendre conscience que les opérations de la hanche peuvent avoir de multiples fins. Nous avons réuni un groupe de chercheurs multidisciplinaires – en imagerie médicale, en biomécanique humaine et en génie des sciences de la santé. Nous avons élaboré un programme de recherche pour étudier les résultats des patients qui nous a d’ailleurs permis de décrocher plusieurs subventions des Instituts de recherche en santé du Canada. En 2018, l’American Academy of Orthopaedic Surgeons nous a décerné le prix Kappa Delta, qui est la plus haute distinction mondiale en matière de recherche musculosquelettique. Nous étions seulement le deuxième groupe au Canada à l’obtenir. Le programme n’a pas cessé d’évoluer depuis.
Nous recueillons les résultats rapportés par les patients dans l’une des plus vastes plateformes au Canada, et ce, dans toutes les spécialités orthopédiques. Nous repoussons les limites lorsqu’il s’agit d’évaluer comment nous pouvons mieux faire les choses.
Un autre aspect de ma recherche concerne la qualité des soins en orthopédie et, plus généralement, en médecine. J’étudie principalement les façons d’améliorer l’efficacité de nos processus. J’examine également l’expérience des fournisseurs de soins, qui est un défi de premier plan au chapitre des ressources humaines depuis la COVID-19. C’est important parce qu’une bonne expérience du côté des fournisseurs de soins a une incidence sur l’expérience des patients et aide à retenir les effectifs.
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Q : Qu’est-ce que le nouveau campus apportera à vos patients?
R : Je pense que le nouveau campus améliorera l’expérience des patients et des fournisseurs de soins. Nous aurons un meilleur flux de travail grâce au nouvel aménagement, à l’intégration de technologies et à l’accès à l’imagerie de pointe. Tout cela facilitera le cheminement du patient tant sur le plan mental que physique.
Je pense que le nouveau campus sera révolutionnaire en matière d’ergonomie. L’éclairage tout comme la convivialité et l’efficacité de l’aménagement en feront un environnement magnifique pour les patients et les membres du personnel.
Q : Comment vous occupez-vous en dehors du travail?
R : La clé, c’est la variété. J’intègre des loisirs dès que j’en ai l’occasion. Mes journées au travail sont bien remplies. Certains jours, je suis à Hawkesbury le matin parce que je participe à diverses réunions administratives, puis je retourne à Ottawa où je dispense des soins cliniques. J’ai souvent quelques autres réunions en soirée. Si je termine tôt, je vais jouer au golf. J’adore ce sport. L’été, je saisis chaque occasion d’y jouer. Si je travaille au Campus Civic ou au Campus Général, je me rends au travail à vélo. Les pistes cyclables sont un merveilleux avantage à Ottawa. Si je vais au Campus Général, je longe la rivière Rideau et si je vais au Campus Civic, je longe le canal Rideau. J’ai le privilège de pouvoir le faire.