Dr Kwadwo Kyeremanteng est le chef du service des soins intensifs de l’Hôpital d’Ottawa.

Le Dr Kwadwo Kyeremanteng se dit « en mission pour vous tenir loin des soins intensifs ». Son objectif n’est pas tant d’éviter votre présence; il souhaite surtout prévenir la nécessité de recourir à ses services. En tant que chercheur, clinicien et défenseur des soins intensifs et palliatifs de L’Hôpital d’Ottawa, le Dr Kyeremanteng insiste sur la prévention de problèmes de santé pouvant mener à une hospitalisation aux soins intensifs, tout en s’efforçant de réduire les coûts et de fournir les soins les plus efficaces et empreints de compassion.

Quand il n’est pas absorbé par son travail, le Dr Kyeremanteng pourrait être occupé à discuter de son livre Unapologetic Leadership, à animer son balado Solving Healthcare with Kwadwo Kyeremanteng ou à partager son point de vue sur la prestation des soins de santé (et bien d’autres choses) avec sa grande communauté d’abonnés sur LinkedIn, TikTok, Instagram ou Twitter.

Que s’estil passé dans l’enfance de cet homme né à Edmonton pour qu’il fasse des études en médecine et choisisse L’Hôpital d’Ottawa? Lisez cette entrevue pour tout savoir.

Q: Comment s’est passée votre enfance? 

R : Nous étions quatre. Enfant, j’étais un grand sportif. Que ce soit le hockey, le soccer, le baseball, le volleyball ou le basketball, j’étais toujours partant pour jouer. En classe, j’étais celui qui faisait rire tout le monde. J’ai fait un peu d’improvisation et j’étais un grand amateur de comédies. J’ai toujours aimé sourire et rire et j’essaie d’apporter ce bonheur dans ma famille et mon milieu de travail chaque jour. 

Q: Qu’estce qui vous a poussé à choisir la médecine, en particulier les soins intensifs et les soins palliatifs?  

R : Durant mon enfance, j’ai souffert d’asthme et j’ai dû faire de nombreux séjours à l’hôpital. 

Mon pédiatre, le Dr Conradi, était mon héros à cause de la façon dont il nous faisait sentir. Son calme était très réconfortant aux yeux d’un enfant qui arrive en difficulté respiratoire à l’hôpital et dont la maman est quelque peu paniquée. C’est grâce à lui que j’ai décidé de devenir pédiatre pour aider les enfants qui en avaient besoin. 

Entre deux diplômes, j’ai pris une sabbatique de deux ans. J’ai travaillé comme barman, j’ai voyagé et j’ai rencontré ma femme. Avec le recul, c’était l’une des plus belles périodes de ma vie. Mais une fois à l’école de médecine, j’ai réalisé que la pédiatrie ne me convenait plus. En 2004, j’ai fait un stage aux soins intensifs de l’hôpital Foothills à Calgary et je me suis dit : « C’est parfait, je suis dans mon élément. » 

Plus tard, lors de mes stages, j’ai rencontré le Dr John Seely, un médecin en soins palliatifs. J’ai pu constater son effet sur les patients : il apportait réconfort et compassion. Je voulais pouvoir intégrer cela à ma propre pratique médicale. 

Q: Sur quoi travaillezvous aux soins intensifs? 

R : Lorsqu’une personne est admise aux soins intensifs, son séjour la transforme souvent profondément. Elle ne survit pas toujours ou alors elle en sort avec de graves problèmes. Mes recherches ont toujours porté sur la manière d’utiliser efficacement les ressources financières dans le domaine des soins de santé en cherchant des moyens de réduire les coûts tout en maintenant ou en améliorant la qualité des soins. 

Pendant la pandémie, j’ai eu un déclic. De nombreuses personnes se présentaient aux soins intensifs avec des comorbidités qui auraient pu être évitées. Cela m’a fait prendre conscience de l’importance de la prévention. Ainsi, dans mes activités de sensibilisation, mes conférences et sur les médias sociaux, je m’efforce de fournir beaucoup de conseils sur la façon de rester en bonne santé et d’éviter une hospitalisation. Maintenant, nous abordons également cette question du point de vue de la recherche. 

Par exemple, nous travaillons sur la façon d’aider les membres des communautés racialisées d’Ottawa à renverser leur prédiabète et leur diabète par l’alimentation, l’exercice, la gestion du stress et le renforcement communautaire. C’est probablement l’un des projets qui m’enthousiasme le plus. 

Q: Quel est le plus grand défi auquel font face les soins intensifs à l’heure actuelle? 

R : En ce moment, je dirais que c’est l’épuisement professionnel. Avec une population vieillissante qui dépendra plus que jamais des ressources des soins intensifs, nous faisons face à des problèmes liés à l’épuisement du personnel; de nombreux travailleurs ont quitté le domaine. 

La situation s’améliore, mais évoluer ensemble demeure un défi. Notre objectif est de rétablir la santé des patients et de les sortir des soins intensifs. Le bienêtre de nos médecins est également une priorité; nous menons des recherches à ce sujet et sur des méthodes pour travailler de manière plus efficace. Nous explorons l’utilisation de l’intelligence artificielle pour effectuer certaines tâches afin de nous concentrer davantage sur les soins aux patients. 

Q: Quelles sont les recherches les plus passionnantes dans votre domaine en ce moment? 

R : Elles portent sur les soins personnalisés. L’idée est de trouver la meilleure approche pour chaque personne, car ce qui marche pour une personne peut ne pas fonctionner pour moi. C’est le fait de pouvoir fournir un traitement adapté en fonction de divers facteurs comme la démographie, la génétique, etc. Ce sera l’avenir de la recherche, pas seulement en soins intensifs, mais dans toutes les spécialités médicales. Je pense que c’est la voie à suivre, car il est évident qu’une approche unique n’est pas toujours optimale pour tous.

Q: Pourquoi avezvous choisi de travailler à L’Hôpital d’Ottawa? 

R : J’ai fait mes études de premier cycle et en médecine à Edmonton, puis j’ai obtenu une maîtrise en administration de la santé à l’Université Dalhousie, à Halifax. En 2004, j’ai suivi un cours optionnel sur les maladies infectieuses à Ottawa, et ma femme et moi sommes tombés amoureux de la ville. 

« Le domaine de la recherche est vraiment incomparable. C’est une élite en soi. »

— Dr Kwadwo Kyeremanteng

Ce qui me retient ici, ce sont les gens. Je suis entouré de collègues exceptionnels, tant sur le plan clinique qu’éducatif. Le domaine de la recherche est vraiment incomparable. C’est une élite en soi. Que ce soit en hématologie, en médecine d’urgence ou dans notre propre service de soins intensifs, nous menons des recherches de haut niveau, et c’est formidable d’en faire partie. Chaque jour, je continue d’en apprendre davantage. En dehors de ma famille, c’est une communauté où je me sens chez moi. 

Q: Pourquoi la diversité estelle importante pour qu’un système de soins de santé soit performant? 

R : Si nous voulons continuer à accomplir notre mission d’offrir des soins empreints de compassion, je pense que la diversité est essentielle. Il nous faut une variété de perspectives pour fournir ces soins et remplir notre mission. Prenons l’exemple de l’intelligence artificielle : de nombreuses études se basent sur des hommes blancs, alors nous ne pouvons pas appliquer ces données à notre population générale. Nous avons besoin d’une représentation diversifiée dans nos recherches, ainsi que dans les postes de direction, où les décisions sont prises. Des leaders diversifiés peuvent servir de modèles pour les personnes sousreprésentées. La diversité n’est pas seulement importante sur les étages et sur le terrain, mais également au niveau de la direction – c’est la clé.

Q: Où peuton vous trouver lorsque vous n’êtes pas au travail? 

R : A: Je joue au hockey de rue avec mes fils, je lance un ballon de football ou je joue au hockey sur glace. Je suis très actif, je m’entraîne beaucoup et je promène souvent mon chien Coco, un doodle australien. Je suis toujours occupé à travailler sur mon balado, à gérer mes médias sociaux ou à faire des conférences. Sinon, j’ai un souper galant avec la mère de mes enfants.