Il y a vingt ans, le Dr Alan Forster travaillait à l’Université Harvard lorsqu’il a décidé de se joindre à l’équipe de L’Hôpital d’Ottawa. À l’époque, beaucoup d’hôpitaux étaient à la poursuite des toutes dernières technologies, mais à L’Hôpital d’Ottawa, on se demandait d’abord si ces technologies de pointe pouvaient améliorer concrètement l’expérience du patient.
À titre de vice-président exécutif et chef, Innovation et Qualité, le Dr Forster œuvre à changer notre façon d’offrir des soins en tirant profit des dernières innovations numériques, dont les données, pour personnaliser les traitements, propulser la recherche et simplifier le fonctionnement de l’Hôpital. Des chercheurs se penchent sur des maladies spécifiques, mais le Dr Forster regarde l’ensemble du système et se demande comment celui-ci pourrait être amélioré au bénéfice des patients.
Comment vous êtes-vous intéressé à la technologie et à l’innovation en santé?
J’ai toujours voulu être médecin, mais je ne savais pas que j’allais m’occuper d’améliorer le système de santé. Je ne savais pas vraiment ce que font les administrateurs d’hôpitaux ni les chercheurs. Or, ma formation achevée et ma carrière en médecine entamée, j’ai compris que notre système était doté de technologies extraordinaires, mais que celles-ci n’étaient pas toujours bien intégrées ni accessibles à tous les patients. Ce qui m’a probablement le plus intéressé dans ce domaine, c’était que parfois, on utilise mal les technologies et que cela peut causer du tort dans certains cas. J’ai commencé à me demander comment nous pourrions améliorer les choses davantage encore. Je suis donc allé à Harvard pour apprendre à appliquer ces technologies dans le vrai monde.
Qu’est-ce qui vous a attiré à L’Hôpital d’Ottawa?
Je suis originaire d’Ottawa et je crois que c’est une ville où il fait vraiment bon vivre. L’Institut de recherche de l’Hôpital d’Ottawa est peut-être plus modeste que d’autres centres de recherche dans le monde, mais son rendement est bien supérieur à sa taille. L’Hôpital et son institut de recherche ont tous les deux l’efficacité clinique, les soins centrés sur le patient et les soins de santé comme priorités. Leurs équipes de direction ont fait de la qualité des soins une discipline en recherche et en formation. Au pays, cette approche était peu courante au début des années 2000, ce qui m’a incité à choisir Ottawa comme ville. C’était un choix facile.
Qu’entendez-vous par la qualité des soins?
La qualité des soins, c’est la mesure dans laquelle on répond aux besoins du patient. Elle comporte plusieurs volets. Il ne s’agit pas seulement de déterminer si un traitement est efficace et donne de bons résultats cliniques. Il s’agit aussi de savoir si les soins sont accessibles à tous et offerts efficacement, de la manière la plus fiable possible. Mais il s’agit surtout de savoir si tous traitent le patient avec respect et compassion. Ceci forme un tout très complexe alliant, d’une part, des percées très techniques et futuristes, et d’autre part, la dimension très humaine des soins, qui consiste à donner à la personne le sentiment d’être traitée comme un être cher.
Comment l’innovation, la technologie et les données ont-elles changé depuis que vous œuvrez dans ce domaine?
La notion de données est en train de changer. Par ailleurs, avec l’arrivée d’une informatique plus puissante et de l’intelligence artificielle, je dirais que depuis 5 à 10 ans, nous voyons tout autrement le type d’information nécessaire pour guider la thérapie et les décisions. Par exemple, nous avons collaboré avec une entreprise locale pour suivre des patients dans leur environnement naturel. Nous avons ainsi pu déterminer beaucoup plus tôt qu’ils éprouvaient des complications. Si nous y sommes parvenus, c’est uniquement parce que nous pouvons maintenant analyser ces données et prédire l’avenir à l’aide d’algorithmes, tandis qu’auparavant, nous étions limités par ce que nous saisissions dans l’ordinateur en tant que médecins et qu’infirmières. Résultat? Notre vision de ce qui est possible a complètement changé.
Comment L’Hôpital d’Ottawa se distingue-t-il en matière d’innovation?
Nous voyons la recherche et l’innovation comme un continuum. Au départ, le chercheur se pose une question et cherche à faire des découvertes essentielles à notre compréhension de la santé et de la maladie. Ces découvertes sont nécessaires, mais elles ne suffisent pas tant qu’elles ne sont pas appliquées dans le vrai monde pour résoudre un problème. C’est là que l’innovation entre en jeu. Il y a bien sûr des obstacles, mais notre région a ceci d’extraordinaire que son milieu de recherche se passionne pour l’innovation. Pour ma part, je trouve merveilleux que L’Hôpital d’Ottawa soit toujours disposé à innover. J’estime que notre programme d’innovation agira comme un aimant sur l’éminence grise du monde entier, attirant personnes, entreprises et idées vers L’Hôpital d’Ottawa et diffusant nos idées sur la scène mondiale.
L’Hôpital d’Ottawa a récemment mis en œuvre le logiciel MDClone pour faciliter l’accès aux données pour l’ensemble des médecins, des chercheurs et du personnel.
Qu’est-ce que le nouveau campus apportera à l’innovation et à la qualité des soins?
Ce que nous voulons, en fin de compte, c’est obtenir de meilleurs résultats pour le patient et améliorer son expérience. C’est le grand objectif qui motive tout ce que nous faisons. Si nous pensons à l’avenir, j’entrevois des soins beaucoup plus humains, plus personnalisés, mais aussi plus généralisés. Quant au milieu bâti dont nous disposerons, ce sera un environnement de rêve comparé à notre Campus Civic actuel vieux de 100 ans. Mais ce n’est pas seulement une question de bâtiment; nous allons offrir des soins à domicile parfaitement intégrés à ce que nous faisons à l’hôpital – autrement dit, il y aura une continuité dans les soins. L’avenir est fascinant et à mon avis, tout revient aux données, parce qu’elles nous aident à savoir ce qui fonctionne, à repérer les lacunes et à trouver des solutions.
Que faites-vous lorsque vous n’êtes pas au bureau?
J’adore passer du temps avec ma famille. Nous faisons beaucoup de choses ensemble : du ski de fond l’hiver, du vélo et de la course l’été. Mais j’aime aussi avoir du temps pour moi. Vous me verrez souvent lire, sur mon divan ou sur le quai au chalet. Il n’y a rien de mieux que lire un livre sur le quai.
Fièrement affilié à l’Université d’Ottawa, L’Hôpital d’Ottawa est un centre de recherche et de santé universitaire de premier plan.