Réadaptation : prendre les devants grâce à une préadaptation
Faites la connaissance d’Emily Hladkowicz, associée de recherche en fragilisation périopératoire à L’Hôpital d’Ottawa
Vous avez déjà entendu parler de réadaptation, mais savez-vous ce qu’est la préadaptation? S’il est vrai que la réadaptation suit habituellement une chirurgie ou d’autres interventions médicales, la préadaptation concerne des patients qui sont en bonne santé avant une intervention dans le but d’accélérer leur rétablissement post-opératoire.
Forte des ses diplômes en psychologie et de sa passion compatissante à l’égard des personnes âgées, Emily Hladkowicz étudie le pouvoir de la préadaptation dans son travail comme associée de recherche au sein du Progamme de recherche sur l’innovation liée au vieillissement en chirurgie et médecine périopératoire (AIMS) à L’Hôpital d’Ottawa.
Poursuivez votre lecture pour en apprendre plus sur l’essai clinique auquel contribue Emily, sur ses motivations et celles de son équipe.
Q : Parlez-nous de votre enfance.
R : Je suis née et j’ai grandi à Ottawa. Mes parents se sont en fait rencontrés à l’Hôpital Civic. Mon papa était anesthésiologiste, et ma maman, infirmière. J’ai grandi en étant très sportive et très famille. J’ai un frère jumeau et un grand frère, et mes grands-parents étaient très présents dans ma vie.
Q : Pourquoi avez-vous choisi la psychologie?
R : J’ai toujours aimé les sciences et, après mes études secondaires, je me suis incrite à l’Université de Guelph parce que je voulais devenir vétérinaire. Au cours de la première année, j’ai suivi un cours à option en psychologie, et il est devenu évident pour moi que je devais me spécialiser dans cette discipline. Apprendre sur la connexion humaine, la santé mentale, comment nous pensons et existons, et comment nous nous nous sentons dans le monde et entre nous, étaient des questions auxquelles je n’avais jamais été confrontée avant cela, et j’ai ressenti le besoin inné d’approfondir ces connaissances.
Les sciences demeurant mes premières amours, j’ai fait une mineure en biologie. J’avais ainsi le meilleur des deux mondes; façon de parler.
Q : Comment vous êtes-vous retrouvée associée de recherche au sein du groupe de recherche AIMS à L’Hôpital d’Ottawa?
Au cours du premier été que j’ai passé à Ottawa après mes études universitaires, j’ai décroché un emploi d’assistante de recherche des Études médicales à l’Université d’Ottawa. Après cela, j’ai été embauchée comme assistante de recherche par le Département d’anesthésiologie et de médecine de la douleur. C’était en septembre 2011. J’y faisais principalement de la recherche en formation médicale, de la simulation et tous ces trucs super intéressants.
J’y ai travaillé près de deux années, avant de répondre à une offre d’emploi affichée par le Dr Dan McIsaac, qui étudie les soins périopératoires en tant qu’anesthésiologiste, et vous connaissez la suite. Avant que mon papa ne prenne récemment sa retraite, j’ai eu la chance de le voir travailler et de lui parler de recherche, ce qui est tout à fait spécial.
Q: : Sur quoi travaillez-vous exactement dans le cadre du groupe de recherche AIMS?
R : Notre objectif ultime est d’améliorer les soins et d’obtenir de meilleurs résultats pour les personnes âgées fragilisées qui doivent se faire opérer. Au quotidien, je supervise le programme de recherches du Dr McIsaac et j’y contribue.
J’avais autrefois plus de contact avec les patients, mais comme je dirige désormais une équipe et plusieurs projets de recherche, ce sont mes remarquables collègues qui collaborent plus étroitement avec les patients participant à nos études. Mais à chaque fois que je me trouve au Campus Civic ou au Campus Général et que j’ai le temps, et que l’un de nos participants est à l’hôpital, je fais un crochet par sa chambre. J’aime toujours faire cela.
« Pour assurer le succès d’un programme de préadaptation, nous devons soutenir et motiver les participants et personnaliser les exercices à leurs besoins. »
Q : L’un des essais cliniques sur lesquels vous travaillez s’intitule l’essai PREPARE. En quoi cela consiste-t-il exactement?
R : Notre essai PREPARE est une étude faite au téléphone à laquelle participent depuis chez eux 750 personnes âgées fragilisées de partout au Canada. Cette étude se compose d’exercices qui portent sur la force, l‘endurance et les étirements. Les participants reçoivent de l’aide sous la forme de brochures d’information, de DVD, de bandes élastiques, de podomètres, etc. Cela ne se limite certes pas à des exercices; c’est tout un programme pour que ces personnes gagnent en force et en sécurité avant leur intervention chirurgicale. Notre équipe compte des personnes formées sur les questions de malnutrition ou de surprotéination.
Les facilitateurs en préadaptation appellent aussi chaque semaine les participants pour prendre de leurs nouvelles et les aider s’ils éprouvent des difficultés. C’est un important volet psychosocial.
Q : Que donne jusqu’à présent l’essai clinique PREPARE?
R : Nous avons effectué environ 75 % de l’essai clinique, et les données préliminaires sont des preuves encourageantes selon lesquelles les participants respectent le programme prévu. De façon anecdotique, nous savons que les adultes de 60 ans et plus qui sont fragilisées apprécient cette intervention. C’est faisable et il y a un avantage sur le plan personnel.
Nos participants sont motivés, et ils ont juste besoin d’une occasion de l’exprimer. Nous entendons souvent des gens dire « après ma chirurgie, je veux pouvoir jouer avec mes petits-enfants et faire au quotidien des choses qui sont importantes pour moi ». Tout récemment, un patient nous a dit qu’il se sentait plus fort et apaisé par rapport à l’intervention chirurgicale.
Q : Quelle est la chose la plus palpitante qui se produit actuellement dans votre discipline?
R : L’engagement des patients à l’égard de la recherche. Notre équipe se soucie sincèrement des personnes âgées, et pouvoir faire de la recherche axée sur les patients est très important, stimulant et intéressant. Le Dr McIsaac a toujours de nouvelles idées de recherche importantes; découvrir le point de vue d’un patient par la suite est aussi collaboratif que passionnant. Cela permet de nous assurer que nos travaux de recherche vont en fin de compte être importants pour les patients.
Nous ne pourrions réaliser cette recherche sans la volonté de personnes qui consentent à participer à un essai clinique alors qu’elles traversent des moments difficiles dans leur vie. Les participants à nos études de recherche nous encouragent à poursuivre et à étendre nos travaux de recherche. Malgré la pandémie et les retards, nous avons atteint, voire dépassé, nos taux de recrutement. Cela témoigne de la volonté des participants d’y contribuer.
Q : Pourquoi avez-vous choisi de revenir à Ottawa et de rester à L’Hôpital d’Ottawa?
R : La culture de l’équipe de chercheurs y est fortement axée sur l’entraide et la collaboration. Nous partageons tous le même objectif : améliorer la vie des personnes âgées fragilisées qui vont se faire opérer. Le Dr McIsaac met beaucoup d’enthousiasme à s’assurer que tout le monde travaille ensemble et individuellement pour que chacun trouve sa place.
En ce qui me concerne, cela veut dire que j’ai pu faire ma maîtrise, que je m’apprête à terminer mon doctorat sur le vieillissement et la santé à Queen’s, tout en continuant de travailler au sein de l’équipe de chercheurs. J’étudie en ce moment la phase postopératoire pour aider les personnes âgées et leurs aidants à rentrer à la maison après une chirurgie. En termes de futures étapes professionnelles, je suis ravie de pouvoir partager ces connaissances et tout ce que j’ai appris afin d’aider à élaborer des projets novateurs avec l’équipe.
Je me sens comme chez moi à L’Hôpital d’Ottawa.
Q : Que faites-vous en dehors de votre travail?
R : En ce moment, je suis fort occupée entre mon travail et mes études. J’ai aussi eu le privilège d’accompagner mon grand-père lors de ses soins de longue durée. J’ai toujours eu des affinités pour travailler auprès de personnes âgées; prendre soin de mon papy durant la pandémie est quelque chose que je n’oublierai jamais. Mon amour pour lui au cours de ces années et sa résilience et sa sagesse ainsi que celles d’autres personnes âgées motivent mon travail aujourd’hui. J’aime certes faire des activités de plein air, comme de la raquette et du ski de fond en hiver, et golfer et aller au chalet en été!