Kim Charbonneau, radiothérapeute médicale à l’Hôpital d’Ottawa

Depuis sa jeunesse, où elle aimait lire des romans policiers, jusqu’à aujourd’hui, où sa profession de technologue en radio-oncologie l’amène à entendre les histoires de ses patients, Kim Charbonneau est en quelque sorte une détective. Aujourd’hui, Kim est en train de résoudre le mystère sur la façon d’offrir les meilleurs soins à tous les patients qui viennent la voir pour une radiothérapie à L’Hôpital d’Ottawa. Qu’il s’agisse d’étudier la science fondamentale de la radiothérapie et les technologies ou de porter une attention particulière aux indices subtils laissés par les patients pendant leurs séances régulières, Kim applique ses compétences en résolution de problèmes aux soins qu’elle fournit, tant sur le plan médical que sur le plan personnel.

Lisez son témoignage sur son enfance dans les années 80, sur les nouvelles technologies passionnantes qui modifient notre façon d’administrer des traitements de radiothérapie, et sur ce qui l’inspire.

Q : Pouvez-vous nous parler un peu de votre jeunesse?

R : J’ai grandi à Hawkesbury/Vankleek Hill et j’étais assez « intello », pour être honnête. J’aimais les mathématiques et les sciences parce que c’était des matières assez simples. J’aimais la certitude qui s’en dégageait : la prévisibilité et le fait qu’il y ait une bonne réponse et une mauvaise réponse.

J’ai grandi dans une région rurale, où la vie était très tranquille. Tout le monde se connaissait. J’étais assez timide et réservée, mais j’avais un petit groupe d’amis proches. Ayant grandi dans les années 80, j’étais toujours dehors avec mes frères et sœurs et mes cousins, et on rentrait à la maison le soir. Derrière notre maison, il y avait des voies ferrées, et on pouvait longer les voies pour se rendre en ville ou se retrouver avec nos amis.

J’adorais aussi les romans policiers, mais en fait, je lisais tout ce que je pouvais trouver.

Q : Quel métier vouliez-vous faire quand vous seriez plus grande?

R : Quand j’étais petite, je me souviens que l’architecture et le fait d’assembler des choses m’intéressaient beaucoup. Au secondaire, j’envisageais de faire carrière dans la recherche ou le milieu universitaire.

Q : Comment êtes-vous devenue technologue en radio-oncologie?

R : J’ai suivi des études de biochimie à l’Université McGill et j’avais l’intention de faire carrière dans le milieu universitaire et la recherche. Pendant ces études, j’ai décidé de m’orienter vers l’enseignement et j’ai obtenu un diplôme d’enseignement. J’ai enseigné les mathématiques et les sciences pendant quelques années et le métier d’enseignante m’a vraiment plu. Mais ce n’était pas le métier qui me convenait, alors j’ai décidé d’arrêter et j’ai accepté un poste à l’Institut de l’œil pour déterminer quel aspect des soins de santé pourrait me convenir.

J’ai été attirée par la radiothérapie parce que, selon moi, ça couvrait tous les aspects. En radiothérapie, on participe à la planification des traitements. Il y a un côté technique et mathématique des choses, et en plus, on réussit vraiment à nouer des relations.

Q : Quelles sont les choses que vous trouvez passionnantes dans le travail fait par L’Hôpital d’Ottawa dans votre domaine?

« Chaque jour, nos médecins tentent de trouver les meilleures façons de traiter leurs patients. »

— Kim Charbonneau

R : Nous avons l’un des plus grands centres de radiothérapie de la province, avec une très bonne équipe qui souhaite être à l’avant-garde. Nous n’hésitons pas à lancer des essais cliniques. Il y a toujours des avancées qui sont réalisées. Chaque jour, nos médecins tentent de trouver les meilleures façons de traiter leurs patients.

Q : En quoi l’accès aux technologies de pointe aide-t-il vos patients?

L’accès aux nouvelles technologies, comme le système CyberKnife et l’IRM-Linac, nous permet d’adapter nos traitements à chaque patient. Notre dispositif de contrôle actif de la respiration (ABC) est un dispositif que nous utilisons pour administrer le traitement de radiothérapie de façon plus précise. Nous l’avons utilisé récemment sur un patient pédiatrique pour la toute première fois au Canada. Le dispositif ABC aide les patients à retenir leur souffle pour réduire les mouvements lors de l’administration du traitement de radiothérapie et nécessite d’effectuer une manipulation en contact assez rapproché avec le patient pendant le traitement pour s’assurer que le traitement est utilisé efficacement. Dans le cas de notre patient pédiatrique, nous avons constaté une réduction relative de 20 % de la dose de rayonnement au cœur et aux poumons. Chez les patients plus jeunes, toute quantité de la dose de rayonnement que nous pouvons détourner des tissus sains aura des effets visibles dans 20 à 30 ans.

Q : Qu’est-ce qui vous plaît dans les relations que vous nouez avec les patients?

R : Lorsqu’on tisse des liens avec les patients, on gagne leur confiance, si bien qu’ils peuvent se confier à nous. Si quelque chose les gêne et qu’ils éprouvent une certaine réticence à en parler à un médecin, nous avons une certaine latitude grâce au temps que nous passons ensemble, ce qui nous permet de creuser un peu la question et de découvrir des aspects qui ne sont peut-être pas si évidents. Nous pouvons tout gérer, mais nous pouvons aussi les aiguiller vers les soutiens dont ils ont besoin.

Nous disons toujours aux patients : « Vous pouvez faire ce que vous voulez. Vous pouvez pleurer, vous pouvez vous abstenir de parler, vous avez le droit d’être en colère, si vous en éprouvez le besoin. »

Q : Y a-t-il certains aspects de votre travail qui vous surprennent?

R : Le public s’imagine souvent que ce travail est assez déprimant parce que nous travaillons avec des patients atteints du cancer. Mais je ne le trouve pas déprimant. Certes, ça m’affecte, mais je suis là pour aider les gens et je le fais avec enthousiasme.

« Nous avons appris non seulement à prolonger la vie, mais aussi à préserver la qualité de vie beaucoup plus longtemps.  »

— Kim Charbonneau

Un autre aspect est le fait de voir à quel point les cas de soins palliatifs ont changé : les soins palliatifs aujourd’hui sont très différents de ce qu’ils étaient. Nous avons des patients en soins palliatifs qui reviennent neuf ou dix fois pour recevoir des traitements, parfois pendant de nombreuses années. Nous avons appris non seulement à prolonger la vie, mais aussi à préserver la qualité de vie beaucoup plus longtemps.

Q : Qu’est-ce qui vous inspire?

R : Mes patients m’inspirent. Je préfère vraiment écouter et observer les gens plutôt que parler. L’une des raisons pour lesquelles j’adore ce travail est le fait que nos interactions avec les patients et les bouts de vie qu’ils nous racontent se révèlent si intéressants. Tout le monde a une histoire à raconter, pour peu qu’on se donne la peine de s’asseoir et de l’écouter. Certaines histoires sont tristes, mais elles sont toutes captivantes. C’est inspirant pour moi.

Q : Où peut-on vous trouver lorsque vous ne travaillez pas à l’hôpital?

R : Vous pouvez me trouver dehors en train de faire de la course à pied, du vélo ou au centre d’entraînement. On donne tellement d’énergie dans cette profession que j’ai besoin de décompresser quand je quitte le travail. Je fais aussi beaucoup de yoga. Vous pouvez aussi me trouver dans ma cuisine, en train d’essayer de nouvelles recettes avec des ingrédients frais de mon jardin tout en écoutant de la musique.