
L’endométriose est un problème de santé courant, mais la détermination du Dr Sony Singh à améliorer la prise en charge de l’endométriose n’a rien de courant.
En tant que scientifique adjoint et chef de département du Département d’obstétrique, de gynécologie et de soins aux nouveau-nés de L’Hôpital d’Ottawa, il change notre façon de diagnostiquer et de traiter l’endométriose. Pour les millions de femmes au Canada atteintes de ce problème de santé, les approches de chirurgie mini-invasive du Dr Singh, son imagerie de pointe et ses recherches axées sur l’innovation pratique promettent un avenir radieux avec de meilleurs soins.
Découvrez quel signe l’a convaincu de poursuivre ses études en obstétrique et en gynécologie, et ce qui pourrait vous surprendre au sujet de l’endométriose.
Q : Comment décrivez-vous votre jeunesse?
R : J’ai grandi dans la région de Toronto, puis j’ai déménagé à Brampton, où j’ai fréquenté l’école secondaire. Mes parents avaient des origines modestes et étaient tous deux des travailleurs d’usine.
En grandissant, mon plus grand passe-temps était le militantisme. Adolescent, j’ai participé au club environnemental de mon école secondaire, à la fin des années 1980 et au début des années 1990. J’ai également été président du conseil étudiant, et j’ai toujours essayé de défendre la diversité raciale et ethnique à un moment où nous commencions tout juste à comprendre le sujet.
Q : Qui vous a le plus influencé dans votre jeunesse?
R : J’ai eu de forts modèles féminins en ma mère, ma grand-mère et plusieurs enseignantes du secondaire. Ma grand-mère m’a tellement inspiré. Elle ne savait ni lire ni écrire. Elle s’est mariée à 14 ans et n’a reçu aucun des privilèges dont d’autres ont bénéficié. Elle n’avait rien d’autre à offrir que de l’amour pur. Elle a vécu jusqu’à 100 ans! Je me suis vite rendu compte que la société ne respectait pas les femmes autant que les hommes.
Q : Que vouliez-vous devenir en grandissant?
R : Je n’avais pas imaginé faire de la médecine! Je m’imaginais exercer un certain leadership dans la communauté, peut-être être agent de police ou diriger un organisme à but non lucratif.
Q : Quand avez-vous décidé de faire des études en médecine?
R : Au secondaire, je suis tombé en faisant du patin à roues alignées et j’ai eu une énorme coupure sur ma jambe droite. J’ai encore la cicatrice! Les patins à roues alignées venaient d’être lancés, et j’ai descendu une colline et décidé de sauter sur de l’herbe et de glisser, mais je suis tombé directement sur une bouteille de bière cassée. Je me souviens être allé à l’urgence à Brampton, et pendant que le médecin faisait mes points de suture, j’étais fasciné par ses gestes et la façon dont il s’occupait de moi. C’est ce jour-là que j’ai pensé pour la première fois faire des études en médecine.
Durant mes études de premier cycle, j’ai étudié les sciences de la vie à l’Université Queen’s à Kingston, en Ontario, et je faisais beaucoup de recherche, travaillant avec des modèles animaux pour étudier les soins liés à l’infertilité et comment le stress peut causer des difficultés à concevoir. J’ai aussi travaillé en chirurgie traumatologique orthopédique. C’est à ce moment-là que j’ai su que je voulais devenir médecin, et j’ai présenté une demande et été accepté à la faculté de médecine de l’Université Western à London, en Ontario.
Q : Comment avez-vous décidé de vous spécialiser en obstétrique et gynécologie?
R : Très tôt, je me suis intéressé à la santé des femmes, et j’avais le souci dès mon plus jeune âge de dénoncer l’injustice et de soutenir toute cause possible en faveur des femmes. À Queen’s, j’ai dirigé ce qu’on appelle le centre de ressources en santé sexuelle, et nous avons mis l’accent sur l’éducation concernant la santé et la défense des droits des femmes.
Pendant mes études de premier cycle et à l’Université Western, j’envisageais l’obstétrique, mais je pensais aussi faire de la médecine familiale.
Puis, pendant ma quatrième année en médecine, alors que je rendais visite à ma belle-sœur, ses contractions ont commencé. Tout à coup, elle a dit ressentir une pression, avant d’ajouter : « Le bébé arrive! ». En tant qu’étudiant en médecine, je savais quoi faire, et c’est comme ça que j’ai aidé ma belle-sœur à accoucher de ma nièce là, dans la salle de bain.
J’avais vraiment besoin d’un signe, et voilà le signe qui m’a clairement pointé vers l’obstétrique et la gynécologie. Ma nièce fait maintenant sa maîtrise à l’Université d’Ottawa!

Q : Êtes-vous une personne superstitieuse?
R : Je dirais un peu. Je pense qu’il y a une raison à tout. Je ne suis pas religieux, mais je suis spirituel, et je pense que beaucoup de choses qui me sont arrivées m’ont poussé dans la bonne direction.
Q : Qu’est-ce que l’endométriose exactement?
R : L’endométriose est un problème de santé courant qui peut toucher les femmes et les personnes qui ont un utérus. C’est un tissu semblable à la paroi de l’utérus, mais qui se développe ailleurs dans le corps, ce qui cause souvent de la douleur ou de la difficulté à tomber enceinte.
Q: What is something unusual or surprising about your field of study?
R : Une chose à savoir sur l’endométriose, c’est qu’elle peut toucher presque tous les systèmes du corps. J’ai acquis une expertise en endométriose lors d’une surspécialisation à Toronto et en Australie entre 2005 et 2007, et à l’époque, on en savait très peu sur la maladie – même si celle-ci existe depuis des millénaires.
« C’est un véritable privilège unique que de faire progresser le traitement et le diagnostic ici, localement. »
— Dr Sony Singh

C’est une maladie fascinante qui touche des millions de femmes, mais nous commençons à peine à comprendre l’endométriose. C’est un véritable privilège unique que de faire progresser le traitement et le diagnostic ici, localement. Mais il nous reste encore beaucoup à faire.
Q : Comment notre compréhension de l’endométriose a-t-elle changé depuis vos débuts?
R : Le plus grand gain a été une meilleure sensibilisation du public, parce que l’éducation est la clé. À l’école secondaire, lorsque nous avons appris sur les règles, l’endométriose n’était pas mentionnée. Aujourd’hui, c’est enseigné dans les écoles secondaires.

La deuxième grande avancée a été l’imagerie. La capacité à créer des images de meilleure qualité nous aide à mieux détecter la maladie.
« Nous avons non seulement conçu ce programme ici à L’Hôpital d’Ottawa, mais nous l’avons aussi enseigné à d’autres, et il s’est étendu bien au-delà. »
— Dr Sony Singh
Finalement, je suis maintenant en mesure d’apprendre et d’enseigner des techniques chirurgicales plus poussées pour aider à gérer cette maladie. Notre surspécialisation que j’ai commencée ici vers 2008 a formé certains des meilleurs experts en endométriose au Canada. Nous avons non seulement conçu ce programme ici à L’Hôpital d’Ottawa, mais nous l’avons aussi enseigné à d’autres, et il s’est étendu bien au-delà.
Q : Quel conseil donneriez-vous à une personne qui vient de recevoir un diagnostic d’endométriose?
R : Je lui dirais qu’elle n’est pas seule. Que c’est un problème de santé courant et que sa douleur et son expérience sont valides. L’accès aux soins est une priorité, et nous offrons une excellente prise en charge en matière de diagnostic et de traitement. Je lui dirais aussi qu’elle doit faire la promotion de ces soins, parce que notre système de santé n’arrive toujours pas à comprendre la maladie. Obtenir de l’aide peut être difficile, mais il faut continuer à se battre pour obtenir cet accès.
Q : En quoi le récent cas de Danika Fleury est-il spécial?
R : Le cas de Danika est en fait assez courant, puisqu’elle a eu un diagnostic tardif. Il y a tellement de femmes comme Danika qui sont aux prises avec l’endométriose, mais qui n’obtiennent pas de diagnostic. Le délai entre les symptômes et les soins reçus était de sept ans avant la pandémie, mais après la pandémie, les choses ont empiré. Ce retard est attribuable à un manque d’éducation, de conseils et d’information au niveau des soins primaires, ainsi qu’à un manque d’accès à des spécialistes capables de prendre en charge la maladie une fois le diagnostic posé.
Une fois que nous avons vu Danika, cependant, nous avons pu utiliser une expertise avancée en imagerie, grâce à un nouveau radiologue que nous avons récemment recruté. Pour une maladie qui est censée être juste des « problèmes menstruels », son endométriose avait envahi ses nerfs pelviens, ce qui expliquait ses difficultés à marcher et à bouger. Cela a causé des dommages importants à ses muscles du côté gauche de son corps. Nous avons aussi créé une image 3D à utiliser dans un modèle de réalité virtuelle pour m’aider ainsi que mon équipe à nous exercer et à comprendre où se trouvait la maladie, afin de pouvoir la cibler tout en réduisant au minimum les dommages aux tissus environnants.
On voit bien que l’avenir est prometteur pour les personnes qui sont aux prises avec l’endométriose et pour des personnes comme Danika.
Q : Comment le soutien de la communauté aide-t-il vos patientes?
R : Tout a commencé par le soutien de la communauté. Il y a environ 15 ans, nous avons reçu des dons de Shirley Greenberg elle-même et d’autres donateurs communautaires, et nous avons recueilli un million de dollars pour faire avancer la gynécologie mini-invasive à L’Hôpital d’Ottawa. C’est ce qui a permis à l’hôpital de devenir un chef de file en chirurgie mini-invasive. Nous avons pu mettre sur pied cet excellent programme avec des collègues formidables. Le soutien de la communauté nous a permis d’obtenir l’équipement et de faire avancer les choses, et cela nous a permis de continuer à accroître notre éducation et à poursuivre notre travail.
J’aimerais maintenant créer un centre d’excellence pour l’endométriose grâce à un financement provincial et fédéral afin d’aider à diriger un réseau de recherche sur l’endométriose et de prise en charge de la maladie partout au Canada.
Q : Sur quoi porte votre recherche actuelle?
R : J’ai actuellement plusieurs niveaux de recherche : les sciences fondamentales (pourquoi cela arrive, comment le prévenir, etc.); la recherche clinique (ce que vit le patient, comment utiliser l’imagerie); les essais cliniques (quels traitements médicaux fonctionnent le mieux); et la collaboration avec d’autres disciplines pour trouver des solutions générales.
C’est vraiment une maladie multidimensionnelle qui nécessite une approche multidisciplinaire; j’ai travaillé avec toutes les spécialités en chirurgie et en imagerie de l’hôpital pour ce problème de santé.
Q : Qu’est-ce qui vous plaît le plus à L’Hôpital d’Ottawa?
R : Les gens. Je suis très fier de travailler à L’Hôpital d’Ottawa. C’est une culture que j’ai adoptée en 2007 et qui accorde la priorité à l’expérience du patient, à la qualité des soins et à l’excellence. Cela se passe à tous les niveaux, du commis que vous rencontrez au bénévole dans le couloir, en passant par les infirmières des cliniques et les professionnels de la santé. Je n’aurai pas pu trouver un meilleur lieu de travail. Quand j’entre dans une chambre de patient, tout tourne autour de la personne, et elle sait qu’on veut les aider. Je me rappelle qu’il faut toujours être reconnaissant.
Q : Comment occupez-vous votre temps libre?
R : Je pratique le kayak ou je fais des randonnées à vélo dans l’un des nombreux sentiers de la ville. Mais par-dessus tout, j’aime passer du temps avec mes trois merveilleux adolescents et ma femme qui est ingénieure.




