Un intello assumé particulièrement doué pour la néphrologie
Faites connaissance avec le lauréat du prix Grimes du mérite scientifique de 2022 : le Dr Kevin Burns.
Découvrons le travail du D<sup>r </sup>Burns et ce qui a repoussé son admission en médecine à sa sortie des études collégiales.
Q : Qu’est-ce qui vous a orienté vers la médecine?
R : J’ai toujours très bien réussi à l’école. J’étais plutôt de type intello. Je n’ai en revanche pas été accepté en médecine à ma première demande d’admission. J’ai rencontré le doyen des admissions pour savoir ce que je devais posséder pour être admis. Je lui ai dit : « Vous savez, mes résultats scolaires sont vraiment excellents. Que recherchez-vous de plus? ». Il m’a répondu qu’ils ne s’attardaient pas seulement aux notes; ils examinaient tous les volets des candidats.
J’ai donc fait un baccalauréat en physiologie à l’Université McGill. J’étais extrêmement déçu de ne pas être admis en médecine, mais j’ai vraiment adoré ces trois années en sciences.
J’ai aussi décroché un emploi de préposé aux soins dans un hôpital pendant ce baccalauréat. Cela m’a aidé à devenir un meilleur médecin globalement parce que c’est toujours utile de comprendre chaque niveau de soins, des soins infirmiers à ceux des professionnels paramédicaux, de graviter autour des patients, ou de comprendre comment les maladies touchent les gens. Les préposés aux soins voient beaucoup de maladies et passent beaucoup de temps avec les malades.
Après le baccalauréat en physiologie, j’ai renouvelé ma demande d’admission en médecine à l’Université McGill. J’ai eu cette fois plus de chances : elle a été acceptée.
Q : Qu’est-ce qui vous a incité à opter pour la néphrologie?
R : Pendant mes études en médecine, j’ai eu l’intuition que je me dirigerais vers les maladies et la physiologie du rein. Je me rappelle la première fois qu’un néphrologue m’a amené examiner une unité de dialyse pendant un stage. Je n’étais jamais entré dans une unité de ce type. Il m’a expliqué le fonctionnement d’un appareil de dialyse. Je me suis dit : « C’est vraiment génial. C’est très novateur et ça sauve des vies. ».
La néphrologie couvre tous les aspects de la médecine. C’est un domaine très complexe. Il faut acquérir une bonne compréhension de la physiologie. Aucun moment n’est ennuyeux dans ma spécialité. Que ce soient les soins chroniques, de courte durée ou d’urgence ou encore les transplantations ou les tranches d’âge, mon travail est diversifié et intéressant.
Q : Qu’est-ce qui vous a amené à Ottawa?
R : Je suis venu à Ottawa après la faculté de médecine parce que j’avais obtenu un poste d’un an et j’ai fait un stage en néphrologie à mes débuts. Je n’avais pas l’intention d’y rester. J’étais un jeune homme de Montréal qui envisageait Ottawa comme une « ville ennuyeuse ». En fin de compte, je l’ai adorée. J’aime les gens d’ici. J’aime l’Hôpital et j’aime l’unité spécialisée en néphrologie. J’ai fini par trouver la ville attachante et c’est l’un des meilleurs endroits où travailler en ce moment.
Q : Comment les options de traitement ont-elles évolué depuis vos débuts?
R : Malheureusement, bon nombre des traitements sont très similaires à ce qui existait à mes débuts. Il y a eu des percées technologiques au chapitre de la dialyse, mais elles sont relativement mineures.
Il y a eu d’énormes progrès en ce qui a trait aux médicaments qui préviennent un rejet et qui permettent aux greffons de survivre plus longtemps. De plus, au cours de la dernière année, des reins d’animaux ont été transplantés dans des humains – c’est une intervention appelée xénotransplantation. Elle pourrait être une solution novatrice dans l’avenir, mais il y a toujours des obstacles à surmonter. Il est possible de transmettre des virus et d’autres éléments microbiens lors d’une xénotransplantation.
« Nous pourrons possiblement un jour traiter la personne atteinte d’une maladie rénale en prélevant ses propres cellules pour les mettre dans une assiette, les faire croître jusqu’à ce qu’elles deviennent un rein et le lui greffer par la suite. Nous n’en sommes qu’aux balbutiements, mais la perspective est prometteuse. »
Q : À quels projets participez-vous à l’heure actuelle à L’Hôpital d’Ottawa?
R : Nous étudions les lésions rénales aiguës. Ce sont des problèmes très courants dans les unités de soins intensifs. C’est une insuffisance rénale qui survient soudainement pour un certain nombre de raisons. Si un rein cesse d’être approvisionné en sang, il peut arrêter de fonctionner en quelques minutes. S’il le fait, la personne ne peut pas vivre très longtemps sans traitement de dialyse.
Malgré des années de recherche, il n’existe toujours pas de traitement pour aider un rein à refonctionner. Mon laboratoire étudie des façons d’améliorer le fonctionnement d’un rein après une lésion. Il y a quelques années, nous avons découvert que de petits morceaux de cellules appelés exosomes relâchés par des cellules de sang de cordon ombilical peuvent protéger le rein contre cette lésion. Nous espérons lancer un essai clinique de cette découverte au cours des prochaines années.
J’ai aussi participé à la création du programme de formation KRESCENT (le programme national de formation scientifique d’encadrement des chercheurs dans le domaine rénal). Un des objectifs du programme est d’encourager les scientifiques à communiquer leurs messages au public d’une façon claire et efficace. L’expérience est formidable et des plus motivantes. Depuis 2004, le programme KRESCENT a permis de donner une formation sur les maladies rénales à environ 80 jeunes chercheurs, boursiers postdoctoraux et scientifiques d’autres disciplines du secteur de la santé au Canada. Il a rassemblé les acteurs du milieu. Je nourris beaucoup d’espoir pour l’avenir de la recherche sur les maladies rénales au Canada.
Q : Que représente ce prix pour vous?
R : Premièrement, j’ai été surpris. C’est un très grand honneur de recevoir ce prix. J’ai regardé la liste des personnes qui l’ont reçu, ce qui m’a fait penser à tout le soutien que j’ai reçu au fil des ans et aux formidables collègues au laboratoire. Quand on fait de la recherche en laboratoire, on est loin des patients. D’autres personnes doivent donc en prendre soin. J’ai besoin de temps pour réaliser de la recherche et on me donne ce temps. Je m’estime extrêmement chanceux d’avoir eu cette occasion. Je suis honoré et ravi.
Q : Comment vous occupez-vous en dehors du travail?
R : Je vis du côté québécois de la rivière dans Cantley. Je passe la plupart de mon temps en famille. Je fais beaucoup de sports comme le bateau, le kayak, le golf, le hockey et le vélo. J’aime aussi la musique. J’essaie en ce moment d’apprendre la guitare en solo. J’aime lire, bien sûr, et j’adore le plein air.