Lorsque Dean Fergusson, Ph.D., a commencé sa carrière en recherche il y a 25 ans, le réseau d’approvisionnement en sang au Canada était robuste et les transfusions étaient sécuritaires, ce qui est encore le cas aujourd’hui. Mais la multitude de questions sans réponse dans ce domaine ouvrait bien des avenues à la recherche.
Depuis qu’il travaille à L’Hôpital d’Ottawa, Dean Fergusson a répondu à certaines de ces questions grâce à sa recherche révolutionnaire. Par exemple, une de ses études montre qu’une version générique et moins coûteuse d’un médicament qui sert à prévenir la perte de sang pendant une chirurgie est en réalité plus sécuritaire que sa version la plus recherchée, quoique plus coûteuse. Une autre de ses études a démontré que le sang frais n’était pas préférable, et qu’il était probablement même quelque peu nuisible par rapport au sang entreposé plus longtemps. Ces deux découvertes ont transformé notre savoir sur le sang et les transfusions.
Les travaux de Dean Fergusson ont des résultats tangibles et ont déjà sauvé des milliers de vies et amélioré les transfusions de sang pour des millions de personnes dans le monde. Aujourd’hui, il forme les chercheurs de la relève afin que l’on continue de poser les questions les plus importantes – et d’y répondre.
Découvrez ici qui est Dean Fergusson et ce qui le motive.
Q : Pourriez-vous nous parler un peu de votre enfance?
R : Je suis né à North Vancouver, mais j’ai passé mon enfance un peu partout en Colombie-Britannique, car mon père était banquier. J’ai passé la plupart de ces années à l’extérieur, car j’étais avide de la randonnée pédestre, de la pêche et du sport. Cela m’a certainement fait apprécier la nature et la diversité géographique de la Colombie-Britannique. J’ai aussi joué au soccer jusque dans la vingtaine, d’où mon rôle d’entraîneur de mes trois fils. J’étais un garçon un peu étrange, parce que j’aimais l’école, surtout les sciences.
« Mes parents m’ont répété pendant mon enfance qui si une chose valait la peine d’être faite, elle valait la peine d’être bien faite. Toutes ces choses me sont restées. »
— Dean Fergusson
Lorsqu’on jette un regard sur son passé, on remarque que certaines choses ne changent jamais. Dans mon cas, c’est l’amour des sciences et du plein air.
Q : Qu’est-ce qui vous a amené à faire de la recherche sur les transfusions de sang?
R : Pendant mes études à McGill en sciences politiques et économie, je suis devenu amoureux des politiques dans le domaine de la santé. C’est là que j’ai fait la connaissance de mon épouse et nous sommes déménagés à Ottawa au début des années 1990. J’essayais d’obtenir un emploi dans la fonction publique, mais sans succès. On bon ami m’a conseillé de faire une maîtrise en gestion des services de santé à l’Université d’Ottawa. C’est dans le cadre d’un cours d’épidémiologie que j’ai découvert ma voie. L’enseignant était le Dr Robert Cushman, médecin hygiéniste en chef d’Ottawa de 1996 à 2005. Sa passion et son style d’enseignement m’ont révélé ma vocation. J’ai fini ma maîtrise en deux ans, puis j’ai commencé à faire des demandes d’emploi en recherche dans le milieu hospitalier. J’ai eu la chance d’être engagé à L’Hôpital d’Ottawa dès la fin de ma maîtrise pour travailler avec le Dr Andreas Laupacis et avec Ian Graham, Ph.D.
L’expérience a été tout à fait merveilleuse. Je n’aurais pas pu demander de meilleurs mentors. Et vous connaissez la suite! Ils m’ont encouragé à faire un doctorat en épidémiologie spécialisé en transfusion sanguine, car il y avait tant de questions sans réponse dans ce domaine. Le succès était à portée de la main : faire mon doctorat, apprendre des méthodes de conception et d’analyse complexes et les appliquer dans un domaine comportant de belles avenues de recherche, celui de la médecine de transfusion. Le résultat? Une carrière productive et gratifiante.
Q : Qu’est-ce qui vous passionne tant dans la recherche?
R : Si je pense à mes cours de chimie et de physique au secondaire, je m’aperçois que j’étais fasciné par la grande minutie requise pour réussir une expérience; il fallait être très méthodique, sans quoi l’expérience était un échec. Mes parents m’ont répété pendant mon enfance qui si une chose valait la peine d’être faite, elle valait la peine d’être bien faite. Toutes ces choses me sont restées. Ce qu’il y a de beau dans la recherche, c’est qu’on peut répondre à des questions importantes à condition de bien faire son travail, ce qui implique formuler de bonnes questions. Andreas Laupacis et Ian Graham m’ont inculqué cette compétence: bien formuler la question et bien y répondre. Ce que j’aime de la recherche, c’est la possibilité de faire une réelle différence. Si vous trouvez la réponse à une question, vous pouvez aider à définir ou à changer la pratique.
Q : Que signifie pour vous recevoir le Prix du mérite scientique Dr J. David Grimes?
R : Pour être franc, ce prit revêt une grande importance pour moi. Je crois qu’il reconnaît une carrière passée à faire une différence. Mes collègues ont proposé et appuyé ma candidature, ce qui m’est précieux. En fait, j’ai même eu la chance de connaître le Dr Grimes au début de ma carrière. Il travaillait encore à l’Institut Loeb de recherche en santé, où j’ai commencé à travailler, et il était un homme d’une grande gentillesse et douceur, un leader tranquille. Le prix m’a certainement rappelé de beaux souvenirs.
Q : Que faites-vous lorsque vous n’êtes pas au laboratoire?
R : J’aime certainement voyager, et surtout le canot-camping. Je regrette de ne pas avoir découvert le parc Algonquin plus tôt, c’est-à-dire dès notre arrivée à Ottawa – c’est tout un trésor. J’aime aussi faire de longues marches et de la randonnée sur des sentiers ruraux avec notre bouvier australien bleu.
J’adore aussi les spectacles musicaux, idéalement dans de petites salles. J’aime sortir et voir jouer des musiciens que je n’ai jamais entendus. On découvre ainsi les salles de spectacles dans la ville et ses environs. Un de nos groupes musicaux favoris est le groupe torontois Skydiggers. C’est du talent pur, incroyable.
Je mentionnerais aussi que j’adore le soccer et que je suis partisan du club de Liverpool.
Q : Qu’est-ce que l’avenir vous réserve sur le plan personnel et professionnel?
R : Du point de vue de la carrière, j’ai de grandes études en cours. J’aimerais terminer celle qui cherche à déterminer si le sexe du donateur fait une différence pour le récipiendaire d’une transfusion. Nous avons fait une étude randomisée de 9 000 patients transfusés à L’Hôpital d’Ottawa dont les donateurs étaient exclusivement des hommes ou exclusivement des femmes. Nos expériences avec des animaux et nos observations montrent qu’il pourrait y avoir des différences selon les taux d’hormones. Les résultats seront bientôt prêts.
Du point de vue personnel, j’attends que la pandémie prenne fin pour pouvoir voyager davantage. Cela me manque. En attendant, j’aime voir grandir ma famille et voir évoluer les carrières des uns et des autres.
Q : Pour terminer, qu’est-ce qui est marquant dans votre travail à L’Hôpital d’Ottawa?
R : Je dirais que c’est le mentorat. Il m’a appris l’importance d’avoir des mentors encourageants, rôle que j’aime bien incarner aujourd’hui. Le milieu de travail de L’Hôpital d’Ottawa a été exceptionnel et explique en grande partie pourquoi j’y reste. Vous recevez des offres d’emploi dans des villes comme Toronto, Montréal ou Vancouver, mais l’environnement est si merveilleux et il y a encore du travail à faire ici.
« L’Hôpital d’Ottawa regorge encore de tellement de potentiel. En misant sur notre personnel, nos idées et notre excellent milieu clinique, nous pouvons véritablement améliorer la vie des patients et de leur famille partout dans le monde. »
— Dean Fergusson