Tout savoir sur la dépression
Avant le XIXe siècle, la dépression portait un nom pour le moins poétique : la mélancolie. Depuis 850 avant J.-C., date à laquelle Hippocrate en a parlé pour la première fois (article en anglais seulement), des théories ont attribué la mélancolie à de multiples causes, de la présence de bile noire dans la rate à la possession démoniaque, en passant par une mauvaise moralité.
Heureusement, la compréhension de la dépression a beaucoup évolué depuis. Néanmoins, même si les prises de parole de célébrités abordant ouvertement leur expérience de la dépression, de Bruce Springsteen à Kendrick Lamar (en anglais seulement), peuvent donner l’impression que la stigmatisation entourant ce diagnostic de santé mentale appartient au passé, il reste encore du travail à faire pour briser les mythes et mieux comprendre, prévenir et traiter la dépression.
Qu’est-ce que la dépression?
La dépression est une maladie mentale. Les personnes qui en sont atteintes se sentent déprimées ou mal dans leur peau et sont incapables de vivre pleinement les choses qui leur procurent habituellement du plaisir. Ces symptômes persistent longtemps; la dépression ne concerne pas un mal-être occasionnel ou passager. Il s’agit d’un mal-être prolongé.
Voici des symptômes de la dépression :
- Sentiments persistants de tristesse, de culpabilité ou de désespoir; impression de dévalorisation.
- Irritabilité, anxiété ou colère.
- Difficultés à dormir ou sommeil excessif.
- Changements au niveau de l’appétit ou du poids.
- Difficulté à se concentrer ou à prendre des décisions.
- Pensées de mort, idées suicidaires.
La dépression est le trouble de santé mentale le plus courant au Canada. Mais bien qu’il soit largement admis que la personne qui souffre de dépression n’a rien fait pour mériter son état, la stigmatisation des maladies mentales persiste au Canada (informations en anglais seulement), et 75 % des personnes interrogées sur la question disent qu’elles hésiteraient à révéler une maladie mentale à un employeur ou à un collègue, ou même, qu’elles refuseraient de le faire. En bref, les personnes interrogées sont trois fois moins susceptibles de révéler une maladie mentale qu’une maladie comme un cancer.
Quels sont les différents types de dépression?
Le Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux (DSM-5) (page en anglais seulement) décrit plusieurs sous-types et niveaux de gravité de la dépression. Les professionnels de la santé utilisent cette information pour poser un diagnostic et orienter les traitements.
Trouble dépressif majeur
Le trouble dépressif majeur, qu’on appelle aussi dépression clinique, est caractérisé par une morosité persistante qui se manifeste la plupart du temps pendant plus de deux semaines et entraîne des répercussions sur de nombreux aspects de la vie. Il peut s’agir d’une dépression légère, modérée ou grave.
Trouble dépressif persistant
Le trouble dépressif persistant, qu’on appelait auparavant dysthymie, est caractérisé par une morosité chronique persistant plus de deux ans. Bien qu’il s’agisse d’un trouble habituellement léger à modéré, il peut comprendre des symptômes de dépression aussi graves que le trouble dépressif majeur.
Trouble affectif saisonnier (TAS)
Techniquement, le TAS est un aspect caractéristique du trouble dépressif majeur. Le TAS semble émerger en réponse aux changements saisonniers de luminosité et de température. La plupart des personnes qui en sont atteintes disent vivre une grande morosité et un manque d’énergie au cours des mois d’hiver.
Dépression périnatale
La dépression périnatale – ou (comme on l’appelle souvent) la dépression postnatale – survient après l’accouchement. Jusqu’à 10 % des personnes ayant accouché traversent une dépression périnatale.
Trouble bipolaire
Bien qu’il s’agisse techniquement d’un diagnostic à part entière, le trouble bipolaire consiste en des périodes d’humeur exubérante, ou « manie », qui alternent avec des périodes de dépression.
Quelles sont les causes de la dépression?
Les causes de la dépression sont complexes, et notre compréhension de celles-ci est en constante évolution. Grâce aux recherches menées au fil des décennies, nous savons aujourd’hui qu’il existe un large éventail de facteurs, souvent interreliés, qui concourent à l’émergence de la dépression. Parmi ceux-ci figurent la génétique, les traumatismes, le mode de vie, la maladie, des médicaments, la consommation de drogues, ainsi que des facteurs socio-économiques, comme le revenu ou les préjugés.
Qui sont les personnes à risque de dépression?
Au Canada, selon des estimations, environ 7 % des personnes de plus de 15 ans ont traversé un épisode dépressif majeur au cours de la dernière année, et jusqu’à 14 % de la population vivront un tel épisode au cours de leur vie. Ces données, qui datent de 2022, témoignent d’une forte augmentation par rapport aux précédentes données de 2012. Tout le monde peut être touché par la dépression, mais certains groupes sont plus susceptibles d’en souffrir. De plus, certaines expériences augmentent le risque de dépression. Souvent, la relation entre la dépression et d’autres maladies peut être bidirectionnelle, c’est-à-dire qu’elles s’influencent mutuellement.
Caractéristiques démographiques de la dépression au Canada
- Les personnes ayant des antécédents familiaux de troubles de l’humeur sont beaucoup plus susceptibles de souffrir de dépression.
- Certains événements stressants peuvent accroître le risque de dépression (article en anglais seulement).
- Certaines expériences difficiles pendant l’enfance (négligence, violence, intimidation) peuvent accroître le risque de dépression (article en anglais seulement).
- Les femmes sont plus susceptibles de souffrir de dépression.
- Les hommes sont moins susceptibles de recevoir un traitement pour la dépression que les femmes (article en anglais seulement).
- Même s’ils reçoivent moins souvent un diagnostic de dépression, les hommes représentent 75 % des décès par suicide au Canada.
- Les personnes entre 15 et 24 ans sont plus susceptibles que les membres des autres groupes d’âge de souffrir d’une dépression.
- Les taux de dépression sont plus élevés chez les personnes racisées (article en anglais seulement).
- Chez les jeunes autochtones, les décès par suicide sont six fois plus courants (page en anglais seulement) que chez les jeunes non autochtones.
- Au Canada, les personnes appartenant à la communauté 2SLGBTQ+ sont plus susceptibles d’être atteintes d’une dépression que celles n’en faisant pas partie.
- Environ le tiers des personnes atteintes d’une maladie chronique sont dépressives (article en anglais seulement).
- Le trouble de l’usage de l’alcool est associé à un risque accru de dépression (article en anglais seulement).
Quels sont les traitements possibles?
Un défi inhérent à la dépression s’attache à ce que les personnes qui en souffrent ont tendance à faire exactement le contraire de ce dont elles ont besoin pour se sentir mieux. Elles peuvent s’isoler ou cesser de sortir et de faire des activités en plein air, ce qui est susceptible d’aggraver leur situation. Il est parfois très difficile de briser le cycle.
La première étape du rétablissement consiste à demander de l’aide. On peut se tourner vers ses amis et les membres de sa famille, mais si c’est impossible ou si les difficultés sont si grandes que de saines approches de socialisation et d’adaptation ne suffisent pas, il est essentiel de rechercher une aide professionnelle.
Les traitements possibles peuvent aussi bien comprendre la psychothérapie que de nouveaux traitements comme la stimulation magnétique transcrânienne répétitive (SMTr).
Ressources à Ottawa
À Ottawa, un bon point de départ serait une consultation auprès de votre médecin de famille ou le portail AccèsSMT, qui est un point d’accès centralisé aux ressources en santé mentale et en dépendances offertes dans notre région. Inscrivez-vous en ligne pour recevoir l’appel d’un membre du personnel.
L’Hôpital d’Ottawa
L’Hôpital d’Ottawa sert de porte d’entrée des services de santé mentale dans la région. En effet, c’est souvent vers l’Urgence de l’Hôpital que les personnes atteintes de dépression se tournent en premier, avant d’être orientées vers un éventail de services complémentaires.
L’Hôpital, qui dispose d’un Service d’urgence psychiatrique spécialisé réunissant des infirmières en santé mentale, des travailleuses sociales et des psychiatres, comprend aussi une unité offrant des soins spécialisés aux personnes hospitalisées et un programme pour les patients externes, qui propose des soins aux personnes qui se sont présentées à l’Urgence ou ont été auparavant hospitalisées.
Les patients hospitalisés peuvent être dirigés vers le Programme d’hospitalisation partielle pour soins de courte durée, qui offre un traitement intensif aux personnes atteintes d’une maladie mentale modérée ou grave.
Des demandes de consultation sont aussi présentées vers le Programme de santé mentale périnatale (page en anglais seulement), qui offre un soutien psychiatrique spécialisé aux personnes qui planifient une grossesse, qui sont enceintes ou qui ont accouché au cours de la dernière année, et qui ont des problèmes de santé mentale confirmés ou présumés.
Par ailleurs, les membres de la communauté peuvent accéder aux services du Programme d’intervention au premier épisode de psychose et de l’Équipe mobile de crise sans demande de consultation.
De la prestation de soins empreints de compassion ou de traitements de pointe à la recherche révolutionnaire, L’Hôpital d’Ottawa refaçonne l’avenir des soins en santé mentale dans la région et au-delà.
Si l’une de vos connaissances ou vous-même traversez une crise de santé mentale, obtenez de l’aide immédiatement. Le Centre de détresse d’Ottawa et de la région offre à toute personne traversant une crise de santé mentale des services jour et nuit, 7 jours sur 7. Il est possible de joindre le Centre au 613 238-3311. Si vous avez des pensées suicidaires, faites un appel ou envoyez un texto au 9-8-8 pour joindre la ligne d’aide en cas de crise de suicide. Un intervenant vous offrira de l’aide sans porter de jugement.