Pendant que le public doit demeurer à la maison, les travailleurs essentiels se rendent chaque jour à L’Hôpital d’Ottawa. Ils prennent soin des personnes les plus malades de la région parce diverses affections et blessures surviennent toujours pendant la pandémie de COVID-19.

Des médecins, des infirmières et des employés de soutien essentiels franchissent les portes de l’hôpital pour répondre à un objectif : veiller à ce que chaque patient reçoive les meilleurs soins possible. Au cœur de la pandémie mondiale, qui suscite de grandes craintes au sein de la population, les membres de l’équipe de l’Hôpital doivent aussi prendre soin de soi et de leur famille, tout en restant en santé.

Ils sont là pour aider chaque patient, du chirurgien qui sauve une vie, à l’infirmière qui administre un traitement de chimiothérapie et au préposé aux soins qui offre quelques mots réconfortants et un sourire en cette période où il est presque impossible d’avoir un visiteur.

Pleins feux sur les histoires exceptionnelles qui se déroulent en première ligne à L’Hôpital d’Ottawa.

Se préparer à la pandémie

La préparation à la pandémie de la COVID-19 ne visait pas seulement à veiller à ce que L’Hôpital d’Ottawa soit prêt. L’objectif était aussi d’organiser les hôpitaux de l’ensemble de la région de Champlain. C’est là qu’entre en jeu le Dr Andrew Willmore, directeur médical du Service de la gestion des urgences à L’Hôpital d’Ottawa.

Le Dr Andrew Willmore tient une réunion éclair au Centre d’évaluation pour la COVID-19

Le Dr Willmore, qui est aussi chef des interventions d’urgence en santé de la région de Champlain, a collaboré avec la Ville d’Ottawa pour nous préparer à l’arrivée de patients atteints de la COVID-19. Cette préparation a débuté il y a environ quatre ans lors de la création du Système de gestion des incidents à L’Hôpital d’Ottawa.

« Le système nous permet de passer en mode de gestion d’incidents, de réorganiser notre façon de fonctionner dans l’hôpital et de déterminer à quel moment intensifier le niveau d’intervention », explique le Dr Willmore.

Au début de la pandémie, L’Hôpital d’Ottawa a reçu le mandat de coordonner l’intervention dans la région. Un système régional de gestion des urgences a donc été mis en place. « Cela nous a permis de modifier nos modèles de prestation de soins, par exemple en ouvrant le Centre d’évaluation pour la COVID-19 et des cliniques de soins, ainsi qu’en adoptant un modèle régional de répartition des effectifs et de logistique pour soutenir les services en difficulté », poursuit le Dr Willmore.

« Après une longue journée, je regarde autour de moi et je constate que je ne suis pas seul. Les talents que nous avons ici et dans la région sont des sources intarissables d’inspiration. Absolument tout le monde s’investit à fond. Notre puissance réside dans l’union de nos forces. » – Dr Andrew Willmore

La clé a été de travailler en collaboration avec Santé publique Ottawa pour aplatir la courbe pandémique. Le public, très coopératif, a permis au Dr Willmore et à son équipe de prendre une longueur d’avance dans la mise en œuvre le plan sans que les hôpitaux deviennent engorgés. « Chaque minute comptait pour nous préparer le mieux possible. Nous avons examiné le système de santé à l’échelle régionale parce que si on ne brosse pas un portrait d’ensemble, on risque de se marcher sur les pieds. » Et il n’était pas question de provoquer d’autres obstacles.

Il reste encore bien du chemin à parcourir, mais le Dr Willmore a pris le temps de réfléchir au travail accompli à L’Hôpital d’Ottawa en cette crise sans précédent. « J’en tire une leçon d’humilité. Après une longue journée, je regarde autour de moi et je constate que je suis loin d’être seul. Les talents que nous rassemblons ici et dans la région sont des sources intarissables d’inspiration. Absolument tout le monde s’investit à fond. Notre puissance réside dans l’union de nos forces. »

Nurses at The Ottawa Hospital COVID-19 Assessment Centre
Le personnel du Centre d’évaluation pour la COVID-19 de L’Hôpital d’Ottawa

« Je n’ai jamais vu une collectivité se serrer les coudes ainsi, et ce, malgré la distanciation physique. » – Kim Hargreaves

Les infirmières s’unissent pour mettre l’épaule à la roue

Kim Hargreaves est infirmière spécialisée en cancer du sang à l’Unité de médecine d’un jour. Elle et ses collègues donnent des traitements de chimiothérapie et des soins de soutien aux patients atteints d’un cancer du sang comme la leucémie, le lymphome, le myélome multiple et les syndromes myélodysplasiques.

Il faut continuer d’offrir des soins à ces patients malgré la pandémie de COVID-19. « Dans l’Unité de médecine d’un jour, nous nous soutenons vraiment toutes mutuellement. Tout le monde se donne un coup de main », précise Kim.

Kim Hargreaves (extrême droite) et ses collègues de L’Hôpital d’Ottawa

Elle ajoute que des infirmières sont réorientées d’autres secteurs de l’Hôpital pour leur venir en aide. « Les infirmières des cliniques où les patients peuvent voir leur médecin par voie virtuelle reçoivent une formation pour apporter un appui de première ligne. »

Selon cette infirmière dévouée, qui cumule 31 années de service à L’Hôpital d’Ottawa, le soutien de la collectivité est une puissante forme d’encouragement. « Quand on voit les belles affiches, on relève la tête. Les messages d’appui et de remerciement nous rappellent que notre travail est apprécié, même si nous frôlons l’épuisement. Bien que nous ne soyons pas pressées comme à l’Urgence ou aux Soins intensifs, nous investissons de grands efforts pour assurer la continuité des soins. »

Rien ne l’a jamais autant inspirée que ce dont elle est témoin pendant la pandémie. « Je n’ai jamais vu une collectivité se serrer les coudes ainsi, et ce, malgré la distanciation physique », poursuit Kim.

Projets de retraite en pause

Moins de trois heures après l’appel de L’Hôpital d’Ottawa, Robin Morash était réembauchée et, quelques jours plus tard, de retour en uniforme pour aider des patients.

Robin a été infirmière pendant 33 ans à L’Hôpital d’Ottawa, dont de nombreuses années à des postes de gestion au Centre de cancérologie. Elle a senti le devoir de revenir même si elle était à la retraite depuis deux ans. « Nous entendions chaque jour à quel point les équipes étaient débordées et je voulais aider ma collectivité », confie-t-elle.

Robin Morash, sorti de sa retraite

C’est ce qu’elle fait maintenant au Centre d’évaluation pour la COVID-19 aux côtés de nombreux collègues et partenaires communautaires. Elle explique que ce travail est sa vocation. « Ça fait partie de nous. L’idée de ne rien faire tout en regardant les autres s’affairer dans tous les sens nous est étrangère. »

Les infirmières excellent à la tâche

Aux côtés de Robin au Centre d’évaluation pour la COVID-19 se trouve Joselyn Banks, gestionnaire clinique qui avait pris sa retraite en décembre 2019 après une carrière de 35 ans en soins infirmiers. Au début de la pandémie, elle a annulé un voyage en Floride et appelé l’Hôpital pour offrir ses services.

« Je regarde mes collègues et mes amis et j’en suis très fière. Je suis vraiment contente d’apporter mon aide, si petite soit-elle. » – Barb Bijman

« Je savais que notre collectivité avait besoin d’aide. Je savais que mes collègues et amis à l’Hôpital devaient faire des quarts de travail interminables. Je voulais revenir et faire le nécessaire pour être utile », explique-t-elle.

Joselyn Banks au Centre d’évaluation pour la COVID-19

Joselyn met ses compétences à profit au Centre d’évaluation pour la COVID-19 depuis son ouverture. Elle est contente d’avoir une incidence positive. « Beaucoup de collègues nous expriment que nous faisons un excellent travail et que nous évitons aux gens d’aller à l’Urgence pour passer un test de dépistage. » Le centre a jusqu’à maintenant détourné des urgences plus de 9 000 patients.

Joselyn est consciente de l’ampleur de la situation, mais affirme que c’est naturel pour les infirmières. « Nous sommes passionnées. Nous prenons soin des gens. Nous sommes des personnes d’action et nous en sommes capables. »

Mettre la retraite en pause implique des sacrifices

Jennifer Smylie, infirmière au Campus Général de L’Hôpital d’Ottawa

Décider de revenir au travail est une décision difficile qui n’est pas exempte de sacrifices. Jennifer Smylie le sait très bien.

Elle a décidé sciemment de revenir au travail même si cela l’empêchait d’avoir des contacts rapprochés avec sa mère âgée. « Le travail comporte des risques, mais ça a aussi été le cas tout au long de ma carrière. J’ai évalué les risques et ai décidé que c’était la bonne chose à faire. »

Infirmière aguerrie ayant consacré plus de 30 années à L’Hôpital d’Ottawa, Jennifer avait pris sa retraite du rôle de gestionnaire au Programme de cancérologie. Elle occupe maintenant un poste au contrôle des entrées de l’hôpital.

Son équipe assure la vérification de toute personne qui entre à L’Hôpital d’Ottawa pendant la pandémie de la COVID-19. Jennifer a répondu à l’appel afin de contribuer à protéger la santé de la population. « Je n’ai pas hésité à faire ce que je jugeais nécessaire », soutient-elle.

Elle explique qu’assurer la sécurité des patients et du personnel est un rôle important. « Nous veillons à ce que chaque personne qui se présente à l’hôpital réponde aux questions de triage pour déterminer si son entrée est sécuritaire. Nous sommes très occupés, mais nous essayons de faire preuve de compassion envers chaque personne. »

Les infirmières à la retraite sont fières de revenir

Après 34 années de service à l’Unité de soins intensifs, Barb Bijman a pris sa retraite en 2017, mais a conservé son permis d’infirmière sans se douter qu’elle en aurait besoin pour prêter main-forte pendant une pandémie mondiale.

Même si, en revenant sur la ligne de front, elle devait renoncer à voir ses petits-enfants et sa mère âgée, elle se devait de le faire. « C’est un appel qu’aucune infirmière ne peut ignorer – nous répondons aux appels à l’aide. Voilà pourquoi tant d’infirmières ont mis leur retraite en pause », affirme Barb.

Barb Bijman, infirmière du Centre d’évaluation pour la COVID-19

Même si elle avoue avec beaucoup d’émotions que c’est une période stressante, tant pour les travailleurs de la santé que le public, elle ne peut s’imaginer être ailleurs qu’au Centre d’évaluation pour la COVID-19. « Je suis fière de L’Hôpital d’Ottawa et de tout ce qu’il a fait. C’est un milieu exceptionnel. J’ai pu jeter un regard externe lorsqu’il y a eu la collision d’autobus et encore maintenant, pendant la pandémie. Je regarde mes collègues et mes amis et j’en suis très fière. Je suis vraiment contente d’apporter mon aide, si petite soit-elle. »

L’équipe du laboratoire d’impression 3D répond à l’appel

L’équipe du laboratoire d’impression 3D de L’Hôpital d’Ottawa a suivi l’évolution de la COVID 19 en Chine et en Europe et a constaté les pénuries dangereuses d’équipement. C’est ce qui a amené le Dr Adnan Sheikh, directeur du laboratoire, à communiquer avec le Dr David Neilipovitz, chef du Département des soins critiques, pour offrir son aide.

L’équipe de son laboratoire a depuis fait preuve de créativité pour aider à protéger ses collègues appelés à soigner des patients gravement malades à cause de la COVID-19. Cette équipe inclut notamment Olivier Miguel et le Dr Leonid Chepelev, tous deux associés de recherche.

Tous s’entraident en ce moment. « Nous avons créé et adapté de multiples concepts d’équipement de protection individuelle », précise le Dr Chepelev.

Le Dr David Neilipovitz, chef du Département des soins critiques à L’Hôpital d’Ottawa

Le Dr Neilipovitz a joué un rôle clé pour tester les concepts à l’avance, ce qui a permis à l’Hôpital d’innover en période particulièrement exigeante. « L’équipe de l’impression 3D nous a permis de sortir des sentiers battus et de trouver des solutions pour aider les patients », explique le Dr Neilipovitz.

Le Dr Chepelev ajoute que le laboratoire d’impression 3D produit à plein régime à l’heure actuelle. « Nous utilisons les imprimantes 3D pour créer des composantes essentielles comme des petits connecteurs, des pièces de masques et des prototypes de respirateurs. » Il explique que c’est vraiment un effort de collaboration. « Comme l’impression prend un certain temps, l’équipe a pu utiliser les imprimantes pour concevoir des prototypes de dispositifs que nous fait produire à divers sites d’impression 3D à Ottawa grâce à l’aide de centaines de bénévoles et, lorsque c’était possible, à des fabricants locaux de plastique. »

Mieux encore, précise le Dr Sheikh, tout s’est fait de façon organique. « Des collègues qui s’entraident dans une optique d’ouverture et d’intégration des contributions de chacun, en plus d’évaluer les créations et de les tester avant la production à grande échelle. »

Modifier la façon d’offrir des soins palliatifs

La Dre Miriam Mottiar est anesthésiologiste et médecin spécialisée en soins palliatifs. Son travail en salle d’opération a beaucoup changé depuis la pandémie, notamment au chapitre de l’ÉPI. Mais ce sont surtout les changements à l’offre de soins palliatifs qui lui font de la peine.

La Dre Miriam Mottiar

La crise de la COVID-19 a bouleversé la donne pour les patients et leur famille. « Les patients n’ont plus de proche à leur chevet depuis le resserrement de la politique sur les visiteurs », explique la Dre Mottiar. Pour parvenir à offrir des soins empreints de compassion, son équipe essaie d’aider les patients et leur famille à communiquer à distance.

« Nous les aidons à parler par téléphone et vidéo. Davantage de patients qu’avant demandent aussi à retourner chez eux pour y vivre leurs derniers moments auprès de leurs proches. » La Dre Mottiar collabore avec des partenaires de la collectivité pour réaliser leur souhait lorsque c’est possible.

Elle reconnaît que c’est une période particulièrement difficile pour les patients qui reçoivent des soins palliatifs parce que ce n’est qu’aux dernières heures de leur vie qu’un membre de la famille peut les rejoindre en personne. « Je suis triste de devoir changer notre façon de faire à cause des vives inquiétudes associées à la transmission du virus dans notre collectivité. »

La technologie de l’information relève un défi sans précédent

L’équipe du Service de la technologie de l’information a accompli un travail d’une envergure inédite à L’Hôpital d’Ottawa. Elle disposait de moins de trois jours et demi pour mettre sur pied le Centre d’évaluation pour la COVID-19 afin que les gens puissent passer un test de dépistage de la COVID-19 et y être évalués par un professionnel de la santé ailleurs qu’à l’hôpital. Elle s’est montrée à la hauteur du défi.

Jim Makris, gestionnaire des Services de réseaux et téléphoniques, explique que son équipe a dû préparer deux installations séparées et les relier à L’Hôpital d’Ottawa. « Nous avons établi un raccordement au réseau de l’Hôpital, bâti un réseau au Centre d’évaluation, installé un accès sans fil et déployé nos téléphones. » En somme, son équipe a dû procurer aux travailleurs de première ligne le même accès qu’à chaque campus de l’Hôpital. « Normalement, il faut un mois pour installer et faire fonctionner une installation de cette envergure. Nous l’avons fait en deux jours. »

Préparation du centre d’évaluation pour les patients

La rapidité inouïe de l’équipe a permis de rendre le centre opérationnel dans un temps record. Stephen Roos, gestionnaire des Services à la clientèle, a ensuite emboîté le pas pour faire transporter, installer et fonctionner l’équipement. « Des spécialistes du système d’information sur la santé Epic sont aussi venus donner aux infirmières sur place la formation nécessaire pour entrer tous les renseignements sur les patients dans le système et ainsi rendre les résultats accessibles aux patients dans le portail sécurisé MyChart. Ce fut un volet important du processus », ajoute Stephen.

Jim et Stephen reconnaissent la grande valeur du partenariat entre la Ville d’Ottawa et L’Hôpital d’Ottawa. La Ville a fourni l’électricité et l’accès à Internet pour les installations, ce qui a permis aux équipes de l’Hôpital de prendre le relais.

Les deux hommes ajoutent rapidement que ce fut un honneur pour leurs équipes de pouvoir soutenir les travailleurs en première ligne. « Oui, les choses sont survenues très vite pour notre équipe informatique et nous avons fait de très longues et difficiles heures de travail pendant quelques jours. Mais le personnel soignant va y travailler chaque jour auprès des patients. Notre rôle ne s’y compare pas », précise Stephen.

Assurer l’approvisionnement en fournitures

Roman Medzhitov

Roman Medzhitov est superviseur au Service de gestion du matériel. Son équipe assume un rôle de premier plan à l’heure actuelle.

Roman est responsable de toutes les fournitures, des draps, au linge d’hôpital et à l’équipement de protection individuelle au Campus Civic. Il doit livrer les fournitures dans toutes les unités. « Depuis l’arrivée de la COVID-19, nous recevons principalement des demandes de fournitures », affirme-t-il.

Sachant que la sécurité des patients et du personnel est d’une extrême importance, Roman est passé d’une vérification hebdomadaire à une communication quotidienne avec les unités. « Nous prenons le pouls toutes les 24 heures afin de veiller à ce que tous les services aient l’équipement nécessaire pour assurer la sécurité du personnel et des patients. Ensemble, nous faisons l’inventaire et examinons les fournitures les plus importantes. »

Mettre l’accent sur la planification et l’organisation a aidé Roman et son équipe à garder une longueur d’avance. « Si nous n’avions pas été proactifs, nous aurions probablement pris du retard pour l’approvisionnement de bien des fournitures. Nous vérifions toujours deux fois l’exactitude des quantités. »

Bien que chaque jour comporte son lot d’incertitudes, il est rassurant de savoir que les travailleurs de la santé en première ligne mettent à profit leurs connaissances pour soigner tous les patients en ces temps difficiles. Nous ferons un jour le point sur les soins fournis pendant la crise et ce n’est qu’alors que nous réaliserons à quel point chaque rôle a été déterminant pour répondre aux besoins de notre collectivité pendant cette période sans précédent.


Fièrement affilié à l’Université d’Ottawa, L’Hôpital d’Ottawa est un centre de recherche et de santé universitaire de premier plan.