Au début de l’automne 2020, Michele Juma a remarqué que la vision de son œil gauche était en train de se brouiller. Cette résidante de Sault-Sainte-Marie s’est initialement tournée vers son médecin de famille pour en trouver la raison. Elle a alors appris qu’elle avait un méningiome et que le temps ne jouait pas en sa faveur pour sauver sa vision. Craignant de devenir aveugle, Michele, qui est mère de quatre enfants, s’est rendue à L’Hôpital d’Ottawa pour recevoir des soins spécialisés qui n’étaient pas disponibles près de chez elle.
C’est au début de novembre que les résultats d’un examen d’IRM ont révélé la présence d’une masse à la base de son lobe frontal. « À ce moment-là, je ne pouvais plus distinguer les couleurs avec mon œil gauche. Ma vision se détériorait. J’avais l’impression de voir à travers une fenêtre givrée », se rappelle Michele. Son œil droit avait commencé à compenser, ce qui était utile pour réaliser les tâches au quotidien, mais s’occuper de ses quatre adolescents tout en occupant un emploi était devenu un réel défi. Michele savait qu’elle devait consulter un spécialiste. Son mari et elle ont ainsi rapidement fait des plans pour effectuer le trajet de huit heures qui les séparait d’Ottawa et rencontrer la Dre Danah Albreiki à l’Institut de l’œil de l’Université d’Ottawa, situé à L’Hôpital d’Ottawa
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L’Institut de l’œil de l’Université d’Ottawa a été créé en 1992 pour accueillir le Département d’ophtalmologie de L’Hôpital d’Ottawa. C’est un important centre de soins cliniques, d’enseignement et de recherche pour les maladies de l’œil au Canada. La Dre Albreiki est spécialisée en neuro-ophtalmologie et en chirurgie de traitement du strabisme chez l’adulte, qui vise à corriger un mauvais alignement des yeux.
Née et élevée en Arabie saoudite, la Dre Albreiki affirme que l’Institut de l’œil joue un rôle à l’échelle internationale pour communiquer notre expertise aux patients et aux ophtalmologistes dans plus de 86 pays. Elle explique notamment que l’institut est affilié au Srikiran Institute of Ophthalmology situé à Kakinada dans l’état d’Andhra Pradesh en Inde. Des affiliations comme celle-ci donnent aux résidents en ophtalmologie une occasion de voyager et d’explorer l’ophtalmologie dans un cadre très différent.
La Dre Albreiki a fait sa résidence en ophtalmologie à Ottawa et croit à l’importance de l’enseignement. « J’estime que l’Institut de l’œil est honnêtement un milieu d’enseignement extraordinaire où le personnel se dévoue d’abord et avant tout aux patients tout en accordant aussi une grande place à l’enseignement de l’ophtalmologie aux résidents. Leur engagement se répercute au-delà d’Ottawa et partout où les résidents vont ensuite travailler, car ils transmettent leurs connaissances et leur expertise à leur collectivité. En fait, Michele a d’abord rencontré une monitrice clinique en neuro-ophtalmologie, la Dre Noran Badeeb, qui est venue de l’Arabie saoudite pour effectuer sa formation parmi nous. »
« Le danger est que la tumeur est très près du nerf optique et le cas de Michele est un bon exemple de la rapidité à laquelle un état peut se détériorer à cause de ce type de tumeurs. Le risque de perdre la vision est élevé. »
— Dr Fahad Alkherayf
Au début de décembre, Michele a rencontré l’équipe de la Dre Albreiki et en a appris davantage sur la tumeur. « Si nous laissons une tumeur comprimer le nerf optique pendant trop longtemps, elle risque fortement de l’endommager au point de mener à une perte permanente de la vision, ajoute la Dre Albreiki. Malgré l’importante perte de vision, nous avons pu déterminer grâce à des examens diagnostiques que le nerf optique de Michele semblait plus étouffé que mort. En retirant la source de l’étouffement, nous allions lui permettre de respirer à nouveau pour donner à Michèle une bonne chance de retrouver sa vision en partie, voire en totalité. »
Pour réussir, il fallait toutefois agir vite.
Comprendre le méningiome
Sachant que Michele avait fait la route depuis Sault-Sainte-Marie pour la consultation à l’Institut de l’œil, la Dre Albreiki lui a obtenu un rendez-vous le même jour avec le Dr Fahad Alkherayf, chirurgien de la base du crâne de calibre mondial, qui a entamé la planification du retrait de la masse.
“« L’Hôpital d’Ottawa est l’un des principaux centres en mini-chirurgie de la base du crâne et je crois que c’est grâce à l’expertise que nous possédons. »
— Dr Fahad Alkherayf
Il a expliqué à Michele qu’elle avait un méningiome de la base du crâne. La tumeur mesurait environ trois centimètres sur trois centimètres, soit environ la taille d’une balle de golf. Le plus gros défi pour enlever ce type de tumeur est souvent l’emplacement. « Il est crucial de trouver une façon de l’atteindre sans endommager le cerveau ni les structures qui y sont reliées. Si on ne fait pas attention et qu’on les endommage, le résultat est malheureusement dévastateur », explique le Dr Alkherayf.
La mini-chirurgie offre de nouvelles options de traitement
Le traitement utilisé à l’heure actuelle pour un méningiome est relativement nouveau. Auparavant, il fallait faire une intervention beaucoup plus effractive appelée craniotomie, qui nécessitait une large incision et qui comportait un risque plus élevé d’endommager le nerf optique. Heureusement, la mini-chirurgie est maintenant une option beaucoup plus efficace et sécuritaire pour les patients. « L’ancienne technique consistait traditionnellement à passer à travers le crâne et à soulever le cerveau. De nos jours, nous passons par le nez », explique le Dr Alkherayf. Il n’y a pas d’incision, le patient se rétablit plus vite, a moins de douleur et reste moins longtemps à l’hôpital et le degré de précision est plus élevé qu’avec la technique traditionnelle.
L’Hôpital d’Ottawa s’est taillé une réputation de chef de file au Canada pour ce type de mini-chirurgie. Le Dr Alkherayf estime que nous sommes l’un des plus grands centres qui la réalisent au Canada. « À l’échelle du pays, L’Hôpital d’Ottawa est l’un des principaux centres en mini-chirurgie de la base du crâne et je crois que c’est grâce à l’expertise que nous possédons. Il ne faut pas seulement d’excellents chirurgiens. Il faut aussi une bonne équipe en anesthésie, en soins infirmiers et en neurophysiologie pour que le chirurgien puisse bien faire son travail. Ce qui est unique, à L’Hôpital d’Ottawa, est que nous avons tous ces professionnels nécessaires pour offrir des soins aux patients. »
Avoir accès à cette expertise représente un avantage considérable pour des personnes comme Michele, qui a eu besoin d’une chirurgie urgente en raison de la croissance rapide de sa tumeur et du risque qu’elle entraîne la cécité non seulement de l’œil gauche, mais aussi de l’œil droit. Après la rencontre du Dr Alkherayf et du Dr Shaun Kilty, otorhinolaryngologiste, sa chirurgie a été fixée au 17 décembre 2020.
Michele était anxieuse et nerveuse. « Je me sentais complètement dépassée par les événements. Tout était surréaliste. J’avais probablement cette tumeur depuis des années… c’était assez incroyable pour moi de penser à la gravité de la situation. » Michele affirme toutefois qu’elle savait qu’elle était en bonnes mains. « Quand j’ai rencontré les Drs Albreiki, Alkherayf et Kilty, ils ont été très rassurants et ont répondu à toutes nos questions, ce qui a beaucoup réduit mon anxiété. »
Des techniques spécialisées utilisées seulement à L’Hôpital d’Ottawa
Laissant leurs quatre enfants à la maison, Michele et son mari sont revenus à Ottawa un peu plus d’une semaine avant Noël. La mini-chirurgie allait durer huit heures. Les Drs Alkherayf et Kilty allaient travailler ensemble pour retirer la tumeur morceau par morceau par le nez de Michele.
« La technique de surveillance nous a aidés à ne pas tirer trop fort sur son nerf optique. Sans elle, je ne crois pas que nous aurions obtenu les mêmes résultats. »
— Dr Fahad Alkherayf
Pendant l’intervention, le Dr Alkherayf a pu surveiller la vision de Michele. En fait, notre hôpital est le seul centre au Canada qui utilise cette technique spécialisée. « Nous avons établi une méthode qui permet de recevoir un signal des yeux, du nerf optique et du cerveau pour savoir ce qui se produit au niveau de la vision pendant que le patient est endormi. » Nous mettons au patient des lunettes similaires à des lunettes de natation après son anesthésie. Elles émettent une lumière clignotante qui envoie un signal à la rétine. Le signal parcourt ensuite le nerf optique jusqu’au chiasma (entrecroisement de nerfs à l’arrière du nerf optique), puis il se rend au centre de la vision dans le cerveau. Les signaux changent si les chirurgiens appuient ou tirent sur les nerfs optiques et pourraient ainsi les endommager.
« J’ai pu voir immédiatement à mon réveil! »
— Michele Juma
Dr Alkherayf, cette technique a été cruciale pendant la chirurgie de Michele. « Sa tumeur était tellement collée sur son nerf optique. C’est ce qui explique pourquoi elle avait cet important problème de vision. La technique de surveillance nous a aidés à ne pas tirer trop fort sur son nerf optique. Sans elle, je ne crois pas que nous aurions obtenu les mêmes résultats. »
Un avenir prometteur
Michele a beaucoup dormi pendant les cinq jours qui ont suivi la chirurgie, mais elle se rappelle du moment où elle a ouvert les yeux à son réveil. « Mon mari était là et je pouvais voir. J’ai pu voir immédiatement à mon réveil! » Encore mieux, avant son départ de l’hôpital la veille de Noël, le Dr Alkherayf lui a transmis la nouvelle qu’elle espérait : la tumeur était bénigne et il avait pu la retirer entièrement.
« Je suis reconnaissante de pouvoir voir mes fils continuer de grandir et, bien sûr, d’avoir la chance de participer à leurs activités préférées comme nager et jouer au hockey. »
— Michele Juma
À la suite de ces merveilleuses nouvelles, Michele et son mari ont repris la longue route pour retourner à Sault-Sainte-Marie. Ils sont arrivés à 23 h 30 le 24 décembre, soit juste à temps pour célébrer Noël avec leurs enfants. « C’était comme dans un grand film », affirme Michele en souriant.
Elle a maintenant recouvré toute sa vision. Elle est de retour au travail et suit le rythme trépidant de la vie avec quatre adolescents. « Je me considère incroyablement chanceuse d’avoir eu comme chirurgien les Drs Alkherayf et Kilty. Chaque fois que je pense à la complexité de l’intervention, je suis toujours aussi étonnée et je me sens vraiment privilégiée. »
Michele et sa famille apprécient vraiment les compétences exceptionnelles des deux médecins. Michele ajoute qu’ils ont été aimables, empreints de compassion et empathiques tout au long de son cheminement. « L’aventure a été extrêmement terrifiante, mais je me suis toujours sentie en très bonnes mains, ajoute-t-elle. Je suis reconnaissante de pouvoir voir mes fils continuer de grandir et, bien sûr, d’avoir la chance de participer à leurs activités préférées comme nager et jouer au hockey. »
Fièrement affilié à l’Université d’Ottawa, L’Hôpital d’Ottawa est un centre de recherche et de santé universitaire de premier plan.