Dr. Kirsty Boyd

La toute première mention écrite d’une chirurgie plastique figure dans un texte médical égyptien datant de 1600 av. J. C. On y décrit la technique à suivre pour corriger une fracture du nez. La chirurgie plastique a grandement évolué depuis, mais voilà un excellent exemple d’une chirurgie reconstructive qui, avec la chirurgie esthétique, constitue les deux principaux types de chirurgie plastique. La chirurgie reconstructive vise à réparer ou à améliorer le fonctionnement d’une partie du corps. La chirurgie esthétique, quant à elle, vise à modifier l’apparence d’une partie du corps. Au sein de ces sous-catégories, il existe un vaste éventail d’interventions. La Dre Kirsty Boyd , directrice de la Division de chirurgie plastique de L’Hôpital d’Ottawa, sait à quel point la chirurgie plastique peut être variée. C’est en partie ce qui l’a attirée au départ. Poursuivez votre lecture pour en savoir plus sur son choix, certains de ses cas les plus complexes et ce qui la passionne dans son domaine.

Q : Quand avez-vous su que vous vouliez devenir médecin et comment avez-vous choisi la chirurgie plastique?

R : Honnêtement, d’aussi loin que je me souvienne, j’ai toujours voulu être médecin. Je viens d’une famille de médecins dans différentes disciplines. On raconte que j’accompagnais mes parents les fins de semaine et que je grimpais sur les lits des patients. Lorsqu’ils sont devenus résidents, ils m’emmenaient parfois. Je faisais du coloriage ou de la lecture au poste de soins infirmiers. Il y a même des photos de moi en train de ramasser des éponges pendant que mes parents travaillaient – ce qui ne pourrait jamais arriver maintenant! Je n’ai jamais vraiment su dans quelle discipline j’allais exercer avant l’été qui a suivi ma première année de médecine. J’ai fait des stages avec des amis de mes parents. J’ai passé une journée dans la salle d’opération avec le Dr Martin Lacey à le regarder réparer une fente labiale, une brûlure, une main et un sein. J’ai décidé ce jour-là que je serais chirurgienne plasticienne.

Q : Les gens peuvent penser parfois uniquement à la chirurgie esthétique lorsqu’ils entendent les mots « chirurgie plastique ». Pourquoi la chirurgie plastique est-elle une discipline essentielle de la santé?

R : La chirurgie esthétique occupe une place importante en chirurgie plastique, mais elle ne représente qu’une petite partie de ce que nous faisons en réalité. Nous restaurons la forme et la fonction dans l’ensemble du corps, y compris les mains, les poignets et les nerfs, mais aussi les cas de brûlure, cranio faciaux, de cancer de la peau, pédiatriques, de traumatisme et de plaies complexes. Nous sommes le « chirurgien du chirurgien » et nous opérons littéralement dans des cas combinés avec toutes les autres disciplines chirurgicales. Nous intervenons souvent pour résoudre des problèmes difficiles et réarranger et reconstruire des tissus. Les chirurgiens plasticiens doivent connaître l’anatomie de toutes les parties du corps. Nous opérons sur chaque type de tissu (os, cartilage, nerf, muscle, peau, etc.) et dans chaque partie du corps. Il n’est pas rare que les gens soient surpris d’apprendre que je suis chirurgienne plasticienne et qu’ils me disent qu’ils ne savaient pas que les chirurgiens plasticiens faisaient aussi de la reconstruction.

Q : Vous avez travaillé sur le cas de Karen Toop après une grave blessure causée par un chasse-neige. Qu’est-ce qui a rendu son cas si difficile?

R : Je n’avais que trois semaines de pratique chirurgicale à L’Hôpital d’Ottawa lorsque Karen a été blessée. L’étendue de ses blessures était absolument catastrophique. Elle est très chanceuse d’être en vie. Son cas a été très difficile parce qu’elle a perdu beaucoup de morceaux. Nous avons essayé de lui redonner le plus de fonctions possible avec très peu de moyens. Nous avons vraiment dû déployer un effort multidisciplinaire pour Karen. Son équipe comprenait des spécialistes de la chirurgie plastique, de la chirurgie orthopédique, de la chirurgie vasculaire, de la physiatrie, des soins intensifs, de la chirurgie générale, de la chirurgie traumatologique et de la physiothérapie. Nous nous sommes réunis et avons appliqué des techniques chirurgicales rares et compliquées dans une situation inédite. J’ai également eu l’occasion d’être encadrée par un collègue chevronné extraordinaire, surtout à une étape aussi précoce de ma carrière en chirurgie.

Q : Vous avez également effectué la première chirurgie de transfert de nerfs au Canada pour rétablir la fonction des membres supérieurs de Timothy Raglin, qui avait subi une lésion de la moelle épinière. Comment cette chirurgie témoigne-t-elle du travail avant-gardiste réalisé à L’Hôpital d’Ottawa?

R : Tim m’a contactée après avoir appris qu’une chirurgie avait été faite par la Dre Susan Mackinnon, qui a supervisé ma surspécialisation, à l’Université Washington à St. Louis dans le Missouri. À l’époque, c’était une nouvelle application d’une stratégie pour reconnecter des nerfs après une lésion – dans ce cas en utilisant un nerf superflu au-dessus de la lésion pour contrôler un nerf qui ne fonctionnait pas en dessous de la lésion. J’étais très hésitante, car je n’avais jamais opéré chez cette population de patients auparavant et le potentiel de dégrader la fonction chez un patient tétraplégique – qui est paralysé des quatre membres sous le cou – m’inquiétait beaucoup. La Dre Mackinnon a offert de venir au Canada pour m’aider à réaliser la chirurgie. Elle est venue à ses propres frais avec une collègue et nous avons transféré les nerfs ensemble. Je m’estime très chanceuse d’avoir eu le soutien du chef de ma division et du chef de la chirurgie pour faire ce travail novateur à Ottawa et la première opération du genre au Canada.

Q : Quelle est la recherche la plus passionnante dans le domaine de la chirurgie plastique en ce moment? Quel est son objectif?

R : Personnellement, je trouve que la recherche sur les chirurgies des nerfs, tant fondamentale que clinique, est la plus passionnante. Sur le plan clinique, les indications pour les transferts de nerfs explosent et la fonction est restaurée pour des blessures qui n’étaient pas considérées comme opérables auparavant. De plus, de nouvelles techniques nous ont permis d’élargir nos interventions pour opérer plus tôt et sur un plus grand nombre de patients afin d’obtenir d’excellents résultats. Actuellement, les transferts de nerfs sont effectués chez des patients ayant une lésion de la moelle épinière, des nerfs coincés dans la colonne vertébrale, des troubles du système nerveux périphérique et d’autres troubles du système nerveux – et ces transferts ont lieu dans les extrémités supérieures et inférieures. À L’Hôpital d’Ottawa, le Dr Gerald Wolff et moi réalisons régulièrement de la recherche et contribuons à la rédaction de publications à ce chapitre. De plus, nous dirigeons l’une des plus grandes cliniques de traumatologie des nerfs périphériques du pays. En ce qui concerne la recherche fondamentale, les nouvelles connaissances permettent aux nerfs de mieux se rétablir et aux patients d’obtenir de meilleurs résultats.

Q : En tant que chirurgienne plasticienne, pourquoi avez-vous choisi de travailler à L’Hôpital d’Ottawa et quelle est la partie la plus gratifiante de ce travail?

R : Ottawa était une occasion parfaite pour moi. À l’époque, personne ici ne faisait de reconstruction complexe de nerfs périphériques en chirurgie plastique. J’ai eu l’occasion de fonder la clinique de traumatologie des nerfs périphériques avec mon bon ami et excellent collègue, le Dr Gerald Wolff, et de bâtir véritablement l’un des programmes relatifs aux nerfs les plus importants et les plus fructueux au Canada. J’ai eu l’occasion de me joindre au plus récent programme de résidence du Canada, de participer à son élaboration dès ses débuts, puis d’occuper le poste de directrice du programme de résidence. Plus important encore, j’ai pu travailler avec d’excellents collègues que je considère à la fois comme des mentors et des amis. Cela m’a permis de m’attaquer à des cas vraiment complexes, comme celui de Karen et de Tim, et de me sentir soutenue dans cette tâche. Le travail que nous avons accompli dans ces domaines a été reconnu à l’échelle nationale et internationale. Je suis très fière de ce que nous avons accompli. La partie la plus gratifiante de mon travail de chirurgienne plasticienne à L’Hôpital d’Ottawa est sans aucun doute de voir évoluer les patients jusqu’à ce qu’ils retrouvent leur fonction après des blessures dévastatrices.