Du talent au labo tout comme à la danse
Voici la Dre Lauralyn McIntyre – chercheuse spécialisée en sepsie et clinicienne exceptionnelle
Le parcours de la Dre Lauralyn McIntyre avant son établissement à L’Hôpital d’Ottawa s’est déroulé en plusieurs temps. Elle s’est rendue pratiquement partout en Ontario et du côté des montagnes dans l’ouest, mais elle n’a pas pu réaliser sa recherche avant-gardiste sur la sepsie ailleurs ou avec une autre équipe.
La Dre McIntyre allie aujourd’hui son rôle de médecin spécialisée en soins critiques à l’Unité de soins intensifs à celui de scientifique principale spécialisée en recherche sur la sepsie au sein du Programme d’épidémiologie clinique.
Découvrons ce qui a amené la Dre McIntyre dans l’ouest, ce qui l’a ramenée ici et ce qui a motivé le formidable soutien accordé récemment à sa recherche.
Q : Parlez-nous de votre enfance.
R : Mon père travaillait dans le domaine de la vente. Nous avons donc déménagé souvent. Je suis née à Sudbury, puis j’ai vécu à Winnipeg, à Montréal et à Toronto.
Quand j’étais jeune, j’ai consacré une grande partie de ma vie au patinage artistique. Il a en quelque sorte dominé sur tout jusqu’à ce que j’aie 14 ans. J’ai dû arrêter à cet âge en raison de blessures à long terme. J’ai également grandi et atteint cinq pieds et neuf pouces, ce qui n’est pas très compatible avec le patinage!
Q : Avez-vous toujours su que vous vouliez étudier en médecine?
R : Déjà à un très jeune âge, je savais que je voulais aller en médecine. J’ai commencé à faire du bénévolat à l’adolescence. À 15 ans, je suis devenue bénévole à un centre pour blessés médullaires dans le centre-ville de Toronto et j’y suis restée pendant toutes mes études secondaires. Je pense que j’ai toujours su que j’allais opter pour une profession axée sur une relation d’aide.
J’étais un peu comme un « électron libre » quand j’étais plus jeune – et peut-être même encore aujourd’hui! J’avais d’abord besoin d’expérimenter un peu le monde. Après mon premier diplôme à Guelph, j’ai fait une pause et je suis allée à Whistler pour enseigner le ski pendant un an et demi. J’ai ensuite repris les études. J’ai été admise à l’école de médecine et je suis allée à McMaster.
Q : Qu’est-ce qui vous a incité à vous établir à Ottawa et à choisir L’Hôpital d’Ottawa?
R : Je suis venue à Ottawa pour faire une résidence en médecine interne, puis je suis retournée à Vancouver pour faire une surspécialisation en soins critiques. Je suis revenue ensuite à Ottawa pour faire une surspécialisation en recherche et une maîtrise en épidémiologie.
Il était très important pour moi de revenir dans un environnement de recherche bien établi dans le domaine des soins critiques et où évoluent des scientifiques chevronnés et ouverts à la collaboration. L’environnement clinique de l’Unité de soins intensifs de l’Hôpital est comme ma deuxième famille.
« L’environnement clinique de l’Unité de soins intensifs de l’Hôpital est comme ma deuxième famille. »
Q : Décrivez-nous votre travail actuel à L’Hôpital d’Ottawa.
R : Je suis médecin à l’Unité de soins intensifs, c’est-à-dire une intensiviste. Je prends soin de patients dans un état de santé critique. Je porte aussi le chapeau de chercheuse. Au fil des ans, j’ai axé ma recherche sur la réanimation et la stabilisation de patients qui ont une infection très grave dans une unité de soins intensifs.
Pendant plusieurs années au début de ma carrière, je me suis vraiment concentrée sur les liquides que nous utilisons – nous les utilisons chaque jour depuis des décennies. J’ai essayé de déterminer si un liquide était plus efficace que les autres et s’il pourrait aider à sauver les patients gravement malades ou en état de choc septique en raison d’une sepsie.
Plus récemment, j’ai recadré la recherche sur les cellules souches mésenchymateuses pour traiter le choc septique. Ce programme de recherche repose fortement sur la collaboration. Nous collaborons avec un groupe reconnu à l’échelle internationale de chercheurs spécialisés en soins critiques appelé le Groupe canadien de recherche en soins intensifs. C’est réellement inspirant de travailler et de collaborer avec tant de personnes différentes qui sont versées dans les soins critiques en cas de sepsie à Ottawa et ailleurs au Canada.
Q : Qu’est-ce que la sepsie?
R : La sepsie est causée par l’infection par un pathogène, qui peut être une bactérie, un virus ou un champignon. Beaucoup de personnes peuvent contracter ces pathogènes et bien s’en tirer. Elles auront un rhume, ou peut-être une toux grasse. Elles se sentiront très mal pendant quelques jours, puis elles se rétabliront. La sepsie dépend de la réponse du corps à l’infection qui, en partie, déterminera la gravité de cette infection. Si la réponse du corps entraîne l’arrêt d’un ou de plusieurs organes, c’est une sepsie. Si l’infection s’aggrave encore davantage et cause un choc, c’est un choc septique.
Nos gènes peuvent également exercer une influence sur la façon dont nous réagissons à un pathogène donné. D’autres facteurs, comme le nombre de maladies chroniques dont nous sommes atteints, peuvent aussi jouer un rôle dans l’intensité de la réponse à une infection. L’environnement, l’alimentation, la forme physique et d’autres facteurs externes peuvent également avoir une incidence.
Nous pouvons contracter un pathogène par une coupure sur la peau, mais nous pouvons aussi l’inspirer, comme c’est le cas du coronavirus responsable de la COVID, du virus de l’influenza et du virus syncytial. Il existe aussi d’autres voies, notamment les voies urinaires ou digestives, dont les dernières contiennent des millions et des millions de bactéries et de champignons qui y vivent sans nous rendre malades. C’est quand un pathogène passe dans la circulation sanguine qu’il peut causer des ravages.
« La seule façon de réaliser de la recherche en milieu de soins intensifs est de recevoir des fonds pour soutenir l’équipe de recherche et l’infrastructure de recherche, c’est-à-dire pour fabriquer des cellules souches et recruter des patients. »
Q : Vous avez reçu 1,3 M$ des Instituts de recherche en santé du Canada et 1 M$ du Réseau de cellules souches pour réaliser la phase II d’un essai clinique d’un traitement par cellules souches mésenchymateuses (CSM) contre le choc septique. Pouvez-vous nous décrire ce que vous pourrez faire grâce à ces fonds et nous expliquer pourquoi ce travail est si important?
R : La phase II de l’essai de l’immunothérapie cellulaire (UC – CISS II) a lieu parce que la phase I (CISS I) permet de penser que les cellules souches mésenchymateuses (CSM) sont sécuritaires pour traiter les patients en choc septique. Nous avons constaté des indices que ces cellules influent aussi sur les marqueurs de l’inflammation dans la circulation sanguine qui sont liés à la sepsie. Les CSM pourraient receler une immense promesse thérapeutique pour contrer la sepsie parce que dans des modèles animaux de sepsie, elles semblent rééquilibrer le système immunitaire. Nous étudions l’administration des CSM au tout début de la sepsie à un moment où la réponse en cascade du système immunitaire atteint son paroxysme pour essayer d’atténuer l’intensité de la réponse immunitaire.
La seule façon de réaliser de la recherche en milieu de soins intensifs est de recevoir des fonds pour soutenir l’équipe de recherche et l’infrastructure de recherche, c’est-à-dire pour fabriquer des cellules souches et recruter des patients. Recevoir 1,3 M$ des Instituts de recherche et 1 M$ du Réseau de cellules souches nous a fourni suffisamment de fonds pour réellement réaliser un essai impressionnant. Nous sommes prêts à commencer. Nous sommes tellement reconnaissants que nos organismes subventionnaires croient en nous. Nous allons aller jusqu’au bout.
Q : Christine Caron a reçu des soins en raison d’un choc septique à L’Hôpital d’Ottawa en 2013. Elle est depuis devenue patiente-conseillère dans le cadre de votre recherche. Pourquoi les patients-conseillers sont-ils aussi importants pour votre travail?
R : La collaboration avec les patients-conseillers a été informative à bien des égards, par exemple en ce qui concerne la survie après une sepsie. Dans le domaine des soins critiques, plus particulièrement dans le cadre d’essais cliniques, nous avions l’habitude de chercher surtout à améliorer la survie – à 28 jours, à trois et à six mois, voire à un an – ce qui est incroyablement important. Nous avons accordé beaucoup moins d’attention à la qualité de cette survie. Parfois, les patients (et leur famille) ont l’impression d’être abandonnés par le système de soins. Ils reçoivent des soins dans une unité de soins intensifs, puis dans une unité de soins actifs. Après leur mise en congé, ils doivent se débrouiller seuls pour obtenir un suivi auprès de leur médecin dans la collectivité – s’ils ont la chance d’en avoir un.
Les patients-conseillers et les proches-conseillers aident vraiment à faire comprendre aux chercheurs quels aspects de la qualité de vie sont touchés par une maladie grave – et quels aspects sont les plus importants pour leurs proches. Travailler avec ces conseillers m’inspire vraiment à mener la recherche la plus rigoureuse possible afin de répondre aux questions scientifiques qui auront une incidence positive sur la vie des patients.
Q : Comment vous occupez-vous en dehors du travail?
J’aime être dehors dans la nature et faire des randonnées. La forêt me permet de nourrir mon âme. J’aime ne rien entendre et simplement être. Nous avons un chalet à Tenaga (près de Chelsea au Québec) d’où je pars faire beaucoup de randonnées.
Ces derniers mois, j’ai également commencé à faire de la danse sociale. J’éprouve une joie très similaire à celle que j’avais en patin artistique. C’est tout simplement incroyable. J’ai l’impression d’être sur la glace de nouveau. Pour moi, la danse est aussi une thérapie. Elle m’a aidé à surmonter le chagrin causé par la perte de mon mari, Christopher, décédé d’un cancer en 2021.
En dehors de cela, l’autre principale chose que j’aime faire est de passer du temps en famille – ma fille Maia, mon chien Kiko, la famille élargie, les cousins et les amis proches. Il y a huit familles McIntyre, c’est-à-dire les frères et les sœurs de mon père, qui ont grandi à Ottawa. Plusieurs de ces frères et sœurs, ainsi que leurs enfants (mes cousins) et les enfants de leurs enfants passent l’été à Tenaga au chalet – les McIntyre y retournent depuis plus de 100 ans. Chaque été, nous sommes tous ensemble. C’est une tradition qui m’est très chère.
Fièrement affilié à l’Université d’Ottawa, L’Hôpital d’Ottawa est un centre de recherche et de santé universitaire de premier plan.