Le Dr Dar Dowlatshahi est neurologue spécialisé en AVC et scientifique principal au sein du Programme de neurosciences de L’Hôpital d’Ottawa.

Le visage du Dr Dar Dowlatshahi peut vous sembler familier parce que ce réputé neurologue spécialisé en AVC vous a soigné à L’Hôpital d’Ottawa. Ou alors, l’avez-vous plutôt vu faire le touriste dans sa propre ville ou même jouer dans Med Students? Med Students, c’est un documentaire sur les étudiants en médecine de l’Université McMaster mettant notamment en vedette le Dr Dar, comme l’appellent ses patients. Et si vous ne le connaissez pas encore, préparez-vous à rencontrer l’un des grands piliers de la recherche qui stimule le progrès à L’Hôpital d’Ottawa!

Le Dr Dar a grandi en Iran, a vécu brièvement en France, puis s’est installé au Canada en 1979 avec sa famille. Il a beaucoup déménagé pendant sa jeunesse avant d’arriver dans le sud de l’Ontario, où il a obtenu trois diplômes – un baccalauréat en sciences, un doctorat en neurosciences et un doctorat en médecine à l’Université McMaster de Hamilton – avant de réaliser une surspécialisation en AVC à Calgary.

Il est aujourd’hui neurologue et scientifique spécialisé en AVC à L’Hôpital d’Ottawa et directeur scientifique du Programme régional des AVC.

Poursuivez votre lecture pour découvrir des avancées en neurologie de l’AVC qui auraient ressemblé à de la science-fiction il y a deux décennies à peine et ce que fait le Dr Dar dans ses temps libres.

Q  : Qu’est-ce qui vous a incité à opter pour la neurologie?

R : À mes débuts à l’Université McMaster, j’ai choisi les sciences, mais je n’avais pas d’objectif précis. J’ai suivi un cours de psychologie et j’ai découvert une véritable passion pour la partie cérébrale du travail. J’ai ensuite fait un doctorat en neurosciences avant d’entrer à l’école de médecine. Même à cette époque, cependant, je n’avais pas l’intention de devenir psychiatre ou neurologue.

J’ai tout essayé, de la chirurgie générale à la cardiologie, mais les chirurgiens me disaient constamment que je devrais devenir neurologue. Et la neurologie a toujours été un sujet très facile à maîtriser pour moi. Dès qu’on me présentait un sujet, je le comprenais déjà.

Q : Qu’est-ce qui vous passionne dans la neurologie de l’AVC plus particulièrement?

R : Ce que j’aime de la neurologie, c’est l’action. Les gens pensent que la neurologie est un travail surtout intellectuel où il y a peu d’action. Mais je perçois le monde de l’AVC comme un film d’action où l’on doit décider et agir rapidement pour sauver des vies.

Il faut prendre des décisions lourdes de conséquences en quelques secondes ou risquer de perdre le cerveau à jamais. Et moi, je suis là pour sauver le cerveau.

— Dr Dar Dowlatshahi

Il faut prendre des décisions lourdes de conséquences en quelques secondes ou risquer de perdre le cerveau à jamais. Et moi, je suis là pour sauver le cerveau.

Un AVC peut changer la vie d’une personne et celle de ses proches. Notre système régional achemine toute victime d’un AVC directement au Campus Civic, où un groupe de médecins hautement spécialisés se rassemble pour décider d’administrer au patient un médicament ou un traitement qui peut renverser le processus en cours dans son cerveau.

Je ne sais pas combien de ces patients réalisent à quel point ils ont frôlé la possibilité d’une issue complètement différente. Le fait d’être venus ici, à Ottawa, leur permet de rentrer chez eux la fin de semaine suivante avec une histoire à raconter. Ils continuent leur vie comme si rien ne s’était passé. J’ai l’occasion de faire partie de ce groupe.

Q : De quelle façon le domaine de la recherche et des soins en AVC a-t-il évolué depuis vos débuts?

R : Tout a changé en mieux. Pendant ma première année de médecine, lorsqu’une personne subissait un AVC, il n’y avait absolument rien à faire. Aujourd’hui, nous pouvons concrètement renverser les mécanismes d’action d’un AVC.

“The action that’s taken today when a person has a stroke would have been science fiction in my first year of medical school.”

— Dr. Dar Dowlatshahi

J’ai assisté à la première série de percées pendant les cinq à dix premières années de ma carrière. Il s’agissait de progrès dans nos connaissances de la façon d’utiliser les médicaments thrombolytiques.

C’est depuis que je fais partie de l’équipe de L’Hôpital d’Ottawa que je vois le domaine foisonner, d’abord avec l’arrivée de la thrombectomie pour retirer des caillots de sang du cerveau. Cette intervention est désormais la norme de soins.

Le Dr Robert Fahed fait avancer une sonde dans un modèle du système circulatoire.

La troisième série de percées s’est opérée grâce aux logiciels d’imagerie qui nous donnent la technologie nécessaire pour mieux comprendre ce qui se produit pendant les premières heures qui suivent un AVC.

Toute la gamme de solutions à notre portée aujourd’hui pour traiter l’AVC aurait ressemblé à de la sciencefiction au moment de mes débuts en médecine.

Q : En tant que scientifique à L’Hôpital d’Ottawa, vous participez à un important essai sur le traitement d’un type très dangereux d’AVC. Pouvezvous nous en parler?

R : Les avancées que j’ai décrites concernent toutes l’AVC ischémique. Malheureusement, pour traiter l’autre grand type d’AVC, soit l’hémorragie intracérébrale, il n’y a pas eu autant de découvertes et de progrès au cours des 20 dernières années.

L’essai en cours, appelé FASTEST, concerne l’hémorragie intracérébrale. Environ 40 % des victimes de ce type d’AVC meurent dans le mois qui suit et, parmi les survivants, environ 80 % éprouvent des séquelles invalidantes permanentes. C’est de loin l’AVC le plus grave.

L’Hôpital d’Ottawa est le responsable national de cet essai d’un médicament fondé sur un facteur de coagulation, c’est-à-dire une protéine, qui est déjà présente dans le sang. Le médicament en contient une forme concentrée.

Lorsqu’un vaisseau sanguin éclate, les facteurs de coagulation tentent de réparer la déchirure. Le vaisseau libère d’abord quelque chose qui envoie le signal d’alarme que « le problème est ici ». Les facteurs circulant dans l’organisme à la recherche de problèmes reçoivent le signal et se rassemblent à l’endroit ciblé pour former un caillot, qui agit essentiellement comme un bouchon.

Dans le cadre de l’essai, nous essayons de faire passer ces facteurs de coagulation en mode « superhumain ». Ainsi, nous les injectons dans la circulation sanguine pour qu’ils se précipitent dans les veines jusqu’à la cible et commencent immédiatement à former un caillot pour arrêter le saignement.

Q : Quels autres projets de recherche palpitants ont lieu à L’Hôpital d’Ottawa?

R : Dans le domaine de l’AVC, nous réalisons aussi des travaux sur de nouveaux cathéters servant à extraire des caillots du cerveau. Nous dirigeons aussi des efforts en imagerie afin d’être encore mieux placés pour cerner les patients traitables. De plus, nous ajoutons de nouveaux scientifiques à notre équipe pour mettre au point de nouveaux médicaments thrombolytiques. Nous examinons également le lien entre le cancer et l’AVC et les façons de prévenir l’AVC. Tout ce que vous pouvez nommer en matière de recherche sur l’AVC, nous l’avons déjà fait ou nous sommes en train de le faire.

Q : Pourquoi avez-vous choisi L’Hôpital d’Ottawa?

Nous avons une riche culture en recherche sur l’AVC. Nous sommes dans une ville de taille moyenne, mais nous rivalisons avec de célèbres établissements internationaux.

— Dr. Dar Dowlatshahi

R : Lorsque j’ai commencé en 2010, L’Hôpital d’Ottawa réalisait déjà de la recherche sur l’AVC, mais il restait du travail à faire. J’avais une formation avancée et l’Hôpital souhaitait concevoir des programmes dans mes domaines d’intérêt – l’hémorragie cérébrale et les thérapies contre l’AVC aigu. Aujourd’hui, il existe un solide réseau de médecins universitaires spécialisés en AVC au Canada, et bon nombre d’entre nous ont décidé d’élire domicile à Ottawa. Nous avons une riche culture en recherche sur l’AVC. Nous sommes dans une ville de taille moyenne, mais nous rivalisons avec de célèbres établissements internationaux.

Nous avons une modestie inutile. Nous sommes dans la capitale; nous devons être les meilleurs. Je voulais être au cœur – ou devrais-je plutôt dire en tête – de l’action dans le domaine.

Q : Que faites-vous en dehors de votre travail?

R : Je joue dans un groupe rock depuis que j’ai 16 ans. La musique était mon plan A, tandis que la médecine et la recherche figuraient dans mon plan B. J’ai choisi la médecine, mais pendant la pandémie, beaucoup de gens se sont terrés et sont retournés à leurs anciens passe-temps. Avec quelques collègues, nous avons donc assemblé un groupe appelé Phenotype – je joue de la batterie. Nous y prenons beaucoup de plaisir, et, au contraire de mon travail, aucune vie n’est en jeu.

J’aime aussi sortir et me promener dans la région d’Ottawa avec mes deux garçons et mon épouse. Il y a tant de choses très intéressantes à découvrir quand on vit dans une capitale nationale. Les croisières sur la rivière Rideau, la visite des bâtiments du Parlement, les queues de castor au marché – j’aime beaucoup faire le touriste chez moi!

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