Devenir psychiatre n’a pas toujours été le choix évident pour la Dre Sarah Brandigampola. Intéressée par les arts depuis son plus jeune âge, sa passion pour la psychiatrie s’est manifestée à la suite d’un stage fortuit pendant ses études en médecine. Aujourd’hui, elle est psychiatre au sein du programme hors site « On avance » de L’Hôpital d’Ottawa pour les personnes présentant des symptômes précoces de psychose. Elle fait partie d’une équipe essentielle qui aide les gens à retrouver la vie qu’ils veulent vivre.
Faites défiler le texte pour en savoir plus sur la façon dont la Dre Brandigampola aide les personnes atteintes d’une psychose à réécrire leur histoire. Découvrez aussi la carrière surprenante qu’elle aurait choisie si elle n’avait pas poursuivi des études en médecine.
Q : Pouvez-vous nous en dire un peu sur votre jeunesse?
J’ai grandi à Listowel, au milieu d’une région agricole mennonite. C’est une petite ville, avec deux feux rouges. Dans ma jeunesse, beaucoup de choses différentes suscitaient mon intérêt, mais je voulais devenir une neurochirurgienne ou une vedette de Broadway. J’ai fait beaucoup de théâtre, de danse et de musique. Notre programme de musique était un programme vocal, et j’ai eu la chance de beaucoup voyager avec notre chorale; nous nous sommes produits à la cathédrale Notre-Dame de Paris.
Q : Quand avez-vous décidé d’étudier la médecine, et la psychiatrie en particulier?
Je terminais mes études secondaires, et je devais prendre une décision difficile. Je voulais étudier à la fois les sciences et les arts. L’important pour moi a toujours été de pouvoir aider les gens. J’avais un sens aigu de la justice sociale et je voulais contribuer de manière significative à aider les gens. C’est ainsi que j’ai choisi la médecine parce que je pensais que je m’épanouirais davantage dans cette filière.
J’ai étudié la biologie cellulaire à l’Université de London, en Ontario, et ensuite je suis venue à Ottawa pour faire la médecine. En 3e année de médecine, on fait un stage dans différents secteurs, et la psychiatrie ne m’intéressait pas, je voulais être oncologue. Mais, durant mon stage en psychiatrie, j’ai trouvé tellement intéressant le fait que nous prenions en compte l’entièreté de la personne – pas seulement sa maladie, mais aussi ses conditions de vie, ses relations, son enfance, ses revenus et ce qui fait d’elle une personne – pour voir comment nous pouvons l’aider à surmonter sa maladie. J’ai aussi adoré l’aspect collaboratif – j’ai côtoyé des infirmières, des travailleuses sociales, des ergothérapeutes, des thérapeutes du loisir. Tout le monde travaillait dans une véritable cohésion avec cette vision de la manière dont nous pouvions aider cette personne en tant qu’individu.
« Lorsqu’on étudie l’histoire de la vie des gens, c’est un peu comme lire un livre; on en tire des thèmes et s’attarde sur les moments critiques pour la communication. »
— Dre Sarah Brandigampola
Maintenant que j’y pense, je crois que beaucoup de mes compétences étaient liées à la psychiatrie. La psychiatrie s’est révélée un point de rencontre entre la neurologie et les arts. Lorsqu’on étudie l’histoire de la vie des gens, c’est un peu comme lire un livre; on en tire des thèmes et s’attarde sur les moments critiques pour la communication. Avec la psychiatrie, nous pouvons aider les gens à raconter leur histoire d’une manière qui a du sens pour eux.
Q : Comment le domaine de la psychiatrie a-t-il évolué depuis vos débuts?
Je pense vraiment que la stigmatisation de la santé mentale a beaucoup reculé depuis mes débuts. Les gens en parlent beaucoup plus. Il reste beaucoup de chemin à faire, principalement en ce qui concerne les maladies mentales graves et persistantes. Pour ce qui est de l’avenir, il y a beaucoup de recherche à mener. Nous ne comprenons toujours pas vraiment les causes de la schizophrénie ou de la plupart des maladies mentales.
Q : Vous avez travaillé sur le cas de Sean Heron. En quoi son cas était-il difficile ou particulier?
« Il s’est vraiment impliqué dans le programme. Il a accepté tout ce que nous lui avons suggéré. Nous avons un groupe de marche, un groupe social, un groupe sportif, de l’ergothérapie, de la thérapie du loisir et des médicaments. »
— Dre Sarah Brandigampola
Sean était l’un de nos patients vedettes. C’est le genre d’histoire que vous voulez entendre. Lorsqu’on l’a rencontré, il était très malade, et il était malade et sans traitement depuis environ un an et demi. C’était inquiétant parce que… la durée prolongée d’une psychose non traitée a une incidence sur le pronostic de la personne. Le but de notre clinique est d’intervenir à un stade précoce de la maladie.
Pourtant, il a eu de très bons résultats. Il s’est vraiment impliqué dans le programme. Il a accepté tout ce que nous lui avons suggéré. Nous avons un groupe de marche, un groupe social, un groupe sportif, de l’ergothérapie, de la thérapie du loisir et des médicaments.
Le principal facteur prédictif du programme est le soutien et l’implication d’un membre de la famille, et une fois qu’il a participé au programme, il a recommencé à se promener tous les jours avec sa mère.
Q : Quel conseil donneriez-vous à une personne présentant un premier épisode psychotique?
Ce que j’espère que les gens apprendront sur la schizophrénie, c’est qu’il existe beaucoup d’espoir pour cette maladie. La plupart des personnes atteintes de schizophrénie s’en sortent très bien si elles suivent un traitement.
Nous acceptons les recommandations spontanées, donc si des gens ont un proche, ou s’ils se demandent si quelque chose leur arrive, ils peuvent nous contacter, et nous les rencontrerons et les aiderons à trouver une solution.
Il est aussi important pour les personnes de savoir qu’un symptôme de schizophrénie est un symptôme neurologique appelé anosognosie – l’incapacité de savoir que quelque chose ne va pas. La partie du cerveau qui vous dit que quelque chose ne va pas s’éteint. Cela peut être très frustrant pour les membres de la famille, car ils essaient de raisonner avec la personne. Il est préférable de se concentrer sur des choses comme le fait de ne pas aller à l’école, de ne pas voir ses amis ou d’autres changements, et d’entamer la conversation à partir de là.
Q : Qu’est-ce qui se fait de passionnant et d’innovant en psychiatrie et en santé mentale, à L’Hôpital d’Ottawa?
Notre programme « On avance » est le modèle de soins auquel je souhaiterais que toute personne atteinte d’une maladie mentale puisse. Je pense que ce que nous faisons en tant que programme est très passionnant – nous avons des histoires de réussite formidable. Lorsque vous parlez aux gens d’un diagnostic de schizophrénie, vous voyez leur visage changer et leurs parents sont souvent sous le choc. Mais nous avons tant d’excellents résultats à notre programme. Cette maladie n’a pas à changer radicalement votre vie, et je dirais que c’est grâce au modèle de soins que nous fournissons.
Nos dirigeants sont aussi très compétents. Le Dr Jess Fiedorowicz, chef et directeur du Département de santé mentale, est extraordinaire. Il est une personne foncièrement optimiste qui voit ce que nous pourrions accomplir et nous pousse à en faire plus. Je pense qu’il s’efforce de rendre la santé mentale encore plus complète.
Q : En tant que psychiatre, pourquoi avez-vous choisi de travailler à L’Hôpital d’Ottawa?
J’ai passé six mois au sein du programme « On avance » pendant ma résidence, et je voulais continuer à travailler ici avec cette équipe. Elle est excellente. CE n’est pas un travail que l’on peut faire seul, et c’est fabuleux d’avoir une excellente équipe clinique, mais aussi cette communauté de personnes qui partagent une véritable camaraderie. Je n’ai jamais de doute que les gens se surpassent. Je sais que je peux faire confiance au jugement des gens. Cela peut s’avérer difficile parfois, mais il y a beaucoup d’humour, d’amitié et d’entraide véritables.
Je suis aussi tellement reconnaissante envers mes patients et je suis heureuse qu’ils me confient leurs histoires et leurs soins. Ils m’apprennent tout.
Q : Que faites-vous quand vous n’êtes pas à l’Hôpital?
J’ai ma famille, et nous aimons sortir. J’aime aussi lire et voyager. Si je le peux, j’aime aller à voir de la musique en direct et des choses qui me permettent de rester en contact avec les arts.