Publé : novembre 2024

Ahurissant est le mot incontournable pour qualifier le rythme des progrès médicaux en immunothérapie – la thérapie qui consiste à exploiter les forces du système immunitaire d’un patient pour attaquer ses cellules cancéreuses. L’Hôpital d’Ottawa est, dans ce domaine, à la fine pointe de la recherche depuis la mise au point de nouvelles thérapies jusqu’aux essais cliniques. En fait, l’Hôpital héberge BioCanRx, le réseau national de recherche en immunothérapie, et a mis à l’essai un certain nombre d’immunothérapies uniques composées directement de cellules et de virus. Ces immunothérapies révolutionnaires, mises au point ici même, repoussent les limites de la médecine et transforment les soins aux patients.

« Contrairement aux traitements traditionnels comme la chimiothérapie, l’immunothérapie est adaptable au cancer du patient, ce qui peut mener à des améliorations susceptibles de durer des années, même après l’arrêt du traitement. »

— Dr Michael Ong

Contrairement aux traitements traditionnels comme la chimiothérapie, l’immunothérapie est adaptable au cancer du patient, ce qui peut mener à des améliorations susceptibles de durer des années, même après l’arrêt du traitement.

Le Dr Michael Ong, oncologue médical et chercheur clinicien à L’Hôpital d’Ottawa, estime rassurant de constater que le progrès incroyable est conjugué au succès à long terme de patients pendant sa carrière. « Le domaine de l’oncologie est propulsé par un ouragan d’essais cliniques. Tous les six mois, maintenant, nous essayons d’intégrer des données qui changent complètement la donne ou encore d’obtenir des données prometteuses. »

Le taux de survie au mélanome métastatique, par exemple, est passé de 20 % de survivants après un an à 50 % de survivants non seulement après 10 ans, mais aussi sans réapparition du cancer et sans traitement. C’est grâce à l’immunothérapie.

L’immunothérapie se révèle prometteuse contre le cancer de la vessie

Aujourd’hui, des experts comme le Dr Ong se demandent quels autres types de cancer sont traitables par immunothérapie et cherchent à en exploiter le plein potentiel. « Par le passé, nous avons retiré le mélanome par chirurgie chez les personnes qui présentaient un risque élevé, puis nous avons traité par immunothérapie. Or, il s’avère que l’immunothérapie fonctionne mieux avant la chirurgie, car nous parvenons à mieux entrainer le système immunitaire contre le cancer lorsqu’il y a davantage de cellules cancéreuses », explique le Dr Ong.

Cela signifie qu’il faut d’abord traiter par immunothérapie et envisager un avenir où la chirurgie pourrait un jour être inutile. La qualité de vie des patients s’en trouverait grandement améliorée.

Récemment, les résultats d’un essai clinique mené par le Dr Ong à L’Hôpital d’Ottawa dans le cadre d’un effort multinational ont été présentés lors d’une conférence à Barcelone, en Espagne. Dans le cadre de cet essai, une chimiothérapie et une immunothérapie ont été prescrites avant la chirurgie de patients atteints d’un cancer de la vessie. Le groupe ayant reçu une immunothérapie avant la chirurgie a présenté un taux de récidive du cancer plus faible et un taux de guérison plus élevé. L’immunothérapie préopératoire est désormais considérée comme une norme de soins.

« Il est palpitant d’avoir recruté des patients pour cet essai et d’avoir contribué à cet effort mondial qui a finalement amélioré la façon dont nous traitons les patients atteints d’un cancer de la vessie », ajoute le Dr Ong.

La prochaine génération d’essais pourrait permettre d’examiner la nécessité d’enlever la vessie du patient s’il réagit vraiment bien au traitement. « Tout le monde ne pourra pas se passer de la chirurgie, mais même si certains patients peuvent l’éviter, ce serait un progrès considérable. Nous parlons de taux de réponse complète au traitement préopératoire qui dépassent désormais 50 % dans le cas du cancer de la vessie, précise le Dr Ong. Ainsi, au moment de la chirurgie, nous ne voyons même plus de cellules cancéreuses. Il est donc légitime de se demander s’il est nécessaire d’enlever la vessie. »

Le fait que chaque cancer soit unique ajoute à la complexité de la maladie et de son traitement. La portée potentielle de l’immunothérapie, toutefois, est encore plus vaste.

Qu’est-ce que le cancer de la prostate?

Le cancer de la prostate est un type de cancer qui peut se développer dans la prostate, une petite glande en forme de noix située dans le système reproducteur masculin et qui produit le liquide séminal.

Aussi bénéfique aux patients atteints d’un cancer de la prostate

Beaucoup d’efforts ont été déployés pour évaluer si l’immunothérapie fonctionne pour traiter le cancer de la prostate. De nombreux essais cliniques de phase 3 axés sur le cancer de la prostate ont donné des résultats largement décevants. Toutefois, dans chacun de ces essais, une petite proportion de patients a bénéficié de l’immunothérapie – 3 patients sur 100 peuvent en fait bénéficier de façon significative de l’immunothérapie.

Il a fallu du temps et davantage de données pour comprendre qui étaient ces patients, mais les chercheurs en sont arrivés au syndrome de déficit de la réparation des mésappariements, qui semble être le moyen le plus prometteur d’identifier les patients qui réagiront à l’immunothérapie. « Normalement, lorsque les cellules cancéreuses copient leur ADN, des erreurs (ou mésappariements) se produisent dans la copie. Le système de réparation des mésappariements détecte et corrige normalement ces erreurs. Si ce système de réparation est déficient ou défectueux, ces erreurs sont tolérées et les mutations de l’ADN s’accumulent rapidement », ajoute le Dr Ong.

Le cancer devient généralement plus agressif lorsque des mutations s’accumulent. « Il s’avère toutefois que ce type de cancer est en fait très sensible à l’immunothérapie », poursuitil.

C’est une nouvelle incroyable pour un groupe restreint mais précis de patients atteints d’un cancer de la prostate comme Larry Trickey.

Diagnostic de cancer de la prostate de stade 4

Larry Trickey, informaticien à la retraite, a reçu un diagnostic de cancer de la prostate très agressif en 2022. Les examens de tomodensitométrie ont montré que le cancer s’était propagé à la vessie et au bassin. La pandémie battait son plein, ce qui ajoutait au stress, et il n’était pas possible de faire une chirurgie. Il a d’abord commencé une hormonothérapie standard, puis son oncologue, le Dr Dominick Bossé, lui a suggéré de s’inscrire à une étude comprenant des tests génomiques de sa tumeur et l’accès à un nouveau traitement appelé inhibiteur de la PARP. 

« Lorsque M. Trickey et sa conjointe sont entrés dans mon bureau d’un pas empreint de détermination et d’espoir, ils se soutenaient mutuellement et se sont engagés à trouver la meilleure voie à suivre, explique le Dr Bossé. Comme toujours en matière de recherche, l’ajout d’une nouvelle forme de soins en plus du traitement standard peut rendre celui-ci plus difficile à tolérer, mais peut aussi permettre de découvrir de nouvelles façons de traiter efficacement le cancer. M. Trickey était prêt à prendre ce risque. »

Le traitement a d’abord été bénéfique pour Larry, mais l’effet a été de courte durée et le cancer s’est aggravé en 2023. Il a alors reçu une radiothérapie et, fait surprenant, les rayonnements ont déclenché un effet abscopal – un phénomène très rare qui amène le système immunitaire à se mettre en marche pour combattre le cancer après l’émission des rayonnements.

Dr Dominick Bossé
« Ce fut un moment remarquable. M. Trickey m’a fait confiance pour suspendre les traitements pendant qu’il bénéficiait de cet effet abscopal et jusqu’à ce que le cancer montre des signes de progression dans l’espoir de l’inscrire à un essai d’une immunothérapie comme prochaine option », ajoute le Dr Bossé.

« Toute l’équipe s’est mobilisée – spécialistes de la recherche, de la radiologie et de l’oncologie – pour diriger rapidement M. Trickey vers cet essai. »

— Dr Dominick Bossé

Essai clinique dirigé par le Dr Ong

L’état de Larry a toutefois commencé à se détériorer après quelques mois. C’est alors que le Dr Bossé lui a dit qu’il était temps de vérifier s’il pouvait participer à un essai clinique mené par le Dr Ong. « Toute l’équipe s’est mobilisée – spécialistes de la recherche, de la radiologie et de l’oncologie – pour diriger rapidement M. Trickey vers cet essai. Malgré la nouvelle alarmante de la progression, M. Trickey a accepté de passer de multiples examens pour déterminer son admissibilité. Celle-ci a été établie juste à temps, soit quelques heures seulement avant la clôture de l’essai. »
Larry Trickey

Larry se souvient parfaitement de cet appel. « C’est vers l’heure du souper que le Dr Bossé a appelé. Il semblait très enthousiaste à propos d’une des mutations dont j’étais porteur, se souvient Larry. Les responsables d’une étude étaient justement à la recherche de porteurs de cette mutation. Il était très enthousiaste lorsqu’il a vu les résultats et ce qu’ils pourraient indiquer pour moi. »

Des centaines de patients au Canada se sont inscrits à cette étude ces cinq dernières années, mais Larry est le dernier accepté avant la clôture de l’essai.

« C’est un peu comme si j’avais gagné à la loterie! J’ai eu beaucoup de chance que cette mutation me permette de participer à cette étude plus agressive. Si l’étude se révélait concluante, elle allait faire une énorme différence », poursuit Larry.

Larry avait besoin d’une victoire parce qu’il avait alors de multiples métastases, dont une dans l’épaule gauche qui affaiblissait progressivement son bras. Son estomac était ballonné et il avait de la douleur à cause de la taille de la tumeur sur sa prostate et de la difficulté à aller à la selle.

« La situation devenait désespérée pour moi. Mon fils et sa femme attendaient leur premier enfant pour Noël, et je ne savais pas si j’allais pouvoir rencontrer mon premier petit-enfant. »

Des résultats étonnants après l’essai de l’immunothérapie

Vers la mi-février 2024, Larry a commencé l’étude PC-BETS dans le Groupe canadien des essais sur le cancer codirigé par le Dr Ong. Les résultats ont été étonnants et son état s’est amélioré très rapidement après la combinaison de deux types d’immunothérapies.

« Le cancer a disparu. »

— Dr Michael Ong

« Le cancer a disparu. L’antigène prostatique spécifique était élevé en février 2024 avant le début de l’essai. Il était indétectable en avril suivant et il est resté indétectable. L’examen de tomodensitométrie réalisé en juillet 2024 a montré seulement un nodule résiduel dans la glande surrénale gauche. Le cancer avait disparu de tous les autres endroits. Nous espérons qu’il aura complètement disparu au prochain examen de tomodensitométrie », explique le Dr Ong.

Pour mettre les choses en perspective, quelques cycles de chimiothérapie auraient permis de maintenir le patient en vie, mais ils n’auraient pas amélioré sa vie vers la fin. Cet essai clinique a véritablement changé la vie de Larry.

« Sans l’essai clinique, je ne crois pas que je serais encore ici. »

— Larry Trickey

Larry poursuivra son traitement mensuel par immunothérapie pour une durée indéterminée parce que la durée idéale est toujours à l’étude. « Il reste toujours à déterminer pendant combien de temps nous devons administrer ces traitements, et ce, même lorsque les résultats des examens se normalisent. C’est que de tels résultats ne signifient pas que toutes les cellules cancéreuses ont disparu. Des études sont en cours pour tenter de le déterminer. »

Aujourd’hui, parvenu à 69 ans, Larry profite de chaque instant de sa vie de grand-père et il a bon espoir de pouvoir fêter le premier anniversaire de son petit-fils. Il reprend également des forces, peu à peu, et son bras gauche est redevenu mobile. « Sans l’essai clinique, je ne crois pas que je serais encore ici. »

Sa femme et lui sont profondément reconnaissants envers l’équipe de soins qui les a accompagnés tout au long de leur parcours. « L’équipe d’infirmières est devenue comme une famille, en particulier Rayelle Richard, qui est absolument formidable. Elle me donne mes perfusions et me met en contact avec les Drs Bossé et Ong. L’équipe du Centre de cancérologie offre un soutien sans commune mesure. »

Que nous réserve l’avenir dans le domaine de l’immunothérapie?

L’objectif du Dr Ong est de trouver le bon traitement pour chaque patient et la clé, à ce chapitre, réside dans l’analyse personnalisée.

Le Dr Ong souligne également l’importance d’avoir accès à de l’équipement comme le laboratoire moléculaire de L’Hôpital d’Ottawa, financé par des donateurs, qui permet à nos scientifiques d’effectuer ce type de tests spécialisés et de personnaliser davantage les soins aux patients. « Nous devons être à l’avant-garde et faire ces tests pour détecter le déficit de la réparation des mésappariements afin de pouvoir administrer une immunothérapie lorsque cela est indiqué, ajoute le Dr Ong. Il s’agira d’une avancée significative qui aidera un plus grand nombre de patients comme Larry. »

Il est vrai que le domaine est complexe et évolue rapidement. Depuis qu’il est entré dans le domaine de l’oncologie médicale il y a 15 ans, il a observé des changements considérables. « À l’époque, je craignais un peu de ne faire qu’administrer des chimiothérapies et de ne jamais avoir de portée importante. J’avais clairement tort. Aujourd’hui, nous assistons à l’émergence d’une technologie totalement nouvelle qui révolutionne le traitement du cancer de la vessie : les conjugués anticorps-médicaments. Ces conjugués ciblent spécifiquement les cellules cancéreuses et livrent ensuite une chimiothérapie très puissante à l’intérieur de ces cellules. C’est une avancée considérable du traitement contre le cancer de la vessie lorsqu’ils sont combinés à l’immunothérapie. »

L’étape suivante consiste à faire bénéficier de ce succès des patients atteints d’autres types de cancer. Il faudra, pour ce faire, poursuivre la recherche et les essais cliniques à la fine pointe de la technologie.

Le Dr Michael Ong avec Larry Trickey
L’Hôpital d’Ottawa fait aussi figure de pionnier en matière de conception et de fabrication de nouvelles immunothérapies contre le cancer. Par exemple, des chercheurs de laboratoire comme le Dr John Bell et Carolina Ilkow s’emploient à concevoir des biothérapies qui misent sur des cellules, des gènes et des virus pour lancer une attaque immunitaire contre des cellules cancéreuses. Ils ont collaboré avec la Dre Natasha Kekre, scientifique clinicienne, et d’autres scientifiques pour mettre au point la première thérapie oncolytique par cellules CAR-T faite au Canada. D’autres chercheurs cliniciens, notamment la Dre Alissa Visram et la Dre Rebecca Auer, s’emploient aussi à créer de nouvelles immunothérapies contre le cancer et à les faire progresser dans les étapes vers les soins aux patients. Ce type de recherche est alimenté par des installations et des plateformes comme le Centre de fabrication de produits biothérapeutiques de L’Hôpital d’Ottawa et des réseaux comme BioCanRx.

Garder espoir malgré un diagnostic de cancer agressif de la peau

Dan Collins avait 62 ans lorsqu’il a reçu un diagnostic de mélanome de stade 4. En apprenant qu’il était atteint de cette forme agressive de cancer, il a d’abord craint pour sa vie. Toutefois, l’immunothérapie lui a redonné espoir. Cet espoir a été nourri par des scientifiques qui ne baissent jamais les bras et qui sont déterminés à changer la donne en matière de cancer et à offrir une meilleure chance de survie aux patients comme lui. L’espoir qu’un remède s’en vient.

Découverte d’une masse

Alors qu’il se déplaçait en avion pour le travail il y a quatre ans, Dan a commencé à ressentir une douleur à l’arrière de la tête lorsqu’il l’appuyait sur le banc d’avion. Il a consulté son médecin de famille pour savoir ce qui causait cette douleur. Une échographie a révélé la présence d’une bosse interne qui ressemblait à un kyste.

Dan a subi une première biopsie, puis il a été aiguillé vers un chirurgien du Centre de cancérologie de L’Hôpital d’Ottawa. Une autre biopsie a révélé que le kyste était en fait une masse : un mélanome. « J’avais peur. Le cancer a déjà frappé fort dans ma famille. Il a emporté mes deux frères aînés et mon père », se rappelle Dan.

Malheureusement pour lui, la masse grossissait, et elle grossissait rapidement. À la fin du mois de juillet, elle avait la taille d’une balle de golf, alors qu’elle n’était pas visible deux mois auparavant. Sa chirurgienne en oncologie, la Dre Stephanie Obaseki-Johnson, avait d’abord pensé à faire réduire la tumeur avant de la retirer par chirurgie, mais celle-ci grossissait trop vite.

Dan Collins with Oncologist Dr. Michael Ong of The Ottawa Hospital in a patient room.
Dan Collins avec le Dr. Michael Ong, oncologue.

Il fallait intervenir rapidement

Le 11 août 2015, Dan a subi une chirurgie qui a duré presque toute la journée. Il s’est réveillé avec 25 agrafes et 38 points de suture à l’arrière de la tête. Durant son rétablissement, Dan s’est souvenu d’un dicton qui l’a aidé à passer au travers de cette épreuve : « N’aie pas honte de tes cicatrices. Elles sont la preuve que tu as survécu à l’ennemi. »

La force puisée dans ce dicton serait nécessaire pour affronter les nouvelles qui l’attendaient. En effet, à peine deux semaines après l’opération, la masse était de retour. Ses médecins ont également découvert une masse dans son poumon droit et des taches sur la paroi de son ventre. Il avait un cancer de stade 4 – un cancer métastatique. Il s’agissait d’un cancer agressif et cela lui a fait penser aux membres de sa famille qu’il avait perdus et à ce qui allait lui arriver.

Nouvelle génération de traitement

On lui a rapidement présenté le Dr Michael Ong, oncologue à L’Hôpital d’Ottawa, qui lui a parlé de l’immunothérapie – une nouvelle génération de traitement qui, l’espère-t-on, remplacera un jour les traitements traditionnels qui peuvent parfois être difficiles à tolérer, comme la chimiothérapie. Le Dr Ong lui a prescrit quatre fortes doses d’immunothérapie. Au même moment, Dan a commencé la radiothérapie (22 séances en tout). Il recevait une immunothérapie au Centre de cancérologie toutes les trois semaines. Entre chaque traitement, des radiographies permettaient de suivre l’évolution des tumeurs.

« Chaque radiographie montrait une diminution de la taille des tumeurs. Ma peur a alors commencé à se transformer en espoir. » – Dan Collins, patient

Dan a terminé l’immunothérapie en décembre 2015. Il ne lui restait plus qu’à attendre. « Ce traitement novateur a été conçu pour aider mon propre système immunitaire à attaquer les cellules cancéreuses. Seul le temps permettrait de voir si mon corps répondait bien », raconte Dan.

Les taches sur la paroi de son estomac diminuaient, mais la masse au poumon ne bougeait pas. Le Dr Ong a donc décidé de prescrire un autre type d’immunothérapie comportant 24 traitements.

L’oncologue de Dan lui a appris que son mélanome, extrêmement mortel au départ avec peu d’options de traitement, pouvait maintenant être traité efficacement au moyen de nombreuses thérapies différentes.

« À mes débuts comme oncologue, il y a dix ans, le mélanome était pour ainsi dire incurable. Seulement 25 % des patients survivaient à la première année. Aujourd’hui, on peut s’attendre à ce que plus des trois quarts des patients soient en vie après un an. Nombre d’entre eux guérissent de leur cancer métastatique et cessent leur traitement. Nous pouvons maintenant empêcher 50 % des récidives de mélanomes à risque élevé grâce aux progrès de l’immunothérapie », explique le Dr Ong.

Dan a terminé l’immunothérapie en septembre 2017.

Oncologist Dr. Michael Ong posing with armed crossed at The Ottawa Hospital.
Dr Michael Ong, oncologue à L’Hôpital d’Ottawa.

Aujourd’hui, aucun signe de cancer

Dan repense au jour où il a reçu son diagnostic. Il se demandait s’il allait mourir. « Je crois que si je suis en vie aujourd’hui, c’est grâce à la recherche et à ceux qui ont donné généreusement avant moi. »

Il se souvient du jour où son frère Rick est décédé d’un cancer en 2007. « Au moment où il a été pris en charge, son médecin lui a demandé s’il voulait participer à une étude de recherche. Le médecin a été honnête avec lui : le traitement ne permettrait pas de le guérir, mais il pourrait peut-être aider les futurs patients. » Dan réfléchit un peu et poursuit : « J’aime à penser qu’il a contribué à ma rémission. Il m’a peut-être sauvé la vie. Chose certaine, la recherche a changé la donne dans mon cas. »

L’Hôpital d’Ottawa est un chef de file en ce qui concerne l’immunothérapie offerte aux patients. La recherche et les traitements qui sauvent des vies à L’Hôpital d’Ottawa ont changé les choses pour Dan. Il espère que les progrès permettront de guérir encore plus de patients, non seulement ici, mais partout dans le monde.


Fièrement affilié à l’Université d’Ottawa, L’Hôpital d’Ottawa est un centre de recherche et de santé universitaire de premier plan.

L’immunothérapie offre une seconde chance à une patiente atteinte du cancer du poumon.

En tant qu’avocate, Andrea Redway a travaillé sur des initiatives internationales en lien avec la réforme de la justice. Elle a voyagé partout dans le monde, se lançant dans de grands projets, toujours prête à faire face aux nouveaux défis, mais rien n’aurait pu la préparer à un diagnostic de cancer du poumon de stade 4. Ce diagnostic a bouleversé son monde et l’a amenée à se demander combien de temps elle survivrait.

Les premiers signes de difficultés sont apparus en janvier 2015, lorsqu’Andrea a commencé à tousser de manière persistante. En mars, elle est partie à l’étranger pour un voyage d’affaires. Il s’agissait d’une occasion professionnelle excitante, à laquelle s’ajoutait l’avantage de pouvoir emmener avec elle son mari et ses deux enfants, alors âgés de 8 et de 11 ans. Trois semaines après leur retour à la maison, la toux persistait et Andrea était incapable de se remettre du décalage horaire. « Habituellement, je me remets du décalage horaire en une semaine. J’étais encore vraiment épuisée et je me suis dit que j’avais peut-être une pneumonie », se souvient Andrea.

“« J’étais là, âgée de 47 ans, et ne présentant aucun facteur de risque. Je n’aurais
jamais pensé pouvoir être atteinte d’un cancer du poumon. » – Andrea Redway

Diagnostic sombre

N’ayant pas de médecin de famille, elle s’est présentée à une clinique sans rendez-vous et des antibiotiques lui ont été prescrits. Dans les jours suivants, elle a commencé à constater d’autres symptômes. « J’ai ressenti des douleurs étranges à la jambe et, ensuite, des crampes dans l’abdomen. L’épuisement persistait. »

Andrea a été aiguillée vers un médecin de famille, et une radiographie a été demandée. Les résultats ont révélé une importante masse sur son poumon. Moins d’une semaine plus tard, elle recevait le sombre diagnostic : un cancer du poumon de stade 4. Le cancer s’était déjà propagé aux os, aux glandes surrénales, au cerveau, et il semblait commencer à attaquer le colon. Elle a été frappée de stupeur. « J’étais là, âgée de 47 ans et ne présentant aucun facteur de risque. Je n’aurais jamais pensé pouvoir être atteinte d’un cancer du poumon. »

Andrea Redway and family
Andrea, après son diagnostic, avec son conjoint, Michael Cayley, et leurs deux enfants à Tofino, C.-B.

Andrea et son mari ne pensaient qu’à une chose : Andrea devait suivre le traitement sans tarder. Elle le devait, pour le bien de ses enfants.

Elle a été aiguillée vers le Dr Garth Nicholas, un oncologue de L’Hôpital d’Ottawa, et a commencé une chimiothérapie en plus de recevoir de petites quantités de radiation. Six semaines plus tard, un examen de tomodensitométrie révélait que la chimiothérapie ne fonctionnait que partiellement.

Dr. Garth Nicholas at The Ottawa Hospital
Le Dr Garth Nicholas est oncologue à L’Hôpital d’Ottawa.

Lutter pour sa vie

Le Dr Nicholas avait entendu parler d’un nouvel essai clinique, dont des résultats avaient été publiés dans le New England Journal of Medicine. Il s’agissait d’une immunothérapie spécifiquement utilisée pour traiter le cancer du poumon de stade 4, mais ce traitement n’était pas offert au Canada. Il a présenté une demande au programme de soins de compassion de la société pharmaceutique et Andrea a reçu une dose du médicament, le nivolumab. Aujourd’hui, le nivolumab est couramment utilisé pour le traitement de nombreuses personnes atteintes d’un cancer du poumon. Il est également utilisé pour le traitement d’autres cancers, notamment le mélanome.

Mais le cancer d’Andrea a continué à évoluer et elle est devenue très malade. De retour à l’hôpital, les examens ont révélé qu’elle souffrait d’une perforation intestinale. Elle se souvient que la situation était pénible : « Je devais subir une opération d’urgence sans quoi tout était fini pour moi. »

Compte tenu de l’évolution du cancer d’Andrea, il était difficile d’établir si l’opération constituait une option viable, mais son équipe de soins à L’Hôpital d’Ottawa voulait donner à Andrea la chance de passer plus de temps avec sa famille. « Le Dr Guillaume Martel, mon sauveur, a effectué l’opération. J’ai donc la chance d’être ici aujourd’hui », déclare Andrea.

Après s’être remise de l’opération, Andrea a pu reprendre le traitement afin de combattre le cancer, lequel avait ravagé son corps. Un mois plus tard, elle recevait sa deuxième dose d’immunothérapie. « J’ai continué à suivre l’immunothérapie pendant environ deux ans. J’ai terminé mon traitement en septembre 2017 et je me porte très bien depuis. »

« Tout le reste a disparu. C’est incroyable, absolument incroyable. Nous avons eu tellement de moments privilégiés avec nos jeunes enfants depuis ce temps. » – Andrea Redway

Huit mois après le début du traitement, l’examen d’imagerie d’Andrea a montré que le cancer était éradiqué à l’extérieur de ses poumons et que la tumeur principale sur l’un de ses poumons avait diminué d’environ la moitié. « Au départ, la tumeur sur l’imagerie était de six centimètres. Maintenant, elle est d’environ 2,5 centimètres. Elle est pratiquement considérée comme nécrotique ou éteinte. »

Des résultats porteurs de transformation

Même si Andrea a ressenti des effets indésirables comme la fatigue, la sécheresse oculaire et les douleurs articulaires, elle explique que ce n’était qu’un petit prix à payer étant donné que l’immunothérapie a changé la donne. « Tout le reste a disparu. C’est incroyable, absolument incroyable. Nous avons eu tellement de moments privilégiés avec nos jeunes enfants depuis ce moment. »

Dr Nicholas explique à quel point le traitement du cancer a progressé depuis le moment où Andrea a reçu son diagnostic initial, il y a quatre ans. « L’immunothérapie est devenue partie intégrante du traitement du cancer du poumon au cours des quatre dernières années. Pour certains rares patients comme Andrea, ce traitement est extraordinairement efficace, bien plus efficace que tout autre traitement utilisé dans le passé. »

Cependant, le Dr Nicholas ajoute que ce ne sont pas tous les patients atteints de cancer du poumon qui réagissent aussi bien qu’Andrea au traitement, et que davantage de recherches doivent être effectuées. « Beaucoup d’études en cours visent à comprendre pourquoi certaines tumeurs sont sensibles à l’immunothérapie alors que d’autres ne le sont pas, et à déterminer s’il y a quelque chose que nous pouvons faire pour modifier les tumeurs insensibles afin de les rendre sensibles. »

Aujourd’hui, Andrea continue d’apprécier ces moments privilégiés et est reconnaissante de pouvoir regarder ses enfants grandir.


Fièrement affilié à l’Université d’Ottawa, L’Hôpital d’Ottawa est un centre de recherche et de santé universitaire de premier plan.

La biothérapie du cancer serait-elle la prochaine révolution en matière de traitement du cancer?

Que ce soit pour aider le système immunitaire à mieux détecter et combattre le cancer ou pour traiter ce dernier à l’aide de cellules immunitaires, de virus et de vaccins génétiquement améliorés, L’Hôpital d’Ottawa effectue des recherches de pointe qui pourraient transformer les soins du cancer, ici, à la maison, et dans le monde entier.

Les chercheurs essaient depuis des décennies de stimuler le système immunitaire pour qu’il s’attaque aux cellules cancéreuses. Une importante avancée a été réalisée lorsqu’il a été découvert que les cellules cancéreuses produisent des molécules clés qui suppriment les cellules immunitaires et les empêchent d’attaquer le cancer. Cette découverte a ouvert la voie à des médicaments immunothérapeutiques révolutionnaires appelés « inhibiteurs de point de contrôle », lesquels ont donné des résultats remarquables au cours des dernières années.

Alors que la recherche prometteuse sur les inhibiteurs de point de contrôle se poursuit, le défi d’offrir une immunothérapie nouvelle et novatrice aux patients – une immunothérapie utilisant des cellules vivantes, des virus et des gènes pour combattre le cancer – est lancé.

L’Hôpital d’Ottawa est un chef de file en matière d’élaboration de ces thérapies novatrices appelées biothérapies contre le cancer.

“« Notre système immunitaire essaie constamment de reconnaître et de tuer les cellules cancéreuses, mais ces dernières tentent toujours d’y échapper » – déclare le Dr John Bell.

Aider le corps à reconnaître et détruire le cancer

Le traitement par les cellules CAR-T est une nouvelle biothérapie qui exploite le pouvoir des cellules immunitaires du patient, appelées lymphocytes T, pour combattre son cancer. Les lymphocytes T jouent un rôle essentiel dans le système immunitaire en détruisant les cellules anormales, comme les cellules infectées par des germes et les cellules cancéreuses. Dans certains cancers, tels que la leucémie aiguë lymphoblastique (LAL), les cellules cancéreuses deviennent invisibles pour les lymphocytes T qui sont censés les détruire. Dans le traitement par les cellules CAR-T, les lymphocytes T sont prélevés et reprogrammés en laboratoire afin qu’ils puissent reconnaître et détruire les cellules cancéreuses.

« Ce type de recherche en immunothérapie est révolutionnaire », déclare la Dre Natasha Kekre, hématologue et scientifique adjointe à L’Hôpital d’Ottawa, « mais il est important de se rappeler que ce traitement par les cellules CAR-T est encore très récent et peut entraîner de graves effets secondaires. Nous devons mener plus de recherches afin d’en apprendre davantage sur ce traitement et le rendre efficace pour encore plus de personnes et contre plus de types de cancer. »

L’Hôpital d’Ottawa est l’un des premiers hôpitaux canadiens à participer aux essais internationaux sur les cellules CAR-T, et en tant que l’un des grands centres canadiens de recherche et de traitement, est idéalement placé pour jouer un rôle de leader afin d’apporter ce programme de recherche novateur sur les cellules CAR-T au Canada et aux Canadiens.

« Notre objectif est de bâtir l’expertise et la capacité d’innovation du Canada dans le domaine prometteur des cellules CAR-T grâce à la recherche en laboratoire et aux essais cliniques », déclare la Dre Kekre, qui travaille avec une équipe dont les membres proviennent de partout au pays. « Cela pourrait mener à de meilleurs traitements par les cellules CAR-T, efficaces contre plus de types de cancer, ainsi qu’à des approches novatrices pour offrir le traitement par les cellules CAR-T au sein du système de santé canadien. »

Infecter les cellules cancéreuses avec des virus

Une autre biothérapie prometteuse consiste à utiliser des virus oncolytiques qui peuvent infecter de manière sélective les cellules cancéreuses et les détruire. « Notre système immunitaire essaie constamment de reconnaître et de tuer les cellules cancéreuses, mais ces dernières tentent toujours d’y échapper », explique le Dr John Bell, scientifique principal à L’Hôpital d’Ottawa. « Lorsqu’on infecte une cellule cancéreuse avec un virus, un signal d’alarme est envoyé pour aider le système immunitaire à reconnaître et à attaquer le cancer. »

Les récentes recherches en laboratoire de l’équipe du Dr Bell semblent indiquer qu’une combinaison de deux immunothérapies (virus oncolytiques et inhibiteurs de point de contrôle) pourrait être beaucoup plus efficace pour traiter le cancer du sein et probablement d’autres cancers.

« Nous avons découvert que lorsqu’on ajoute un inhibiteur de point de contrôle après avoir introduit le virus, cela entraîne la libération de tous les signaux d’alarme et le système immunitaire envoie alors son armée entière combattre le cancer », déclare le Dr Bell.

Bien que ces méthodes aient donné des résultats prometteurs, il est nécessaire de mener plus de recherches et d’essais cliniques.

Doctor speaking with a patient in her office at a hospital

Un vaccin anticancéreux

S’ajoute à ces techniques la découverte de la Dre Rebecca Auer, de L’Hôpital d’Ottawa, révélant qu’un vaccin fabriqué à partir de cellules cancéreuses du patient et d’un virus oncolytique pourrait constituer un traitement efficace contre le cancer.

Lorsqu’il est injecté, le vaccin agit par trois mécanismes distincts. Premièrement, le virus infecte et tue seulement les cellules cancéreuses sans atteindre les cellules saines. Deuxièmement, le virus produit une protéine appelée interleukine-12, qui stimule la capacité du système immunitaire à combattre les tumeurs. Finalement, grâce aux deux premiers mécanismes, le vaccin « enseigne » au système immunitaire à reconnaître et à combattre le même type de tumeur en cas de récurrence.

La Dre Auer et ses collègues travaillent à l’élaboration des procédures nécessaires à la fabrication de ce vaccin personnalisé et envisagent de commencer un premier essai clinique sur des sujets humains en 2020.

Des traitements qui sauvent des vies : de la théorie à la pratique

De nos jours, les soins contre le cancer évoluent à un rythme sans précédent. Les nouveaux traitements, plus personnalisés, offrent de l’espoir à de nombreux patients qui, il n’y a de cela que quelques années, n’avaient que peu ou pas d’options de traitement. Nous constatons une hausse presque exponentielle du nombre d’approbations de nouveaux médicaments contre le cancer, alors que la recherche de calibre mondial et les essais cliniques sont maintenant intégrés aux soins de pointe du cancer.

Au cours des 15 prochaines années, le nombre de diagnostics de cancer augmentera de 40 % chez les Canadiens, dont presque la moitié seront atteints d’un cancer durant leur vie. Notre capacité à traduire les résultats de la recherche en traitements pour les patients, jumelée à l’un des centres de cancérologie les mieux équipés du pays, signifie que nous sommes bien placés pour relever de front ce défi.

Dans les coulisses du Centre de fabrication de produits biothérapeutiques avec le Dr John Bell.
La vidéo est uniquement disponible en anglais.

Fièrement affilié à l’Université d’Ottawa, L’Hôpital d’Ottawa est un centre de recherche et de santé universitaire de premier plan.

Diagnostic : mélanome

In 2013, Ian was diagnosed with melanoma—an aggressive form of skin cancer.
Ian McDonell a reçu une immunothérapie en 2017 qui a éradiqué son mélanome.
In 2013, Ian was diagnosed with melanoma—an aggressive form of skin cancer.
Ian McDonell

Il y a quelques années, le père de Ian McDonell, sergent chef pour la police d’Ottawa et père de trois enfants, a été emporté par un cancer et son frère était en train de mourir d’un mélanome. L’épouse de Ian a insisté pour qu’il fasse examiner par un médecin un grain de beauté qu’il avait dans le dos. Il s’agissait d’un mélanome malin nodulaire ulcéreux – une forme agressive de cancer de la peau.

Ian a subi une chirurgie pour exciser le mélanome, ainsi qu’un ganglion lymphatique dans l’aine gauche. Quelques semaines plus tard, on lui a retiré un ganglion lymphatique dans l’aisselle. Après ces opérations, il n’avait plus aucune trace de cancer, mais compte tenu de ses antécédents familiaux, Ian courait un risque de récidive élevé.

De mauvaises nouvelles

Ian se sentait bien, mais lors d’un rendez vous normal en juin 2017, la tomodensitométrie et l’imagerie par résonance magnétique (IRM) l’ont confronté à une dure réalité. Il avait une demi-douzaine de tumeurs dans l’aine et l’abdomen, ainsi que trois tumeurs avec métastases au cerveau. Son cancer en était au stade 4.
Compte tenu de la gravité de la situation, le Dr Michael Ong à L’Hôpital d’Ottawa a recommandé une approche énergique : une immunothérapie récemment approuvée.

Démasquer le cancer

Les chercheurs essayaient depuis des décennies de stimuler le système immunitaire pour qu’il s’attaque aux cellules cancéreuses. Mais ce qui a changé la donne a été la découverte que les cellules cancéreuses produisent des molécules clés, appelées « protéines point de contrôle », qui suppriment les cellules immunitaires et les empêchent d’attaquer le cancer. Ces protéines point de contrôle masquent le cancer, qui n’est plus détecté par le système immunitaire. De nouveaux médicaments, appelés inhibiteurs du point de contrôle immunitaire, font tomber ce masque et permettent aux cellules immunitaires, appelées cellules T, d’attaquer naturellement et de détruire le cancer.

« Le but de la chimiothérapie est de tuer directement le cancer, explique le Dr Ong. Cela peut entraîner des effets secondaires, parce que la chimiothérapie tente d’empoisonner le cancer.

« L’immunothérapie ne s’attaque pas directement au cancer. Elle le révèle plutôt au système immunitaire en activant des interrupteurs des cellules T, et le système immunitaire de l’organisme fait le reste. » – Dr Michael Ong

Ian McDonell with his wife Michelle (left), and their daughters Kendra, Macy, and Ainsley, hiking in the Adirondack Mountains in 2019.
Ian McDonell en compagnie de sa femme Michelle (à gauche) et de leurs filles en randonnée dans les Adirondacks en 2019.

Traitement par le système CyberKnife

Ian a alors commencé alors un traitement combinant deux immunothérapies administrées par voie intraveineuse à l’unité de chimiothérapie du Centre de cancérologie de L’Hôpital d’Ottawa. Il a également subi une radiothérapie administrée par CyberKnife, pendant laquelle de fortes doses de radiation ciblaient ses tumeurs au cerveau. Il a bravement continué durant le second cycle d’immunothérapie, mais il était tellement malade qu’il a dû interrompre le traitement. Il a commencé à prendre des médicaments stéroïdiens pour ralentir son système immunitaire. Il s’est alors senti mieux, mais son immunothérapie était en suspens.

Des tumeurs en régression

Lorsque Ian a commencé à ressentir une faiblesse au visage, il a craint une aggravation de son cancer. Ce n’était pas le cas. Les examens ont révélé qu’une tumeur avait rétréci, passant de 25 à 10 mm, tandis que l’autre était passée de 8 à 4 mm.

Le Dr Ong a recommandé une seule immunothérapie plutôt que deux et même si le traitement a rendu Ian très malade, il a porté ses fruits.

Deux mois plus tard, les résultats d’une tomographie par émission de positons, d’un tomodensitogramme et d’un examen par IRM ont montré qu’il n’avait plus de tumeurs. Toute trace de son cancer avait disparu.

Oncologist Dr. Michael Ong said recent immunotherapies are hugely successful for treating melanoma.
Le Dr Michael Ong, oncologue, explique que les nouvelles immunothérapies sont très efficaces pour traiter les mélanomes.

Avancées en immunothérapie

Lorsque le Dr Ong a rencontré Ian pour la première fois, en 2013, les options d’immunothérapie ou de chimiothérapie ciblée n’étaient pas disponibles. Grâce aux percées incroyables réalisées en immunothérapie, il y a maintenant de l’espoir.

« Au cours des quelques dernières années, nous sommes passés de très médiocres options pour traiter les mélanomes à un grand nombre d’options efficaces. Cela s’explique par la mise au point de traitements contre le cancer, qui continue à être très rapide, dit le Dr Ong. À L’Hôpital d’Ottawa, nous participons constamment à des essais cliniques qui changent la pratique. La norme de soins évolue sans cesse – comme elle se doit. Nous tentons continuellement de repousser les limites des traitements contre le cancer. »

L’Hôpital d’Ottawa est un chef de file en recherche en immunothérapie contre le cancer, tant pour la mise au point de nouveaux traitements que pour les traitements expérimentaux proposés aux patients. Environ 70 essais cliniques en immunothérapie contre le cancer sont en cours à l’hôpital, auxquels participent près de 700 patients. L’hôpital est également l’hôte d’un réseau national pour la recherche en immunothérapie et a mis au point un certain nombre de traitements uniques à partir de cellules et de virus.

De l’espoir pour l’avenir

Grâce à l’efficacité de ces immunothérapies, des patients comme Ian espèrent maintenant continuer à vivre sans cancer.

« Lorsqu’il a été question des examens provinciaux pour les services policiers, je me suis dit que j’allais les passer parce que maintenant, j’ai un peu d’espoir », raconte Ian.

L’immunothérapie a permis à Ian non seulement de poursuivre sa carrière, mais surtout de planifier l’avenir avec sa famille et de voir ses filles grandir.

En savoir plus sur le travail en immunothérapie du Dr Michael Ong, oncologue.


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Le lien entre le système immunitaire et le cancer est reconnu depuis plus d’un siècle. Cependant, comprendre la façon dont le système immunitaire lutte contre le cancer a été le principal défi des scientifiques comme le Dr Michele Ardolino.

Dans un premier temps, on a tenté de stimuler le système immunitaire afin qu’il attaque le cancer. Ce qui a change la donne a été la découverte de molecules clés, appelées points de contrôle du système immunitaire, des cellules cancéreuses qui suppriment les cellules immunitaires et les empêchent de s’attaquer au cancer. Il existe de nombreux types de cellules immunitaires. On a constaté que les cellules  T sont des cellules immunitaires clés; ce sont ells que visent les medicaments immunothérapeutiques.

Le Dr Michele Ardolino pose dans son laboratoire.
La découverte du Michele Ardolino, Ph. D. met l’accent sur des cellules immunitaires tueuses naturelles.

« Nous ignorions auparavant que certains de ces récepteurs sont presents dans d’autres cellules immunitaires », explique le Dr Michele  Ardolino, scientifique de L’Hôpital d’Ottawa et professeur adjoint à l’Université d’Ottawa. « Nous avons constaté que ces récepteurs sont presents dans un autre type de cellules immunitaires, soit les cellules tueuses naturelles. »

Il affirme que, même si la plupart des medicaments immunothérapeutiques ciblent les cellules T afin d’en accroître l’efficacité, certaines tumeurs cancéreuses ne réagissent pas aux cellules  T.

« Cependant, ces tumeurs pourraient être éliminées très efficacement par les cellules tueuses naturelles », ajoute le Dr Ardolino. « Ainsi, si nous connaissons le type de tumeur du patient, nous pouvons concevoir des thérapies suscitant la réponse immunitaire la plus efficace. Dans certains cas, il s’agirait d’une réponse des cellules  T, dans d’autres, d’une réponse des cellules tueuses naturelles. »

« Nous comprenons maintenant mieux comment le système immunitaire élimine le cancer. Nous pouvons donc cibler plus précisément le mécanisme qui supprime le système immunitaire. »

« C’est super pour plusieurs raisons », soutient le Dr  Ardolino. « Nous comprenons maintenant mieux comment le système immunitaire élimine le cancer. Nous pouvons donc cibler plus précisément le mécanisme qui supprime le système immunitaire. Et nous pouvons susciter une plus forte réponse des cellules tueuses naturelles contre le cancer. »

Il est désormais généralement reconnu que le cancer et le système immunitaire sont tous deux uniques à chaque patient. Les chercheurs et les cliniciens se rendent maintenant compte de l’importance d’adapter l’immunothérapie selon le cancer et le système immunitaire propres à chacun. Le problème est complexe : il faut donner un medicament ayant un effet thérapeutique maximal avec le moins d’effets secondaires, de la façon la plus ciblée possible.

Le D Ardolino a récemment publié une découverte majeure qui pourrait faire en sorte que les traitements immunothérapeutiques fonctionnent chez advantage de personnes et contre un plus grand nombre de types de cancers.

En octobre, les immunologists James  Allison et Tasuku  Honjo ont reçu le prix Nobel de médecine pour leur découverte des anticorps inhibiteurs de points de contrôle du système, qui est considérée comme un événement important dans la lutte contre le cancer


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Publié : février 2019

Un traitement contre le cancer qui change la donne

Les symptômes de leucémie de Stefany Dupont ont disparu. Elle est en rémission complète grâce à un nouveau traitement révolutionnaire appelé « traitement par les cellules CAR-T ». Ce nouveau type de traitement a le potentiel de transformer la manière dont les patients atteints de cancer sont pris en charge au Canada et à travers le monde.

Pronostics défavorables

Stefany a reçu, à l’âge de 13 ans seulement, un diagnostic de leucémie aiguë lymphoblastique (LAL). Les enfants atteints de leucémie sont soumis à un protocole de chimiothérapie strict qui guérit efficacement plus de 90 % des patients. Malheureusement, ce n’était pas le cas de Stefany.

Cela faisait cinq ans qu’elle était en rémission quand sa leucémie a récidivé, en 2010. Elle était alors une adulte âgée de 18 ans et a commencé à suivre un traitement à L’Hôpital d’Ottawa. En 2015, elle a subi une chimiothérapie ainsi qu’une greffe de cellules souches hématopoïétique provenant de la moelle osseuse. Elle prenait du mieux jusqu’à ce que, un an et demi plus tard, elle ait une autre rechute. Les adultes atteints de leucémie qui rechutent après une greffe ont moins de 10 % de chances de survie.

« Stefany a eu la malchance de rechuter dans les deux ans qui ont suivi la greffe », a déclaré la Dre Jill Fulcher, médecin de Stefany, spécialisée en hématologie maligne et clinicienne-chercheuse à L’Hôpital d’Ottawa. « Sa leucémie est revenue avec une crise blastique, et Stefany était très malade. Le traitement palliatif était tout ce que nous avions à offrir aux patients atteints de LAL qui rechutaient si tôt après la greffe. »

La Dre Jill Fulcher examine Stefany par stéthoscope.
L’hématologue, la Dre  Jill  Fulcher, confirme que Stefany  Dupont est en rémission depuis plus d’un an après avoir reçu le traitement par les cellules CAR-T. Auparavant, Stephany avait une chance de survie de 10 à 20 %, pronostic qu’elle avait reçu avant le traitement par les cellules CAR-T.

Nouvel espoir

La Dre Fulcher et sa consœur, la Dre Natasha Kekre, hématologue, scientifique adjointe à L’Hôpital d’Ottawa et professeure adjointe à l’Université d’Ottawa, savaient que des essais cliniques sur l’immunothérapie par les cellules CAR-T menés aux États-Unis montraient des résultats remarquables chez de nombreux enfants et adolescents atteints de leucémie ou d’autres cancers du sang en leur permettant une rémission durable.

Pour les patients qui sont extrêmement malades et qui sont à court d’options, comme l’était Stefany, le traitement par les cellules CAR-T représente un nouvel espoir. C’est pourquoi la Dre Kekre mène la charge afin d’introduire le traitement par les cellules CAR-T à L’Hôpital d’Ottawa.

Fournir des traitements de pointe à la population canadienne

En tant que l’un des grands centres canadiens de recherche et de traitement, et grâce à son expertise de calibre mondial, L’Hôpital d’Ottawa est idéalement placé pour aider à l’introduction de ce traitement novateur au Canada et auprès des Canadiens. L’Hôpital d’Ottawa est l’un des premiers hôpitaux canadiens à participer aux essais cliniques internationaux sur les cellules CAR-T et l’Hôpital joue actuellement un rôle de premier plan dans un programme de recherche « fait au Canada » sur les cellules CAR-T.

« Notre objectif est d’établir une expertise et une capacité d’innovation canadiennes dans le domaine prometteur des cellules CAR-T grâce à la recherche en laboratoire et aux essais cliniques », a déclaré la Dre Kekre, qui travaille avec une équipe dont les membres viennent de partout au Canada. « Ceci pourrait mener à de meilleurs traitements par les cellules CAR-T qui seraient efficaces contre plus de types de cancer ainsi qu’à des approches novatrices pour offrir le traitement par les cellules CAR-T au sein du système de santé canadien. »

L’essai clinique proposant le premier traitement par les cellules CAR-T « fait au Canada » constitue une partie essentielle du programme. L’essai clinique devrait être mis en branle à L’Hôpital d’Ottawa et à la BC Cancer Agency en 2019.

De la recherche translationnelle à la fabrication en passant par la conception des essais, L’Hôpital d’Ottawa, de concert avec la BC Cancer Agency, est idéalement placé pour offrir cet essai clinique complexe d’un traitement expérimental à ses patients.

« Il est bien connu qu’Ottawa est un leader mondial en matière d’essais cliniques et de conception d’essais novateurs », a dit le Dr Manoj Lalu, scientifique adjoint et anesthésiologiste à L’Hôpital d’Ottawa, qui fait partie de l’équipe des cellules CAR-T. « Bon nombre des lignes directrices produites à l’échelle internationale sur la conception et l’enregistrement des essais cliniques proviennent de L’Hôpital d’Ottawa ».

À propos du traitement par les cellules CAR-T

Dr. Kekre at The Ottawa Hospital.
La Dre  Natasha  Kekre, avec d’autres hôpitaux au Canada, travaille à la mise au point d’une approche « faite au Canada » pour le traitement du cancer par les cellules CAR-T. L’Hôpital d’Ottawa jouera un rôle de chef de file dans la fabrication et la fourniture de ce traitement expérimental au réseau national d’hôpitaux.

Le traitement par les cellules CAR-T utilise les cellules immunitaires du patient, appelées lymphocytes T, pour traiter le cancer de ce dernier. Les lymphocytes T jouent un rôle crucial au sein du système immunitaire en détruisant les cellules anormales comme les cellules infectées par des germes et les cellules cancéreuses. Dans certains cancers, tels que la leucémie aiguë lymphoblastique (LAL), les cellules cancéreuses deviennent invisibles pour les lymphocytes T qui sont censés les détruire. Dans le traitement par les cellules CAR-T, les lymphocytes T sont prélevés et reprogrammés en laboratoire afin qu’ils puissent reconnaître et détruite les cellules cancéreuses.

« Ce type de recherche sur l’immunothérapie est révolutionnaire, a dit la Dre Kekre, mais il est important de garder à l’esprit que le traitement par les cellules CAR-T est encore très récent et peut entraîner de graves effets secondaires. Il faut mener plus de recherches afin d’en apprendre davantage sur ce traitement et de le rendre efficace pour encore plus de personnes. »

Un sursis bien mérité

Le traitement par les cellules CAR-T n’était pas encore disponible au Canada lorsque Stefany en avait besoin. Sa seule option, à ce moment, était donc d’essayer de participer à l’essai clinique sur les cellules CAR-T de l’Hôpital pour enfants de Philadelphie. Puisque l’essai clinique offert par l’hôpital acceptait encore des patients atteints de LAL jusqu’à l’âge de 25 ans, Stefany y était admissible.

Trois mois après avoir reçu sa transfusion de cellules CAR-T à Philadelphie, Stefany a subi une biopsie de moelle osseuse qui a révélé qu’elle était en rémission – son traitement fonctionnait.

Trois mois plus tard, Stefany est partie en voyage, ce qui était bien mérité.

« Après le temps d’attente de six mois, je suis allée en Australie », a raconté Stefany. Elle a visité Sydney, Brisbane, Melbourne, a fait de la plongée autonome à la Grande barrière de corail et du deltaplane au-dessus des rives de Byron Bay. Ce voyage constituait une merveilleuse pause après le traitement intensif qu’elle avait subi.

« C’est un très bon signe que Stefany soit toujours en rémission plus de deux ans après le traitement par les cellules CAR-T, a déclaré la Dre Fulcher. Sans ce traitement, elle ne serait certainement pas avec nous aujourd’hui. »

CAR-T

Centre unique de biothérapies

Le traitement par les cellules CAR-T doit être fabriqué individuellement pour chaque patient en utilisant les cellules de ce dernier en combinaison avec de grandes quantités de virus très pur pour générer le gène CAR. Le Centre de fabrication de produits biothérapeutiques de L’Hôpital d’Ottawa est idéalement placé pour mettre au point ce type de traitement, car il possède le système le plus avancé pour produire les virus de qualité clinique nécessaires à la création des cellules CAR-T des essais cliniques. C’est le seul établissement au Canada à avoir produit ce type de virus pour des essais cliniques.

« Grâce à son installation de fabrication, à son expertise en matière d’essais cliniques et à ses programmes d’hématologie et de cancérologie de calibre mondial, L’Hôpital d’Ottawa est idéalement placé pour diriger la mise au point de la nouvelle génération du traitement par les cellules CAR-T » a déclaré la Dre Rebecca Auer, directrice de la recherche sur le cancer à L’Hôpital d’Ottawa.

« Les patients atteints de LAL, de lymphome et d’autres types de cancers du sang pourraient bénéficier de ce traitement expérimental », a affirmé la Dre Kekre. Nous espérons qu’un jour le traitement par les cellules CAR-T soit aussi utilisé contre plusieurs types de cancers, comme le cancer du sein et le cancer colorectal. C’est par l’entremise des essais cliniques menés à L’Hôpital d’Ottawa que des traitements novateurs contre le cancer seront découverts et continueront de donner espoir aux patients comme Stefany.

Des organismes comme BioCanRx et la Fondation canadienne pour l’innovation, ainsi que le gouvernement de l’Ontario ont appuyé la recherche sur le traitement par les cellules CAR-T que mènent L’Hôpital d’Ottawa et le Centre de fabrication de produits biothérapeutiques, mais il faut des fonds plus importants pour que ce programme devienne réalité.


Fièrement affilié à l’Université d’Ottawa, L’Hôpital d’Ottawa est un centre de recherche et de santé universitaire de premier plan.