Publié : mars 2025

Imaginez ressentir au niveau du visage une décharge électrique soudaine, vive, intense et irrépressible. La décharge se reproduit, jour après jour, sans avertissement. Elle provoque une douleur si atroce que vous vous écroulez à genoux. C’est ce que Michelle Kupé a vécu au quotidien. Après des mois d’examens, elle a reçu le diagnostic de névralgie du trijumeau : une maladie rare ayant un effet débilitant sur sa vie. Désespérément à la recherche d’un soulagement, elle a demandé l’aide de l’équipe de neurochirurgie de L’Hôpital d’Ottawa dans l’espoir de reprendre le contrôle de sa vie.

En décembre 2017, Michelle a pris rendez-vous avec son dentiste pour en savoir plus sur l’étrange sensation de pulsation qu’elle ressentait dans la joue qui aurait pu être causée par une infection ou un problème dentaire. Le dentiste a fait des radiographies, mais il n’a décelé aucun problème dentaire. La sensation, toutefois, a persisté; Michelle avait l’impression que quelque chose clochait.

Au début de l’année suivante, alors que Michelle se préparait à partir en croisière avec des amies, la sensation persistante de pulsation et le sentiment général que quelque chose clochait l’ont incitée à retourner chez le dentiste. Ce dernier n’a toujours pas cerné l’origine de l’étrange sensation, mais il lui a prescrit des antibiotiques pour éliminer la possibilité d’une infection des sinus et d’autres problèmes. Pendant sa croisière, une idée tenace habitait les pensées de Michelle. Elle se disait : « Il m’est arrivé quelque chose… Je ne vais pas bien. Ma vie prend de toute évidence un tournant différent. Quelque chose ne va pas. »

Michelle à l’hôpital avant sa chirurgie

La sensation de pulsation et la douleur s’intensifiant, Michelle est allée voir son dentiste une troisième fois. C’est à ce moment qu’il a soupçonné une maladie rare appelée névralgie du trijumeau, qui provoque une douleur intense semblable à une décharge électrique d’un côté du visage. Il lui a conseillé de prendre rendez-vous avec son médecin de famille afin de consulter un neurologue dès que possible.

La névralgie du trijumeau : une progression insoutenable

Les symptômes se sont aggravés pendant l’attente de la consultation en neurologie. « Je suis passée d’une impression de pulsion au visage à celle d’être électrocutée. C’était comme si j’étais poignardée; comme si un courant électrique traversait mon visage. »

« Je suis passée d’une impression de pulsion au visage à celle d’être électrocutée. C’était comme si j’étais poignardée; comme si un courant électrique traversait mon visage. »

— Michelle Kupé

À mesure que chaque crise s’atténuait, Michelle était terrifiée à l’idée de toucher ou de bouger le moindre muscle de son visage par peur de raviver la douleur. Elle a fini par voir un neurologue, qui a confirmé le diagnostic de névralgie du trijumeau. Le mystère était résolu, mais tout n’était pas clarifié pour autant. Il existe trois causes possibles à cette maladie : la sclérose en plaques, une tumeur cérébrale ou une compression vasculaire.

Tout sur la névralgie du trijumeau

La névralgie du trijumeau est un trouble douloureux chronique rare et extrêmement pénible qui touche le nerf trijumeau sur le côté du visage. Le nerf part du haut de l’oreille et se divise ensuite en trois branches qui vont vers l’œil, la joue et la mâchoire.

Pendant l’attente de l’examen d’IRM, Michelle a continué de gérer son entreprise d’immobilier prospère et de s’occuper de ses cinq enfants. Son état est resté stable grâce aux médicaments jusqu’au printemps 2018 – les poussées étaient occasionnelles, mais toujours douloureuses. Les choses ont ensuite commencé à se détériorer rapidement. Les crises étaient plus fréquentes et plus débilitantes. Manger, se brosser les dents et même sourire devenait insupportable.

« J’ai cru que je n’allais pas pouvoir continuer, se souvient-elle. Quelque chose d’aussi simple qu’une légère brise pouvait provoquer une crise. À l’approche d’un autre hiver, mon mari et moi avons envisagé de déménager dans un endroit chaud parce que je ne pouvais pas imaginer un vent froid toucher mon visage. »

Des décharges débilitantes pour le corps de Michelle

Les résultats de l’examen d’IRM ont révélé la cause : une compression vasculaire. Elle a ensuite été dirigée vers le Dr Adam Sachs, l’actuel chef de la Division de neurochirurgie de L’Hôpital d’Ottawa.

Le Dr Sachs et son équipe reçoivent des patients atteints d’une grande variété de douleurs faciales, mais la névralgie du trijumeau figure parmi les pires, selon lui. Elle touche le nerf trijumeau, qui transmet les signaux du visage au cerveau, et provoque une douleur intense semblable à une décharge électrique d’un côté du visage. « L’IRM a montré qu’une boucle artérielle allant vers le tronc cérébral et le cervelet comprimait le nerf trijumeau et provoquait la douleur », explique-t-il.

Directeur de la Neuromodulation et de la Neurochirurgie fonctionnelle et scientifique à L’Hôpital d’Ottawa

Découvrez comment le Dr Sachs pense que le cerveau est comme un ordinateur, ce qu’il aime de L’Hôpital d’Ottawa et pourquoi vous pourriez le trouver en train de se battre avec un collègue pendant sa pause.

« Certaines personnes ont l’impression qu’un courant électrique à haute tension traverse leur visage. »

— Dr Adam Sachs
Ce problème peut être insoutenable. « Certaines personnes ont l’impression qu’un courant électrique à haute tension traverse leur visage; d’autres, qu’un poignard est enfoncé dans leur visage, ajoute le Dr Sachs. Les patients utilisent ces termes non pas pour être pittoresques, mais parce que c’est ce qui s’en rapproche le plus. Nous entendons ces expressions à de maintes reprises. »

Une technique microchirurgicale moderne misant sur le téflon

Le traitement chirurgical existe depuis des décennies, mais de récents progrès ont apporté de nouvelles options thérapeutiques – des techniques microchirurgicales modernes plus efficaces et plus sécuritaires. Comme l’explique le Dr Sachs, les outils dont ils disposent aujourd’hui sont à la fine pointe de la technologie.

La procédure chirurgicale est complexe; la tête du patient est tournée parce que l’équipe de chirurgie doit accéder à un petit espace situé à l’arrière de la tête : l’angle pontocérébelleux. « C’est là que l’on voit tous les nerfs et les artères qui vont vers des structures très importantes du tronc cérébral. Il est proche du nerf facial et, s’il est endommagé, il entraîne une paralysie faciale. »

Dans le cas de Michelle, il y avait une grosse veine enserrant le nerf. La complexité de la chirurgie a incité le Dr Sachs à solliciter le concours d’un collègue, le Dr John Sinclair, pour l’assister pendant l’intervention.

« Nous avons décidé, même s’il s’agissait d’une grosse veine, que nous allions la disséquer soigneusement du nerf, en plus de l’artère. Nous avons ensuite placé de petits tampons en téflon sous la veine et l’artère pour les éloigner du nerf trijumeau », précise le Dr Sachs.

Le téflon crée une barrière physique qui empêche la veine et l’artère d’atteindre le nerf tout en permettant au sang de circuler à travers elles pour qu’elles continuent de fonctionner.

« Nous déchirons le téflon en morceaux microscopiques qui ont la forme de cigares. Nous créons ainsi une barrière parce le téflon n’est pas absorbé par le corps », ajoute le Dr Sachs.

Pendant les parties les plus complexes de l’intervention, l’équipe de neurochirurgie utilise des microscopes à fort grossissement et des couteaux microscopiques.

La douleur est une maladie invisible

L’Hôpital reçoit les patients atteints de névralgie du trijumeau de tout l’Est de l’Ontario. Selon le Dr Sachs, tous les cas ne sont pas aussi débilitants que celui de Michelle, mais, pour beaucoup d’entre eux, la douleur est aggravée par le fait que l’entourage ne comprend pas toujours ce que les patients vivent.

« Chaque fois qu’elle souriait, elle avait une crise et de la douleur, poursuit le Dr Sachs. Traiter la douleur est donc gratifiant pour un médecin parce que nous aidons à la soulager, ce qui peut avoir un effet transformateur pour le patient. »

— Dr Adam Sachs
« Michelle est une personne très sympathique. Elle aime s’entourer de sa famille et de ses amis, rire et profiter de la vie. Pendant un an, elle n’a même pas pu sourire ou rire. Chaque fois qu’elle souriait, elle avait une crise et de la douleur, poursuit le Dr Sachs. Traiter la douleur est donc gratifiant pour un médecin parce que nous aidons à la soulager, ce qui peut avoir un effet transformateur pour le patient. »
Avertissement sur le contenu
L'image suivante contient un contenu qui peut être troublant ou sensible pour certains spectateurs.
La cicatrice de la chirurgie de Michelle
Previous
Next

« Le soulagement a été immédiat. »

— Michelle Kupé

« Je me souviens de mon réveil après la chirurgie. J’ai su immédiatement que je n’avais plus de décharge au visage. Le soulagement a été immédiat », confie Michelle.

Sa gratitude est profonde, non seulement à l’égard de ceux qui ont contribué à soulager l’atroce douleur, mais aussi à l’égard du personnel infirmier de l’Unité de soins intensifs en neurologie. Elle ne se souvient pas de tous leurs noms, mais elle n’oubliera jamais la compassion dont ils ont fait preuve.

« Un infirmier en particulier s’est démarqué par son immense bienveillance. Je me souviens de mon lent réveil après la chirurgie. Il m’a flatté doucement un bras et m’a dit que j’avais eu une dure journée, mais que je m’en étais bien tirée, ajoute-t-elle. Je me suis sentie entourée de personnes bienveillantes qui avaient mes intérêts à cœur. Je ne me suis jamais sentie abandonnée au moment où j’étais le plus vulnérable. »

Retrouver sa vie

Après cinq jours à l’hôpital à la suite de la chirurgie, Michelle est rentrée chez elle retrouver ses cinq enfants et son mari Rob. Elle a pu reprendre le travail cinq mois plus tard, mais elle a poursuivi la physiothérapie pendant environ un an. Il lui arrive toujours d’avoir de violents maux de tête et elle est suivie à la clinique de la douleur, mais elle mène à nouveau une vie bien remplie – maintenant que ses enfants ont quitté le nid familial et explorent le monde.

Michelle n’a pas oublié un certain moment de plénitude vécu pendant cette épreuve. C’est qu’il y a de nombreuses années, ses parents ont appris que le Dr Sinclair avait quitté les États-Unis pour revenir dans sa ville natale d’Ottawa et déployait des efforts pour doter L’Hôpital d’Ottawa du système de radiochirurgie CyberKnife.

« Mes parents ont entendu parler du système CyberKnife et se sont mobilisés pour soutenir ses efforts. Qui aurait pu imaginer que, des années plus tard, leur fille finirait dans le service de neurologie? Nous n’avions aucun autre lien avec la neurologie à l’époque et, pourtant, mes parents tenaient vraiment à assurer l’accès des gens à ce tout nouvel outil de neurochirurgie. »

C’est un parfait exemple de la portée de la philanthropie et du fait que l’on ne sait jamais qui en profitera.

« Nous pensons que la vie n’est pas le fruit du hasard. La façon dont tout s’est déroulé faisait partie du plan de ma vie et montre qu’il est important de continuer à donner. »

Les cinq enfants de Michelle
Michelle et son mari, Rob Kupé
Listen to Dr. Adam Sachs talk about the role vital role of the neurosurgical team at The Ottawa Hospital.

Listen Now:

VAINCRE LE CANCER UN PAS À LA FOIS

Combattre deux cancers et la mutation du gène BRCA

Publié : février 2025

Jen Hollington ne s’attend pas à recevoir un diagnostic de cancer de l’ovaire. Cette terrible nouvelle la mène sur un chemin qu’elle n’aurait jamais imaginé, y compris deux autres difficultés médicales de taille : le fait qu’elle a la mutation du gène BRCA et un cancer de la peau.

Bien qu’elle soit au fait de la sphère médicale en raison de son travail avec Santé Canada et l’Agence de la santé publique du Canada, Jen n’est pas préparée à affronter les problèmes de santé auxquels elle va faire face en 2020, au pic de la pandémie. Cependant, elle rencontre une importante équipe multidisciplinaire de professionnels de la santé à L’Hôpital d’Ottawa qui va l’aider dans son combat contre la maladie.

Fin juillet 2020, Jen se réveille au milieu de la nuit à cause de très fortes douleurs sur le côté. Après avoir appelé Télésanté Ontario, elle se rend à l’urgence la plus proche; à la suite d’analyses de sang et d’une échographie, le couperet tombe : Jen a fort probablement un cancer de l’ovaire.

« L’annonce de ce diagnostic est aussi effrayante qu’inattendue. Je ne l’accepte qu’après l’avoir répété à de nombreuses reprises à ma famille, à mes amis et à mes collègues de travail », explique-t-elle.

Cancer de l’ovaire de stade 3

Début août, Jen prend un congé professionnel de son poste de sous-ministre adjointe des Communications à Santé Canada et à l’Agence de la santé publique du Canada. Peu après, elle rencontre le Dr Wylam Faught, chef de la Division d’oncologie gynécologique qui se trouve au Centre de santé pour les femmes Shirley-E. Greenberg au Campus Riverside.

« Il vous traite comme une personne, et non pas comme une patiente sur une longue liste de patients ».

— Jen Hollington

Le Dr Faught prend le temps d’expliquer à Jen ce à quoi probablement s’attendre avec un possible diagnostic de cancer de l’ovaire de stade 3. « Nous nous montrons très réalistes lorsque nous rencontrons une patiente confrontée à un tel diagnostic. Nous tentons d’entamer le parcours thérapeutique de la patiente en l’ayant bien informée –chaque patient est différent ».

Jen recevant des soins

Pour Jen, cette approche est exactement ce dont elle a besoin. « Le Dr Faught fait preuve de beaucoup d’empathie, mais aussi de réalisme quant aux difficultés liées au cancer de l’ovaire, ce dont je lui suis reconnaissante. Il vous traite comme une personne, et non pas comme une patiente sur une longue liste de patients. Il est rassurant de savoir que nous allons de l’avant, mais aussi effrayant ».

Répercussions de la recherche sur les patientes atteintes d’un cancer de l’ovaire

En 2024, on estime que 3 000 Canadiennes ont reçu un diagnostic de cancer de l’ovaire. Bien que cette maladie touche des femmes de tous les âges, elle est plus fréquente chez celles postménopausées. Malheureusement, le taux actuel de survie à 5 ans n’est que 45 %, et c’est la raison pour laquelle la recherche à tous les niveaux joue un rôle primordial dans la promotion de nouvelles options thérapeutiques.

Des chercheurs comme la Dre Barbara Vanderhyden et son équipe au laboratoire Vanderhyden à L’Hôpital d’Ottawa se consacrent à étudier cette maladie.

Détection de la mutation du gène BRCA2 lors de tests

Fin août, Jen subit une hystérectomie au cours de laquelle sont également enlevés le col de l’utérus, les ovaires et les trompes de Fallope, suivie de six traitements de chimiothérapie. Son oncologue gynécologique, le Dr Tien Le, réussit à retirer la plupart du cancer visible. Le dernier rapport de pathologie confirme que Jen a un carcinome séreux de haut grade de stade 3 provenant de son ovaire. Heureusement, cela signifie qu’il existe de très bonnes options thérapeutiques initiales pour traiter son cancer.

« Le Dr Le me dit qu’ils considèrent de plus en plus le cancer de l’ovaire comme étant une maladie chronique, pour que les personnes puissent vivre beaucoup plus longtemps. Cela m’encourage tout particulièrement », précise Jen.

Le même rapport de pathologie indique aussi que des cellules tumorales de l’ovaire renferment la mutation du gène BRCA2. Des tests génétiques sont proposés pour savoir si elle est porteuse de la mutation génétique. Cela pourrait avoir d’autres répercussions sur ses proches parents et nécessiter d’autres traitements pour la patiente.

Tous les êtres humains ont les gènes BRCA (BRCA1 et BRCA2), qui leur sont transmis l’un et l’autre par chaque parent. Si un parent a une mutation, il y a 50 % de probabilité que vous en héritiez. De telles mutations génétiques sont connues pour prédisposer leur porteuse à avoir un cancer héréditaire du sein et de l’ovaire, parmi d’autres cancers.

« Les patientes ayant cette mutation ont tendance à avoir un bien meilleur pronostic qu’une personne qui n’est pas porteuse de cette mutation génétique, car il existe davantage d’options thérapeutiques, et que la patiente répond mieux à la chimiothérapie. Ce sont en fin de compte de bonnes nouvelles ».

— Dr Wylam Faught

S’il est vrai que la nouvelle inquiète Jen dans un premier temps, le Dr Faught lui explique qu’elle est synonyme d’espoir. « Les patientes ayant cette mutation ont tendance à avoir un bien meilleur pronostic qu’une personne qui n’est pas porteuse de cette mutation génétique, car il existe davantage d’options thérapeutiques, et que la patiente répond mieux à la chimiothérapie. Ce sont en fin de compte de bonnes nouvelles ».

Une fois sa chimiothérapie terminée, Jen peut recevoir une nouvelle classe efficace de médicaments administrés par voie orale connus sous le nom d’inhibiteurs de PARP ou Olaparib. « Cela ne fait que quelques années que ce groupe de patientes porteuses de la mutation génétique BRCA bénéficie de ce nouveau médicament, ce qui, dans certains cas, a le potentiel de les mettre en rémission. Ainsi, malgré son diagnostic de cancer de l’ovaire, il y a une lueur d’espoir », d’ajouter le Dr Faught.

Jen avec son mari et leurs deux enfants 

Augmenter ses chances à l’avenir

En raison des résultats du test génétique mettant Jen à un risque plus élevé d’avoir un cancer du sein, le Dr Le la recommande auprès de la Dre Erin Cordeiro, une chirurgienne oncologue du sein à L’Hôpital d’Ottawa.

« La Dr Cordeiro est claire, respectueuse et aimable en répondant à toutes mes questions et en me fournissant les informations détaillées dont j’ai besoin pour prendre ma décision finale sur l’une des deux options » de dire Jen.

Ces options comprennent la poursuite des mammographies annuelles et des IRM mammaires dans le cadre du programme ontarien de dépistage des cas à risque élevé de cancer ou de faire une mastectomie bilatérale préventive. Grâce à de nombreuses statistiques, notamment sur la façon dont la chirurgie préventive réduirait de 95 % son risque d’avoir un cancer du sein, Jen étudie ses options.

« Je sais tout de suite que la chirurgie est la meilleure option pour moi. Je suis tellement rassurée par l’appel de la Dre Cordeiro. J’en ressors en sachant beaucoup plus sur les options qui s’offrent à moi ainsi que sur leurs avantages et leurs inconvénients.

L’étape suivante consiste à rencontrer un chirurgien plasticien, car, comme l’a expliqué la Dre Cordeiro, elle enlèverait le tissu mammaire et le chirurgien plasticien reconstruirait les seins au cours de la même intervention chirurgicale.

Un autre diagnostic de cancer

Peu avant ses rendez-vous concernant sa mastectomie, Jen interroge son médecin de famille à propos d’un fragment de peau qui s’accompagne de démangeaison près de l’anus et qui est là depuis quelques années sans pour autant l’inquiéter. En septembre 2021, elle voit un dermatologue qui fait une biopsie. « Il mentionne la possibilité que ce soit un cancer. Je me dis “Bon sang, comme si j’avais vraiment besoin d’un autre cancer dans ma vie”. »

Au bout de quelques jours, le diagnostic tombe : Jen a un second cancer, un carcinome squameux de la marge anale, à savoir un carcinome épidermoïde de l’anus. En raison de ce nouveau diagnostic, elle côtoie une toute nouvelle équipe de cancérologie à l’Hôpital.

Le Dr Robin Boushey, chirurgien colorectal, retire une tumeur mesurant près d’un centimètre. Lorsque le rapport de pathologie postopératoire indique qu’il reste des cellules précancéreuses dans les marges, le Dr Boushey envoie Jen consulter la Dre Jenny Jin, radio-oncologue.

« Le rapport de pathologie montre la présence de tumeurs précancéreuses le long du bord de la tumeur. Nous savons qu’elle a un risque assez élevé de récidive locale en l’absence d’autres traitements », précise la Dre Jin.

« Aucun signe de récidive; cela fera bientôt trois ans. Les plus forts taux de récidive sont constatés lors des deux premières années; ces chances ne font donc qu’en augmentant ».

— Dre Jenny Jin

Une autre intervention chirurgicale est possible, mais cela n’est pas sans risque et pourrait avoir un impact sur la qualité de vie de Jen. « S’il fallait faire une plus grande ablation, Jen pourrait se retrouver avec un sac de stomie permanent pour évacuer ses selles; nous adoptons une approche axée sur la préservation d’organes », d’ajouter la Dre Jin.

En février 2022, Jen finit 25 séances de radiothérapie. « Elle se porte très bien depuis. Aucun signe de récidive; cela fera bientôt trois ans. Les plus forts taux de récidive sont constatés lors des deux premières années; ces chances ne font donc qu’en augmentant », de dire la Dre Jin.

Pour Jen, c’est un autre immense obstacle qu’elle réussit à surmonter.

Jen et l’infirmière Hillary sonnent la cloche des radiations au Centre de cancérologie Famille Irving Greenberg.
Jen sonne la cloche à l’Hôpital d’Ottawa

Un soutien très important indéfectible

Tout au long de son parcours, Jen est marquée par les nombreuses équipes multidisciplinaires qui prennent soin d’elle, notamment le personnel infirmier et les professionnels paramédicaux. L’une d’entre elles en particulier a un impact considérable. Jacinthe Lepage est infirmière à L’Hôpital d’Ottawa depuis plus de 30 ans, et elle a passé la majeure partie de sa carrière à travailler en gynécologie oncologique.

Plus récemment, son rôle a évolué pour inclure une clinique d’inhibiteurs de PARP, la première du genre dirigée par du personnel infirmier, au Centre de cancérologie de L’Hôpital d’Ottawa.

« La clinique a ouvert ses portes en mars 2023 et il n’existe aucune autre clinique de ce genre au Canada, explique Jacinthe. Il y a beaucoup de surveillance et d’appels lorsque quelqu’un prend ce médicament; je suis donc l’infirmière qui est là pour ces patientes ».

C’est cette expérience, cette compassion et cette franchise que Jacinthe apporte aux patients qui ont ému Jen. « Jacinthe est fabuleuse; elle m’a accompagnée tout au long de cette expérience. Elle m’a réconfortée et écoutée lorsque j’avais des questions. Elle est toujours là ».

Jacinthe Lepage, infirmière en oncologie clinique

« Je ne vois pas le cancer quand je leur parle, parce que je sais qu’ils ne veulent pas être identifiés comme tels. Pour moi, il est très important de traiter la personne qui se trouve derrière tout cela ».

— Jacinthe Lepage

Pour Jacinthe, c’est un rôle particulier qu’elle prend très au sérieux et qui est différent pour chaque personne. « Nous traitons le cancer, mais je vois la personne derrière tout cela. Je ne vois pas le cancer quand je leur parle, parce que je sais qu’ils ne veulent pas être identifiés comme tels. Pour moi, il est très important de traiter la personne qui se trouve derrière tout cela ».

Comme elle l’explique, ils doivent pouvoir s’ouvrir et poser toutes les questions qu’ils souhaitent. « Je sais que certains ont peur de poser des questions sur la mort et la fin de vie, sur le pronostic et tout le reste, mais je me dis toujours que s’ils ont le courage de demander, je ne peux rien leur cacher. Lorsqu’ils posent des questions, c’est qu’ils sont prêts à entendre la réponse ».

De l’espoir à l’avenir pour les patientes confrontées à un diagnostic de cancer de l’ovaire

Quatre ans et demi après le début de cette aventure, Jen n’a pas de cancer. Le chemin a été semé d’embûches, notamment en ce qui concerne la chirurgie de reconstruction mammaire, un processus qui se poursuit. Elle a même offert de l’espoir et des conseils à d’autres personnes grâce au blogue qu’elle a créé, Jenesis, qui est aussi thérapeutique pour elle.

« Pour le moment, en l’absence du moindre signe de la maladie, le risque de récidive est assez faible. Selon le Dr Faught, ce risque est pour moi inférieur à 10 %. J’ai retenu mes larmes lorsqu’il me l’a dit ».

— Jen Hollington

En novembre 2024, elle atteint une étape importante lorsque des médecins recommandent qu’elle arrête la prise d’inhibiteurs de PARP, ce qui prévient la croissance de tumeurs cancéreuses de l’ovaire. « Rien ne prouve que la poursuite de la prise de ce médicament aurait un avantage à long terme au-delà de deux ans » explique le Dr Faught.

La décision n’est pas facile à prendre pour Jen, car il est quelque peu rassurant de savoir qu’elle va bien en prenant ce médicament. « Pour le moment, en l’absence du moindre signe de la maladie, le risque de récidive est assez faible. Selon le Dr Faught, ce risque est pour moi inférieur à 10 %. J’ai retenu mes larmes lorsqu’il me l’a dit, en me rappelant qu’il m’avait dit en août 2020 que le risque de récidive d’un cancer de l’ovaire était d’environ 80 % », précise Jen.

Aux dires du Dr Le, de nouveaux espoirs se profilent à l’horizon pour les patientes atteintes d’un cancer de l’ovaire. « Nous mettons en œuvre un nouveau programme à L’Hôpital d’Ottawa pour dynamiser les soins et améliorer la survie des patientes atteintes d’un cancer de l’ovaire sous la forme d’une chimiothérapie hyperthermique intrapéritonéale (CHIP) qui consiste à injecter une solution de chimiothérapie réchauffée dans la cavité abdominale au moment de leur chirurgie oncologique. Il est prouvé que cette stratégie permet d’améliorer considérablement la survie des patientes ayant un cancer de l’ovaire dans des cas bien précis ».

S’il est vrai que de plus en plus de centres adoptent cette thérapie, L’Hôpital d’Ottawa serait seulement le second hôpital en Ontario à l’offrir aux patientes. Ce sont des découvertes comme celle-ci qui donnent à des patientes comme Jen de l’espoir face à des options thérapeutiques plus efficaces et à un meilleur taux de survie.

Alors que Jen poursuit sa vie, elle apprécie des aspects qu’elle n’avait jamais remarqués auparavant. « De précieux moments qui auraient pu autrefois me sembler prosaïques deviennent plus clairs et lumineux chaque jour que la vie me donne, et je suis reconnaissante d’être encore là ».

Publié : janvier 2025

Personne active depuis toujours, Kumar Visvanatha a commencé à remarquer des changements inquiétants en 2020. Ce retraité de l’industrie de la haute technologie adorait faire du vélo et de la randonnée et voyageait parfois au Colorado pour en parcourir les sentiers. Pilote d’avion, il aimait aussi fendre les airs. Cependant, dans le contexte de la pandémie, comme tant d’autres personnes, les activités qu’il aimait lui étaient devenues inaccessibles. Et l’isolement dans lequel il s’est retrouvé a profondément bouleversé son bien-être.

« J’ai alors commencé à me sentir anxieux et malheureux. J’avais très peu d’énergie. J’étais convaincu d’avoir un problème physique. Je n’ai jamais pensé que c’était une dépression . »

— Kumar Visvanatha

Il ne se doutait pas que cette situation engendrerait une spirale sans fin. En 2022, des maux de dos devenus chroniques ont exacerbé la situation. Sa qualité de vie s’est peu à peu dégradée. Faute de médecin de famille, il multipliait les consultations dans des cliniques sans rendez-vous, sans jamais obtenir de réponse ou de soulagement.

Kumar, pilote d’avion, fendant les airs.

« J’ai alors commencé à me sentir anxieux et malheureux. J’avais très peu d’énergie. J’étais convaincu d’avoir un problème physique. Je n’ai jamais pensé que c’était une dépression », a expliqué Kumar.

Bientôt, Kumar ne se reconnaissait plus. C’est à ce moment qu’il a fait appel à l’équipe de santé mentale de L’Hôpital d’Ottawa.

La spirale infernale de la dépression

Plusieurs examens et analyses avaient confirmé que Kumar ne souffrait pas d’une maladie physique. Néanmoins, sa qualité de vie était en chute libre. À l’été de 2023, cet homme auparavant actif et motivé traversait une période très sombre. « Je ne me reconnaissais pas; l’homme dont je voyais la réflexion dans le miroir m’était complètement inconnu », explique Kumar.

« Tout espoir m’avait complètement quitté. »

— Kumar Visvanatha

Son énergie était au plus bas, il n’arrivait pas à dormir, il ne voulait rien faire. Sa seule activité consistait à « se morfondre à la maison ». Kumar ne sortait plus. Il ne comprenait pas ce qui lui arrivait et n’aurait pas su comment expliquer aux membres de son réseau qu’il n’était plus cet homme actif et sociable qu’ils connaissaient auparavant. Kumar se sentait complètement isolé. « Tout espoir m’avait complètement quitté. »

C’est à ce moment, en juillet 2022, que sa conjointe a insisté pour l’accompagner à l’Urgence du Campus Civic de L’Hôpital d’Ottawa, où il a fait la connaissance du Dr Andrew Greene, un psychiatre de l’équipe. « Kumar avait touché le fonds. Il croyait qu’il ne serait plus jamais lui-même », d’expliquer le Dr Greene.

De l’aide pour soigner une dépression à L’Hôpital d’Ottawa

Ce n’était pas le premier contact de Kumar avec L’Hôpital d’Ottawa, quoique les circonstances furent auparavant bien différentes. Avant de prendre sa retraite, Kumar avait travaillé chez JDS Uniphase, cette entreprise dont le personnel avait uni ses forces pour recueillir 15 millions de dollars pour l’Unité de soins critiques au Campus Général, qu’on appelle maintenant l’Aile des soins critiques Héritage des employés de JDS Uniphase. À l’époque, Kumar ne pouvait se douter qu’un jour, il recevrait des soins critiques en santé mentale à L’Hôpital d’Ottawa.

Heureusement, le Programme de santé mentale de L’Hôpital d’Ottawa offre le diagnostic et le traitement précoces des maladies mentales graves. Les deux services d’urgence psychiatrique de l’Hôpital et les 96 lits réservés aux soins de courte durée en font souvent le premier établissement vers lequel se tournent les personnes aux prises avec une crise de santé mentale à Ottawa. De plus, l’Hôpital offre trois programmes régionaux aux personnes vivant un premier épisode de psychose, des troubles d’alimentation ou un problème de santé mentale périnatale, en plus de déployer une équipe mobile de crise dans notre collectivité. Le Programme de santé mentale est aussi un chef de file de la recherche et il propose de nouvelles thérapies novatrices pour les patients.

Le défi de la dépression pourrait se résumer comme suit : les personnes qui en souffrent ont tendance à penser et à faire exactement le contraire de ce dont elles ont besoin pour se sentir mieux. Elles s’isolent, cessent de sortir et de faire des activités.
— Dr Andrew Greene

Lors de la consultation initiale, le Dr Greene a immédiatement observé que Kumar posait un regard lucide sur sa situation et voulait sincèrement aller mieux, mais qu’il avait besoin d’aide pour entreprendre le virage requis. Kumar a reçu un diagnostic de trouble dépressif majeur, une maladie mentale qui prive la personne atteinte de son élan habituel et l’empêche pendant une période prolongée de vivre pleinement les choses qui lui apportent habituellement du bonheur.

Le Dr Greene précise : « C’est un trouble vraiment persistant. Habituellement, les symptômes se font sentir pendant des mois, voire des années. Le défi de la dépression pourrait se résumer comme suit : les personnes qui en souffrent ont tendance à penser et à faire exactement le contraire de ce dont elles ont besoin pour se sentir mieux. Elles s’isolent, cessent de sortir et de faire des activités. Graduellement, leur inactivité aggrave leurs symptômes. »

Après la première évaluation à l’Urgence, Kumar est retourné chez lui avec des médicaments et un plan de traitement prévoyant sa participation au programme de compétences de transition.

Les solutions du programme de compétences de transition

Kumar a accepté de participer au programme de compétences de transition, qui comprend des séances de thérapie cognitivo-comportementale. Les séances d’une demi-journée sont offertes quatre fois par semaine.

« Nous aidons les gens à prendre conscience de la façon dont ils réfléchissent aux choses, affirme le Dr Greene. Dans certains cas, leurs réflexions produisent des pensées négatives ou très sombres qui affectent leur humeur. Nous examinons également l’effet de leurs comportements – les choses qu’ils font ou ne font pas – sur leur humeur. »

Kumar souligne les grands bienfaits que le programme lui a apportés pendant son rétablissement. « Parmi les différents sujets enseignés, j’ai vraiment été sensible aux dimensions de la pleine conscience, de la compassion envers soi et de la thérapie cognitivo-comportementale, et je mets régulièrement ces approches à profit encore aujourd’hui. »

« Graduellement, j’ai retrouvé mes repères. J’avais de plus en plus d’énergie, alors petit à petit, j’ai repris mes promenades à pied et à bicyclette.  »

— Kumar Visvanatha

Il souligne également d’autres éléments bénéfiques du programme, notamment le groupe de régulation émotionnelle, le groupe d’établissement d’objectifs et le journal de gratitude.

La guérison est un long processus. Les rendez-vous de Kumar se sont poursuivis avec le Dr Greene. Il a fallu déterminer quelle dose de médicament lui convenait. Et en plus de participer au programme à l’Hôpital, Kumar rencontrait régulièrement un thérapeute.

Il a fallu beaucoup de temps et de patience, puis Kumar a recommencé à se sentir lui-même en avril 2024. « Graduellement, j’ai retrouvé mes repères. J’avais de plus en plus d’énergie, alors petit à petit, j’ai repris mes promenades à pied et à bicyclette. Mes activités ont agi comme un médicament pour moi. Lentement, mais sûrement, j’ai commencé à me sentir mieux. »

Un heureux retour à une vie saine et active

« Un trouble dépressif majeur est une affection temporaire. C’est très important que tout le monde comprenne cet aspect, dont je parle constamment à mes patients. Je leur dis sans cesse : je ne peux dire quand exactement, mais je peux vous garantir qu’un jour, ça ira mieux. » 

— Dr Andrew Greene

Tout au long de son traitement, le Dr Greene répétait à Kumar que sa dépression ne durerait pas éternellement. « Lorsque les gens sont plongés dans une profonde dépression, ils croient qu’ils ne s’en sortiront jamais, explique-t-il. Un trouble dépressif majeur est une affection temporaire. C’est très important que tout le monde comprenne cet aspect, dont je parle constamment à mes patients. Je leur dis sans cesse : je ne peux dire quand exactement, mais je peux vous garantir qu’un jour, ça ira mieux. » 

C’est un message très important à transmettre aux patients comme Kumar. « Je ne m’y attendais vraiment pas. Je ne comprenais pas du tout la dépression. Je me souviens d’avoir déjà songé : si quelqu’un se sent triste ou déprimé, il n’a qu’à sortir un peu et faire quelque chose d’amusant. Je sais maintenant qu’un trouble dépressif peut toucher n’importe qui, et qu’il ne suffit pas de volonté pour s’en sortir. »

Aujourd’hui, Kumar a repris ses activités et retrouvé sa joie de vivre. En songeant aux soins qu’il a reçus, il ressent beaucoup de gratitude. Il s’estime aussi très chanceux d’avoir reçu le soutien aimant de sa conjointe et d’amis très chers. Au cours de cette période difficile, ses proches prenaient de ses nouvelles régulièrement et insistaient pour qu’il sorte prendre l’air et faire des promenades.

Et maintenant, quand il se regarde dans le miroir, il voit une personne bien différente de l’image que lui renvoyait la glace il y a deux ans : « Je suis un peu plus vieux, c’est vrai, dit-il en souriant. Mais c’est bien moi, je me reconnais. »

Kumar dans les Rocheuses du Colorado

Si quelqu’un a besoin d’aide :

Si vous connaissez quelqu’un qui pourrait souffrir d’une dépression et avoir besoin d’aide, une consultation auprès d’un médecin de famille est un bon point de départ. Si vous n’avez pas de médecin de famille, rendez-vous sur AccèsSMT.ca. Il s’agit d’un point d’accès centralisé aux ressources en santé mentale et en dépendances offertes dans notre région. Inscrivez-vous pour recevoir l’appel d’un membre du personnel qui vous mettra en relation avec les ressources appropriées.

Écoutez cet épisode du balado Pulse (en anglais seulement) pour entendre le Dr Andrew Greene présenter les soins offerts à l’Hôpital en matière de santé mentale et de dépression.

Listen Now:

Parmi les centaines d’annonces de naissance publiées dans l’Ottawa Citizen au fil des ans et mentionnant le Dr Manuel « Manny » Gluck comme médecin accoucheur, deux sont particulièrement remarquables et significatives, surtout aujourd’hui : Justin Trudeau et Alexandre « Sacha » Trudeau sont nés le jour de Noël 1971 et 1973 respectivement.

Les deux garçons ont été mis au monde par le Dr Gluck, un obstétricien et gynécologue réputé d’Ottawa, qui travaillait à l’Hôpital civique d’Ottawa. Le Dr Gluck, qui était le médecin de famille de la famille Trudeau, est décédé en 2023, mais après presque deux décennies passées à l’Hôpital Civic, son souvenir et son impact sont toujours présents pour d’innombrables familles.

« Il était très fier d’être médecin et de mettre des bébés au monde », explique son épouse, Cheryle Hothersall-Gluck. « Tenir un nouveau-né dans ses bras, lui donner la vie, cela signifiait tout pour lui.

Le Dr Gluck a également contribué à faire évoluer les normes sociétales entourant l’accouchement, en défendant l’idée que les pères devraient être encouragés à être présents dans la salle d’accouchement. Cela a permis à de nombreuses familles de profiter ensemble de ce moment précieux.

Reconnu par de nombreux patients pour sa gentillesse et sa remarquable capacité à écouter avec une profonde compassion, il est intéressant de noter que la médecine n’était pas le premier choix du Dr Gluck. Il a commencé sa carrière professionnelle en tant que biochimiste au ministère de l’agriculture avant d’obtenir un diplôme de médecine à l’université d’Ottawa en 1956. Il a travaillé à Mount Sinai Beth Israel à New York, à l’Hôpital général juif et à St. Mary’s à Montréal avant de revenir à Ottawa, sa ville natale, et de faire partie intégrante du tissu même de l’Hôpital d’Ottawa.

Quant à sa relation avec les Trudeau, Mme Hothersall-Gluck dit que son mari était plutôt nonchalant à ce sujet.

Cheryle Hothersall-Gluck et le Dr Manuel (Manny) Gluck

« J’ai entendu dire que Margaret l’aimait beaucoup et que Pierre l’aimait beaucoup aussi, » se souvient-elle, « Et c’est ainsi qu’il a continué à mettre au monde leurs bébés ! »

Le Dr Gluck est décédé le 25 août 2023, à l’âge de 95 ans, dans l’enceinte même de l’hôpital où il a donné vie à tant de choses.

Published: December 2024

Lorsque Sophie Leblond Robert a été emmenée d’urgence au Campus Civic de L’Hôpital d’Ottawa, qui héberge le Réseau régional des AVC de Champlain, le temps ne jouait pas en sa faveur. Sophie, conceptrice d’intérieurs d’à peine 35 ans, mariée et mère de deux enfants, venait de faire un AVC du tronc cérébral. Notre équipe d’experts en AVC de renommée internationale était toutefois prête pour lui venir en aide.

Son calvaire a commencé en mai 2020 lorsqu’elle a ressenti une douleur au cou. Elle a d’abord consulté son médecin de famille, qui lui a prescrit des médicaments qui se sont révélés peu efficaces. Elle a obtenu le même résultat après avoir consulté un chiropraticien. Puis, un jour, elle a ressenti une sensation étrange dans le cou lorsqu’elle s’est retournée pour voir ses enfants dans la voiture. Une semaine plus tard, vers la mi-juin, pendant qu’elle jardinait dans son jardin en arrière, elle s’est retournée et a senti un pincement dans le cou – elle a alors su que quelque chose n’allait pas. Comme Sophie avait déjà fait des crises d’épilepsie, elle a supposé que cela en était la cause.

À son arrivée à l’Urgence du Campus Civic, elle a été accueillie par l’équipe spécialisée en AVC, qui a constaté une déchirure de l’artère vertébrale. Celle-ci relie la nuque à une autre artère clé appelée artère basilaire. Une telle déchirure peut entraîner la formation de caillots à l’intérieur des artères et ces caillots peuvent dangereusement bloquer la circulation sanguine vers le cerveau.

Un médicament thrombolytique vital

La situation était urgente. Les caillots mettaient sa vie en danger. Sophie a immédiatement reçu un puissant thrombolytique – un médicament conçu pour dissoudre les caillots. Le personnel l’a aussi préparée à une thrombectomie afin de retirer les caillots de l’artère principale située à l’arrière du cerveau.

Comme l’explique le Dr Daniel Lelli, neurologue, neuro-ophtalmologue et membre de l’équipe spécialisée en AVC, si cette artère est obstruée par un caillot, le patient ne peut pas survivre.

« Le tronc cérébral est indispensable pour respirer et rester en vie. L’équipe a donc réalisé une thrombectomie mécanique et a enlevé le caillot. Malheureusement, d’autres caillots ont continué de bloquer la circulation sanguine vers le cerveau chaque fois qu’un caillot était enlevé », explique le Dr Lelli.

L’équipe d’intervention rapide a décidé d’utiliser plusieurs endoprothèses pour forcer l’ouverture de l’artère principale, de l’artère basilaire et de l’artère vertébrale. Heureusement, cette intervention rapide a rétabli la circulation sanguine et sauvé la vie de Sophie.

Syndrome d’enfermement

Un autre défi effrayant attendait toutefois Sophie : le syndrome d’enfermement. Ce syndrome peut survenir si un AVC endommage le tronc cérébral et provoque une paralysie complète pendant que la personne est encore consciente.

« Le tronc cérébral est un réseau de nerfs s’étendant du cerveau jusqu’aux bras et aux jambes, en plus de contrôler aussi beaucoup d’autres mouvements, notamment ceux de la bouche et des yeux, ainsi que la déglutition », poursuit le Dr Lelli.

Dr Daniel Lelli

« La seule chose que je pouvais faire était d’ouvrir et de fermer les paupières. Je ne pouvais rien faire d’autre. »

— Sophie Leblond Robert

Ce fut une épreuve terrifiante pour Sophie. « La seule chose que je pouvais faire était d’ouvrir et de fermer les paupières. Je ne pouvais rien faire d’autre. Je pouvais ressentir la douleur, sans pouvoir autant la communiquer. »

Sophie a été transférée dans l’Unité de soins intermédiaires en neurosciences, qui permet d’offrir le niveau de soins le plus élevé en dehors de l’Unité de soins intensifs. Le personnel a alors réalisé une trachéotomie pour faciliter le passage de l’air vers les poumons et installé une sonde d’alimentation.

Les médecins ne savaient pas si elle survivrait, et ses chances de pouvoir bouger de nouveau étaient minces.

Sophie était enfermée dans son corps et sa famille ne savait pas si elle avait conscience de ce qui se passait autour d’elle. C’est alors que ses proches ont commencé à chercher un moyen de communiquer avec elle.

Suzanne Leblond, la mère dévouée de Sophie, se souvient que très tôt, elle a posé des questions à sa fille. Elle lui a demandé de cligner des yeux deux fois pour dire non et une fois pour dire oui. Elle lui a demandé si elle s’appelait Joanne. Sophie a cligné deux fois des yeux. Elle lui a ensuite demandé si elle s’appelait Mary. Sophie a cligné deux autres fois. Lorsqu’elle lui a demandé si elle s’appelait Sophie, elle a cligné une seule fois des yeux.

« Il était donc tout à fait évident que nous pouvions communiquer avec elle, mais cela lui demandait beaucoup d’efforts. Nous devions faire une pause entre chaque question », explique Suzanne.

Qu’est-ce que le syndrome d’enfermement?

Le syndrome d’enfermement est un trouble neurologique rare dans laquelle une partie du tronc cérébral est endommagée, provoquant une déconnexion entre le cerveau et le corps. Le résultat est que les fonctions cognitives de la personne restent intactes, mais qu’elle souffre d’une paralysie quasi complète. La plupart des personnes pourront entendre et cligner ou bouger les yeux pour communiquer.

Long cheminement vers la guérison

C’était le premier pas sur le long et douloureux chemin vers la guérison parsemé de nombreuses inconnues. Sophie était toutefois entourée d’une équipe de soins intégrée et sa mère et son mari étaient à ses côtés vingt-quatre heures sur vingt-quatre.

Ce n’est qu’environ quatre semaines après l’hospitalisation de Sophie que le prochain signe positif s’est produit. Un jour, elle a pu bouger un doigt de la main gauche. C’était un petit pas, mais un pas important, qui lui a aussi apporté un peu de soulagement et une touche d’humour. « La première chose que j’ai pu bouger, c’est mon majeur gauche. J’ai donc été surnommée la « fille au doigt d’honneur » pendant au moins deux mois », ajoute Sophie en souriant.

« Nous avons commencé par lui montrer, ainsi qu’à sa famille, comment commencer à bouger les membres pour essayer de réapprendre au cerveau à les bouger. »

— Linda Powers
Sophie bouge son doigt
Sophie se fait faire les ongles
Sophie fait de l'exercice au lit

C’est à cette époque que Linda Powers, physiothérapeute spécialisée en AVC, a rencontré Sophie. Elle s’occupe de patients à L’Hôpital d’Ottawa depuis 28 ans et a principalement travaillé dans l’unité de traitement des AVC. Linda avait un solide bagage en réadaptation à mettre à profit auprès de la jeune patiente.

« Le côté gauche de Sophie était plus fort dès le début. Nous avons commencé par lui montrer, ainsi qu’à sa famille, comment commencer à bouger les membres pour essayer de réapprendre au cerveau à les bouger », explique Mme Powers.

C’est habituellement à ce stade que la confiance s’installe entre le patient et l’équipe de soins. Il faut d’abord amener le patient à s’asseoir au bord du lit et à apprendre à contrôler son équilibre en position assise. « C’est l’une des premières choses que nous avons faites avec Sophie. Elle avait besoin d’un soutien total – elle ne pouvait même pas tenir sa propre tête. »

Est ensuite venue l’étape de sortir Sophie du lit à l’aide d’un harnais semblable à un hamac qui soulève le patient jusqu’à une chaise. Il a fallu attendre encore deux mois avant d’essayer le transfert par pivot, qui consiste à mettre une partie de son poids sur une jambe pour passer d’un siège à un autre.

Le processus a été lent. « Elle avait toutefois tous les atouts en main : son âge, l’intervention de l’équipe spécialisée en AVC dès les premiers jours et la physiothérapie, bien sûr, parce que plus on en fait pendant les six premiers mois, plus on a de chances de se rétablir, poursuit Mme Powers. Elle avait aussi une famille incroyable qui la soutenait quand nous n’étions pas là. »

Approche d’équipe véritablement multidisciplinaire

Après six semaines d’hospitalisation, Sophie avait toujours du mal à contrôler ses yeux à cause de l’AVC. L’équipe a alors fait appel au Dr Lelli en raison de sa spécialisation en neuro-ophtalmologie.

« Lorsqu’elle essayait de regarder quelque part, Sophie ne pouvait pas contrôler le mouvement. Ses yeux allaient au-dessus ou au-dessous de sa cible, puis elle devenait étourdie. Elle avait également beaucoup de mal à concentrer son regard; tout cela était dû aux différents muscles et mécanismes de contrôle touchés par l’AVC », explique le Dr Lelli.

Sophie avec ses deux filles
Sophie à l’hôpital
Sophie avec sa famille

« Je me suis dit que si je fais ça, je le fais à fond. Je vais reporter ces chaussures à talons hauts. Je vais reconduire. J’ai ce qu’il faut. Je le fais. »

— Sophie Leblond Robert

Il a travaillé avec les ergothérapeutes et les physiothérapeutes afin de s’assurer que Sophie faisait des exercices pour essayer de reprendre le contrôle de ses mouvements oculaires. C’est un exemple révélateur des multiples disciplines qui doivent travailler en équipe pour favoriser le rétablissement après un grave AVC.

La détermination de Sophie a été un facteur déterminant dans ce long chemin vers le rétablissement. Elle craignait au début d’être un fardeau pour sa famille, mais elle voulait retrouver sa vie, dans tous ses aspects, même si tout jouait contre elle au départ. « Je me suis dit que si je fais ça, je le fais à fond. Je vais reporter ces chaussures à talons hauts. Je vais reconduire. J’ai ce qu’il faut. Je le fais. »

Après quatre mois et demi dans l’unité de neurosciences à livrer un dur combat et à faire face à une longue liste de complications découlant de l’AVC, elle est parvenue à l’étape du transfert au Centre de réadaptation de L’Hôpital d’Ottawa.

C’est là qu’une toute nouvelle équipe a pris la relève pour lui prodiguer des soins, notamment Andrea Chase, une physiothérapeute qui s’occupe de patients présentant des atteintes neurologiques. Elle travaille à l’hôpital depuis environ 20 ans. Elle explique qu’après un AVC, les patients se rendent normalement au Centre Bruyère. En raison du syndrome d’enfermement, Sophie avait plutôt besoin de l’équipe spécialisée de L’Hôpital d’Ottawa.

« Fougue et détermination »

Lorsque Mme Chase a rencontré Sophie, elle se souvient que celle-ci était fougueuse et déterminée malgré ses nombreuses difficultés. À cette époque, Sophie avait de la difficulté à bouger ses membres et à contrôler sa vision – parfois, le simple fait de regarder dans un environnement animé était trop difficile. Elle avait une voix douce et faible. Il lui était difficile de parler, de tousser ou même de respirer. Elle avait également de la difficulté à avaler.

“Basically, cognitively she was aware. She was herself, but all the systems we take for granted as healthy people were affected. She had many really complex needs.”

— Andrea Chase
« Sur le plan cognitif, elle était bien consciente. Elle était elle-même, mais tous les systèmes que nous tenons pour acquis lorsque nous sommes en bonne santé étaient touchés. Elle avait de nombreux besoins très complexes, précise Mme Chase. Dès le début, toutefois, elle a été déterminée. Elle m’a dit qu’elle irait mieux. Elle m’a parlé de ses jolies petites filles, de son mari et de ses œuvres d’art. C’est une artiste et elle voulait s’y remettre tout de suite. »
Andrea Chase

C’est là que l’établissement d’objectifs devient un élément très important du programme de soins. Selon Mme Chase, dans de nombreux cas, le patient repart de zéro. « Nous commençons par travailler sur des choses simples en remontant presque jusqu’au développement de l’enfant. Nous pouvons avoir besoin de plusieurs personnes pour travailler sur des choses aussi simples que s’asseoir ou se retourner dans le lit. Ensuite, nous ajoutons petit à petit des choses plus complexes, comme se tenir debout, puis marcher. Lorsqu’elle est devenue un peu plus mobile jusqu’à se tenir debout et faire quelques pas, nous l’avons emmenée dans notre laboratoire de réalité virtuelle. »

Ce laboratoire est doté du système CAREN. C’est une technologie de pointe qui permet aux patients d’explorer des mises en situation en 3D sur des écrans géants à 180 degrés qui fonctionnent conjointement avec une plateforme mobile, un tapis roulant contrôlé à distance et une sonorisation ambiophonique. Les patients sont protégés par un harnais pendant qu’ils retrouvent leurs aptitudes, leur force et leur confiance.

Sophie porte de nouveau des talons hauts et célèbre avec son mari, Martin Robert

« Une date de sortie plus que magique »

Chaque jour, Sophie a déjoué les pronostics et allait de mieux en mieux. Elle s’est d’ailleurs rapidement fixé un nouvel objectif. « Elle voulait vraiment rentrer chez elle pour Noël, ajoute Mme Chase. Nous l’avons ramenée chez elle, auprès de ses enfants et de sa famille. C’était une date de sortie plus que magique, c’est sûr. »

« J’avais vraiment besoin d’être à la maison. Je voulais que ce soit amusant pour elles que maman soit à la maison. »

— Sophie Leblond Robert

C’était en effet magique. En raison de la pandémie, Sophie avait vu ses deux filles seulement trois fois en six mois. « J’avais vraiment besoin d’être à la maison. Je voulais que ce soit amusant pour elles que maman soit à la maison. »

C’est cette détermination, en tant que mère, de retrouver ses enfants qui a motivé Sophie. Elle est passée de faire quelques pas aux barres parallèles à son arrivée au Centre de réadaptation jusqu’à s’assurer de pouvoir monter des marches parce qu’elle vit dans une maison à deux étages. Elle a continué de défier les pronostics. « Je suis une rousse têtue et je voulais prouver que je pouvais le faire. »

Les étapes de son parcours ont toutes été importantes, y compris ses premiers mots, pour la seconde fois de sa vie. Grâce à l’aide de l’orthophoniste Karen Mallet, son réapprentissage de la parole a été spécial pour sa mère autant que la première fois. « Je me souviendrai toujours de la première fois, environ trois mois après le début des soins, où elle a pu murmurer bonjour. C’était incroyable », confie Suzanne.

Elle a ensuite réappris le français. Elle s’est également remise à peindre et a réobtenu son permis de conduire et, n’oublions pas, elle a recommencé à porter des talons hauts.

Pour le Dr Lelli, le chemin parcouru par Sophie depuis l’été 2020 est stupéfiant. Il souligne que l’équipe spécialisée en AVC est prête à fournir les traitements les plus perfectionnés. « Le code AVC a mobilisé toutes les ressources de l’hôpital pour cette patiente. C’est formidable de faire partie de cette équipe. Elle est réglée au quart de tour parce que plus vite nous traitons, plus nous avons de chances de limiter les dégâts et de permettre un rétablissement comme celui-ci. »

Les soins exceptionnels se sont poursuivis tout au long du rétablissement de la patiente. « Je ne savais pas si elle allait pouvoir sortir de son lit tellement la situation était grave, ajoute le Dr Lelli. Le résultat est vraiment incroyable et c’est grâce à tous les traitements qu’elle a reçus, de la thrombectomie mécanique aux efforts qu’elle a déployés et à toutes les personnes qui ont travaillé autour d’elle, comme les spécialistes de la réadaptation. Et c’est aussi parce qu’elle n’a pas baissé les bras. »

Publé : novembre 2024

Ahurissant est le mot incontournable pour qualifier le rythme des progrès médicaux en immunothérapie – la thérapie qui consiste à exploiter les forces du système immunitaire d’un patient pour attaquer ses cellules cancéreuses. L’Hôpital d’Ottawa est, dans ce domaine, à la fine pointe de la recherche depuis la mise au point de nouvelles thérapies jusqu’aux essais cliniques. En fait, l’Hôpital héberge BioCanRx, le réseau national de recherche en immunothérapie, et a mis à l’essai un certain nombre d’immunothérapies uniques composées directement de cellules et de virus. Ces immunothérapies révolutionnaires, mises au point ici même, repoussent les limites de la médecine et transforment les soins aux patients.

« Contrairement aux traitements traditionnels comme la chimiothérapie, l’immunothérapie est adaptable au cancer du patient, ce qui peut mener à des améliorations susceptibles de durer des années, même après l’arrêt du traitement. »

— Dr Michael Ong

Contrairement aux traitements traditionnels comme la chimiothérapie, l’immunothérapie est adaptable au cancer du patient, ce qui peut mener à des améliorations susceptibles de durer des années, même après l’arrêt du traitement.

Le Dr Michael Ong, oncologue médical et chercheur clinicien à L’Hôpital d’Ottawa, estime rassurant de constater que le progrès incroyable est conjugué au succès à long terme de patients pendant sa carrière. « Le domaine de l’oncologie est propulsé par un ouragan d’essais cliniques. Tous les six mois, maintenant, nous essayons d’intégrer des données qui changent complètement la donne ou encore d’obtenir des données prometteuses. »

Le taux de survie au mélanome métastatique, par exemple, est passé de 20 % de survivants après un an à 50 % de survivants non seulement après 10 ans, mais aussi sans réapparition du cancer et sans traitement. C’est grâce à l’immunothérapie.

L’immunothérapie se révèle prometteuse contre le cancer de la vessie

Aujourd’hui, des experts comme le Dr Ong se demandent quels autres types de cancer sont traitables par immunothérapie et cherchent à en exploiter le plein potentiel. « Par le passé, nous avons retiré le mélanome par chirurgie chez les personnes qui présentaient un risque élevé, puis nous avons traité par immunothérapie. Or, il s’avère que l’immunothérapie fonctionne mieux avant la chirurgie, car nous parvenons à mieux entrainer le système immunitaire contre le cancer lorsqu’il y a davantage de cellules cancéreuses », explique le Dr Ong.

Cela signifie qu’il faut d’abord traiter par immunothérapie et envisager un avenir où la chirurgie pourrait un jour être inutile. La qualité de vie des patients s’en trouverait grandement améliorée.

Récemment, les résultats d’un essai clinique mené par le Dr Ong à L’Hôpital d’Ottawa dans le cadre d’un effort multinational ont été présentés lors d’une conférence à Barcelone, en Espagne. Dans le cadre de cet essai, une chimiothérapie et une immunothérapie ont été prescrites avant la chirurgie de patients atteints d’un cancer de la vessie. Le groupe ayant reçu une immunothérapie avant la chirurgie a présenté un taux de récidive du cancer plus faible et un taux de guérison plus élevé. L’immunothérapie préopératoire est désormais considérée comme une norme de soins.

« Il est palpitant d’avoir recruté des patients pour cet essai et d’avoir contribué à cet effort mondial qui a finalement amélioré la façon dont nous traitons les patients atteints d’un cancer de la vessie », ajoute le Dr Ong.

La prochaine génération d’essais pourrait permettre d’examiner la nécessité d’enlever la vessie du patient s’il réagit vraiment bien au traitement. « Tout le monde ne pourra pas se passer de la chirurgie, mais même si certains patients peuvent l’éviter, ce serait un progrès considérable. Nous parlons de taux de réponse complète au traitement préopératoire qui dépassent désormais 50 % dans le cas du cancer de la vessie, précise le Dr Ong. Ainsi, au moment de la chirurgie, nous ne voyons même plus de cellules cancéreuses. Il est donc légitime de se demander s’il est nécessaire d’enlever la vessie. »

Le fait que chaque cancer soit unique ajoute à la complexité de la maladie et de son traitement. La portée potentielle de l’immunothérapie, toutefois, est encore plus vaste.

Qu’est-ce que le cancer de la prostate?

Le cancer de la prostate est un type de cancer qui peut se développer dans la prostate, une petite glande en forme de noix située dans le système reproducteur masculin et qui produit le liquide séminal.

Aussi bénéfique aux patients atteints d’un cancer de la prostate

Beaucoup d’efforts ont été déployés pour évaluer si l’immunothérapie fonctionne pour traiter le cancer de la prostate. De nombreux essais cliniques de phase 3 axés sur le cancer de la prostate ont donné des résultats largement décevants. Toutefois, dans chacun de ces essais, une petite proportion de patients a bénéficié de l’immunothérapie – 3 patients sur 100 peuvent en fait bénéficier de façon significative de l’immunothérapie.

Il a fallu du temps et davantage de données pour comprendre qui étaient ces patients, mais les chercheurs en sont arrivés au syndrome de déficit de la réparation des mésappariements, qui semble être le moyen le plus prometteur d’identifier les patients qui réagiront à l’immunothérapie. « Normalement, lorsque les cellules cancéreuses copient leur ADN, des erreurs (ou mésappariements) se produisent dans la copie. Le système de réparation des mésappariements détecte et corrige normalement ces erreurs. Si ce système de réparation est déficient ou défectueux, ces erreurs sont tolérées et les mutations de l’ADN s’accumulent rapidement », ajoute le Dr Ong.

Le cancer devient généralement plus agressif lorsque des mutations s’accumulent. « Il s’avère toutefois que ce type de cancer est en fait très sensible à l’immunothérapie », poursuitil.

C’est une nouvelle incroyable pour un groupe restreint mais précis de patients atteints d’un cancer de la prostate comme Larry Trickey.

Diagnostic de cancer de la prostate de stade 4

Larry Trickey, informaticien à la retraite, a reçu un diagnostic de cancer de la prostate très agressif en 2022. Les examens de tomodensitométrie ont montré que le cancer s’était propagé à la vessie et au bassin. La pandémie battait son plein, ce qui ajoutait au stress, et il n’était pas possible de faire une chirurgie. Il a d’abord commencé une hormonothérapie standard, puis son oncologue, le Dr Dominick Bossé, lui a suggéré de s’inscrire à une étude comprenant des tests génomiques de sa tumeur et l’accès à un nouveau traitement appelé inhibiteur de la PARP. 

« Lorsque M. Trickey et sa conjointe sont entrés dans mon bureau d’un pas empreint de détermination et d’espoir, ils se soutenaient mutuellement et se sont engagés à trouver la meilleure voie à suivre, explique le Dr Bossé. Comme toujours en matière de recherche, l’ajout d’une nouvelle forme de soins en plus du traitement standard peut rendre celui-ci plus difficile à tolérer, mais peut aussi permettre de découvrir de nouvelles façons de traiter efficacement le cancer. M. Trickey était prêt à prendre ce risque. »

Le traitement a d’abord été bénéfique pour Larry, mais l’effet a été de courte durée et le cancer s’est aggravé en 2023. Il a alors reçu une radiothérapie et, fait surprenant, les rayonnements ont déclenché un effet abscopal – un phénomène très rare qui amène le système immunitaire à se mettre en marche pour combattre le cancer après l’émission des rayonnements.

Dr Dominick Bossé
« Ce fut un moment remarquable. M. Trickey m’a fait confiance pour suspendre les traitements pendant qu’il bénéficiait de cet effet abscopal et jusqu’à ce que le cancer montre des signes de progression dans l’espoir de l’inscrire à un essai d’une immunothérapie comme prochaine option », ajoute le Dr Bossé.

« Toute l’équipe s’est mobilisée – spécialistes de la recherche, de la radiologie et de l’oncologie – pour diriger rapidement M. Trickey vers cet essai. »

— Dr Dominick Bossé

Essai clinique dirigé par le Dr Ong

L’état de Larry a toutefois commencé à se détériorer après quelques mois. C’est alors que le Dr Bossé lui a dit qu’il était temps de vérifier s’il pouvait participer à un essai clinique mené par le Dr Ong. « Toute l’équipe s’est mobilisée – spécialistes de la recherche, de la radiologie et de l’oncologie – pour diriger rapidement M. Trickey vers cet essai. Malgré la nouvelle alarmante de la progression, M. Trickey a accepté de passer de multiples examens pour déterminer son admissibilité. Celle-ci a été établie juste à temps, soit quelques heures seulement avant la clôture de l’essai. »
Larry Trickey

Larry se souvient parfaitement de cet appel. « C’est vers l’heure du souper que le Dr Bossé a appelé. Il semblait très enthousiaste à propos d’une des mutations dont j’étais porteur, se souvient Larry. Les responsables d’une étude étaient justement à la recherche de porteurs de cette mutation. Il était très enthousiaste lorsqu’il a vu les résultats et ce qu’ils pourraient indiquer pour moi. »

Des centaines de patients au Canada se sont inscrits à cette étude ces cinq dernières années, mais Larry est le dernier accepté avant la clôture de l’essai.

« C’est un peu comme si j’avais gagné à la loterie! J’ai eu beaucoup de chance que cette mutation me permette de participer à cette étude plus agressive. Si l’étude se révélait concluante, elle allait faire une énorme différence », poursuit Larry.

Larry avait besoin d’une victoire parce qu’il avait alors de multiples métastases, dont une dans l’épaule gauche qui affaiblissait progressivement son bras. Son estomac était ballonné et il avait de la douleur à cause de la taille de la tumeur sur sa prostate et de la difficulté à aller à la selle.

« La situation devenait désespérée pour moi. Mon fils et sa femme attendaient leur premier enfant pour Noël, et je ne savais pas si j’allais pouvoir rencontrer mon premier petit-enfant. »

Des résultats étonnants après l’essai de l’immunothérapie

Vers la mi-février 2024, Larry a commencé l’étude PC-BETS dans le Groupe canadien des essais sur le cancer codirigé par le Dr Ong. Les résultats ont été étonnants et son état s’est amélioré très rapidement après la combinaison de deux types d’immunothérapies.

« Le cancer a disparu. »

— Dr Michael Ong

« Le cancer a disparu. L’antigène prostatique spécifique était élevé en février 2024 avant le début de l’essai. Il était indétectable en avril suivant et il est resté indétectable. L’examen de tomodensitométrie réalisé en juillet 2024 a montré seulement un nodule résiduel dans la glande surrénale gauche. Le cancer avait disparu de tous les autres endroits. Nous espérons qu’il aura complètement disparu au prochain examen de tomodensitométrie », explique le Dr Ong.

Pour mettre les choses en perspective, quelques cycles de chimiothérapie auraient permis de maintenir le patient en vie, mais ils n’auraient pas amélioré sa vie vers la fin. Cet essai clinique a véritablement changé la vie de Larry.

« Sans l’essai clinique, je ne crois pas que je serais encore ici. »

— Larry Trickey

Larry poursuivra son traitement mensuel par immunothérapie pour une durée indéterminée parce que la durée idéale est toujours à l’étude. « Il reste toujours à déterminer pendant combien de temps nous devons administrer ces traitements, et ce, même lorsque les résultats des examens se normalisent. C’est que de tels résultats ne signifient pas que toutes les cellules cancéreuses ont disparu. Des études sont en cours pour tenter de le déterminer. »

Aujourd’hui, parvenu à 69 ans, Larry profite de chaque instant de sa vie de grand-père et il a bon espoir de pouvoir fêter le premier anniversaire de son petit-fils. Il reprend également des forces, peu à peu, et son bras gauche est redevenu mobile. « Sans l’essai clinique, je ne crois pas que je serais encore ici. »

Sa femme et lui sont profondément reconnaissants envers l’équipe de soins qui les a accompagnés tout au long de leur parcours. « L’équipe d’infirmières est devenue comme une famille, en particulier Rayelle Richard, qui est absolument formidable. Elle me donne mes perfusions et me met en contact avec les Drs Bossé et Ong. L’équipe du Centre de cancérologie offre un soutien sans commune mesure. »

Que nous réserve l’avenir dans le domaine de l’immunothérapie?

L’objectif du Dr Ong est de trouver le bon traitement pour chaque patient et la clé, à ce chapitre, réside dans l’analyse personnalisée.

Le Dr Ong souligne également l’importance d’avoir accès à de l’équipement comme le laboratoire moléculaire de L’Hôpital d’Ottawa, financé par des donateurs, qui permet à nos scientifiques d’effectuer ce type de tests spécialisés et de personnaliser davantage les soins aux patients. « Nous devons être à l’avant-garde et faire ces tests pour détecter le déficit de la réparation des mésappariements afin de pouvoir administrer une immunothérapie lorsque cela est indiqué, ajoute le Dr Ong. Il s’agira d’une avancée significative qui aidera un plus grand nombre de patients comme Larry. »

Il est vrai que le domaine est complexe et évolue rapidement. Depuis qu’il est entré dans le domaine de l’oncologie médicale il y a 15 ans, il a observé des changements considérables. « À l’époque, je craignais un peu de ne faire qu’administrer des chimiothérapies et de ne jamais avoir de portée importante. J’avais clairement tort. Aujourd’hui, nous assistons à l’émergence d’une technologie totalement nouvelle qui révolutionne le traitement du cancer de la vessie : les conjugués anticorps-médicaments. Ces conjugués ciblent spécifiquement les cellules cancéreuses et livrent ensuite une chimiothérapie très puissante à l’intérieur de ces cellules. C’est une avancée considérable du traitement contre le cancer de la vessie lorsqu’ils sont combinés à l’immunothérapie. »

L’étape suivante consiste à faire bénéficier de ce succès des patients atteints d’autres types de cancer. Il faudra, pour ce faire, poursuivre la recherche et les essais cliniques à la fine pointe de la technologie.

Le Dr Michael Ong avec Larry Trickey
L’Hôpital d’Ottawa fait aussi figure de pionnier en matière de conception et de fabrication de nouvelles immunothérapies contre le cancer. Par exemple, des chercheurs de laboratoire comme le Dr John Bell et Carolina Ilkow s’emploient à concevoir des biothérapies qui misent sur des cellules, des gènes et des virus pour lancer une attaque immunitaire contre des cellules cancéreuses. Ils ont collaboré avec la Dre Natasha Kekre, scientifique clinicienne, et d’autres scientifiques pour mettre au point la première thérapie oncolytique par cellules CAR-T faite au Canada. D’autres chercheurs cliniciens, notamment la Dre Alissa Visram et la Dre Rebecca Auer, s’emploient aussi à créer de nouvelles immunothérapies contre le cancer et à les faire progresser dans les étapes vers les soins aux patients. Ce type de recherche est alimenté par des installations et des plateformes comme le Centre de fabrication de produits biothérapeutiques de L’Hôpital d’Ottawa et des réseaux comme BioCanRx.

Publié : octobre 2024

Brandon Peacock raconte dans ses propres mots ce qui s’est produit l’après-midi du 29 juin 2020 lorsqu’il a reçu trois balles qui ne lui étaient pas destinées pendant une fusillade au volant d’une voiture et a été transporté d’urgence au Centre de traumatologie de L’Hôpital d’Ottawa.

AVERTISSEMENT : Cette histoire révèle des détails sur des blessures graves causées par arme à feu. 

Nous étions à la fin du mois de juin 2020, c’est-à-dire en pleine pandémie. Je travaillais donc de 9 à 5 à la maison, comme bien d’autres personnes. Je n’avais que 23 ans à l’époque. La chaleur de l’été s’était bien installée et mes cheveux commençaient à être longs. J’ai donc décidé de faire un saut chez le coiffeur en fin d’après-midi pour une coupe rapido presto.

Cette coupe n’a jamais eu lieu. Ma vie a plutôt basculé au moment où je me suis approché de la porte du salon de coiffure. Je me suis retrouvé en plein milieu d’une fusillade au volant : j’étais au mauvais endroit au mauvais moment.

Lorsque les coups de feu ont retenti, j’ai utilisé mon corps pour protéger la femme qui ouvrait la porte du salon. J’ai senti trois balles m’atteindre. L’une d’elles a traversé la partie inférieure gauche de mon omoplate, puis elle est sortie par ma clavicule sans toucher le cœur et les poumons. La théorie est que la balle a ricoché sur l’une de mes côtes parce que la plupart de mes côtes étaient cassées du côté gauche.

La deuxième balle m’a atteint au genou gauche. C’était une balle par ricochet qui a d’abord touché le mur avant de m’atteindre. Cette blessure n’était pas trop grave. La troisième balle a en revanche touché l’artère fémorale de la jambe droite. C’est un « coup mortel » dans la plupart des cas.

« J’étais déterminé à survivre. »

Brandon à l’hôpital.

La femme que j’ai protégée a pris des serviettes et a commencé à comprimer mes blessures pour ralentir le saignement autant qu’elle le pouvait. Ma jambe perdait rapidement du sang. Je savais que ce n’était pas bon signe, mais pendant que j’attendais les secours, j’étais malgré tout persuadé que j’allais m’en sortir. Je devais juste continuer de me battre. Je n’ai jamais eu peur. J’étais déterminé à survivre. 

Pendant les premières minutes de l’attente des secours, la femme a composé le numéro de ma mère pour que je puisse lui parler. Je lui ai raconté ce qui s’était passé et je lui ai dit : « Je t’aime et ne t’inquiète pas. ». 

Le premier policier est arrivé sur les lieux après quatre minutes. Il a immédiatement posé un garrot sur ma jambe, ce qui nous a donné le temps d’arriver à l’hôpital. Ce policier a posé un geste décisif qui m’a maintenu en vie assez longtemps pour atteindre le Centre de traumatologie. D’après ce qu’on m’a dit, s’il était arrivé 30 secondes plus tard, mon sort aurait pu être très différent. Lorsque les professionnels de la santé affirment que chaque seconde compte, ils ont tellement raison. 

« Il n’a pas cessé de me parler pendant tout ce temps. Il me parlait comme si j’étais son fils. »

Évidemment, les choses deviennent un peu floues à partir de là, mais c’est en début de soirée, vers 18 h, que je suis arrivé au Centre de traumatologie de L’Hôpital d’Ottawa, qui est situé au Campus Civic. Heureusement, il n’était pas trop éloigné du lieu de l’incident. À partir de là, tout s’est passé très vite.

Je me suis soudain retrouvé entouré d’excellents chirurgiens de chaque division. Je sais maintenant que c’est l’équipe de traumatologie. Il y avait aussi des résidents et des infirmières. En fait, toutes les personnes auxquelles on peut penser étaient prêtes.

Je me souviens qu’une femme était responsable de l’équipe. J’ai eu l’impression qu’elle avait une formation militaire vu la façon dont elle prenait en charge la situation. Elle était exceptionnelle. J’ai appris plus tard que c’était la Dre Jacinthe Lampron. Elle a su parfaitement me donner de l’espoir tout en m’expliquant ce qu’ils faisaient. Toute l’équipe a été exceptionnelle. Je me souviens très bien d’un autre homme qui s’est occupé de moi. Il n’a pas cessé de me parler pendant tout ce temps. Il me parlait comme si j’étais son fils. Ils ont fait une évaluation complète. Ma jambe était leur plus grande préoccupation. Ensuite, on m’a fait passer des examens de tomodensitométrie – tout s’est passé très vite. On a dit à mes parents que j’avais une chance sur deux de survivre et qu’il y avait un risque élevé que je perde ma jambe. Comme vous pouvez l’imaginer, ils étaient désemparés, mais ils ont gardé l’espoir de me voir déjouer les probabilités.

Rencontre avec le DreJacinthe Lampron, directrice médicale, Traumatologie, L’Hôpital d’Ottawa

« Nous avons transformé une blessure par balle potentiellement mortelle en une histoire de survie grâce à notre engagement inébranlable envers les soins aux patients. »
— DreJacinthe Lampron

« J’avais encore mes deux jambes, mais je n’étais toujours pas tiré d’affaire. »

Je souffrais de ce que l’on appelle le syndrome des loges, qui se produit lorsqu’il y a une accumulation douloureuse de pression autour des muscles. Le mien était dû à l’accumulation de sang dans ma jambe droite. J’ai dû subir une double fasciotomie – un autre terme dont je n’avais jamais entendu parler auparavant. C’est une intervention d’urgence pour soulager la pression, mais nous ne savions pas si elle permettrait de sauver ma jambe. 

Cette opération était cruciale pour orienter mon avenir et a duré environ huit heures. En plus de la double fasciotomie, ils ont également effectué un pontage fémoral pour retirer la veine de ma jambe gauche et remplacer l’artère de ma jambe droite. L’opération a été longue, mais j’ai tenu jusqu’au lendemain. Lorsque je me suis réveillé aux soins intensifs le lendemain matin, j’avais encore mes deux jambes, mais je n’étais toujours pas tiré d’affaire. 

Le saviez-vous ?
En 2023-2024, 1 148 patients ont été traités à L’Hôpital d’Ottawa pour des traumatismes.
Le saviez-vous ?
Le volume de notre Service de traumatologie a augmenté de 10 % en 2023-2024 par rapport à l’année précédente.
Le saviez-vous ?
Les principales causes de blessures sont les chutes et les collisions de véhicules à moteur, à 43,1 % et 34,4 % respectivement.
Le saviez-vous ?
13 % des visites de traumatologie concernaient une blessure pénétrante (coup de feu, couteau ou autre blessure pénétrante).
Le saviez-vous ?
Nous avons enregistré 149 cas de blessures pénétrantes en 2023-2024.
Le saviez-vous ?
37 de ces cas étaient des blessures par balle.
Le saviez-vous ?
La durée moyenne de séjour pour une admission en traumatologie est d’un peu plus de cinq jours.
Previous
Next

« Les chambres individuelles qui seront aménagées au nouveau campus changeront vraiment l’expérience des patients comme moi. »

Javais maintenant un tube pour maider à respirer et jétais relié à de nombreux appareils. Jai reçu de multiples transfusions sanguines et jai perdu énormément de poids. Jétais fragile. Ma jambe ressemblait à un gros ballon. Mes côtes étaient cassées. Jétais cloué au lit. À cause de la pandémie, jai été transféré dans une chambre où jai dû partager lespace avec une, puis deux autres personnes. Je nai pas beaucoup dormi à ce moment-là. En fait, les chambres individuelles qui seront aménagées au nouveau campus changeront vraiment lexpérience des patients comme moi et offriront un bien meilleur environnement pour se rétablir, notamment en créant un environnement propice au sommeil. 

Dès le deuxième jour, j’ai essayé de cesser les analgésiques. Je m’endormais et je rêvais que je courais et faisais du sport avec des amis, puis je me réveillais et revenais à la réalité. J’ai donc arrêté ces médicaments rapidement. Ça a été difficile, mais c’est là que j’ai vraiment commencé à comprendre tout ce que je venais de vivre. Je voulais avoir l’esprit clair pour comprendre ce qui s’était passé. J’ai commencé à faire des progrès mentaux rapidement. 

Le cinquième jour, je devais avoir une greffe de peau à cause de la grandeur de la fasciotomie sur ma jambe droite. L’Hôpital a toutefois continué de repousser les opérations. C’est alors que le Dr Linden Head, chirurgien plasticien, s’est manifesté et a suggéré de suturer la jambe sur une période de trois jours. Il a réussi. Grâce à lui, il n’a pas été nécessaire de procéder à une douloureuse greffe de peau et à une opération qui, à l’origine, devait durer deux semaines. Je lui suis reconnaissant. Il a été incroyable.

« C’est à ce moment-là qu’un véritable sentiment de détermination s’est installé en moi. »

Il a ensuite été important que je bouge le moins possible pour assurer la cicatrisation de l’incision – ce qui n’a pas été trop difficile parce que je n’en étais pas capable de toute façon. Au neuvième jour, par contre, l’équipe de physiothérapie m’a permis de me lever et d’utiliser une marchette. C’est à ce moment-là qu’un véritable sentiment de détermination s’est installé en moi : je voulais rentrer chez moi et j’étais prêt à faire tout ce qu’il fallait pour y parvenir.

Je me souviens que ma physiothérapeute m’a dit que si je pouvais marcher dans le couloir, entrer dans la cage d’escalier et monter deux marches, je pouvais partir parce que c’est tout ce qu’il me faut techniquement pour rentrer chez moi. J’ai dit : « Faisons-le. ». Elle m’a dit : « Non, non. Il faut progresser jusqu’à cette étape. ».

Déterminé à obtenir le feu vert pour sortir, je lui ai répondu : « Je vais le faire tout de suite. ». Et je l’ai fait. J’ai marché dans le couloir, j’ai monté deux marches, j’ai fait demi-tour et je suis revenu. À mon retour, je me souviens avoir bu trois Gatorade.

Cette marche a été la chose la plus difficile que j’aie jamais faite. Depuis, je me suis entraîné pour deux marathons et je m’entraîne maintenant pour un Ironman Canada. La chose la plus difficile que j’ai jamais faite dans ma vie demeure cette marche dans le couloir.

Le lendemain, j’ai reçu le feu vert pour rentrer chez moi. Il est vrai que j’ai peut-être dû insister auprès de mon équipe médicale, mais, chose incroyable, j’ai quitté l’hôpital dix jours après y avoir été admis d’urgence en m’accrochant à la vie. J’ai quitté l’hôpital en fauteuil roulant et mon père m’a portée jusqu’à la maison –, mon corps était très faible.

Brandon a déjà été un patient du Centre de traumatologie de L’Hôpital d’Ottawa.

« Il a travaillé avec moi cinq heures par jour sept jours par semaine dans sa salle de sport à domicile. »

Brandon et son meilleur ami.

À partir de ce jour, j’ai dû concentrer mes efforts sur deux points : regagner ma force et accepter l’acte violent dont j’ai été la victime innocente en cette fin d’aprèsmidi de juin.

Rappelez-vous que nous étions en pleine pandémie. Mon meilleur ami était physiothérapeute. Son cabinet était fermé. Il a travaillé avec moi cinq heures par jour sept jours par semaine dans sa salle de sport à domicile. Ensemble, nous avons travaillé dur. J’ai tenu bon avec une détermination sans faille pendant 90 jours. Nous étions inséparables.

Les deux premières semaines, je suis retourné à l’hôpital tous les deux jours. Ensuite, j’y suis allé une fois par semaine et, à la fin du mois d’août, ils voulaient me voir tous les six mois. Lors de mon rendez-vous à la fin d’août, l’équipe de chirurgie plastique a pratiqué une petite intervention pour retirer le fragment de balle qui était toujours dans ma jambe.

Aujourd’hui, je dois encore me rendre chaque année à l’hôpital pour voir l’équipe de soins vasculaires afin de passer un test de pression systolique chevillebras qui permet d’évaluer la circulation sanguine dans ma jambe et de s’assurer que tout fonctionne toujours bien. C’est grâce à mon chirurgien vasculaire, le Dr Sudhir Nagpal et à son équipe que je suis parvenu à un tel rétablissement.

« J’ai couru mon premier parcours de 5 km moins de 60 jours après la fusillade. »

Mon rétablissement a été impressionnant. Je me suis rendu à mon troisième ou quatrième rendez-vous à l’hôpital sans béquilles et j’ai couru mon premier parcours de 5 km dans les 60 jours qui ont suivi la fusillade. Je me suis ensuite remis à patiner. J’ai fait beaucoup de progrès rapidement et l’équipe de L’Hôpital d’Ottawa a assurément été la première étape – elle m’a donné la possibilité de continuer à me battre. 

C’est après ma sortie de l’hôpital que j’ai réalisé que cette expérience avait changé ma vie à bien des égards. J’ai eu un regard différent sur la vie et c’est là que mon nouveau parcours de vie a commencé. Je me suis tracé un nouveau plan de vie. 

L’idée de gravir les échelons dans une entreprise était désormais dans le rétroviseur. J’ai créé Hit the Ground Running, un organisme caritatif qui aide les survivants de traumatismes à atteindre leur nouveau niveau de pleine fonctionnalité. Tout a commencé au moment où, allongé sur le sol et perdant énormément de sang, je me suis demandé si je serais fier de ce que je laisse derrière moi si je mourais ce jour-là. Ce ne sont peut-être pas les pensées typiques d’un jeune homme de 23 ans, mais c’est ce qui m’a amené à changer mon plan de vie pour aider autrui. 

Aujourd’hui, quatre ans plus tard, je souhaite vous remercier. Tout d’abord, je tiens à remercier Yanick Charron, agent du Service de police d’Ottawa, qui s’est rapidement porté à mon secours et m’a donné une chance de me battre. Je tiens à remercier ensuite tous les chirurgiens et les professionnels de la santé talentueux de L’Hôpital d’Ottawa. Compte tenu de la nature de mes blessures, je sais qu’il existe une réelle possibilité que je n’aie pas survécu sans un centre de traumatologie de calibre mondial doté de la crème des spécialistes –, et j’aurais certainement perdu ma jambe. 

Je me revois allongé sur le sol me demandant si j’allais vivre. Je me vois aujourd’hui à vivre cette vie formidable que j’aime et qui m’amène à aider d’autres personnes qui ont vécu une expérience très similaire à la mienne. J’en suis vraiment reconnaissant et j’aime ma vie. 

Écoutez l’épisode XX pour entendre Brandon Peacock raconter comment il a survécu et exprimer sa gratitude envers les personnes qui lui ont sauvé la vie.

Listen Now:

Publié : septembre 2024

Le 100e anniversaire du Campus Civic approche à grands pas et marquera un siècle de soins et de percées médicales. En parallèle, les plans se concrétisent pour orienter les 100 prochaines années de soins dans notre région et les plans définitifs du nouveau campus seront prêts au cours de la prochaine année. Des patients, des dirigeants et des employés de L’Hôpital d’Ottawa, tout comme des partenaires autochtones et d’autres membres de la collectivité, collaborent à cette étape de conception pour aider à peaufiner les détails de ce nouvel établissement de soins et de recherche qui sera à la fine pointe de la technologie.

Alors que la conception de l’hôpital est finalisée, son stationnement à étages prend déjà forme peu à peu.

La construction d’un nouvel hôpital est une occasion unique dans une vie que des dirigeants d’entreprise, des familles, des fondations et bien d’autres membres de la collectivité ont saisi au bond. Ils sont ainsi nombreux à soutenir la campagne Créons des lendemains – la plus imposante en son genre dans l’histoire de la région, qui a déjà permis d’amasser 336 M$ des 500 M$ nécessaires.

Lisa Young, gestionnaire principale de la planification de projets à l’Hôpital

Un bloc opératoire ultramoderne

Le nouveau campus augmentera le nombre de salles d’opération de L’Hôpital d’Ottawa afin de répondre à l’augmentation prévue du nombre d’interventions chirurgicales à l’avenir.

« Il améliorera l’expérience des patients et l’efficacité du travail. »

– Lisa Young

Selon Lisa Young, gestionnaire principale de la planification de projets à l’Hôpital, la fonctionnalité de cet espace sera essentielle pour permettre non seulement la réalisation de davantage d’interventions, mais aussi l’ajout d’équipements et de technologies novatrices. « Il améliorera l’expérience des patients et l’efficacité du travail. Nous nous concentrons aussi sur la fonction des équipes qui fournissent les soins dans ces espaces plutôt que sur la forme physique du bâtiment. »

Optimiser le fonctionnement à l’intérieur comme à l’extérieur des salles d’opération

Les améliorations apportées au nouveau campus comprendront une baie de « salles de bloc » où la préparation préopératoire peut avoir lieu en dehors de la salle d’opération principale. Ces salles peuvent être utilisées pour les patients recevant une anesthésie régionale avant d’entrer en salle d’opération, ce qui permet de réduire les retards potentiels et d’utiliser au mieux le temps passé en salle d’opération tant pour les patients que pour les équipes de soins.

Le Dr Sundaresan, chef du Département de chirurgie et chirurgien thoracique clinicien, explique que l’emplacement du bloc opératoire est essentiel à l’optimisation du fonctionnement, surtout dans les moments critiques. « Le bloc opératoire au nouveau campus sera adjacent aux salles de radiologie interventionnelle, ce qui est vraiment judicieux », explique-t-il.

« Quand le nouveau campus ouvrira ses portes, ses installations chirurgicales figureront parmi les plus modernes au Canada, voire en Amérique du Nord. »

– Dr Sudhir Sundaresan

La radiologie interventionnelle est une sous-spécialité de la radiologie qui permet de réaliser des interventions minimalement invasives à l’aide de la radiographie pour guider de petits instruments, par exemple un cathéter, dans des vaisseaux sanguins et des organes afin de traiter différentes maladies. « En cas de complication au cours d’une intervention, le patient doit parfois se rendre d’urgence au bloc opératoire. Désormais, il ne sera plus nécessaire de déplacer le patient sur de grandes distances pour accéder à la salle d’opération – elle sera juste à côté. »

Les nouvelles technologies amélioreront aussi les soins aux patients. « Quand le nouveau campus ouvrira ses portes, ses installations chirurgicales figureront parmi les plus modernes au Canada, voire en Amérique du Nord, ajoute le Dr Sundaresan. Les technologies avant-gardistes en chirurgie figurent certainement parmi les domaines de développement les plus prometteurs. »

De nouvelles salles de neurochirurgie dotées de technologies novatrices

Les équipes explorent en outre des technologies novatrices comme un appareil d’IRM peropératoire qui capture des images du cerveau en temps réel pendant une chirurgie.

Installé sur un système de rails au plafond et considéré comme la référence pour des interventions visant notamment des tumeurs cérébrales, cet appareil d’IRM serait installé dans le bloc opératoire, mais juste à côté de la salle d’opération. Ainsi, si un patient a besoin d’imagerie pendant une intervention, il suffirait d’ouvrir une porte et de glisser l’appareil d’IRM sur des rails afin de prendre des images sans trop de perturbations.

L’un des objectifs des plans de conception actuels est d’intégrer des fonctions audiovisuelles complètes à toutes les salles d’opération afin d’améliorer l’enseignement et la capacité de réaliser des chirurgies minimalement invasives.

« L’intégration de ces fonctions à chaque salle permet une plus grande flexibilité pour les patients, explique Mme Young. Nous disposons actuellement de salles spécifiques à chaque campus qui permettent de le faire, mais le fait d’avoir des moniteurs et la possibilité de brancher des caméras dans toutes les salles d’opération constituera une nouvelle norme de soins que nous pourrons fournir au nouveau campus. »

Des solutions numériques pour adopter une approche proactive des soins

Glen Kearns, vice-président exécutif et chef de l’information à l’Hôpital

Les technologies peuvent avoir de nombreuses retombées positives sur les soins et l’expérience des patients. 

« Nous nous efforçons de tirer parti des expériences numériques vécues par des gens dans d’autres secteurs de leur vie afin d’améliorer les services de santé . »

– Glen Kearns

« Nous nous efforçons de tirer parti des expériences numériques vécues par des gens dans d’autres secteurs de leur vie afin d’améliorer les services de santé », précise Glen Kearns, vice-président exécutif et chef de l’information à l’Hôpital. « Qu’il s’agisse d’offrir des soins à des patients hospitalisés, de préparer un patient avant même son arrivée ou de faire un suivi à son domicile, les technologies peuvent proposer des solutions et des soins plus harmonieux. » 

L’Hôpital d’Ottawa étudie aussi la possibilité de réaliser des admissions à distance ou en mode virtuel pour favoriser la continuité des soins dans les unités d’hospitalisation et le domicile des patients. Nous souhaitons les offrir dans les campus actuels à l’avance pour être bien rodés dès l’ouverture du nouveau campus. 

« Nous souhaitons exploiter les technologies pour réduire les admissions et les temps d’attente et améliorer les interactions des patients avec les équipes.  »

– Mathieu LeBreton

« Nous souhaitons exploiter les technologies pour réduire les admissions et les temps d’attente et améliorer les interactions des patients avec les équipes », explique Mathieu LeBreton, gestionnaire principal de projets et responsable de l’expérience numérique. « L’idéal serait d’avoir des technologies qui facilitent et améliorent le flux de travail et allègent le fardeau du personnel pour améliorer leur expérience au quotidien. »

Mathieu précise que ces technologies seront intégrées pour améliorer l’expérience des patients hospitalisés. Toutes les chambres seront individuelles et incluront un accès numérique pour que les patients puissent rester en contact avec leurs fournisseurs de soins et leurs proches et accéder aux renseignements sur leur santé, à leurs rendez-vous et à des moyens de se divertir. Aux quatre coins du nouveau campus, la technologie aidera en plus les patients et les visiteurs à s’orienter dans l’hôpital.

Mathieu LeBreton, gestionnaire principal de projets et responsable de l’expérience numérique

Rôle de l’intelligence artificielle (IA)

Il y a eu de grands progrès du côté de l’IA ces dernières années. Elle offre maintenant des outils utiles et adaptables en milieu de travail. L’équipe des Solutions numériques examine d’ailleurs déjà des façons novatrices de tirer parti du pouvoir de l’IA. 

L’Hôpital a récemment annoncé l’essai de la solution Dragon Ambient eXperience (DAX) Copilot qui fait appel à l’IA ambiante, conversationnelle et générative pour créer des ébauches de notes cliniques pendant les rendez-vous de patients. Une fois le consentement du patient obtenu, DAX Copilot enregistre de façon sécurisée les conversations entre le médecin et le patient et crée des notes médicales que le médecin validera après vérification. L’Hôpital d’Ottawa est le premier hôpital au Canada à expérimenter cette solution innovante visant à réduire l’épuisement professionnel des médecins et le temps consacré aux tâches administratives pour leur permettre de passer plus de temps à interagir avec les patients et à en prendre soin. 

Carrefour de la recherche en biothérapeutique

L’Hôpital d’Ottawa est déjà un géant mondial de la recherche, et le nouveau campus propulsera la recherche jusqu’à des sommets encore inégalés. 

L’expansion du Centre de fabrication de produits biothérapeutiques au nouveau campus renforcera notre capacité de concevoir et de fabriquer des produits biothérapeutiques qui sauvent des vies, notamment des vaccins, des thérapies géniques et des thérapies cellulaires ici, à Ottawa. 

Ces 15 dernières années, des chercheurs de l’Hôpital ont dirigé plus de 20 essais cliniques inédits au monde de produits thérapeutiques comme des cellules souches, des virus oncolytiques et des immunothérapies cellulaires. Ces essais sont possibles parce que le Centre de fabrication de produits thérapeutiques est doté d’installations stériles spécialisées qui permettent de mettre au point et de fabriquer de nouveaux produits thérapeutiques intégrant des cellules, des gènes, des virus et d’autres types de matériel biologique. 

Ce centre est l’établissement le plus expérimenté et le plus performant en son genre au Canada. Il dispose d’un personnel à temps plein de plus de 40 personnes actuellement basées au Campus Général. Il fonctionne constamment au maximum de sa capacité et est réservé longtemps à l’avance par des clients tant du milieu universitaire que du monde des affaires – c’est pourquoi son expansion est absolument essentielle pour repousser davantage les frontières de la recherche et proposer plus d’options de traitement aux patients. 

Le prochain siècle de soins de santé à Ottawa

À l’ouverture du Campus Civic il y a 100 ans, le monde sortait à peine d’une pandémie et ce campus était considéré comme le plus moderne en Amérique du Nord. Aujourd’hui, l’histoire se répète. Nous sommes témoins du ralliement de la collectivité à une campagne historique qui propulsera la recherche à un niveau supérieur et permettra de créer l’hôpital le plus moderne et le plus avant-gardiste du pays. Cette campagne transformera l’expérience des patients pour les générations à venir. Nous vous invitons à emboîter le pas.

Ensemble, nous créons de meilleurs lendemains pour les générations à venir.

Publié : juillet 2024

Imaginez un son rythmé et incessant, comme celui d’une machine à laver, dans vos oreilles, 24 heures sur 24. Pas un seul moment de répit, même pas lorsque vous essayez de dormir. Pour des millions de personnes dans le monde, un acouphène pulsatile en est la cause. À présent, lors d’une première mondiale, L’Hôpital d’Ottawa a trouvé un traitement curatif contre ce problème délibitant.

Chris Scharff-Cole a souffert pendant de nombreuses années de ce problème; comme beaucoup d’autres personnes, elle en ignorait la cause et tentait constamment d’obtenir de l’aide. Cette psychothérapeute maintenant retraitée originaire de Deep River, à l’ouest d’Ottawa, a passé 30 ans à aider d’autres personnes dans le cadre de sa pratique d’équithérapie. Cette amoureuse des chevaux a eu sa part de blessures au fil des ans, notamment plusieurs arthroplasties. S’il est vrai qu’elle a appris à vivre avec la douleur chronique, elle s’est demandé si elle retrouverait jamais une certaine quiétude à cause des bruits incessants dans son oreille droite.

Ce n’est que lorsqu’elle a rencontré le Dr Robert Fahed, neuroradiologue d’intervention et neurologue spécialisé en AVC à L’Hôpital d’Ottawa, qu’elle a pu enfin être soulagée.

Prise en charge des patients victimes d’un anévrisme cérébral à l’Urgence du Civic

En 2021, Chris souffre de douleurs intolérables et son médecin l’envoie à Pembroke pour faire une IRM qui montre la présence d’un anévrisme cérébral; elle est transportée par ambulance à l’Urgence du Campus Civic. « Ma tête me faisait extrêmement souffrir. Quand on me demande d’indiquer l’intensité de ma douleur sur une échelle de 1 à 10, je réponds 13 » explique Chris.

Elle attend un certain temps à l’Urgence avec les ambulanciers paramédicaux avant qu’un éminent chirurgien ne vienne la voir. C’est ainsi qu’elle fait la connaissance du Dr Fahed. « Il ausculte le côté de ma tête, et il comprend ce qui ne va pas. Il me dit que cela va aller, qu’ils prennent les dispositions nécessaires. Tout va très vite, mais il fait preuve d’une immense
compassion ».

« Il ausculte le côté de ma tête, et il comprend ce qui ne va pas. Il me dit que cela va aller, qu’ils prennent les dispositions nécessaires. »

— Chris Scharff-Cole

Le traitement chirurgical de l’anévrisme se passe bien, même si un suivi régulier est nécessaire. C’est à ce moment-là que le Dr Fahed commence à constater un problème sous-jacent qui a des répercussions sur la qualité de vie de Chris. « Cela fait des années que Christine souffre et lorsqu’elle se plaint à des médecins, on lui dit qu’il n’y a rien d’anormal avec ses oreilles – plusieurs examens de densitométrie abondent dans ce sens », de dire le Dr Fahed.

Il précise que la cause véritable est un problème sous-jacent de vaisseaux, que peu d’otorhinolaryngologistes ou radiologistes savent détecter sur des clichés. « Ce vaisseau se trouve à proximité de l’oreille. Le sang s’écoule dans le vaisseau sanguin, ce qui se traduit par des ondes. C’est parce que vos oreilles vont bien que vous entendez ces sons anormaux ».

Chris a un acouphène pulsatile. « J’entends des pulsations dans ma tête 24 heures sur 24, ressemblant au bruit d’une machine à laver. J’entends constamment un bruit parasite dans mon oreille droite. Je n’entends pas bien et, surtout, je n’arrive pas à dormir. Et quand je m’endors d’épuisement, cela me réveille ».

« Personne d’autre au Canada ne prend en charge ces patients. »

— Dr Robert Fahed

Qu’est-ce qu’un acouphène pulsatile?

On estime que cela touche 300 millions de personnes dans le monde, et aux dires du Dr Fahed, entre 10 et 20 % de ces patients n’entendent pas de bourdonnements, mais un chuintement, comme des battements de cœur incessants dans leur oreille.

Le problème est que la majorité des gens vivent avec cet acouphène parce qu’ils ne parviennent pas à trouver de solution, à l’instar de Chris. Une équipe de L’Hôpital d’Ottawa est maintenant porteuse d’espoir pour tous ces gens. « Le problème, c’est qu’il y a très peu de personnes dans le monde qui savent comment prendre en charge ces patients, faire ce qu’il convient, trouver une cause et la traiter « précise le Dr Fahed.

C’est la raison pour laquelle, fin 2023, la clinique de l’acouphène pulsatile entre en service à L’Hôpital d’Ottawa. La seule autre clinique se trouve à Toronto. « Personne d’autre au Canada ne prend en charge ces patients », de dire le Dr Fahed.

C’est le cas de Chris qui incite cet éminent neuroradiologue d’intervention à se consacrer davantage à ce domaine de la médecine.

Précurseur d’un nouveau traitement contre l’acouphène pulsatile

En mars 2023, Chris bénéficie de cette nouvelle technique mise au point par L’Hôpital d’Ottawa. L’acouphène pulsatile est lié à plusieurs causes, et dans le cas de Chris, il est question de diverticule veineux.

La nouvelle technique en question s’appelle « perturbation du flux intrasacculaire ». Selon le Dr Fahed, elle consiste à mettre une petite sphère en métal à l’intérieur de la poche veineuse. La sphère en métal piège le sang dans le diverticule, puis forme un caillot et le sang ne se rend plus jusque dans cette veine. « C’est la circulation sanguine à l’intérieur de cette poche externe qui est à l’origine des ondes entendues par l’oreille en raison de sa proximité ».

« Le patient se présente pour une chirurgie de jour mini-invasive : nous faisons une incision dans l’aine, fixons toute anomalie trouvée et traitons l’acouphène. »

— Dr Robert Fahed

Contrairement aux autres techniques utilisées, celle-ci ne nécessite pas la pose d’une endoprothèse. Il n’est pas nécessaire de prendre des anticoagulants, et le patient n’a pas besoin de prendre de médicaments par la suite. « Le patient se présente pour une chirurgie de jour mini-invasive : nous faisons une incision dans l’aine, fixons toute anomalie trouvée et traitons l’acouphène. À son réveil, les bruits ont disparu. Le patient rentre chez lui le jour même. C’est incroyable », dit le Dr Fahed.

Ce jour-là, à son réveil après l’intervention chirurgicale, Chris sait que sa vie a complètement changé. « J’ai ouvert les yeux et dit “plus aucun bruit”. Je fais entièrement confiance au Dr Fahed. Il est talentueux. Ma vie est sereine. J’apprécie chaque jour de ne pas être hantée par ces bruits. Chaque jour est pour moi une bénédiction ».

Le statu quo n’est pas une option

Elle est contente d’avoir été la première et de donner à présent de l’espoir à d’autres personnes à l’avenir. « Nous avons une chance immense d’avoir accès à de tels soins. Je suis ravie d’en avoir bénéficié et j’espère que d’autres personnes en bénéficieront aussi. Je suis très reconnaissante, et nous faisons ce que nous pouvons pour soutenir l’hôpital. L’Hôpital d’Ottawa a la chance de pouvoir compter sur le DrFahed », de conclure Chris.

« L’Hôpital d’Ottawa a mis eu point cette nouvelle technique; nous sommes sortis des sentiers battus pour ce faire. »

– Dr Robert Fahed

Les demandes de consultation peuvent être envoyées par télécopieur au
613-761-5360
Dr Robert Fahed
Ottawa Pulsatile Tinnitus Clinic.

En date de juillet 2024, la phase de recherche de cette intervention a permis de traiter 17 patients atteints de cette forme d’acouphène pulsatile. Il est important de savoir que cette technique peut servir à traiter d’autres problèmes cérébrovasculaires, et nous encourageons les patients à contacter la clinique de l’acouphène pulsatile pour obtenir plus d’information.

« Voici un autre exemple de la manière dont L’Hôpital d’Ottawa est au premier plan des soins et de la recherche, d’ajouter le Dr Fahed. L’Hôpital d’Ottawa a mis eu point cette nouvelle technique; nous sommes sortis des sentiers battus pour ce faire ».

Le Dr Fahed précise que ce n’est qu’un début. C’est la naissance d’un nouveau domaine de soins.

Pour découvrir les « innovations déstabilisantes » du Dr Robert Fahed en matière de traitement des AVC, écoutez l’épisode 73 du balado Pulse.

Listen Now:

Publié : juin 2024

Sean Sisk, qui a photographié certains des plus grands musiciens du monde, était au cœur de l’action lors du Bluesfest en juillet 2023 lorsque les premiers signes de maladie sont apparus. Il avait de la fièvre et se sentait anormalement fatigué. En quelques jours seulement, ce célèbre photographe de la région s’est retrouvé à l’hôpital, où il passera 15 semaines après avoir reçu un diagnostic d’infection invasive à streptocoque du groupe A, qui ravageait son corps.

Quand on lui demande d’évoquer cette période, l’homme de 49 ans se tourne vers sa femme, Erin Fraser, car il ne se souvient de rien. Sean a travaillé durant les quatre premiers jours du Bluesfest, mais le dimanche, il a commencé à faire de la fièvre et n’a pas assisté au spectacle. Sa fièvre était assez élevée, mais venait par vagues. Il dormait et faisait de son mieux pour rester hydraté malgré l’absence d’appétit. Sean avait remarqué une rougeur sur une de ses jambes, qu’il avait attribuée à un coup de soleil survenu lors du festival.

« Trois jours seulement après l’apparition de ses premiers symptômes, Sean a commencé à ressentir des crampes dans le basventre et des douleurs à la hanche, explique Erin. Ensuite, il a eu des difficultés à respirer et au milieu de la nuit, il a été pris de sueurs froides. »

Tôt jeudi matin, ils ont appelé une ambulance, une décision qui a finalement sauvé la vie de Sean. Il a été transporté à l’Hôpital Montfort, où il est resté trois semaines avant d’être transféré au Campus général de L’Hôpital d’Ottawa.

Sean en convalescence à l’hôpital

Définition de la maladie mangeuse de chair?

La fasciite nécrosante, ou maladie mangeuse de chair, est une infection rare, mais très grave se répandant très vite le long des couches qui recouvrent les muscles (les fascias). S’il est vrai que le Canada ne recense chaque année qu’entre 90 et 200 cas, cette maladie est mortelle dans 20 à 30 % des cas. La maladie mangeuse de chair est plus fréquemment provoquée par une bactérie connue sous le nom de streptocoque de groupe A, bien qu’elle puisse aussi être causée par d’autres bactéries.

Une infection à streptocoque A attaque rapidement le corps de Sean

Des analyses sanguines ont révélé que Sean avait contracté une grave infection invasive à streptocoque du groupe A, accompagnée d’un choc septique et d’une défaillance de plusieurs organes. Cette infection a entraîné l’apparition d’une fasciite nécrosante, communément appelée « maladie mangeuse de chair », qui s’attaquait à sa jambe droite.

Sean était vraiment mal en point. Il était aux soins intensifs, intubé, et il recevait des médicaments pour lutter contre l’infection, mais ses reins avaient cessé de fonctionner. La situation est devenue si critique au cours des premiers jours d’hospitalisation que Sean a fait quatre arrêts cardiaques, dont trois lors d’un code massif qui a duré de 30 à 60 minutes.

Après que son état se soit stabilisé, Sean a subi une intervention chirurgicale à la jambe droite pour traiter par ablation la fasciite nécrosante. Il semblerait que l’infection soit entrée par une petite égratignure qu’il avait sur le mollet droit, ce qui a provoqué la rougeur que Sean avait initialement prise pour un coup de soleil. Un morceau de la taille d’un poing a été retiré de sa cuisse et, miraculeusement, sa jambe a été sauvée. Sean a été placé dans un coma artificiel pour combattre la maladie, et sa famille se demandait si l’homme qu’elle connaissait reviendrait un jour.

« Ses organes cessaient de fonctionner à cause de la grave infection. Sa vie était en danger. »

— Dr Kwadwo Kyeremanteng

« Pendant de longues semaines, on ne savait pas quelles seraient les séquelles de cet arrêt cardiaque, et on attendait simplement qu’il se réveille. Et s’il revenait à lui, dans quel état seraitil? Quelles seraient ses capacités physiques à ce stade, car être aussi gravement malade a de nombreuses ramifications », dit Erin.

Le Dr Kwadwo Kyeremanteng, médecin en soins intensifs et en soins palliatifs dans notre hôpital, faisait partie de l’équipe qui s’est occupée de Sean durant son séjour aux soins intensifs. « Il souffrait d’une défaillance multiviscérale, ce qui signifie que ses organes cessaient de fonctionner à cause de la grave infection. Sa vie était en danger. »

Comme l’explique le Dr Kyeremanteng, le streptocoque du groupe A est une infection extrêmement grave et potentiellement mortelle : « Il s’agit d’une éruption cutanée progressive qui évolue rapidement et qui pénètre dans les couches profondes de la peau. Parfois, une amputation est nécessaire, mais étant donné que cette infection est très agressive, la réaction du corps peut être extrêmement toxique. Cela peut entraîner une chute de tension artérielle et compromettre la capacité à acheminer le sang vers les reins et d’autres organes vitaux, comme le foie ou les intestins. »

Sortir de six semaines de coma

Malgré tout ce qu’il a traversé, Sean est finalement sorti du coma, mais le processus a été lent et progressif. Son corps avait subi une expérience traumatisante. « L’un de mes premiers souvenirs était quand ma physiothérapeute des soins intensifs a essayé de me faire asseoir dans un fauteuil roulant. Je me souviens que c’était la dernière chose que je voulais faire, mais elle a rendu l’expérience aussi agréable que possible. Elle et l’équipe des soins intensifs ont été formidables », ditil.

Le Dr Kyeremanteng souligne la résilience incroyable de Sean tout au long de cette épreuve. Malgré tout ce qu’il avait vécu, il était positif et n’avait pas perdu son optimisme. « La gratitude de Sean pour les soins qu’il recevait et son regard positif sur l’avenir suscitent la reconnaissance de ce travail que nous accomplissons. L’histoire de Sean est comme un carburant qui alimente notre motivation. Dans les moments de fatigue et d’épuisement, une histoire comme la sienne nous inspire. »

Au fil des jours, Sean a montré des signes d’amélioration et s’est finalement senti suffisamment bien pour quitter les soins intensifs. Il a ensuite passé une semaine en néphrologie pour surveiller sa fonction rénale et se rétablir avant d’être médicalement assez stable pour commencer sa réadaptation. La prochaine grande étape de son rétablissement a été son transfert au Centre de réadaptation de L’Hôpital d’Ottawa.

Rencontre avec l’équipe exemplaire au cœur de la réadaptation de Sean

Quand le Dr Guy Trudel, médecin en réadaptation et chercheur à notre hôpital, a rencontré Sean pour la première fois à la fin du mois d’août, il se souvient d’un homme effrayé et incertain de son avenir. Sean avait passé six semaines dans le coma.

« Sean était très soucieux de comprendre ce qui lui arrivait. Il venait de vivre une épreuve traumatisante et se sentait perdu. Il ne savait pas à quoi son avenir ressemblerait », explique le Dr Trudel.

« Nous évaluons les objectifs individuels de chaque patient et planifions notre intervention en tant qu’équipe interdisciplinaire axée sur la collaboration. »

— Dr Guy Trudel

Heureusement pour Sean, le Centre de réadaptation dispose d’une équipe spécialisée qui aide des patients comme lui, confrontés à de multiples problèmes de santé, que ce soit sur le plan physique ou mental. « Nous évaluons les objectifs individuels de chaque patient et planifions notre intervention en tant qu’équipe interdisciplinaire axée sur la collaboration. Nous élaborons des programmes de réadaptation personnalisés pour chaque patient en fonction de ses déficits et de ses objectifs, et nous suivons régulièrement les progrès réalisés. C’est un travail d’équipe », déclare le Dr Trudel.

Frankie Nadeau fait partie de cette équipe. En tant qu’ergothérapeute spécialisée dans les soins de réadaptation orthopédiques complexes, elle travaille avec des patients ayant subi de longues hospitalisations et ayant besoin d’aide pour se déplacer, y compris pour des activités de la vie quotidienne comme se laver et s’habiller. Elle offre également un soutien pour adapter l’équipement à domicile et faciliter la transition de l’hôpital à la maison. L’objectif est de retrouver des forces et d’acquérir des compétences pour gagner en autonomie.

Dans le cas de Sean, l’équipe a dû avancer par étapes. Il était affaibli et avait une blessure à la jambe. « Quand il est arrivé au Centre, Sean ne pouvait pas se déplacer. Il ne pouvait vraiment pas faire grandchose par luimême, car il était faible, explique Mme Nadeau. Sean avait également très peur de bouger, et il avait constamment besoin d’être rassuré. Il a fallu intégrer de nouvelles compétences petit à petit et les mettre en pratique régulièrement pour renforcer sa confiance. L’humour a été un excellent outil avec Sean. C’est probablement la raison pour laquelle nous nous sommes si bien entendus, lui et moi. »

Sean a finalement gagné en confiance, et au fil du temps, de nouvelles tâches se sont ajoutées à son programme. Il a notamment participé à des programmes de groupe et à des séances de physiothérapie. À chaque nouvelle étape, sa confiance en l’équipe et en luimême s’est renforcée, tout comme son corps. « Cela lui a permis de s’en remettre à notre approche. Il savait que nous ne lui demanderions pas de faire quelque chose que nous ne pensions pas qu’il serait capable de faire. »

Une grande part de cette confiance découle également du travail de Sean avec Bryce Mulligan, psychologue au Centre de réadaptation, qui avait un message important à lui transmettre lors de leur première rencontre : « Quoi qu’il arrive, vous n’êtes pas seul » dit Dr Mulligan.

Sean en convalescence à l’hôpital

« Il y a des gens qui survivent à des événements très improbables, souvent horribles, et peu importe la complexité ou la gravité de la situation, vous n’êtes jamais seul. »

— Dr Bryce Mulligan

Sean retrouveratil un jour sa vie d’avant?

M. Mulligan se rappelle qu’à un moment donné, Sean ne voulait pas tenir son appareil photo, car il n’était pas sûr de pouvoir un jour reprendre la photographie – c’était son gagnepain. Sean souffrait de neuropathie (lésions des nerfs) aux doigts et l’inconnu l’inquiétait.

« J’ai vu à quel point il était terrifié. Il était bouleversé. Je pense qu’il avait besoin de savoir que le cauchemar était terminé, mais personne ne pouvait lui garantir que c’était le cas. À ce momentlà, nous ne savions pas encore avec certitude s’il allait s’en sortir. »

Sean avait aussi envie de se remettre à cuisiner, car il aime préparer des repas pour sa famille.

« Sa participation dans la cuisine était importante, car nous pouvions utiliser cette activité pour travailler sur sa tolérance à rester debout et à se servir de ses mains. C’était incroyablement motivant pour lui. »

— Mme Nadeau

Au fil du temps, Sean a commencé à travailler dans la cuisine du Centre de réadaptation et a réappris à se débrouiller dans cet environnement. Son objectif était de rentrer chez lui et de préparer une soirée tacos en famille. « Sa participation dans la cuisine était importante, car nous pouvions utiliser cette activité pour travailler sur sa tolérance à rester debout et à se servir de ses mains. C’était incroyablement motivant pour lui », explique Mme Nadeau.

Ensuite, une fois que Sean a retrouvé suffisamment de force pour effectuer un transfert en voiture et rentrer chez lui, il a pu passer la nuit avec sa famille dans sa maison à quelques reprises. Finalement, après 15 semaines d’hospitalisation, le 26 octobre 2023, Sean a reçu son congé du Centre de réadaptation.

Sean recovering in the hospital

Une personne spéciale pour prodiguer des soins

Aujourd’hui, Sean poursuit sa guérison. Ses fonctions rénales continuent de s’améliorer, il n’a plus besoin d’une canne pour marcher et il est de retour derrière la caméra à temps partiel. Il est également très reconnaissant envers toutes les personnes qui l’ont aidé tout au long de son parcours. Il le répète à chaque membre de son équipe qui veut bien l’écouter, et cela ne passe certainement pas inaperçu.

« Sean a également laissé une impression durable sur l’équipe qui s’est occupée de lui, dit M. Mulligan. C’est un privilège de travailler avec un homme comme lui et de le voir reprendre sa vie en main. J’ai appris que sa vie avait également touché de nombreuses autres personnes dans la collectivité. »

« C’est facile de sombrer dans un trou noir et de s’apitoyer sur son sort, mais je n’ai jamais voulu abandonner, surtout parce que j’ai trois enfants. Je ne voulais pas perdre. La défaite n’a jamais été une option. »

— Sean Sisk

En repensant à l’équipe de soins qui était à ses côtés jour après jour, Sean exprime sa gratitude. « Elle m’a offert un sentiment de normalité à travers nos conversations, mais elle m’a aussi encouragé à trouver cette petite réserve de force intérieure pour m’aider à réussir. C’est facile de sombrer dans un trou noir et de s’apitoyer sur son sort, mais je n’ai jamais voulu abandonner, surtout parce que j’ai trois enfants. Je ne voulais pas perdre. La défaite n’a jamais été une option », dit-il.

Ce photographe bienaimé souhaite également que toute la collectivité réalise à quel point Ottawa a de la chance d’avoir accès à ce type de soins spécialisés, des soins dont il se souviendra toujours et qui ont façonné qui il est aujourd’hui. « Quitter l’hôpital a été un peu difficile, on se sent en sécurité làbas, mais je suis heureux de retrouver mes enfants et de reprendre le cours de ma vie. J’avoue, il m’est arrivé à plusieurs reprises de craindre de ne jamais pouvoir revenir. »

Sean outside the Rehab Centre with his twins
Sean devant le Centre de réadaptation avec ses jumelles
Sean Sisk and family
Sean Sisk, sa conjointe Erin Fraser, et leurs jumelles
Dans l’épisode 98 du balado Pulse (en anglais seulement), Frankie Nadeau nous parle de son rôle d’ergothérapeute au Centre de réadaptation et de sa relation avec Sean.

Listen Now: