Publié : novembre 2020

Dévastés et abasourdis – voilà comment se sentaient Sindy Hooper et sa famille à l’annonce de son diagnostic de cancer du pancréas en 2013. D’autant plus que le taux de survie au cancer du pancréas est particulièrement faible. À l’époque où elle a reçu le diagnostic, Sindy considérait qu’elle était dans la meilleure forme de sa vie. Mais du jour au lendemain, elle a dû mener le combat de sa vie et c’est vers L’Hôpital d’Ottawa, qui offre des traitements spécialisés et effectue de la recherche sur le cancer, qu’elle s’est tournée pour de l’aide.

Dans les mois qui ont précédé son diagnostic, Sindy se sentait très bien. Elle avait participé à son premier Ironman en août 2012 et s’entraînait cet automne-là pour le prochain. Puis, en décembre, elle a commencé à ressentir une douleur dans le haut de l’abdomen et du dos. Ensuite, vers la fin du mois, sa peau a commencé à démanger beaucoup, elle est devenue de plus en plus fatiguée et elle a commencé à perdre un peu de poids. Le jour avant son diagnostic, elle s’est réveillée avec les yeux jaunes. Elle avait la jaunisse.

Le mari de Sindy, le Dr Jon Hooper, qui est médecin aux Soins intensifs de L’Hôpital d’Ottawa, a cru au départ qu’il s’agissait de calculs biliaires. Le couple s’est donc rendu à l’hôpital sans se douter de ce qui l’attendait. Plus tard dans la journée, une échographie a révélé un cancer du pancréas. « Nous n’arrivions pas à le croire. J’étais relativement jeune. Je venais d’avoir 50 ans. Je n’avais jamais été aussi en forme. Il n’y avait absolument aucun antécédent de cancer dans ma famille », raconte Sindy. Les statistiques sur le taux de survie étaient encore plus alarmantes.

Un cancer agressif et brutal

Le pancréas fait partie du système endocrinien, un groupe de glandes et de cellules qui produisent et libèrent des hormones dans le sang pour contrôler la croissance, la reproduction, le sommeil, la faim et le métabolisme. Normalement, les cellules du pancréas produisent et libèrent les sucs digestifs qui permettent de digérer les aliments.

Le cancer du pancréas naît dans les cellules du pancréas. Une tumeur maligne au pancréas est un groupe de cellules cancéreuses qui peuvent se multiplier dans les tissus environnants et les détruire. Les cellules peuvent aussi se disperser et atteindre d’autres parties du corps. La lutte contre le cancer du pancréas n’a pas beaucoup progressé depuis 40 ans.

Le taux de survie après cinq ans est de huit pour cent seulement. La durée moyenne de survie est de six mois, tandis que 75 pour cent des personnes atteintes de cette forme de cancer décèdent en moins d’un an.

« Nous voyons ce que les gens vivent et nous constatons que ce que nous avons fait jusqu’ici ne suffit pas, il faut faire mieux. Cela nous aide à garder le cap et à persévérer, car nous savons qu’il est urgent de trouver de meilleurs traitements. »

– John Bell, Ph. D.

Les cancers du pancréas résistent à la plupart des traitements. Les scientifiques ne comprennent pas totalement la biologie des cellules, ce qui fait qu’il est difficile de détecter le cancer tôt et de le traiter avec les moyens conventionnels qui sont accessibles actuellement. Les chercheurs de L’Hôpital d’Ottawa s’efforcent de donner de l’espoir aux patients atteints d’un cancer du pancréas. Au moment de recevoir son diagnostic, Sindy ne le réalisait pas encore, mais la recherche allait devenir très importante pour elle et pour son parcours.

Prête à recevoir des soins spécialisés

En découvrant la gravité de sa situation, Sindy a prié pour tenir un an. Son équipe à L’Hôpital d’Ottawa a alors élaboré un plan de soins en trois volets. « Je suis extrêmement reconnaissante d’avoir accès à des soins aussi formidables près de chez moi. De vrais soins de calibre mondial », dit Sindy.

Le traitement a commencé par une chirurgie de Whipple. « C’est une opération qui dure sept heures. C’est énorme. Elle est réalisée seulement dans des centres très spécialisés. J’ai eu beaucoup de chance de pouvoir être opérée ici, à Ottawa. »

D’ailleurs, il n’y a que quelques hôpitaux qui offrent ce type d’intervention au Canada et L’Hôpital d’Ottawa en fait partie. Cette technique est utilisée pour retirer les tumeurs situées à la tête du pancréas ou dans l’ouverture du canal pancréatique. Une équipe qui se spécialise dans les chirurgies du pancréas, du foie, de la vésicule biliaire et des canaux biliaires travaille en collaboration pour soutenir le patient tout au long de l’opération.

Sindy in hospital recovering from Whipple surgery.
Sindy à l’hôpital, qui se rétablit d’une chirurgie de Whipple.

Dans le cas de Sindy, l’intervention complexe consistait à retirer la moitié du pancréas, la moitié de l’estomac, la vésicule biliaire, le conduit biliaire, le duodénum et la tumeur. Elle a passé dix jours à l’hôpital, puis cinq semaines en convalescence à la maison. « Juste au moment où je commençais à me sentir mieux, à la mi-février, j’ai commencé la chimiothérapie. Jusqu’en septembre, j’ai eu 18 séances de chimiothérapie et 28 jours de radiothérapie », se rappelle Sindy.

« La chirurgie de Whipple est une opération qui dure sept heures. C’est énorme. Elle est réalisée seulement dans des centres très spécialisés. J’ai eu beaucoup de chance de pouvoir être opérée ici, à Ottawa. »

– Sindy Hooper

Elle a très bien supporté les effets de la chimiothérapie et de la radiothérapie. Selon ses médecins, c’est grâce à son excellente forme physique qu’elle a été si forte pendant ses traitements. « Tout au long de mes traitements, j’ai continué à m’entraîner pour l’Ironman Canada. »

Dompter l’Ironman Canada

Sindy Hooper competing in 2013 Ironman Canada during cancer treatment
Sindy qui franchit la ligne d’arrivée de l’Ironman Canada en 2013.

Même si Sindy recevait encore de la chimiothérapie, elle se sentait bien et elle a organisé son voyage avec Jon en août 2013 pour s’attaquer à l’Ironman Canada à Whistler, en Colombie-Britannique. Elle ne pensait pas faire la portion de vélo ou la portion de course, mais elle se sentait capable de réussir les 3,86 km de nage. Finalement, non seulement Sindy a-t-elle terminé la portion de nage, mais elle a aussi fait les 180 km de vélo et le marathon. « Nous avons commencé le marathon et c’était miraculeux. Je me sentais tellement bien ce jour-là. J’étais pleine d’énergie. »

Au final, ils ont terminé l’Ironman ensemble, à 23 h 37 – 23 minutes avant l’heure limite. Mais son exploit représentait plus que le simple fait de croiser le fil d’arrivée. L’histoire de Sindy, qui a fait preuve d’une incroyable force en domptant un Ironman en plein traitement de chimiothérapie, a attiré beaucoup d’attention médiatique. Non seulement a-t-elle sensibilisé le public au cancer du pancréas, mais elle a aussi récolté 50 000 $ pour la recherche sur le cancer. « Réussir l’Ironman, accroître la sensibilisation et récolter tout cet argent, pour moi c’était un véritable cadeau au milieu de cette épreuve que je traversais », confie Sindy.

Récolter des fonds pour toutes les personnes atteintes du cancer

Les 50 000 $ amassés n’étaient que le début de la croisade de Sindy. Depuis 2014, elle s’emploie à récolter des fonds pour la recherche à L’Hôpital d’Ottawa en participant à l’événement Courez pour une raison de la Fin de semaine des courses Tamarack d’Ottawa. Son équipe de course s’appelle « MEMC crew » (pour Making Every Moment Count, ou « Chaque moment doit compter »). Elle s’efforce de transmettre aux autres sa passion pour la vie et de ne rien tenir pour acquis. C’est ainsi qu’elle a recueilli plus de 225 400 $ pour la recherche sur le cancer.

Sindy ne le fait pas seulement pour elle-même, mais aussi pour les autres patients. « La recherche sur le cancer me sauvera la vie encore, j’en suis certaine. »

« La recherche sur le cancer sauve des vies, c’est aussi simple que ça. Que ce soit en trouvant de nouveaux traitements ou des méthodes de détection précoce qui permettent de déceler le cancer plus tôt et de le traiter plus efficacement, la recherche sur le cancer sauve vraiment des vies. »

– Sindy Hooper
Sindy running in support of cancer research at The Ottawa Hospital
Sindy qui participe à la Fin de semaine des courses Tamarack d’Ottawa, pour soutenir L’Hôpital.

John Bell, Ph. D., est un scientifique principal qui étudie cette maladie complexe depuis des décennies à L’Hôpital d’Ottawa et ce sont les patients comme Sindy qui l’inspirent, ainsi que son équipe de chercheurs. « Je suis très privilégié d’avoir un laboratoire au Centre de cancérologie. Cela signifie que chaque jour, je peux voir les gens que nous essayons d’aider et qui, comme Sindy, veulent vivre longtemps et avoir une bonne qualité de vie. »

M. Bell ajoute que ce sont ces patients qui le poussent à chercher des réponses et le fameux remède qui nous échappe encore. « Nous voyons ce que les gens vivent et nous constatons que ce que nous avons fait jusqu’ici ne suffit pas, il faut faire mieux. Cela nous aide à garder le cap et à persévérer, car nous savons qu’il est urgent de trouver de meilleurs traitements. »

Les essais cliniques sont parmi les moyens de trouver ces réponses. Mais M. Bell n’ignore pas que les patients qui y participent sont courageux et altruistes. « Chaque patient que je rencontre semble me dire la même chose : “Je ne sais pas si cela fonctionnera pour moi, mais j’espère que vous apprendrez quelque chose qui pourra aider quelqu’un d’autre.” Ce genre d’attitude est une réelle source d’inspiration pour nous. Et Sindy a assurément cette attitude. »

De l’espoir pour personnes atteintes du cancer du pancréas

Sindy with Dr. John Bell at The Ottawa Hospital
Sindy en rencontre avec John Bell dans son laboratoire.

Les possibilités de traitement pour le cancer du pancréas sont encore limitées, mais il y a de l’espoir. Des chercheurs de L’Hôpital d’Ottawa sont à l’avant-garde de la recherche dans le monde, en mettant au point des virus qui peuvent attaquer les cellules cancéreuses sans nuire aux cellules normales. Ces virus ont fait l’objet d’essais cliniques visant d’autres types de cancer et l’équipe de M. Bell est à l’œuvre dans son laboratoire pour déterminer s’il est possible de les modifier spécialement pour s’attaquer au cancer du pancréas. Selon M. Bell, c’est « absolument » possible d’utiliser les résultats de ces essais pour aider éventuellement d’autres patients atteints du cancer du pancréas.

« Je crois vraiment que c’est un champ de recherche en pleine croissance et j’aime penser que nous avons un rôle essentiel à jouer pour entamer ce travail. »

Sindy, qui compte sur les résultats de ces recherches pour l’avenir, a un message tout simple pour M. Bell et son équipe : « Merci pour le travail que vous faites. »

« Continuez de travailler très fort, parce qu’il y a beaucoup de gens qui, comme moi, dépendent de la recherche pour que l’on trouve de nouveaux traitements, plus efficaces, et peut-être un jour un remède. »

– Sindy Hooper

Un nouveau souci de santé en 2020

Même avant l’arrivée de la COVID-19, l’année 2020 réservait un nouveau défi à Sindy. Lors d’un vol vers Hawaii l’hiver dernier, elle a commencé à ressentir d’intenses douleurs gastro-intestinales. Dès l’atterrissage, elle s’est rendue directement à l’hôpital, où elle a appris qu’elle avait une obstruction partielle de la voie gastro-intestinale. Même si son état s’est amélioré, ses chirurgiens de L’Hôpital d’Ottawa lui ont recommandé de rentrer à la maison, car ils avaient les meilleurs moyens de traiter son cas complexe si elle développait une nouvelle obstruction et avait besoin d’une chirurgie.

De retour chez elle, Sindy a continué à avoir de graves crises de douleur, puis elle a fait de la fièvre et une infection du sang. À la mi-avril, la COVID-19 était arrivée à Ottawa et les médecins hésitaient à l’opérer, mais la douleur était devenue si forte qu’ils n’ont pas eu le choix.

Les chirurgiens ont découvert un grand nombre d’adhérences là où se trouvaient ses obstructions et les ont retirées. Sindy avoue que ce séjour à l’hôpital en pleine pandémie fut une période angoissante. « J’avais si peur, toute seule, sans mon mari à mes côtés. »

Toutefois, elle lève son chapeau au personnel incroyable qui a été à son chevet pendant six jours. Je dois dire que tout le monde a mis les bouchées doubles pour que les patients se sentent bien pendant cette période. J’étais impressionnée. »

Des plans d’avenir

Aujourd’hui, Sindy célèbre sept années de survie au cancer du pancréas et ne tient rien pour acquis. Après avoir survécu une première année, elle a prié pour une deuxième. « Quand je songe à chaque année qui s’est ajoutée, c’est absolument incroyable pour moi, Jon et mes fils. »

Chaque six mois, Sindy retourne passer une tomodensitométrie à L’Hôpital d’Ottawa. Même si l’attente des résultats est angoissante, jusqu’à maintenant chaque examen a donné lieu à de bonnes nouvelles qui permettent à Sindy et Jon de faire des plans pour l’année suivante.

Sindy biking at the International Triathlon Union
En action au championnat du monde de triathlon de distance olympique de l’ITU (International Triathlon Union) à Cozumel, au Mexique, en 2016.

Cette année, le plan prévoyait d’agrandir la famille avec l’arrivée de Lexey, un bouledogue français, qui remplit leur quotidien de bonheur. Sindy a toujours de la course, de la nage et du vélo à l’horaire. Après son opération, elle a repris ses forces et est de retour à l’entraînement pour une course Ultramarines de 50 km en novembre et un triathlon l’été prochain. Elle reste toujours tournée vers l’avenir.

« C’est extraordinaire de déjouer les prédictions et de pouvoir continuer à vivre, à profiter de la vie et à aimer la vie. »

– Sindy Hooper

On peut dire que pour Sindy, chaque moment compte.

Écoutez Sindy Hooper témoigner dans Pulse, le balado de la Fondation de l’Hôpital d’Ottawa.


Fièrement affilié à l’Université d’Ottawa, L’Hôpital d’Ottawa est un centre de recherche et de santé universitaire de premier plan.