Annette ringing the bell of hope following her final cancer treatment.
Annette fait sonner la cloche de l’espoir après son dernier traitement contre le cancer.

En juillet 2016, Annette Gibbons a passé une mammographie ordinaire. Elle n’avait aucune idée que cette journée allait devenir un moment décisif dans sa vie et se terminer par un diagnostic de cancer du sein. Cette nouvelle inattendue l’a entraînée sur un chemin de traitements, de chirurgie et d’incertitude, l’obligeant à placer toute sa confiance en l’équipe médicale de L’Hôpital d’Ottawa pour son bien-être physique et émotionnel.

Après la mammographie, Annette a appris qu’elle avait des tissus denses et que les résultats étaient difficiles à interpréter. Elle n’était pas du tout inquiète au moment où elle a reçu un appel pour planifier une autre mammographie ainsi qu’une échographie. Tout a changé lorsque sa radiologue, la Dre Susan Peddle, lui a dit doucement qu’elle croyait qu’il s’agissait d’un cancer.

Annette, visiblement émue, se souvient de ce jour fatidique. « Juste comme ça, ma vie a changé et j’ai entamé mon parcours. »

Les défis de la chimiothérapie se font sentir

Annette a commencé une chimiothérapie sous l’œil attentif du Dr Mark Clemons. « Il se spécialise dans le type de cancer que j’avais et participe très activement aux essais cliniques et à la recherche sur les traitements et les pratiques de pointe », dit-elle.

Dans les premiers temps, Annette cherchait seulement à surmonter les effets physiques de la chimiothérapie. Elle se rappelle que « ce n’est pas quelque chose pour lequel on peut réellement se préparer, ou quelque chose qu’on peut comprendre, avant de devenir un patient… Il y avait la perte démoralisante de cheveux, les nausées constantes, la douleur intense aux os et la fatigue écrasante. Malgré tout, j’essayais de garder le moral en faisant de l’exercice, en participant à un groupe de soutien et en regardant beaucoup de vieux films ».

Des études qui font une différence

Au cours de son traitement, Annette a participé à plusieurs essais cliniques dirigés par le Dr Clemons dans le cadre de son programme novateur de reconception des essais cliniques (REaCT). Le Programme REaCT mobilise les patients et leurs proches dans chaque étape de la recherche, y compris le lancement d’idées, l’établissement des priorités, la conception des études et la communication des résultats.

L’une de ces études a récemment produit d’importants résultats qui bénéficient aux patientes atteintes du cancer du sein à Ottawa et partout dans le monde.

Faire confiance à son équipe médicale

Annette a aussi placé toute sa confiance dans son équipe médicale et était déterminée à rester positive. « Je savais que les statistiques en matière de survie étaient relativement bonnes et j’avais hâte de reprendre ma “vie normale”. »

Elle était loin de se douter que les prochaines étapes – mastectomie et radiothérapie – seraient plus dures que la chimiothérapie. L’opération elle-même et la guérison se sont bien passées. Elle remercie son extraordinaire chirurgienne, la Dre Erin Cordeiro, pour sa compassion et son talent.

« Elle m’a tenu la main pendant que j’étais allongée dans la salle d’opération, en attendant que celle-ci commence. » – Annette Gibbons

« Finalement, dit-elle en faisant un petit sourire, j’ose affirmer qu’elle m’a donné la plus belle et la plus droite des cicatrices chirurgicales que je n’ai jamais vue ».

Dures nouvelles

Annette aurait la vision d’ensemble de son pronostic de cancer uniquement en recevant les résultats des analyses pathologiques concernant sa tumeur. Plusieurs semaines plus tard, elle a reçu des résultats inquiétants de la Dre Cordeiro. L’annonce a eu l’effet d’une bombe. « Elle m’a dit que la tumeur était beaucoup plus grosse que prévu. Ils avaient trouvé des cellules cancéreuses dans de nombreux ganglions lymphatiques qu’ils avaient enlevés. Je ne m’attendais pas à ça et c’était tout un choc ».

Elle a rencontré le Dr Clemons quelques jours plus tard, alors qu’elle essayait toujours de digérer la nouvelle, et elle a dû encaisser un autre coup. « Il m’a dit en toute franchise qu’à cause de la taille de la tumeur et du nombre de ganglions lymphatiques touchés, mon risque de récidive était élevé. »

Soins empreints de compassion durant une période sombre

C’est alors que le monde d’Annette s’est effondré. Elle se souvient d’être descendue aux enfers. « C’était très difficile de m’en sortir. Cependant, mon équipe médicale a vu les signes et a su comment m’aider. Mon radio-oncologue dévoué, le Dr Jean-Michel Caudrelier, a vu mon désespoir et m’a dirigée vers le Programme d’oncologie psychosociale. Grâce à l’aide incroyable de la Dre Mamta Gautam, j’ai affronté mes plus grandes peurs et je les ai surmontées ».

Annette a terminé sa radiothérapie et a repris sa vie petit à petit. Cependant, comme tous les patients atteints de cancer le savent, la peur d’une récidive l’accompagne constamment. « Je ne sais pas si ça changera un jour. Mais j’ai décidé d’en faire un ami qui me rappelle de ne pas penser à la mort, mais à l’importance de vivre pendant que je suis en vie », dit-elle.

Elle est heureuse de savoir que les meilleurs professionnels de la santé se trouvaient ici même dans sa propre ville lorsqu’elle a reçu son diagnostic. En tant que « grande voyageuse à l’hôpital » autoproclamée, Annette est fière de dire qu’elle a retrouvé sa vie, notamment en reprenant son travail. « Je suis de nouveau moi-même et, étrangement, la vie est meilleure qu’avant. »


Fièrement affilié à l’Université d’Ottawa, L’Hôpital d’Ottawa est un centre de recherche et de santé universitaire de premier plan.

« Jillian était une véritable promotrice de L’Hôpital d’Ottawa. En plus de partager son expérience pour encourager et inspirer autrui, elle nous a rappelé que chaque jour est à un cadeau à chérir. La joie de vivre et l’attitude positive de Jillian face à l’épreuve étaient évidentes dans son dévouement empreint d’espoir envers sa famille. Nous sommes profondément attristés par sa disparition. Nous présentons nos condoléances les plus sincères à son mari, à ses trois enfants, aux autres membres de sa famille et à ses amis. À La Fondation, nous sommes tous profondément touchés par sa détermination, sa force et son courage. »

Tim Kluke, président-directeur général, La Fondation de l’Hôpital d’Ottawa
Cet article a été rédigé au début de 2019, avant le décès de Jillian.

Cet article a été rédigé au début de 2019, avant le décès de Jillian.

Jillian  O’Connor se tient dans son salon en riant. Un petit garçon vient lui serrer la jambe, puis repart en flèche pour aller jouer avec son frère et sa sœur aînés à l’étage inférieur. C’était Declan. Le fait que sa mère ait pu le voir souffler les bougies pour ses quatre ans, le 1er  février 2019, n’est rien de moins qu’extraordinaire.

Lorsque Jillian était enceinte de Declan, à 18 semaines de grossesse, elle a reçu un diagnostic de cancer du sein métastatique. On lui a dit qu’elle ne serait pas là pour fêter les deux  ans de son bébé. Deux ans et demi plus tard, Jillian a célébré son quatrième anniversaire avec lui et continue de profiter de la vie au maximum.

Une soif de vie insatiable

Ce qu’on remarque d’abord chez Jillian, c’est son sourire, suivi de son insatiable soif de vivre. Son attitude positive contagieuse vient en troisième. On imagine facilement que cette attitude puisse expliquer à elle seule pourquoi Jillian continue de défier les pronostics défavorables. Ce n’est peut-être pas prouvé scientifiquement, mais elle est convaincue que c’est la clé.

« J’ai des tumeurs partout, de la tête aux pieds », dit Jillian. « Chaque jour est une vraie bénédiction. “Oh! Je me suis réveillée. Génial!” Je veux continuer à vivre le plus intensément possible, le plus longtemps possible. Je crois sincèrement que le simple fait d’être optimiste aide. »

Le physique délicat de Jillian contraste avec sa personnalité flamboyante. Elle est sociable et déborde d’enthousiasme communicatif. Elle parle de son cancer de façon pragmatique. Il fait partie de sa vie, mais ne la domine pas. Elle a une autre grande préoccupation : sa précieuse famille. La jeune femme de 35  ans bavarde et rit avec tant d’aisance à propos de sa vie et de son expérience du cancer qu’il faut un moment pour comprendre à quel point cette expérience est hors du commun.

Diagnostic durant la grossesse

En 2014, Jillian allaitait encore Landon, son deuxième enfant, lorsqu’elle a consulté son médecin à propos d’un canal galactophore obstrué. Elle a découvert qu’il s’agissait plutôt d’un cancer du sein. Les médecins voulaient qu’elle passe une tomodensitométrie pour déterminer l’étendue du cancer, mais c’était impossible puisqu’elle était enceinte de 18  semaines. Sans traitement, lui a-t-on dit, elle ne survivrait pas jusqu’à l’accouchement. Avec une fille de trois ans et un fils d’un an à la maison, c’était impensable. Le diagnostic était dévastateur, mais Jillian y a bravement fait face avec l’optimisme et la détermination qui la caractérisent.

Une interruption de grossesse n’était pas envisageable pour Jillian et son mari, David. L’oncologue de Jillian, le Dr Mark  Clemons, lui a dit que ce ne serait pas nécessaire. Il pouvait lui offrir un protocole de chimiothérapie qui combattrait le cancer sans nuire à l’enfant qu’elle portait. Jillian a subi une mastectomie et a reçu une douzaine de traitements chimiothérapeutiques adaptés à sa situation particulière. Le 1er  février  2015, elle a donné naissance à Declan, un bébé en pleine santé.

« J’ai reçu de la chimiothérapie jusqu’au moment de l’accouchement. Le bébé était en santé, d’un poids tout à fait souhaitable à la naissance. Il était absolument parfait », raconte Jillian.

Chaque jour est un cadeau

Après la naissance de Declan, Jillian a pu passer des examens par tomodensitométrie visant à repérer l’emplacement des tumeurs. Le cancer s’était métastasé dans ses os, son foie et son système lymphatique. C’est alors qu’on lui a donné moins de deux ans à vivre

« En gros, on m’a dit : “On ne peut pas vous donner de pronostic à long terme. C’est un cancer de stade IV, alors prenez chaque jour en plus comme un cadeau” », explique Jillian. Elle a laissé son emploi d’infirmière à l’Hôpital Queensway Carleton et y est devenue patiente, recevant ses traitements au Centre de cancérologie Famille Irving Greenberg, établissement satellite de L’Hôpital d’Ottawa. « Deux ans ont passé, puis trois, et enfin quatre l’été dernier. J’espère avoir encore 40  ans devant moi. J’ai reçu un diagnostic sombre et terrifiant, mais je suis toujours bien en vie. »

La vie de Jillian est particulièrement bien remplie. Après tout, une fois de retour à la maison avec Declan après l’accouchement, elle avait à s’occuper de trois  enfants âgés de trois ans et moins. Elle s’est consacrée entièrement à la maternité, profitant de chaque moment avec eux. Entre ses visites hebdomadaires au centre de cancérologie pour recevoir ses traitements, elle s’affairait à changer des couches, à préparer des repas et à soigner, à amuser et à aimer ses petits trésors.

Declan et Jillian
Declan, 4 ans, assis sur les genoux de sa mère.

Marquer les étapes importantes

Declan revient et grimpe sur les genoux de sa mère pendant 30  secondes environ avant de s’installer à côté d’elle sur le sofa. C’est un garçon de quatre ans typique. Sa grande sœur Myla, qui est âgée de sept ans, et son frère Landon, qui a cinq ans, se montrent à leur tour. Les trois  enfants jouent sur le plancher, près de leur mère qui bavarde gaiement avec eux.

Jillian a été présente pour les voir franchir toutes les étapes de la petite enfance : ils ont appris à marcher, à parler, à courir, à jouer, à lire et à devenir de petites personnes autonomes. Myla et Landon fréquentent maintenant l’école. Declan les y rejoindra en septembre. À la mi-janvier, Jillian et David l’ont inscrit à la maternelle. Ces jours-ci, pendant que les deux plus vieux sont à l’école, Declan et Jillian passent de bons moments ensemble. Ils remplissent leurs journées avec des activités qui comprennent du bénévolat à l’école, en plus des tâches quotidiennes à la maison.

« J’ai reçu un diagnostic sombre et terrifiant, mais je suis toujours bien en vie. »

Jillian croque dans la vie à pleines dents et prend chaque jour tel qu’il est.

« Avec toute l’aide que les techniques modernes de radiothérapie et d’oncologie médicale peuvent lui offrir à Ottawa, en plus de sa personnalité et de sa motivation exceptionnelles, elle se tire remarquablement bien d’affaire dans une situation tragique pour toute jeune maman », dit le D Clemons. « Elle participe également à des recherches qui transforment les pratiques et vont améliorer les soins aux patients. Elle ne cesse jamais de donner. »

Programme de reconception des essais cliniques

Jillian a participé à plusieurs essais cliniques dirigés par le Dr Clemons dans le cadre de son programme novateur de reconception des essais cliniques (REaCT). Le Programme REaCT mobilise les patients et leurs proches dans chaque étape de la recherche, y compris le lancement d’idées, l’établissement des priorités, la conception des études et la communication des résultats. Les résultats bénéficient aux patientes atteintes du cancer à Ottawa et partout dans le monde.

Au cours des quatre dernières années, Jillian a aussi participé à des essais cliniques pour de nouveaux traitements qui ont freiné l’évolution du cancer. Lorsque son cerveau a été touché, il y a quelques années, elle a reçu une radiothérapie du cerveau entier ainsi que par CyberKnife. On lui a ensuite prescrit un nouveau médicament capable de franchir la barrière hématoencéphalique, contrairement à sa chimiothérapie habituelle. Ce médicament a empêché la croissance de nouvelles tumeurs au cerveau. Le cancer ne régresse pas, mais il n’empire pas non plus.

« Je vis très bien avec le statu quo, car j’arrive à faire tout ce que je veux en ce moment », dit Jillian. « Le statu quo me convient. Je me sens bien, je n’ai mal nulle part. Je n’ai pas le temps de réfléchir à ce que je ressens. »

Une source d’inspiration

Jillian s’assoit sur le plancher et joue avec ses trois enfants en riant. Elle regarde la petite poupée que sa fille Myla lui montre et tend une balle à Landon. « Je crois vraiment que mes enfants ont une énorme influence. Ils sont géniaux et tellement amusants. Ils me tiennent très occupée, ce qui fait partie du plaisir. Le soir, en allant me coucher, je ne pense pas au cancer ni aux tests à venir. Je ne pense à rien de ça parce que je suis épuisée. Je crois que ça m’aide. »

Le Dr Clemons est du même avis.

« Elle est remarquable. Nous aurions tous intérêt à suivre son exemple en donnant un véritable sens à notre vie », dit-il. « Trop de gens autour de nous consacrent un temps fou à se plaindre de futilités et de choses auxquelles ils ne peuvent rien changer. La vie est faite pour être vécue, et Jillian nous encourage à la vivre pleinement. »


Fièrement affilié à l’Université d’Ottawa, L’Hôpital d’Ottawa est un centre de recherche et de santé universitaire de premier plan.

Il y a trois ans, Sandy Patenaude a reçu une nouvelle dévastatrice : elle avait un cancer colorectal de stade quatre, qui s’était propagé à son foie et à ses poumons et était inopérable. Son oncologue lui a demandé si elle aimerait participer à un essai clinique sur un nouveau médicament inhibiteur de cellules souches cancéreuses en plus de sa chimiothérapie.

« Des inhibiteurs de cellules souches cancéreuses, pourquoi pas? » s’est dit Sandy, qui a accepté de participer à cet essai.

Le DDerek Jonker, oncologue médical à L’Hôpital d’Ottawa, est responsable de l’essai clinique international sur un médicament expérimental, la napabucasine, chez les patients atteints de cancer colorectal. Il explique que les cellules souches cancéreuses sont les rares cellules immatures présentes dans une tumeur, qui résistent souvent à la chimiothérapie. Ces cellules peuvent donner naissance à des cellules cancéreuses plus matures qui composent la majeure partie d’une tumeur. Les cellules souches cancéreuses ne sont pas les mêmes que les cellules souches normales qui se retrouvent dans de nombreux tissus chez un adulte en bonne santé et qui contribuent à la guérison et à la cicatrisation.

« Grâce à la chimiothérapie, nous pouvons offrir un traitement qui réussit à réduire une grande partie du cancer », souligne le DJonker, qui est également professeur agrégé à l’Université d’Ottawa. « La plupart du temps, le gros de la tumeur disparaît, mais il reste une petite tumeur qui contient beaucoup de ces cellules souches cancéreuses chimiorésistantes et capables de migrer et de proliférer ailleurs dans l’organisme. Souvent, nous continuons d’administrer la même chimiothérapie, puis constatons que la tumeur a grossi de nouveau, toutefois il ne s’agit pas de la même tumeur que celle que nous avions lorsque nous avons commencé. »

Le Dr Derek Jonker
Le Dr Derek Jonker  a mené un essai clinique sur le cancer colorectal et un médicament inhibiteur des cellules souches cancéreuses qui a aidé Sandy Patenaude.

Le Dr Jonker change alors de traitement pour cibler les cellules souches cancéreuses, qui ne sont pas touchées par la chimiothérapie traditionnelle. Lors d’un précédent essai clinique à répartition aléatoire qu’il a dirigé, des patients ont reçu un placebo ou de la napabucasine. L’objectif était d’évaluer l’efficacité du médicament à inhiber ou à prévenir la croissance des cellules souches cancéreuses. L’essai s’est déroulé dans 40 sites situés au Canada, en Australie, en Nouvelle-Zélande et au Japon. Les 562 patients recrutés étaient atteints d’un cancer colorectal de stade avancé chez lesquels la chimiothérapie ne fonctionnait plus.

À la lumière des résultats de l’essai, le DJonker a indiqué qu’il n’y avait pas beaucoup de bienfaits dans le groupe en général. « Cependant, lorsque nous avons examiné les patients atteints d’une tumeur présentant les caractéristiques d’une surexpression importante des cellules souches cancéreuses (phospho-STAT3), nous avons constaté que leur survie était grandement améliorée. »

En octobre 2016, le DJonker a présenté à la Société européenne de médecine interne cancérologique ses résultats montrant que, même si l’inhibiteur de cellules souches cancéreuses ne fonctionnait pas pour tous les patients, il y avait une amélioration de la survie chez 22 % des patients atteints de tumeurs avec un niveau élevé de phospho-STAT3. Il a déclaré qu’il s’agissait d’une « preuve que les cellules souches sont une cible importante chez les patients atteints de cancer ». La napabucasine est maintenant combinée à la chimiothérapie dans l’essai clinique en cours pour attaquer le cancer sur deux fronts en même temps.

« Grâce aux résultats de l’essai clinique, nous savons que la majorité des patients n’ont pas répondu au traitement, mais nous avons deux patients, ici à Ottawa, qui ont bien répondu et qui ont retiré des bienfaits de l’utilisation de l’agent clinique », souligne la Dre Christine Cripps, oncologue médicale.

« J’ai pensé à participer à l’essai, parce que je me suis dit que c’était nouveau. »

Sandy fait partie de ces patients qui en ont retiré des bienfaits. Ses tumeurs ont diminué et les chirurgiens ont pu retirer des taches dans son foie et la tumeur primaire dans son rectum. La Dre Christine Cripps croit qu’une grande partie de ce qui a permis de tenir le cancer en respect est la napabucasine que prend Sandy dans le cadre de l’essai clinique.

« Un inhibiteur de cellules souches fonctionne différemment de la chimiothérapie traditionnelle, puisqu’il prévient l’apparition de nouvelles tumeurs », explique Saara Ali, coordonnatrice de la recherche pour les essais cliniques sur les cancers gastro-intestinaux. « Nous espérons que le comprimé [la napabucasine] arrivera à prévenir l’apparition de nouvelles tumeurs. Dans le cas de Sandy, aucun nouveau cancer n’est apparu depuis son traitement. Tout était déjà là, alors il se peut bien que le médicament fasse le travail. »

Prochaines étapes : Le Dr Jonker souhaite commencer un autre essai clinique sur l’inhibiteur de cellules souches cancéreuses, qui sera utilisé seulement chez les patients dont les tumeurs contiennent beaucoup de phospho-STAT3. On pourrait cerner les patients admissibles à l’essai clinique au moyen d’analyses moléculaires réalisées au laboratoire de diagnostic en oncologie moléculaire de L’Hôpital d’Ottawa. Cela ciblerait les patients dont on pense qu’ils seraient le plus susceptibles de bénéficier le plus du médicament.

« Nous aimerions reproduire notre essai, répartir les patients de façon aléatoire pour qu’ils reçoivent la napabucasine ou un placebo, et si nous pouvons prouver que la napabucasine est efficace pour ces patients, alors elle pourrait devenir une option pour les patients qui ont essayé toutes les autres options de traitement », explique le DJonker.

La Dre Cripps a indiqué que Sandy était une candidate pour ce prochain essai clinique et que le laboratoire moléculaire analyserait ses tumeurs pour voir si ses cellules souches cancéreuses présentent une expression importante de phospho-STAT3. Quoi qu’il en soit, Sandy continuera à prendre le médicament de l’essai clinique aussi longtemps qu’il fonctionnera pour elle. Et il fonctionne. La mère de trois enfants adultes dit qu’elle est occupée à faire un million de choses, à jouer à l’euchre, à gratter son ukulele, à skier, à pratiquer la randonnée, à faire du vélo et à profiter de la vie.

L’Hôpital d’Ottawa recueille des fonds pour les essais cliniques, puisque la recherche s’est révélée la meilleure façon d’améliorer les traitements et même de trouver des remèdes contre le cancer et d’autres maladies dévastatrices.


Fièrement affilié à l’Université d’Ottawa, L’Hôpital d’Ottawa est un centre de recherche et de santé universitaire de premier plan.

John Chafe travaillait dans une banque qu’il entendait un jour diriger. Ses plans ont cependant été contrecarrés par une forme agressive de sclérose en plaques (SP). En 2001, il est devenu le deuxième participant à un essai clinique, le tout premier du genre au monde, chez qui toute nouvelle de la SP a été presque entièrement éliminée et la maladie, stabilisée.

Avant de commencer à travailler à Kenora en 1993, John Chafe a vécu un phénomène étrange : il a louché. Il ne le savait pas à l’époque, mais c’était là le premier signe d’une maladie débilitante.

Soupçonnant une grippe, son médecin de famille lui a prescrit des antibiotiques. Au bout d’une semaine, les yeux toujours croches, John s’est muni d’un cache-œil et a fait cinq heures de route depuis Thunder Bay pour occuper temporairement un poste dans une banque à Kenora. Une semaine plus tard, ses yeux se sont redressés et sont revenus à la normale.

« Quelques mois plus tard, j’ai été transféré à Niagara Falls. J’ai alors commencé à avoir de la difficulté à marcher en ligne droite. Je n’ai tout simplement pas pu marcher en équilibre sur une poutre lors d’une activité au Centre des sciences de l’Ontario », explique John. « J’ai mentionné ces symptômes à un ami, qui les a répétés à une amie qui, heureusement, était la Dre Heather McLean, neurologue à L’Hôpital d’Ottawa. »

Selon elle, ces  symptômes ressemblaient à ceux de la sclérose en plaques (SP), une maladie auto-immune qui incite le système immunitaire de l’organisme à attaquer son propre système nerveux central, son cerveau et sa moelle épinière. John  devait subir un examen par IRM et  une ponction lombaire pour obtenir un meilleur diagnostic de ses symptômes. L’hôpital de Thunder Bay n’ayant pas encore d’appareil d’IRM à l’époque, John a dû se rendre à Duluth, au Minnesota, pour ce faire. En avril  1995 , il  a soumis les clichés IRM au Dr Mark Freedman, neurologue et spécialiste de la sclérose en plaques de L’Hôpital d’Ottawa. Le Dr Freedman a confirmé le diagnostic : John était atteint de la sclérose en plaques.

John Chafe dévale des montagnes en ski.
John fait du ski à Blackcomb juste après le diagnostic en 1994.

Une vie bouleversée après le diagnostic de sclérose en plaques

John n’a pas abandonné son mode de vie actif après avoir reçu son diagnostic, malgré l’apparition de périodes d’exacerbation (poussée qui cause de nouveaux symptômes de SP ou aggrave d’anciens symptômes) tous les huit mois. Il est revenu à Thunder Bay et a ouvert un gymnase d’escalade, convaincu que la SP ne changerait pas sa vie.

Mais elle l’a fait. Elle l’a complètement bouleversée.

Après une autre période d’exacerbation de la SP, John s’est rendu compte qu’il arrivait de plus en plus difficilement  à sortir pour offrir une séance de planification financière à ses clients.

« J’avançais avec difficulté et je ne voyais pas comment leur demander de me faire confiance avec leur argent, alors que ma SP s’aggravait sans cesse », explique-t-il. « J’avais besoin d’un travail de bureau, alors  je me suis mis à  la programmation informatique. »

Les traitements réguliers qu’il recevait n’étaient d’aucune utilité. Il avait besoin d’un miracle. Il a donc déménagé à Ottawa pour être près de L’Hôpital d’Ottawa, où il recevrait les meilleurs traitements qui soient.

Un essai clinique avant-gardiste à Ottawa

Les Drs Harold Atkins et Mark Freedman
Les Drs Harold Atkins et Mark Freedman ont mis au point un traitement novateur contre la SP à partir de cellules souches qui a permis d’enrayer la maladie chez plus de 50 patients.

Puis, un jour, à la radio, John a entendu le Dr. Freedman parler d’une étude novatrice sur la greffe de cellules souches, qu’il a décrite comme une sorte de redémarrage forcé du système immunitaire. Le Dr Freedman travaillait avec le Dr Harold Atkins, hématologue et scientifique (également professeur de médecine à l’Université d’Ottawa),  pour voir si un traitement révolutionnaire mettrait fin à une forme agressive de SP.

John avait justement rendez-vous avec le Dr  Freedman cet après-midi-là. Il lui a donc manifesté son intérêt à participer à l’étude. Selon le Dr Freedman, John pouvait poser sa candidature vu son jeune âge, sa bonne santé générale et l’aggravation rapide de ses symptômes.

« Si vous aviez vu son évolution, la vitesse à laquelle son état se détériorait au moment de la greffe. Deux ou trois ans plus tard, c’est le fauteuil roulant qui l’attendait ou pire encore », estime le Dr  Freedman.

John était prêt à essayer un traitement expérimental qui pouvait renverser cette évolution. « La SP m’a privé de la joie de faire de l’escalade, de skier et de marcher. Je me suis dit que je pouvais prendre ce risque. »

« John était très enthousiaste, et cet aspect de sa personnalité a été très important pour son rétablissement », explique le Dr Freedman. « Il n’a jamais baissé les bras. C’est un homme têtu. Son but était de retourner sur les pistes de ski. »

Préparation au traitement

Pendant près d’un an, John  s’est soumis  aux  analyses exhaustives du Dr Atkins et de Marjorie  Bowman,  infirmière en greffe de moelle osseuse, pour voir s’il était physiquement apte à prendre part à l’essai clinique. Ces derniers voulaient aussi s’assurer qu’il était mentalement prêt à suivre le traitement intensif et à en accepter les risques, y compris la mort.

« Il s’agit d’un traitement fondamentalement différent de tous les autres, » affirme le Dr Atkins. « Notre méthode consiste à nous débarrasser de l’ancien système immunitaire et à en créer un tout nouveau qui se comporte mieux. »

« La SP m’a privé de la joie de faire de l’escalade, de skier et de marcher. Je me suis dit que je pouvais prendre ce risque. »

Pour remplacer son système immunitaire, John devait suivre une procédure rigoureuse.  Il devait subir une chimiothérapie intensive pour faciliter l’élimination de son système immunitaire. Comme la chimiothérapie pouvait le rendre infertile, il a mis un échantillon de son sperme en réserve. En novembre 2001, il a reçu sa toute première dose de chimiothérapie pour stimuler ses cellules souches et les faire circuler dans son sang. Ces cellules souches ont ensuite été prélevées et débarrassées de toute trace de SP.

Un mois plus tard, John a reçu d’énormes doses de chimiothérapie pour tenter de détruire son système immunitaire. Il  se rappelle s’être senti de plus en plus faible et près de la mort. Le 13 décembre 2001, une fois son système immunitaire anéanti par la chimiothérapie, John s’est fait injecter les cellules souches nettoyées par perfusion intraveineuse

« Sur le coup, je ne me suis pas senti mieux », dit John, qui est devenu la deuxième personne atteinte de SP au monde à subir une telle greffe de cellules souches. « Mais j’ai commencé à prendre des forces dans les jours suivants, à tel point que le Dr Atkins m’a donné mon congé la  veille de Noël. » Il a passé trois mois chez ses parents. Au printemps, il était prêt à retourner vivre dans sa propre maison.

Une recherche de pointe à Ottawa

Comme l’explique le Dr Freedman, le Dr Atkins et lui s’attendaient bien à ce que la maladie réapparaisse au moment de redémarrer le système immunitaire des personnes atteintes de SP.

« À l’époque, les chercheurs en génétique étaient d’avis qu’on ne pouvait rien pour les gens génétiquement prédisposés à souffrir de SP, car celle-ci continuerait à réapparaître chez eux », explique-t-il.  « Si c’était bien le cas, ce ne serait qu’une question de temps avant que les gens recommencent à avoir une maladie active. »

Personne ne connaissait les causes de la SP. Le Dr Harold Atkins et lui espéraient que cet essai leur permettrait de redémarrer le système immunitaire d’un patient et de le suivre de près à l’aide des toutes dernières technologies de surveillance et d’imagerie du système immunitaire, puis de constater la réapparition de la maladie et de découvrir le secret de ses déclencheurs. Cependant, aucun des 24 participants à l’essai n’a présenté de nouveaux symptômes de SP.

« À cet égard,  l’essai clinique  a été un échec. Il a permis de freiner l’évolution de leur maladie et, dans certains cas, d’éliminer également leurs incapacités »,  affirme le Dr  Freedman. « Nous suivons ces patients depuis 18 ans, et personne ne présente de symptômes. »

« Ces patients des tout  débuts, comme John, sont probablement les plus courageux parce que le traitement proposé venait avec tellement d’inconnues », ajoute le D Atkins. « Nous avons tiré des leçons de chaque patient que nous avons traité au fil des ans, mais nous en avons appris davantage des tout premiers patients. »

La dernière exacerbation que John a vécue avant  sa greffe de cellules souches l’avait laissé infirme. Après la greffe, sa SP n’est pas réapparue. John est resté en bonne santé, mais les dommages causés par la maladie n’ont pas été réparés, et il marche toujours avec une canne et une marchette.

« On peut se demander ce qui serait arrivé à John s’il avait eu la greffe cinq ans plus tôt », dit le Dr Freedman. « Aujourd’hui, nous offrons le traitement par cellules souches à tout patient qui a le même profil que John. Nous n’attendons pas des années. Nous sommes devenus plus perspicaces, capables de repérer les personnes dont l’état justifie cette approche agressive. »

Une seconde vie

La dernière exacerbation que John a vécue avant sa greffe de cellules souches l’avait laissé infirme. Après la greffe, sa SP n’est pas réapparue. John est resté en bonne santé, mais les dommages causés par la maladie n’ont pas été réparés, et il marche toujours avec une canne et une marchette

« On peut se demander ce qui serait arrivé à John s’il avait eu la greffe cinq ans plus tôt, dit le Dr Freedman. Aujourd’hui, nous offrons le traitement par cellules souches à tout patient qui a le même profil que John. Nous n’attendons pas des années. Nous sommes devenus plus perspicaces, capables de découvrir les personnes dont l’état justifie cette approche agressive. »

Environ 77 000 Canadiens vivent avec la SP. Toutefois, seulement  5 %  des patients souffrent d’une SP qui justifie une greffe de cellules souches. Ils sont généralement jeunes et présentent une des formes les plus agressives et les plus débilitantes de la maladie

La  greffe a permis à  John  de se libérer de toute contrainte.  Il a rencontré Patricia trois ans plus tard, et ils se sont mariés en 2005. Cinq ans plus tard, leur magnifique fille Mary est née.

John, sa fille, et son épouse
John,  sa fille, Mary  et  son épouse,  Patricia en  2013.

« Je me souviens que lorsque Mary  a commencé à se déplacer davantage, elle m’a motivé à devenir plus actif  de nouveau. Elle est devenue mon entraîneuse personnelle », explique-t-il. « Je me suis joint à l’Association canadienne pour les skieurs handicapés. J’étais très mauvais au début parce que je n’avais pas de force. Mais je suis  entêté  et j’ai refusé d’abandonner. Aujourd’hui, je peux skier seul pendant des heures – bien qu’avec des bâtons stabilisateurs pour garder l’équilibre. »

« J’ai revu John il y a quelques années. Le problème avec mon travail, c’est que mes patients vont mieux et ne viennent pas souvent me consulter », dit  le D Atkins. « Je me souviens  des photos de son jeune bébé et de lui en ski qu’il m’a montrées. C’est merveilleux de savoir que les gens peuvent suivre ces traitements et recommencer à skier. »

John ski en compagnie de sa fille et de sa femme.
John, Mary et Patricia font du ski à Edelweiss en 2016.

« Je ne suis pas président de banque, mais ma vie est plus qu’extraordinaire. Je skie, je danse avec ma femme et j’ai une fille de huit ans »,  dit John . « Parce que les Drs Freedman et Atkins voulaient à tout prix trouver le moyen d’enrayer une maladie comme la SP, ils m’ont sauvé la vie. »

La vidéo suivante porte sur Jennifer Molson, qui a également été l’une des premières participantes à l’étude clinique sur la SP. Elle comporte une entrevue avec les  Drs Atkins et Freedman.


Fièrement affilié à l’Université d’Ottawa, L’Hôpital d’Ottawa est un centre de recherche et de santé universitaire de premier plan.

L’Hôpital d’Ottawa, en collaboration avec BC Cancer, a récemment lancé un essai clinique utilisant le premier traitement par les cellules CAR-T « fait au Canada ».

La conception d’essais cliniques est quelque chose que L’Hôpital d’Ottawa réussit très bien. À l’heure actuelle, 825 essais cliniques sont en cours, dont 200 sont des essais sur le cancer.

Pour les patients de la région, cela signifie un meilleur accès à certains des traitements les plus avant-gardistes qui soient. Pour l’Hôpital, cela signifie de meilleurs soins aux patients ainsi qu’un environnement qui incite certains des plus brillants chercheurs du monde à venir ici pour collaborer, mettre au point de meilleurs traitements et se rapprocher de la découverte de réponses à certaines des plus grandes questions en matière de soins de santé.

Une expertise de calibre mondial en recherche

« Une grande partie de l’expertise en essais cliniques est ici, déclare le Dr Manoj Lalu, anesthésiologiste et scientifique adjoint à L’Hôpital d’Ottawa. Il est bien connu qu’Ottawa est un leader mondial en matière d’essais cliniques et de conception d’essais novateurs. Bon nombre des lignes directrices produites à l’échelle internationale sur la conception et les rapports d’essais cliniques proviennent de L’Hôpital d’Ottawa ».

L’Hôpital d’Ottawa a utilisé toute cette expertise dans la conception et le lancement d’une approche « faite au Canada » pour les essais cliniques sur les cellules CAR-T.

Drs. Manoj Lalu and Dean Fergusson
Les Drs Manoj Lalu et Dean Fergusson ont élaboré un protocole pour le nouvel essai clinique sur les cellules CAR-T.

Assurer la réussite de l’essai clinique

Les Drs Manoj Lalu et Dean Fergusson ont collaboré avec la Dre Natasha Kekre et d’autres personnes pour s’assurer que l’essai clinique sur les cellules CAR‑T nouvellement lancé à L’Hôpital d’Ottawa soit un succès.

Ils ont créé un programme rigoureux, évaluant l’information actuelle sur le traitement, examinant les données et les dossiers des différents centres des sciences de la santé, analysant les coûts et examinant la production. L’équipe a également interviewé des patients afin de mieux comprendre ce qui pourrait les empêcher de participer à un essai clinique.

« Nous avons constaté que les chercheurs surestiment considérablement le nombre potentiel de patients et les facteurs qui les touchent », déclare le Dr Fergusson, directeur du Programme d’épidémiologie clinique de L’Hôpital d’Ottawa, professeur à l’Université d’Ottawa et président de la Society for Clinical Trials, un organisme international. « Ils présument tous que les patients veulent participer à un nouveau traitement, mais nous avons montré que ce n’est pas le cas. »

Favoriser la participation des patients au processus

Le Dr Fergusson affirme que de nombreux facteurs peuvent influer sur le recrutement de patients pour un essai clinique, comme la distance qu’ils doivent parcourir pour y participer ainsi que la situation des membres de leur famille ou de leur fournisseur de soins. Ainsi, lorsque les Drs Fergusson et Lalu ont conçu l’essai, ils ont réuni une équipe de personnes qui ont participé à la création et à l’administration du traitement (comme les scientifiques et les cliniciens) tout en incluant les patients, qui allaient recevoir le traitement en fin de compte, comme membres de l’équipe.

« La participation des patients a été essentielle à la conception de l’essai clinique depuis le tout début, a déclaré le Dr Fergusson. Un groupe de patients a aidé à créer les formulaires d’information et de consentement qui aident les patients à comprendre l’essai. Donc, lorsque le patient admissible à l’essai lit les documents, il y a eu d’autres personnes, et pas seulement des chercheurs, qui les ont déjà regardés. »

« La participation des patients a été essentielle à la conception de l’essai clinique depuis le tout début. »
– Dr Dean Fergusson

L’animateur ottavien « Stuntman » Stu Schwartz, qui a été traité contre la leucémie à L’Hôpital d’Ottawa, est l’un des patients partenaires qui a participé au processus. Stefany Dupont est la seule patiente participante qui a reçu un traitement par les cellules CAR-T. Les patients partenaires comme Stu et Stefany ont non seulement contribué à déterminer les résultats que les chercheurs examineront dans le cadre de l’essai sur le traitement par les cellules CAR-T, mais ont aussi émis des commentaires utiles sur la conception de l’essai. Ils ont offert un point de vue de patient sur la manière dont l’information était formulée et sur certains des processus qui aideront les patients à comprendre l’étude.

« Ils nous disent s’ils comprennent ou non, ou bien ils nous demandent “pouvez-vous clarifier cela?”, explique le Dr Lalu. Ce sont les autres patients, ceux qui ont souffert d’un cancer du sang, qui orientent le processus pour les patients qui participeront à l’essai. »

Construire à partir de la base

Comme pour la plupart des essais conçus à L’Hôpital d’Ottawa, les soins aux patients sont intégrés à l’essai. Ceci est dû à la conception de l’essai, qui exige la reproduction des pratiques de la clinique et les modèles de demandes de consultation courants. Ce qui distingue L’Hôpital d’Ottawa, c’est la façon dont les essais cliniques sont conçus à partir de la base, incluant les bonnes personnes au bon moment et, surtout, donnant aux patients l’occasion de se prononcer sur tout, de la communication au recrutement, en passant par les options d’administration du traitement.

Les Drs Fergusson et Lalu appliquent également ces concepts d’élaboration d’essais cliniques à d’autres problèmes en matière de soins de santé, dont les problèmes cardiaques postchirurgicaux, les AVC et les maladies pulmonaires néonatales

Des organismes comme BioCanRx et la Fondation canadienne pour l’innovation, ainsi que le gouvernement de l’Ontario ont appuyé la recherche sur le traitement par les cellules CAR-T que mènent L’Hôpital d’Ottawa et le Centre de fabrication de produits biothérapeutiques, mais il faut des fonds plus importants pour que ce programme devienne réalité.


Fièrement affilié à l’Université d’Ottawa, L’Hôpital d’Ottawa est un centre de recherche et de santé universitaire de premier plan.

Publié : février 2019

Un traitement contre le cancer qui change la donne

Les symptômes de leucémie de Stefany Dupont ont disparu. Elle est en rémission complète grâce à un nouveau traitement révolutionnaire appelé « traitement par les cellules CAR-T ». Ce nouveau type de traitement a le potentiel de transformer la manière dont les patients atteints de cancer sont pris en charge au Canada et à travers le monde.

Pronostics défavorables

Stefany a reçu, à l’âge de 13 ans seulement, un diagnostic de leucémie aiguë lymphoblastique (LAL). Les enfants atteints de leucémie sont soumis à un protocole de chimiothérapie strict qui guérit efficacement plus de 90 % des patients. Malheureusement, ce n’était pas le cas de Stefany.

Cela faisait cinq ans qu’elle était en rémission quand sa leucémie a récidivé, en 2010. Elle était alors une adulte âgée de 18 ans et a commencé à suivre un traitement à L’Hôpital d’Ottawa. En 2015, elle a subi une chimiothérapie ainsi qu’une greffe de cellules souches hématopoïétique provenant de la moelle osseuse. Elle prenait du mieux jusqu’à ce que, un an et demi plus tard, elle ait une autre rechute. Les adultes atteints de leucémie qui rechutent après une greffe ont moins de 10 % de chances de survie.

« Stefany a eu la malchance de rechuter dans les deux ans qui ont suivi la greffe », a déclaré la Dre Jill Fulcher, médecin de Stefany, spécialisée en hématologie maligne et clinicienne-chercheuse à L’Hôpital d’Ottawa. « Sa leucémie est revenue avec une crise blastique, et Stefany était très malade. Le traitement palliatif était tout ce que nous avions à offrir aux patients atteints de LAL qui rechutaient si tôt après la greffe. »

La Dre Jill Fulcher examine Stefany par stéthoscope.
L’hématologue, la Dre  Jill  Fulcher, confirme que Stefany  Dupont est en rémission depuis plus d’un an après avoir reçu le traitement par les cellules CAR-T. Auparavant, Stephany avait une chance de survie de 10 à 20 %, pronostic qu’elle avait reçu avant le traitement par les cellules CAR-T.

Nouvel espoir

La Dre Fulcher et sa consœur, la Dre Natasha Kekre, hématologue, scientifique adjointe à L’Hôpital d’Ottawa et professeure adjointe à l’Université d’Ottawa, savaient que des essais cliniques sur l’immunothérapie par les cellules CAR-T menés aux États-Unis montraient des résultats remarquables chez de nombreux enfants et adolescents atteints de leucémie ou d’autres cancers du sang en leur permettant une rémission durable.

Pour les patients qui sont extrêmement malades et qui sont à court d’options, comme l’était Stefany, le traitement par les cellules CAR-T représente un nouvel espoir. C’est pourquoi la Dre Kekre mène la charge afin d’introduire le traitement par les cellules CAR-T à L’Hôpital d’Ottawa.

Fournir des traitements de pointe à la population canadienne

En tant que l’un des grands centres canadiens de recherche et de traitement, et grâce à son expertise de calibre mondial, L’Hôpital d’Ottawa est idéalement placé pour aider à l’introduction de ce traitement novateur au Canada et auprès des Canadiens. L’Hôpital d’Ottawa est l’un des premiers hôpitaux canadiens à participer aux essais cliniques internationaux sur les cellules CAR-T et l’Hôpital joue actuellement un rôle de premier plan dans un programme de recherche « fait au Canada » sur les cellules CAR-T.

« Notre objectif est d’établir une expertise et une capacité d’innovation canadiennes dans le domaine prometteur des cellules CAR-T grâce à la recherche en laboratoire et aux essais cliniques », a déclaré la Dre Kekre, qui travaille avec une équipe dont les membres viennent de partout au Canada. « Ceci pourrait mener à de meilleurs traitements par les cellules CAR-T qui seraient efficaces contre plus de types de cancer ainsi qu’à des approches novatrices pour offrir le traitement par les cellules CAR-T au sein du système de santé canadien. »

L’essai clinique proposant le premier traitement par les cellules CAR-T « fait au Canada » constitue une partie essentielle du programme. L’essai clinique devrait être mis en branle à L’Hôpital d’Ottawa et à la BC Cancer Agency en 2019.

De la recherche translationnelle à la fabrication en passant par la conception des essais, L’Hôpital d’Ottawa, de concert avec la BC Cancer Agency, est idéalement placé pour offrir cet essai clinique complexe d’un traitement expérimental à ses patients.

« Il est bien connu qu’Ottawa est un leader mondial en matière d’essais cliniques et de conception d’essais novateurs », a dit le Dr Manoj Lalu, scientifique adjoint et anesthésiologiste à L’Hôpital d’Ottawa, qui fait partie de l’équipe des cellules CAR-T. « Bon nombre des lignes directrices produites à l’échelle internationale sur la conception et l’enregistrement des essais cliniques proviennent de L’Hôpital d’Ottawa ».

À propos du traitement par les cellules CAR-T

Dr. Kekre at The Ottawa Hospital.
La Dre  Natasha  Kekre, avec d’autres hôpitaux au Canada, travaille à la mise au point d’une approche « faite au Canada » pour le traitement du cancer par les cellules CAR-T. L’Hôpital d’Ottawa jouera un rôle de chef de file dans la fabrication et la fourniture de ce traitement expérimental au réseau national d’hôpitaux.

Le traitement par les cellules CAR-T utilise les cellules immunitaires du patient, appelées lymphocytes T, pour traiter le cancer de ce dernier. Les lymphocytes T jouent un rôle crucial au sein du système immunitaire en détruisant les cellules anormales comme les cellules infectées par des germes et les cellules cancéreuses. Dans certains cancers, tels que la leucémie aiguë lymphoblastique (LAL), les cellules cancéreuses deviennent invisibles pour les lymphocytes T qui sont censés les détruire. Dans le traitement par les cellules CAR-T, les lymphocytes T sont prélevés et reprogrammés en laboratoire afin qu’ils puissent reconnaître et détruite les cellules cancéreuses.

« Ce type de recherche sur l’immunothérapie est révolutionnaire, a dit la Dre Kekre, mais il est important de garder à l’esprit que le traitement par les cellules CAR-T est encore très récent et peut entraîner de graves effets secondaires. Il faut mener plus de recherches afin d’en apprendre davantage sur ce traitement et de le rendre efficace pour encore plus de personnes. »

Un sursis bien mérité

Le traitement par les cellules CAR-T n’était pas encore disponible au Canada lorsque Stefany en avait besoin. Sa seule option, à ce moment, était donc d’essayer de participer à l’essai clinique sur les cellules CAR-T de l’Hôpital pour enfants de Philadelphie. Puisque l’essai clinique offert par l’hôpital acceptait encore des patients atteints de LAL jusqu’à l’âge de 25 ans, Stefany y était admissible.

Trois mois après avoir reçu sa transfusion de cellules CAR-T à Philadelphie, Stefany a subi une biopsie de moelle osseuse qui a révélé qu’elle était en rémission – son traitement fonctionnait.

Trois mois plus tard, Stefany est partie en voyage, ce qui était bien mérité.

« Après le temps d’attente de six mois, je suis allée en Australie », a raconté Stefany. Elle a visité Sydney, Brisbane, Melbourne, a fait de la plongée autonome à la Grande barrière de corail et du deltaplane au-dessus des rives de Byron Bay. Ce voyage constituait une merveilleuse pause après le traitement intensif qu’elle avait subi.

« C’est un très bon signe que Stefany soit toujours en rémission plus de deux ans après le traitement par les cellules CAR-T, a déclaré la Dre Fulcher. Sans ce traitement, elle ne serait certainement pas avec nous aujourd’hui. »

CAR-T

Centre unique de biothérapies

Le traitement par les cellules CAR-T doit être fabriqué individuellement pour chaque patient en utilisant les cellules de ce dernier en combinaison avec de grandes quantités de virus très pur pour générer le gène CAR. Le Centre de fabrication de produits biothérapeutiques de L’Hôpital d’Ottawa est idéalement placé pour mettre au point ce type de traitement, car il possède le système le plus avancé pour produire les virus de qualité clinique nécessaires à la création des cellules CAR-T des essais cliniques. C’est le seul établissement au Canada à avoir produit ce type de virus pour des essais cliniques.

« Grâce à son installation de fabrication, à son expertise en matière d’essais cliniques et à ses programmes d’hématologie et de cancérologie de calibre mondial, L’Hôpital d’Ottawa est idéalement placé pour diriger la mise au point de la nouvelle génération du traitement par les cellules CAR-T » a déclaré la Dre Rebecca Auer, directrice de la recherche sur le cancer à L’Hôpital d’Ottawa.

« Les patients atteints de LAL, de lymphome et d’autres types de cancers du sang pourraient bénéficier de ce traitement expérimental », a affirmé la Dre Kekre. Nous espérons qu’un jour le traitement par les cellules CAR-T soit aussi utilisé contre plusieurs types de cancers, comme le cancer du sein et le cancer colorectal. C’est par l’entremise des essais cliniques menés à L’Hôpital d’Ottawa que des traitements novateurs contre le cancer seront découverts et continueront de donner espoir aux patients comme Stefany.

Des organismes comme BioCanRx et la Fondation canadienne pour l’innovation, ainsi que le gouvernement de l’Ontario ont appuyé la recherche sur le traitement par les cellules CAR-T que mènent L’Hôpital d’Ottawa et le Centre de fabrication de produits biothérapeutiques, mais il faut des fonds plus importants pour que ce programme devienne réalité.


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