Publié : mars 2023

La recherche de la solution miracle contre la sepsie dure depuis des décennies. L’Hôpital d’Ottawa la propulsera toutefois à un niveau encore inégalé grâce à la prochaine phase d’un essai clinique inédit au monde d’un traitement par cellules souches du choc septique. Il n’apportera pas vraiment la solution miracle, mais plutôt une piste de solution qui pourrait mener à des options de traitement novatrices pour des millions de patients. Les chercheurs espèrent non seulement sauver davantage de vies, mais aussi améliorer la qualité de vie des personnes qui survivent à cette infection dévastatrice.

La sepsie est causée par la réponse du corps à une infection. Lorsqu’une infection se propage par la circulation sanguine et suractive le système immunitaire et le système de coagulation, elle peut entraîner la défaillance du cœur et d’autres organes. La sepsie est associée à un taux de décès allant de 20 % à 40 % et parfois plus, selon l’état de santé de la personne. Les survivants ont en outre bien souvent une piètre qualité de vie, et ce, bien souvent à long terme. La sepsie ne connaît pas de frontière et touche des gens partout sur la planète. 

Qu’est-ce que la sepsie?

La sepsie se produit lorsque le corps déclenche une réponse tellement extrême à une infection qu’elle peut entraîner la mort. L’infection survient quand une bactérie entre dans la circulation sanguine et déclenche une réaction en chaîne qui amène le système immunitaire, ce qui peut entraîner l’arrêt d’organes et la mort.

La Dre Lauralyn McIntyre est médecin à l’Unité de soins intensifs et scientifique principale à L’Hôpital d’Ottawa. C’est la prise en charge de patients dans un état critique qui la motive à réaliser une recherche sur la sepsie. Au fil des ans, elle a été témoin des répercussions débilitantes qu’elle peut avoir sur les patients et leur famille. « C’est ce qui me pousse à mener cette recherche. Les chercheurs adorent la science. Nous aimons poser des questions et tout le raisonnement qu’elles entraînent. Nous aimons répondre à des questions scientifiques. La principale raison qui nous motive demeure toutefois les patients : nous voulons les aider, explique-t-elle. S’il existe une façon de faire progresser nos connaissances pour aider ces patients et leur famille, cette façon revêt une importance primordiale. »

Répercussions mondiales de la sepsie

La sepsie est reconnue comme une priorité mondiale en matière de santé. Il y a environ 48,9 millions de cas de sepsie qui causent 11 millions de décès chaque année dans le monde, ce qui représente près de 20 % des décès sur la planète. Elle est aussi l’une des causes principales de décès chez les personnes atteintes de la COVID-19.

Pour mettre les choses en perspective, une étude publiée en 2021 par des chercheurs de L’Hôpital d’Ottawa et de l’Institute for Clinical Evaluative Sciences (ICES) révèle qu’une sepsie grave est associée à une hausse de la mortalité, des réadmissions à l’hôpital et des coûts des soins de santé. Les chercheurs estiment que ces coûts s’élèvent à un milliard de dollars en Ontario seulement.

« C’est la complexité de l’infection et le défi qui m’ont incitée à entreprendre la recherche, tout comme le potentiel d’aider les patients et d’améliorer leurs résultats. »

– Dre Lauralyn McIntyre
La Dre McIntyre estime que la sepsie est la raison la plus courante de l’admission dans une unité de soins intensifs. « Elle représente environ 20 % des cas dans cette unité de l’Hôpital. À l’échelle provinciale sur une période de quatre ans, 270 000 patients ont été admis dans les hôpitaux de l’Ontario en raison d’une infection. Environ 30 % d’entre eux présentaient la forme la plus grave de sepsie, c’est-à-dire une infection accompagnée de la défaillance d’organes, ce qui représente environ 67 500 patients par année seulement en Ontario. C’est ahurissant! », poursuit la Dre McIntyre.

Ces données la motivent donc au plus haut point à mieux comprendre la sépsie et son traitement. « C’est la complexité de l’infection et le défi qui m’ont incitée à entreprendre la recherche, tout comme le potentiel d’aider les patients et d’améliorer leurs résultats », ajoutetelle.

Consultez la foire aux questions avec la Dre Lauralyn McIntyre

Donner un visage à l’infection

Il y a 10 ans, la sepsie a changé la vie de Christine Caron, une mère célibataire qui avait un emploi et quatre enfants âgés à l’époque entre 15 et 24 ans. Tout au long de l’hiver et du printemps de 2013, elle ne se sentait pas en bonne santé. Vers la fin de mai, pendant qu’elle jouait au souque à la corde avec ses quatre chiens, l’un d’entre eux a accidentellement mordu sa main gauche. « Ce n’était pas une morsure grave : juste une petite plaie. Comme je n’avais ni rougeur ni douleur, j’ai nettoyé et désinfecté la région », se souvient Christine.

Quatre jours plus tard, alors qu’elle était au travail, elle s’est rendu compte qu’elle n’était pas allée aux toilettes de la journée – elle a appris plus tard que c’était parce que ses reins étaient en train d’arrêter de fonctionner. Le lendemain, elle est allée faire une course matinale. « J’étais essoufflée et j’ai dû rentrer à la marche, mais je me suis sentie mieux après une douche. Plus tard dans la journée, j’ai ressenti une douleur terrible au ventre – comme si quelqu’un m’avait frappée – et je me suis sentie désorientée. Je suis rentrée chez moi et je me suis endormie. Mon fils m’a réveillée à un moment donné pour me dire que je respirais bizarrement, mais je lui ai assuré que j’allais bien et je me suis rendormie. J’ai été étonnée à mon réveil quand j’ai pris conscience du nombre d’heures dormies », poursuit Christine.

Christine Caron is a survivor of sepsis.

Elle se rappelle de s’être sentie agitée et d’avoir eu d’autres symptômes, notamment transpirer même si elle avait froid et avoir extrêmement soif. Elle s’est rendue dans un centre de soins d’urgence local, mais il était fermé. « Je ne savais pas à quel point j’étais malade et je n’avais absolument pas envie d’aller attendre dans une urgence. J’ai décidé que j’irais à l’hôpital le lendemain matin si je ne me sentais pas mieux. »

Plus tard cette nuit-là, pendant que ses enfants dormaient, son état a empiré considérablement. Elle avait cette fois des symptômes semblables à ceux de la grippe. « Je suis restée allongée sur le sol de la salle de bain probablement jusqu’à trois heures du matin. J’ai pensé à appeler une ambulance, mais je ne voulais pas réveiller ma famille, confie-t-elle. Je n’avais pas les idées claires. Je sais maintenant que c’était du délirium. »

Le matin suivant, un ami a amené Christine à un hôpital local. « J’étais étourdie. J’arrivais à peine à respirer. J’ai remis ma carte d’assurance-santé à l’infirmière, puis je me suis évanouie. »

Christine a repris connaissance seulement un mois plus tard. Le 13 juin, elle s’est réveillée au Campus Civic de L’Hôpital d’Ottawa et a appris avec dévastation les dégâts causés par la sepsie dans son corps. C’était la première fois qu’elle entendait parler d’un choc septique. « J’avais une bronchite qui s’est transformée en pneumonie ambulatoire. C’est cette maladie qui a compromis mon système immunitaire et causé la réaction à la bactérie qui est entrée lorsque mon chien m’a mordu. Le tout s’est rapidement aggravé jusqu’au choc septique. »

Le 22 juin, Christine a commencé une série de chirurgies pour amputer ses jambes et son bras gauche et retirer des tissus morts de son unique membre et de son visage. Sa vie ne serait plus jamais la même. À l’époque, elle ne se doutait pas qu’elle deviendrait la porte-parole des survivants à la sepsie. Début juillet, elle est sortie de l’hôpital et a appris un nouveau mode de vie dans notre centre de réadaptation. Elle a réappris à marcher et a reçu du soutien en raison d’un trouble de stress post-traumatique. Aujourd’hui, Christine défend activement les droits des survivants à une sepsie, en plus de sensibiliser les gens à cette infection et à la recherche sur le sujet.

Améliorer le traitement de la sepsie

Il y a eu peu de progrès dans le traitement de la sepsie pendant des décennies, mais une recherche inédite au monde réalisée dans notre hôpital montre qu’un certain type de cellules souches pourrait être la clé pour aider à équilibrer le système immunitaire qui réagit à la sepsie. Des études en laboratoire et les premiers résultats de son essai clinique sont si prometteurs que les Instituts de recherche en santé du Canada et le Réseau de cellules souches ont accordé 2,3 M$ à la recherche de la Dre McIntyre pour qu’elle entreprenne un essai de plus grande envergure. « Dans le monde entier, des chercheurs ont passé des décennies à essayer de trouver de nouvelles thérapies contre le choc septique, mais rien n’a jusqu’à présent amélioré la survie ou la qualité de vie des survivants à cette infection dévastatrice, précise la Dre McIntyre. Nous avons urgemment besoin de nouveaux traitements contre le choc septique et de les mettre à l’essai dans le cadre d’un essai clinique à répartition aléatoire comme celui-ci. »

Cet ajout de fonds permettra à l’équipe d’élargir l’essai à 10 centres au Canada pour vérifier si les cellules souches peuvent réduire le besoin de soutenir les organes des patients aux Soins intensifs.

La recherche a lieu en collaboration avec des collègues de l’Hôpital, dont le Dr Duncan Stewart, Dean Fergusson, Ph.D. et Shirley Mei, Ph.D., et des collègues d’ailleurs au Canada et à l’étranger. Elle permet de nourrir l’espoir que des années de dévouement à ce problème mystérieux puissent enfin faire avancer le traitement de la sepsie. « Ces cellules souches sont à mon avis très prometteuses pour traiter la sepsie parce qu’elles agissent par le truchement de nombreux mécanismes liés à la sepsie. Elles reconnaissent et finissent par tuer les microbes à l’origine de l’infection, en plus de calmer le système immunitaire et le système de coagulation activés par l’organisme pour lutter contre l’infection », ajoute la Dre McIntyre.

« Je considère donc cet essai comme le tout début. C’est un petit bourgeon et nous allons assurer sa croissance. »

– Dre Lauralyn McIntyre
La Dre McIntyre affirme que sa recherche a montré que ces cellules ont d’autres bienfaits, par exemple restaurer l’énergie dans les tissus et réduire les fuites dans les vaisseaux et le gonflement qui l’accompagne, mais le traitement de la sepsie demeure un problème extrêmement complexe. « Nous ne pouvons pas nous attendre à découvrir une solution miracle qui permettra de guérir complètement la sepsie, mais d’après ce que nous avons appris jusqu’à présent, ces cellules ont le potentiel de réduire véritablement l’énorme taux de mortalité et d’améliorer la qualité de vie des survivants. »
La Dre Lauralyn McIntyre est médecin spécialisée en soins intensifs et scientifique principale à L’Hôpital d’Ottawa.

Un petit bourgeon qui deviendra le fruit de la prochaine recherche sur la sepsie

Cet essai clinique n’est que le point de départ pour mieux comprendre cette infection mortelle. Les résultats aideront à orienter d’autres essais cliniques. À mesure que la recherche progresse et que nous en apprenons davantage sur la façon dont l’organisme réagit à ces cellules pendant une sepsie, nous pourrons déterminer quels patients pourraient en bénéficier le plus dans l’avenir. « Je considère donc cet essai comme le tout début. C’est un petit bourgeon et nous allons assurer sa croissance », explique la Dre McIntyre.

La recherche a pu prendre de l’expansion grâce à ce que la Dre McIntyre décrit comme une approche de collaboration en équipe d’envergure considérable. Elle regroupe des chercheurs, tant fondamentaux que cliniciens, des spécialistes de la fabrication de cellules, des stagiaires, des gestionnaires de projet, des cliniciens et des infirmières, ainsi que des patients-conseillers, des proches-conseillers et des survivants à une sepsie, comme Christine, qui est la principale patiente-conseillère. « Travailler avec ces patients-conseillers a été très instructif sur la survie après la sepsie. Des personnes comme Christine nous ont aidés à comprendre qu’il est nécessaire d’étudier davantage à quoi ressemble la survie des patients et de leur famille et la qualité de cette survie », poursuit la Dre McIntyre.

« La sepsie m’a enlevé beaucoup de choses; elle m’a marquée à bien des égards. Nous devons défendre les droits et sensibiliser, car la sepsie ne fait pas de discrimination. »

– Christine Caron
La Dre Lauralyn McIntyre en compagnie de Christine Caron, qui est patiente-conseillère active en recherche sur la sepsie.
Il y a d’ailleurs une admiration mutuelle entre les deux femmes, qui ont chacune vu la sepsie d’un angle très différent. Christine est ravie de faire entendre sa voix et de constater que la recherche progresse. « La recherche de la Dre McIntyre est phénoménale parce que les organes de beaucoup de patients sont endommagés à leur sortie de l’hôpital. La recherche sur les cellules souches pourrait sauver beaucoup de fonctions pour beaucoup d’entre eux. Ce serait merveilleux, n’est-ce pas? La sepsie m’a enlevé beaucoup de choses; elle m’a marquée à bien des égards. Nous devons défendre les droits et sensibiliser, car la sepsie ne fait pas de discrimination. »

« S’il y a quelque chose que nous pouvons faire pour réduire les décès et améliorer la vie des patients qui survivent à cette immense épreuve, nous avons le devoir de le faire. »

– Dre Lauralyn McIntyre
Quant à la Dre McIntyre, ce sont les visages qu’elle voit dans l’Unité de soins intensifs et les personnes comme Christine, qui travaillent à ses côtés, qui continuent de la motiver à chaque étape de la recherche de réponses pour lever le voile extrêmement lourd sur la sepsie. « S’il y a quelque chose que nous pouvons faire pour réduire les décès et améliorer la vie des patients qui survivent à cette immense épreuve, nous avons le devoir de le faire. »

La vidéo est uniquement disponible en anglais.

Fièrement affilié à l’Université d’Ottawa, L’Hôpital d’Ottawa est un centre de recherche et de santé universitaire de premier plan.

Publié : janvier 2022

Vers la fin de 2019, Camille Leahy envisageait l’avenir avec enthousiasme. Elle était prête à se lancer dans une nouvelle aventure professionnelle après 17 années au même endroit. Tout a changé en janvier 2020 lorsqu’elle a commencé à sentir un malaise qui s’est transformé en vive douleur. Camille s’est rendue à l’urgence la plus proche de son domicile à Newmarket. Elle savait que quelque chose clochait. Elle a reçu un diagnostic dévastateur le jour suivant : leucémie aiguë lymphoblastique. C’était le début de son parcours en dents de scie qui l’a menée jusqu’au premier essai clinique canadien de la thérapie par cellules CAR-T réalisé à L’Hôpital d’Ottawa.

Elle n’avait pratiquement pas eu le temps de digérer la nouvelle du diagnostic quand elle a appris qu’elle devait débuter immédiatement les traitements. Ils auraient lieu à l’Hôpital Princess Margaret de Toronto dès qu’un lit serait libre. « J’ai commencé une chimiothérapie intense d’un mois destinée à m’amener vers une rémission. L’objectif était de poursuivre ensuite par un traitement d’entretien pendant quelques années qui inclurait une chimiothérapie, des stéroïdes et d’autres médicaments », explique Camille.

Ce soudain diagnostic et la nécessité de débuter immédiatement les traitements ont empêché cette mère célibataire de commencer son nouvel emploi. Elle s’est donc retrouvée sans emploi. « À ce moment, mes préoccupations étaient surtout de rester en vie », confie Camille.

Des nouvelles éprouvantes après des cycles de traitement

Prête à rentrer chez elle après 30 jours à l’hôpital, Camille a reçu un autre coup dur. Le traitement n’avait pas fonctionné. Des cellules cancéreuses persistaient. Son équipe de soins devait essayer une autre option immédiatement. Elle a cette fois entamé l’administration d’un médicament d’immunothérapie : le blinatumomab. Après un deuxième mois à l’hôpital loin de sa fille, elle a enfin vu une lueur d’espoir. Elle était en rémission.

Elle a toutefois aussi appris que le cancer allait continuer de revenir. Son équipe lui a donc recommandé une greffe de cellules souches. « J’étais un peu en état de choc », poursuit Camille.

« Environ huit mois après la greffe de cellules souches, j’ai senti une douleur au cou à mon réveil un matin. Je ne pensais pas que c’était grave, mais des analyses de sang ont montré que le cancer était de retour et de façon agressive cette fois. »

– Camille Leahy

En juillet 2020, elle avait enfin terminé la greffe de cellules souches au terme d’un autre séjour d’un mois à l’hôpital – en pleine pandémie. Sa famille, y compris sa fille, n’a donc pas pu lui rendre visite. Camille a finalement pu quitter l’hôpital, mais une autre tuile allait bientôt lui tomber sur la tête. « Environ huit mois après la greffe de cellules souches, j’ai senti une douleur au cou à mon réveil un matin. Je ne pensais pas que c’était grave, mais des analyses de sang ont montré que le cancer était de retour et de façon agressive cette fois. »

Avez-vous déjà entendu parler de la thérapie par cellules CAR-T?

C’était en mars 2021. Elle n’avait plus d’option de traitement. Son équipe de soins a recommandé un autre protocole de chimiothérapie, mais Camille ne s’en sentait plus capable. « Lorsqu’ils ont commencé à nommer les types de médicaments de chimiothérapie, je me suis effondrée parce qu’ils ressemblaient trop à ceux du début qui n’avaient pas fonctionné », se souvient Camille. « En plus, cette fois, nous étions en pleine pandémie. Au moins quand j’ai reçu le diagnostic en janvier, ma famille et mes amis pouvaient me rendre visite tous les jours. Cette fois-ci, je n’allais pas avoir le droit de voir ma fille. Je n’allais pas pouvoir avoir la visite de mes amis et de ma famille aussi souvent que je le souhaitais. Ils disaient peut-être une fois par semaine. Je ne pouvais pas y arriver sans eux. Je n’étais pas assez forte. »

C’est là qu’elle s’est rappelé la thérapie par cellules CAR-T qui avait été mentionnée au début du processus. Elle a donc questionné sa médecin à ce sujet. « Elle m’a confirmé qu’il y avait un essai en cours à Ottawa et a décidé de vérifier si je répondais aux critères pour y participer. »

Camille a reçu peu après la nouvelle encourageante dont elle avait désespérément besoin : elle était acceptée dans l’essai. Elle a donc rencontré la Dre Natasha Kekre, qui est la chercheuse principale responsable de l’essai.

Dr. Natasha Kekre,hematologist for The Ottawa Hospital's Blood and Marrow Transplant Program.

Consultez la foir aux questions avec la DreNatasha Kekre

Le premier traitement contre le cancer par cellules CAR-T fait au Canada se révèle prometteur

Plus d’une dizaine de personnes atteintes du cancer qui avaient épuisé toutes les options de traitements possibles sont aujourd’hui en vie et libérées du cancer grâce à un essai clinique canadien avant-gardiste. Il porte sur une immunothérapie extrêmement personnalisée au patient qui aide ses cellules T à reconnaître et à tuer les cellules cancéreuses. Les résultats obtenus jusqu’à présent pourraient ouvrir la voie à une nouvelle ère d’immunothérapies canadiennes contre le cancer.

Chaque patient qui prend part à l’essai, comme Camille, permet aux chercheurs de prélever ses cellules immunitaires (cellules T). Ceux-ci les modifient ensuite génétiquement en laboratoire à l’aide d’un virus atténué pour produire des molécules synthétiques appelées « récepteurs antigéniques chimériques » (CAR en anglais). Ils administrent ensuite au même patient ces nouvelles cellules CAR-T maintenant mieux équipées pour tuer les cellules cancéreuses.

Quelle est la différence entre une cellule T et une cellule CAR-T?

Les cellules T sont une catégorie de globules blancs qui jouent un rôle très important dans la défense du système immunitaire. Elles se forment dans la moelle osseuse et arrivent à maturité dans le thymus, une petite glande située dans le thorax et qui fait partie du système lymphatique. Les cellules T ciblent principalement certaines particules étrangères, notamment des bactéries, virus et autres microbes.

Les cellules CAR-T sont des cellules T qui ont été modifiées en laboratoire afin de s’attaquer aux cellules cancéreuses. Dans un premier temps, des cellules T sont prélevées chez le patient, puis manipulées dans le but de produire des protéines à leur surface appelées des « récepteurs antigéniques chimériques » ou CAR‑T. Ces protéines aident les cellules à les reconnaître et à s’attacher à la surface des cellules cancéreuses. Une fois modifiées, les cellules CAR‑T sont réinjectées dans le patient afin d’accomplir leur mission.
Santé Canada a approuvé plusieurs thérapies commerciales par cellules CAR‑T, mais leur accès est actuellement limité aux personnes atteintes de quelques types seulement de leucémie et de lymphome qui se situent dans certaines tranches d’âge. Ces thérapies sont aussi très coûteuses et nécessitent l’aller-retour de cellules entre le Canada et les États-Unis. Cet essai est le premier à utiliser des cellules CAR‑T fabriquées au Canada selon un processus différent qui ouvre la voie à la mise au point de traitements moins dispendieux et plus équitables.

« Nous sommes vraiment ravis des résultats préliminaires de l’essai et nous allons en lancer d’autres à l’échelle du Canada. »

– Dre Natasha Kekre
« Les patients canadiens méritent d’avoir accès aux meilleurs traitements qui existent dans le monde, et nous avons besoin de réaliser de la recherche au Canada pour y parvenir », affirme la Dre Kekre, qui est également scientifique et hématologue à L’Hôpital d’Ottawa. « Nous sommes vraiment ravis des résultats préliminaires de l’essai et nous allons en lancer d’autres à l’échelle du Canada. »

L’essai de la thérapie par cellules CAR-T lui offre un dernier espoir

Camille a connu revers après revers dans sa lutte contre le cancer jusqu’à cette étape et a essuyé des revers de plus dans le cadre de l’essai clinique. À la première tentative, l’équipe l’a retournée chez elle parce qu’elle avait une infection pulmonaire. Avant le deuxième essai, Camille a eu des symptômes neurologiques, notamment un engourdissement au visage. « Pour trouver la cause, l’équipe de soins a fait une ponction lombaire qui a montré que le cancer s’était propagé au système nerveux central. Elle n’avait pas pu le détecter parce qu’il y a une barrière entre le sang et le cerveau. J’ai dû rentrer chez moi de nouveau », se souvient Camille.

« C’est certain que quand on m’a dit que c’était ma dernière chance, j’étais terrifiée. Je savais qu’il comportait des risques, mais mes options étaient limitées. J’ai pris un risque, mais je savais à quel point la Dre Kekre est passionnée par cet essai. J’ai fait beaucoup de recherches sur les cellules CAR‑T et leur efficacité. »

– Camille Leahy
Camille avec sa fille Michela.

Elle a ensuite dû subir des ponctions lombaires deux fois par semaine et une chimiothérapie pour éliminer les cellules cancéreuses du système nerveux central – un processus qu’elle qualifie « d’atroce ». Elle n’a toutefois pas lâché prise.

Camille a finalement reçu le feu vert pour retourner une troisième fois à Ottawa, mais le jour avant son départ, une fièvre s’est installée. Elle a dit à sa famille : « Je sais qu’il y a un risque que je ne puisse pas commencer la thérapie, mais j’y vais quand même. ». Sa température est redescendue entretemps et l’équipe a pu prélever ses cellules.

Deux semaines plus tard, le 15 septembre 2021, elle a reçu ses cellules CAR‑T maintenant reprogrammées pour être capables de reconnaître les cellules cancéreuses et de les tuer.

Camille et sa fille ont ensuite attendu pour voir si elles allaient obtenir des nouvelles encourageantes. « C’est certain que quand on m’a dit que c’était ma dernière chance, j’étais terrifiée. Je savais qu’il comportait des risques, mais mes options étaient limitées. J’ai pris un risque, mais je savais à quel point la Dre Kekre est passionnée par cet essai. J’ai fait beaucoup de recherches sur les cellules CAR-T et leur efficacité. »

La recherche en immunothérapie change des vies

Le parcours de Camille a été long et éprouvant, mais elle est véritablement reconnaissante envers tous les membres de l’équipe de L’Hôpital d’Ottawa qui étaient prêts pour prendre soin d’elle lorsqu’elle n’avait plus d’option de traitement. Ce n’est qu’un an après le traitement par cellules CAR‑T que Camille a réellement commencé à croire qu’elle pourrait s’en sortir. Après tant de revers, elle savait que son corps avait besoin de temps et elle voulait lui donner un an.

Le 15 septembre 2022, elle s’est sentie renaître et était libérée du cancer. « J’ai recommencé à conduire. Je me sens de nouveau aussi normale que possible. Bien sûr, une certaine peur persiste, mais je ne pouvais pas marcher l’an dernier. J’utilisais une canne et une marchette. J’avais beaucoup de difficultés. Cet essai a changé ma vie. »

« Même si le cancer revient, j’aurai eu un temps précieux et je sais que la recherche aidera beaucoup d’autres personnes. Elle m’a donné une chance de me battre. »

– Camille Leahy

Camille et sa fille Michela ont repris les activités mère-fille qu’elles aiment faire. Camille soutient également la recherche qui lui a sauvé la vie dans le but de donner de l’espoir à plus de patients. Elle veut s’assurer que la thérapie par cellules CAR-T est accessible à d’autres personnes confrontées à un avenir incertain comme elle l’a été. « Il serait merveilleux que cette thérapie soit plus largement disponible au Canada. L’équipe de recherche de L’Hôpital d’Ottawa m’a permis de recevoir ce traitement ici, au Canada. Je n’ai pas eu à réunir des fonds pour quitter le pays afin d’obtenir ce traitement aux ÉtatsUnis. Mon objectif est maintenant de raconter mon histoire pour que l’équipe puisse continuer à traiter les gens au Canada et que leur traitement devienne plus accessible à tous ici. »

Aujourd’hui, à 38 ans, Camille reprend doucement goût à la vie et pense à l’avenir. Elle espère pouvoir reprendre le travail lorsque son système immunitaire sera suffisamment fort. Pour l’instant, elle profite du temps précieux qu’elle a l’occasion de passer avec sa fille pour créer des souvenirs, par exemple la conduire à l’école, l’emmener à des matchs de baseball et la regarder jouer au soccer – des moments qu’elle ne considère pas comme acquis. « Même si le cancer revient, j’aurai eu un temps précieux et je sais que la recherche aidera beaucoup d’autres personnes. Elle m’a donné une chance de me battre. »

Téléchargez l’épisode 75 du balado Pulse pour entendre Camille expliquer ce qui la motive à promouvoir la recherche sur le cancer.

Écoutez maintenant :

Fièrement affilié à l’Université d’Ottawa, L’Hôpital d’Ottawa est un centre de recherche et de santé universitaire de premier plan.

Publié : octobre 2022

Étudiant et jeune espoir du soccer semi-professionnel à l’étranger, Haydn Bechthold se croyait invincible. Un diagnostic de cancer colorectal à 22 ans allait certes bouleverser ses convictions. La nouvelle a non seulement été un choc pour Haydn, mais également pour sa famille et ses amis. Le jeune homme actif et en apparente bonne santé a eu du mal à digérer cette nouvelle. « Je me revois me dire “ne consulte pas les taux de survie dans Google” », de préciser Haydn.
Une équipe complète attendait Haydn au Centre de cancérologie de L’Hôpital d’Ottawa. Après avoir rencontré la Dre Joanna Gotfrit, oncologue médicale, ce fut au tour de la Dre Jenny Jin, radio-oncologue, et de la Dre Rebecca Auer, chirurgienne oncologue et directrice de la recherche sur le cancer. Il y avait une petite lueur d’espoir : le cancer ne s’était pas propagé.

Dre Joanna Gotfrit, oncologue médicale à L’Hôpital d’Ottawa.

Dre Jenny Jin, radio-oncologue à L’Hôpital d’Ottawa.

Dre Rebecca Auer, directrice de la recherche sur le cancer à L’Hôpital d’Ottawa.

Un cas de cancer colorectal peu courant

Pour la Dre Gotfrit, ce dont elle se souvient le mieux du cas peu commun de Haydn, c’est qu’il devançait de dizaines d’années la majorité des patients avec un tel diagnostic. « Que le patient soit très jeune ou aîné, lui annoncer une mauvaise nouvelle n’est jamais facile. Mais l’exercice est un peu plus délicat quand il s’agit d’un patient aussi jeune. Cela bouleverse sa vie, peu importe le dénouement », explique la Dre Gotfrit.
Haydn Bechthold was treated for rectal cancer at The Ottawa Hospital.
À 22 ans, Haydn Bechthold apprend qu’il est atteint d’un cancer colorectal.

La Dre Auer se rappelle son grand désarroi lorsqu’elle est sortie de la salle d’examen au terme de sa première rencontre avec Haydn, en pensant à la vie de ce jeune homme, à son avenir et au diagnostic auquel il était confronté. Le schéma thérapeutique habituel consistait en des traitements de radiothérapie et de chimiothérapie, en plus d’une intervention chirurgicale, qui auraient tous un impact sur sa vie. Il deviendra sans doute stérile et devra utiliser une sac de stomie à vie, sans parler du risque de récidive de son cancer. « Ce n’était pas chose facile, mais le fait d’avoir accès à des soins à la fine pointe de la technologie nous a permis de rapidement faire preuve de créativité. J’ai appelé les Dres Gotfrit et Jin, et nous avons décidé de faire des tests moléculaires de sa tumeur », précise la Dre Auer.

« Nous savions qu’il y avait de fortes probabilités de trouver de rares altérations moléculaires dans sa tumeur susceptibles d’élargir nos possibilités de traitement pour lui ».

– Dre Joanna Gotfrit
Les marqueurs moléculaires ainsi obtenus contribueraient à établir le meilleur schéma thérapeutique pour Haydn. La Dre Gotfrit précise que, bien qu’elles connaissent le diagnostic et le stade du cancer, de nombreuses questions sousjacentes restaient sans réponse. « Nous savions qu’il y avait de fortes probabilités de trouver de rares altérations moléculaires dans sa tumeur susceptibles d’élargir nos possibilités de traitement pour lui ».
Les marqueurs moléculaires ainsi obtenus contribueraient à établir le meilleur schéma thérapeutique pour Haydn. La Dre Gotfrit précise que, bien qu’elles connaissent le diagnostic et le stade du cancer, de nombreuses questions sousjacentes restaient sans réponse. « Nous savions qu’il y avait de fortes probabilités de trouver de rares altérations moléculaires dans sa tumeur susceptibles d’élargir nos possibilités de traitement pour lui ».

Le combat de sa vie 

Alors que Haydn et sa famille acceptaient le diagnostic, pris dans un tourbillon de tests et de rendez-vous, ils ont trouvé une constante en la personne de Mary Farnand, son infirmière pivot.

Une infirmière pivot est une infirmière spécialisée en oncologie. Mary travaille au Centre d’évaluation du cancer, et tout comme les autres infirmières pivots à L’Hôpital d’Ottawa, elle est le premier point de contact pour les patients diagnostiqués. «  Nous passons en revue les antécédents du patient et commençons à mettre en place des techniques d’investigation, comme des prises de sang et des examens d’imagerie, pour nous assurer que les choses progressent aussi vite que possible et que notre approche est personnalisée », précise Mary.

« C’est une période très difficile dans sa vie. Notre rôle est de lui apporter de la clarté et un soutien moral ».

– Mary Farnand
Le Centre d’évaluation du cancer centralise l’information et les soutiens, en plus de défendre les intérêts des patients. « Nous examinons les demandes de consultation que nous recevons afin de bien cerner les besoins des patients. Nous aidons ces derniers à gérer leurs symptômes et les épaulons à surmonter des obstacles aux soins, comme en explorant la possibilité de faire des examens d’imagerie près de leur domicile ou en trouvant quelqu’un pour les conduire à leurs rendez-vous. Nous sommes une source de constance pour chaque patient », explique Mary.
Une infirmière pivot aide littéralement le patient et sa famille à naviguer le Programme de cancérologie et à mieux comprendre ce qui les attend. « Nous accompagnons le patient et lui donnons le plus d’information possible pour l’aider à prendre des décisions thérapeutiques éclairées. C’est une période très difficile dans sa vie. Notre rôle est de lui apporter de la clarté et un soutien moral », ajoute Mary.

Haydn et Mary Farnand au Déjeuner du PDG pour L’Hôpital d’Ottawa.

Photo par Ashley Fraser.

Le Centre d’évaluation du cancer centralise l’information et les soutiens, en plus de défendre les intérêts des patients. « Nous examinons les demandes de consultation que nous recevons afin de bien cerner les besoins des patients. Nous aidons ces derniers à gérer leurs symptômes et les épaulons à surmonter des obstacles aux soins, comme en explorant la possibilité de faire des examens d’imagerie près de leur domicile ou en trouvant quelqu’un pour les conduire à leurs rendez-vous. Nous sommes une source de constance pour chaque patient », explique Mary.
Une infirmière pivot aide littéralement le patient et sa famille à naviguer le Programme de cancérologie et à mieux comprendre ce qui les attend. « Nous accompagnons le patient et lui donnons le plus d’information possible pour l’aider à prendre des décisions thérapeutiques éclairées. C’est une période très difficile dans sa vie. Notre rôle est de lui apporter de la clarté et un soutien moral », ajoute Mary.

Haydn affirme catégoriquement qu’il n’y serait pas parvenu sans elle. « Elle a été d’une aide immense et d’une telle gentillesse tout au long du processus. Je me rappelle que de nombreuses personnes m’ont rapidement contacté et je me suis senti quelque peu submergé. Mais Mary était toujours là, disposée à m’aider à décider quoi faire par la suite. Elle a été ma source de soutien continu ».

Un soutien qui ne fera pas défaut alors que l’équipe soignante de Haydn avait acquis une meilleure idée du genre de tumeur dont il était atteint.

Quand faut-il passer le test de dépistage du cancer colorectal?

Les personnes qui ont un risque moyen de faire un cancer du côlon devraient commencer à se faire dépister régulièrement dès l’âge de 50 ans. Pour les personnes à risque plus élevé (en raison d’antécédents familiaux, d’antécédents personnels de maladie inflammatoire chronique de l’intestin, ou d’autres facteurs de risque), il est recommandé de se faire dépister plus tôt ou plus souvent.

Parmi les signes précurseurs du cancer du côlon, mentionnons des changements persistants au niveau des habitudes intestinales (diarrhée ou constipation inhabituelle), des saignements rectaux ou du sang dans les selles, des douleurs abdominales constantes, une sensation de selles incomplètes, une sensation de faiblesse ou de fatigue, et/ou un amaigrissement inexpliqué. Si l’un de ces symptômes apparaît seul, ou avec d’autres, et s’installe dans la durée, il est recommandé de consulter un médecin.

Le rôle crucial du laboratoire de diagnostic en oncologie moléculaire

Grâce à d’autres tests, l’équipe soignante a pu prévoir le meilleur parcours thérapeutique pour le jeune homme. Certains ont été réalisés au laboratoire de diagnostic en oncologie moléculaire de L’Hôpital d’Ottawa, le premier du genre à Ottawa.

Le laboratoire, financé par des dons, a révolutionné le diagnostic et le traitement du cancer en permettant aux professionnels de la santé d’analyser les défauts génétiques de cellules tumorales et d’adapter les traitements au type de cancer de chaque patient. En cernant ainsi quels médicaments seront mieux adaptés à la maladie d’un patient donné, cela contribue à améliorer la qualité des soins aux personnes atteintes du cancer.

Grâce aux recherches menées dans le laboratoire, les patients ont accès, en primeur, aux derniers traitements expérimentaux contre le cancer. Il s’agit du troisième laboratoire du genre au Canada à recourir à la technologie d’analyse génétique la plus sophistiquée – le  séquençage de nouvelle génération – pour analyser les caractéristiques à partir de plus grands groupes de gènes ou de protéines. La finalité est d’améliorer le dépistage du cancer et la lutte contre cette maladie au moyen de traitements davantage précis et personnalisés.

Haydn et Dre Auer au Déjeuner du PDG pour L’Hôpital d’Ottawa.

Photo par Ashley Fraser.

« Haydn a bénéficié de ce traitement de pointe près d’une année avant qu’il ne soit connu à grande échelle. Et cela, grâce à notre équipe très bien informée et courageuse qui a fait preuve de créativité face à un jeune homme de 22 ans atteint d’un cancer ».

– Dre Rebecca Auer
Pendant que l’équipe soignante de Haydn attendait les résultats de ses tests, ce dernier se préparait à des traitements de radiothérapie devant commencer en mars 2021. Mais à quelques jours de son premier traitement, il a reçu un appel qui allait tout changer. « C’était une conférence téléphonique tout à fait inattendue avec mes trois médecins. Elles m’ont expliqué que le test de biomarquage de ma tumeur montrait que j’étais atteint d’un cancer présentant une instabilité microsatellitaire élevée au stade avancé (MSI-H), et que j’étais admissible à recevoir un certain type d’immunothérapie », se souvient Haydn.
Ce sous-type unique de cancer rectal a donné des résultats concluants lors d’essais cliniques d’immunothérapie. En expliquant tout cela à Haydn et à sa famille, l’équipe a utilisé des données tirées de travaux publiés pour proposer un plan thérapeutique personnalisé et qui, selon elle, lui donneraient de meilleurs résultats à long terme. « Haydn a bénéficié de ce traitement de pointe près d’une année avant qu’il ne soit connu à grande échelle. Et cela, grâce à notre équipe très bien informée et courageuse qui a fait preuve de créativité face à un jeune homme de 22 ans atteint d’un cancer », révèle la Dre Auer.

Les tests ont aussi montré que Haydn était atteint du syndrome de Lynch, une prédisposition héréditaire qui augmente les risques d’avoir certains cancers, notamment un cancer colorectal. Les résultats ont fourni des renseignements précieux qui ont aidé son équipe soignante à élaborer un traitement adapté à son cas particulier. Selon ses médecins, l’immunothérapie donnerait à Haydn la meilleure chance de vivre longtemps et en bonne santé.

L’espoir de l’immunothérapie

Lorsque Haydn a pris connaissance de cette alternative aux soins habituellement fournis, il oscillait entre l’allégresse et la nervosité. « S’il est vrai que j’étais nerveux à l’idée d’essayer quelque d’aussi nouveau et futuriste, j’étais aussi enthousiaste de savoir que l’immunothérapie me donnait de l’espoir. Ma famille et moi avons une totale confiance en mes médecins, sachant qu’elles pourraient avoir accès à ce traitement qui s’était avéré très prometteur lors d’études préliminaires », confie Haydn.

« Ma tumeur avait quasiment diminué de moitié. C’était incroyable ».

– Haydn Bechthold
Pour la Dre Gotfrit, l’immunothérapie changeait la donne. Elle se souvient qu’il y a à peine 8 ou 10 ans, alors qu’elle était résidente en médecine interne et faisait un stage en oncologie, les traitements personnalisés étaient très rares. Les choses évoluent toutefois vite. « De plus en plus de données, de découvertes et de progrès sur les bases moléculaires des tumeurs sont mis à notre disposition. Et, plus important encore, les médicaments susceptibles de directement cibler certaines altérations moléculaires sont en développement. Donc, au lieu de traitements de chimiothérapie qui tuent sans discernement toutes les cellules qui se divisent rapidement et provoquent de nombreux effets secondaires partout dans l’organisme, les nouvelles thérapies sont beaucoup plus sélectives et peuvent cibler des mutations précises dans les tumeurs. Pouvoir identifier ces altérations moléculaires constitue un immense progrès pour l’oncologie, en nous donnant plus d’options et une meilleure qualité de vie aux patients. Nous sortons tous gagnants ».

Le 21 avril 2021, Haydn a commencé son traitement d’immunothérapie et, au bout d’un mois, tous ses symptômes avaient disparu. Plus de sang dans ses selles, plus aucune douleur, il avait retrouvé son énergie et ne perdait plus de poids.

Après deux mois, les nouvelles l’ont encore davantage enchanté lors de son premier examen d’imagerie. « Ma tumeur avait quasiment diminué de moitié. C’était incroyable ».

Qu’est-ce que l’immunothérapie?

L’immunothérapie du cancer, aussi appelée immuno-oncologie, permet de renforcer le système immunitaire des patients de sorte qu’ils puissent combattre leur cancer. L’immunothérapie « enseigne » au système immunitaire à reconnaître et à détruire les cellules cancéreuses, en renforçant les cellules immunitaires pour combattre le cancer et aider l’organisme à augmenter sa réponse immunitaire d’autres manières. Il existe de très nombreuses formes d’immunothérapie du cancer, et tout autant de méthodes d’administration, parmi lesquelles des thérapies ciblées ayant recours à des anticorps, des vaccins, des transferts de cellules, des virothérapies, pour ne citer que quelques exemples. L’immunothérapie du cancer est une biothérapie qui peut être utilisée seule ou avec d’autres traitements, comme une chirurgie, une chimiothérapie ou une radiothérapie. 

Son traitement d’immunothérapie s’est poursuivi jusqu’en juillet 2021, date à laquelle la tumeur n’était plus du tout visible lors des examens d’imagerie. C’est à ce moment-là que la Dre Gotfrit a appelé la Dre Auer pour lui annoncer que le jeune homme était prêt à être opéré.

En août, une lourde intervention chirurgicale était programmée pour enlever ce qu’il pouvait rester de la tumeur et des ganglions lymphatiques tout autour. Haydn a également subi une intervention communément appelée « réservoir en J » consistant à retirer son côlon pour tenter d’éliminer tout risque futur de cancer, tout en lui permettant de vivre normalement sans sac de stomie. C’est au cours de cette intervention chirurgicale que la Dre Auer a fait une incroyable découverte : il n’y avait plus aucune trace de cancer. « Cela a été un moment exaltant. En repensant au jour où je l’avais rencontré, j’étais alors convaincue qu’il allait me briser le cœur, mais nous étions face à un dénouement époustouflant. Ce jeune homme pouvait de nouveau forger des projets d’avenir! », s’exclame la Dre Auer.

Une fois le réservoir J cicatrisé, Haydn a dû subir une nouvelle opération en novembre 2021, effectuée cette fois-ci par le Dr Shaheer Tadros et la Dre Auer pour retirer la stomie provisoire et terminer la procédure préalable. Haydn allait bientôt pouvoir se réaccaparer sa vie.

Comment se déroule la création d’un réservoir en J?

AVANT LA CHIRURGIE

  • Le côlon et le rectum sont en place
  • Le patient souffre de symptômes

PENDANT LA CHIRURGIE

  • Le côlon et le rectum sont retirés
  • L’intestin grêle est utilisé pour former une réservoir en « J » qui sera ensuite reliée au sphincter anal
  • Sac de stomie installé pendant la chirurgie pour faciliter la guérison du réservoir

DEUXIÈME INTERVENTION

  • Retrait de la stomie provisoire
  • APRÈS LA CHIRURGIE – Le réservoir en J et l’anus fonctionnent normalement.

Le rôle de la recherche dans la modification du parcours thérapeutique des patients cancéreux

Lorsque confrontés à des cas complexes de cancer, nos spécialistes en oncologie ne se limitent pas aux soins habituellement prodigués. Connaissant l’impact que cela aurait à long terme sur la vie de Haydn, ils ont plutôt redoublé d’efforts pour lui proposer une autre option accompagnée d’une meilleure qualité de vie à long terme — un traitement d’immunothérapie.

Depuis qu’elle a lancé son propre laboratoire de recherche à L’Hôpital d’Ottawa en 2007, la Dre Auer se concentre sur l’interaction entre le cancer, la chirurgie et le système immunitaire, et a ainsi fait d’importantes découvertes. « La chirurgie se prête très bien pour retirer des tumeurs solides. En revanche, nous constatons à présent que, malheureusement, une chirurgie peut aussi amoindrir les défenses immunitaires et ainsi faciliter la persistance des cellules cancéreuses restantes et leur propagation dans d’autres organes ».
L’équipe de la Dre Auer a compris comment cela se produit et teste actuellement différentes stratégies en laboratoire et sur des patients pour modifier le système immunitaire et éviter la récidive du cancer après une intervention chirurgicale. De tels essais englobent souvent des patients atteints d’un cancer colorectal.

Il y a quelques années à peine, Haydn ne se serait jamais intéressé à la recherche, et encore moins à la recherche contre le cancer. Il a bien changé depuis. « Il y a tant de progrès réalisés chaque année dans ce domaine, en particulier lors d’essais cliniques, et c’est très palpitant. Je pense que de nombreuses personnes entendent parler d’essais cliniques, moi compris quand j’étais en traitement, et sont assez hésitantes à y participer. Mais la plupart du temps, il est question de la plus récente et sans doute, de la meilleure thérapie; la recherche a donc une importance cruciale ».

L’avenir lui appartient

À peine quelques mois se sont écoulés depuis la seconde intervention chirurgicale de Haydn que déjà il commence à se sentir comme avant. Il a recommencé à faire de l’exercice et à prendre du poids. Il a fait d’énormes progrès en très peu de temps depuis son effroyable diagnostic.

Aujourd’hui, Haydn continue d’être suivi étroitement par la Dre Gotfrit, et le sera pendant encore quelques années, mais son cancer a disparu et Haydn revit. Aux dires de son oncologue médicale, c’est le meilleur dénouement possible qu’elle aurait pu imaginer pour lui. « C’est exactement pour cela que j’ai choisi l’oncologie médicale. Il n’y a pas meilleure sensation au monde que de déployer tous ces efforts, de réfléchir et de se torturer l’esprit pour savoir ce qu’il convient de faire pour ce jeune homme. Puis de prendre la meilleure décision possible et de constater que cela a bien ou mieux fonctionné qu’on ne le croyait. C’est une sensation de bien-être difficile à décrire », exprime la Dre Gotfrit.
The Ottawa Hospital’s President’s Breakfast was held Tuesday, Sept. 13, 2022, at the Canadian War Museum.
Mary Farnand, Dre Auer, Haydn et ses parents au Déjeuner du PDG pour L’Hôpital d’Ottawa. Photo par Ashley Fraser.

« J’ai aussi pris conscience de la chance que j’avais de pouvoir compter sur L’Hôpital d’Ottawa et son équipe de médecins qui ne se sont pas limités aux traitements classiques, et qui ont fait preuve de créativité pour me donner la meilleure qualité de vie possible ».

– Haydn Bechthold
En ce qui concerne Haydn, c’est un effort d’équipe qu’il n’est pas près d’oublier. « Je n’avais jamais eu peur de la mort auparavant, mais j’ai compris que je ne n’étais pas invincible. J’ai aussi pris conscience de la chance que j’avais de pouvoir compter sur L’Hôpital d’Ottawa et son équipe de médecins qui ne se sont pas limités aux traitements classiques, et qui ont fait preuve de créativité pour me donner la meilleure qualité de vie possible. J’ai eu le sentiment qu’ils se souciaient sincèrement tous de mon bien-être ».

Bien que Haydn habite aujourd’hui à Toronto et fasse des études de droit, il trouve toujours le temps d’aller frapper dans un ballon rond pour se distraire. Le sourire aux lèvres, il affirme que le soccer ne fait pas encore partie de son passé. Il a maintenant tout le temps de prendre une telle décision.

La vidéo est uniquement disponible en anglais.

Écoutez Haydn nous raconter son histoire dans ses propres mots dans l’épisode 69 du balado Pulse.

Écoutez maintenant :

Publié : septembre 2022

Lorsqu’elle réfléchit à la dernière décennie, Geneviève Bétournay repense aux épreuves qu’elle a surmontées. Propriétaire d’Art House, café-galerie d’art, elle s’est battue pour sauvegarder son commerce pendant la pandémie. Or, son diagnostic de sclérose en plaques en 2010 fut un défi encore plus grand. Aujourd’hui, une greffe de cellules souches reçue à L’Hôpital d’Ottawa a changé sa vie et lui fait voir l’avenir avec optimisme.  

Geneviève est passée maître dans l’art de l’adaptation. Elle était dans la jeune vingtaine et allait à l’université quand elle a commencé à avoir des problèmes de vision. Sa vision devenait trouble surtout lorsqu’elle était stressée, mais elle ne pensait à rien de grave. Elle a finalement pris la chose au sérieux à 23 ans alors qu’elle résidait au Japon et qu’elle a commencé à remarquer d’autres symptômes. « Ma vision empirait et c’était effrayant. Aussi, je ne contrôlais plus mon pied; je devais le traîner pour le bouger et j’avais d’autres problèmes de mobilité », se souvient-elle.

Geneviève Bétournay, owner of the Art House, was treated for multiple sclerosis at The Ottawa Hospital.
Geneviève Bétournay a reçu un traitement contre la sclérose en plaques à L’Hôpital d’Ottawa.

Le choc du diagnostic de sclérose en plaques

De retour du Japon, Geneviève s’est mise à chercher des réponses. Un certain temps s’écoulera pourtant avant que quelqu’un fasse les liens nécessaires et élucide le problème. « En fin de compte, ce sont les problèmes de vision qui m’ont poussée à consulter un neurologue, car mon optométriste avait beau prescrire les bonnes lunettes, je voyais encore trouble », explique-t-elle.

Son neuro-ophtalmologiste a été le premier à lui parler de la gravité de son état. Ses symptômes semblaient résulter d’une tumeur au cerveau ou de la sclérose en plaques. « Je me revois ce jour-là. J’étais assise dans le bureau. J’étais bouleversée parce que je n’avais aucune idée de ce qui m’attendait, pour être honnête. Quand on a grandi dans une société comme la nôtre, on entend rarement parler des maladies chroniques. »   

Une IRM donnera enfin à Geneviève les réponses qu’elle cherchait. Des réponses et un diagnostic de sclérose en plaques, qui ont eu l’effet d’un choc.

« Comment vit-on avec la sclérose en plaques? À quoi la vie ressemblerait-elle? C’était effrayant. Je ne savais pas ce qui allait m’arriver. »

– Geneviève Bétournay

La sclérose en plaques est une maladie qui peut toucher le cerveau et la moelle épinière, ce qui cause des symptômes très variés, dont des problèmes de vision, de mobilité des bras ou des jambes, de sensation ou d’équilibre. Pour Geneviève, un flot d’incertitudes et de questionnements s’en est suivi. « Comment vit-on avec la sclérose en plaques? À quoi la vie ressemblerait-elle? C’était effrayant. Je ne savais pas ce qui allait m’arriver », dit-elle. 

Infographic, MS effects on the body
1

Fatigue, perturbation cognitive, changements d’humeur

2

Problèmes de la vue : perte de vision, vision trouble et vision double

3

Difficulté à parler et à avaler

4

Incontinence et problèmes digestifs

5

Coordination œil/main difficile et engourdissement/ picotements dans les mains

6

Dysfonction sexuelle

7

Membre affaibli ou engourdi

8

Difficulté à marcher et problèmes d’équilibre

Effets de la sclérose en plaques sur le corps

  1. Fatigue, perturbation cognitive, changements d’humeur
  2. Problèmes de la vue : perte de vision, vision trouble et vision double
  3. Difficulté à parler et à avaler
  4. Incontinence et problèmes digestifs
  5. Coordination œil/main difficile et engourdissement/ picotements dans les mains
  6. Dysfonction sexuelle 
  7. Membre affaibli ou engourdi
  8. Difficulté à marcher et problèmes d’équilibre

Le traitement novateur réalisé à Ottawa

Une fois la nouvelle du diagnostic encaissée par Geneviève et sa famille, Geneviève a appris tout ce qu’elle pouvait sur la maladie. Une amie de la famille, qui était d’ailleurs infirmière, avait beaucoup entendu parler du Dr Mark Freedman et de sa recherche transformationnelle sur la greffe de cellules souches pour guérir la sclérose en plaques, menée de concert avec le Dr Harold Atkins. Cette amie a encouragé Geneviève à communiquer avec la clinique de sclérose en plaques de L’Hôpital d’Ottawa. La rencontre avec le Dr Freedman a été un moment charnière qui a donné à Geneviève des raisons d’espérer. « Pour moi, cet appel a été un coup de chance qui a changé ma vie », explique-t-elle. 

Il y a 24 ans, beaucoup étaient sceptiques lorsque les Drs Atkins et Freedman ont lancé l’idée d’utiliser des cellules souches pour reprogrammer le système immunitaire afin de stopper la progression de la sclérose en plaques. Aujourd’hui, ces médecins sont réputés comme pionniers d’un traitement novateur maintenant utilisé autour du globe. En fait, c’est le destin qui a réuni le Dr Atkins, hématologue, et le Dr Freedman, neurologue, tandis qu’ils travaillaient sur un autre projet. Ils ont commencé à parler de greffes de cellules souches, ce qui a débouché sur la transformation du traitement de la sclérose en plaques.

Geneviève traversait des moments de grande incertitude, mais elle sentait qu’elle était entre de bonnes mains malgré la complexité de son cas. « Le Dr Freedman a été très gentil dès le début. C’était très rassurant de savoir que plusieurs options de traitement s’offraient à moi, si jamais l’une d’elles ne fonctionnait pas. »

Il y a 24 ans, les Drs Mark Freedman et Harold Atkins ont proposé d’utiliser des cellules souches afin de reprogrammer le système immunitaire pour stopper la progression de la sclérose en plaques.

Geneviève a commencé par recevoir des injections tous les deux jours pendant un an. Malheureusement, le traitement n’a pas donné de bons résultats. Ensuite, elle a reçu pendant deux ans une chimiothérapie qui ciblait ses cellules immunitaires, mais là encore, sans obtenir les résultats souhaités par son équipe médicale. C’est ainsi qu’en janvier 2013, le Dr Freedman a recommandé la greffe de cellules souches pour traiter la sclérose en plaques.

L’accélération des symptômes

À ce stade-ci, la sclérose en plaques de Geneviève progressait rapidement. Ses deux yeux étaient maintenant touchés, et ses problèmes de mobilité s’aggravaient. « J’étais engourdie sous la taille. J’avais beaucoup de difficulté à marcher sans aide. J’avais besoin de m’appuyer sur quelque chose comme un mur ou sur quelqu’un. J’avais aussi des spasmes musculaires et des étourdissements », explique-t-elle.

Geneviève received a stem cell transplant at The Ottawa Hospital to treat MS.
Geneviève Bétournay a reçu un traitement contre la sclérose en plaques à L’Hôpital d’Ottawa.

Des maux de tête aggravaient aussi les choses, qui devenaient de plus en plus difficiles pour cette jeune femme qui faisait une maîtrise à l’Université d’Ottawa. Elle étudiait en chimie organique et son travail en laboratoire était rendu difficile par des angles morts dans sa vision et un manque de dextérité. Lorsque la possibilité de la greffe s’est présentée, elle explique que sa décision allait de soi. « J’avais entendu parler de ce traitement dès le début. Je l’avais toujours en tête. J’avais déjà pesé le pour et le contre. Je me souviens de ma tristesse parce que rien d’autre ne fonctionnait et que je n’avais plus le choix, car ma maladie allait s’aggraver davantage si je ne faisais rien. Ce fut une journée à la fois remplie d’espoir et d’émotions », se souvient-elle.

« J’étais engourdie sous la taille. J’avais beaucoup de difficulté à marcher sans aide. J’avais besoin de m’appuyer sur quelque chose comme un mur ou sur quelqu’un.  »

– Geneviève Bétournay

Geneviève se souvient de la compassion dont a fait preuve le Dr Freedman lorsqu’il a fallu songer à faire la greffe. Il a expliqué que ce serait l’une des décisions les plus difficiles de sa vie et l’a encouragée à prendre le temps de bien y réfléchir.

Quand Geneviève a appris que le traitement pouvait la rendre infertile, elle s’est fait prélever des ovules quelques mois avant le traitement. Elle a aussi reçu une injection qui permettrait à ses ovules de « s’éclipser » pendant le traitement.  

L’étape de la greffe de cellules souches 

En juillet 2013, Geneviève a reçu sa première greffe de cellules souches. La procédure consiste d’abord à purifier et à surgeler les cellules souches du patient avant de les « nettoyer » en laboratoire. Puis, le patient reçoit une chimiothérapie agressive pour détruire son système immunitaire. Enfin, les cellules souches nettoyées sont réintroduites dans le patient – elles commencent alors à bâtir un tout nouveau système immunitaire.

Bien que l’intervention fût délicate, Geneviève pensait surtout au résultat attendu. « C’était difficile physiquement et mentalement, mais j’avoue que cette épreuve a fait de moi la personne que je suis aujourd’hui. »

La périple des cellules souches durant une greffe autologue

Comment une greffe de cellules souches a stoppé la sclérose en plaques

Geneviève a reçu une greffe autologue de cellules souches hématopoïétiques pour traiter sa sclérose en plaques. Des chercheurs de L’Hôpital d’Ottawa ont été des pionniers de ce traitement révolutionnaire à l’intention de patients qui ont certaines formes de la sclérose en plaques. Il consiste à recueillir et à traiter les cellules souches du patient afin d’en retirer les traces de la maladie, d’éliminer son système immunitaire et d’en créer un nouveau à l’aide des cellules souches « nettoyées ». Le traitement est actuellement mis à l’essai pour deux autres maladies auto-immunes : la myasthénie grave et le syndrome de la personne raide.

« Cela m’arrivait lorsqu’il se passait quelque chose que je ne pouvais pas faire avant – je ressentais une véritable euphorie. J’étais enthousiaste. J’étais reconnaissante pour quelque chose que je croyais ne plus jamais pouvoir refaire. »

– Geneviève Bétournay

Geneviève dit qu’elle a été hospitalisée pendant huit jours seulement parce qu’elle n’avait pas eu d’infection grave ni eu besoin d’une surveillance continue. Le nombre de ses cellules augmentait et son nouveau système immunitaire commençait à se bâtir. Elle a encore continué à fréquenter l’hôpital pendant plusieurs mois après pour ses visites de suivi.

Par la suite, il a fallu déterminer si la greffe aurait des effets sur sa santé. Après huit à douze mois de convalescence, Geneviève a commencé à remarquer de toutes petites améliorations. « J’ai commencé à remarquer que je pouvais faire quelque chose que je n’arrivais pas à faire auparavant, ou que je n’étais plus capable de faire. La première des choses était que je pouvais soulever ma jambe droite, car mon côté droit était plus affecté que le gauche. »

Tout en observant ses petites améliorations, Geneviève a tâché de gérer ses attentes. Elle ne voulait pas trop espérer, mais elle avoue qu’elle n’a pas pu s’en empêcher par moments. « Cela m’arrivait lorsqu’il se passait quelque chose que je ne pouvais pas faire avant – je ressentais une véritable euphorie. J’étais enthousiaste. J’étais reconnaissante pour quelque chose que je croyais ne plus jamais pouvoir refaire. »

La chance d’une deuxième vie 

Ces dix dernières années, Geneviève a vu chacun de ses symptômes s’améliorer. Lever l’orteil, bouger un pied, pouvoir sauter, puis marcher plusieurs kilomètres sans trébucher et s’effondrer – voilà les grands jalons de sa convalescence. Les signes de sclérose en plaques disparaissent. « Je ne semble pas avoir fait une rechute à ce jour. La maladie ne semble plus active. Ma vision s’est améliorée et je continue à me rétablir, mais à petits pas, car la guérison prend du temps. »

Lorsque Geneviève pense à tout le chemin parcouru, elle se dit que si elle n’avait pas fait la greffe de cellules souches, elle serait probablement en fauteuil roulant aujourd’hui. « Cela en a valu la peine à 100 %. Je suis complètement ébahie par le seul fait de pouvoir bouger. Je suis très reconnaissante envers les médecins et pour tout ce que l’hôpital a fait pour moi.

Aujourd’hui, en boitant un tout petit peu, elle monte les marches du café Art House et jouit de chaque moment où elle peut célébrer les artistes de notre ville et le traitement transformationnel qu’elle a reçu à notre hôpital. « Ce que j’ai reçu n’a pas de prix. À part avoir la sclérose en plaques, rien n’a eu autant d’impact sur ma vie que cette greffe de cellules souches. Autrement dit, cela m’a sauvé la vie, ou peut-être pourrait-on dire que cela m’a donné une deuxième vie. »

Geneviève showing her ability to jump after receiving a stem cell transplant at The Ottawa Hospital.
Avant sa greffe de cellules souches, Geneviève avait beaucoup de difficulté à marcher sans aide.

« Ce que j’ai reçu n’a pas de prix. À part avoir la sclérose en plaques, rien n’a eu autant d’impact sur ma vie que cette greffe de cellules souches. »

– Geneviève Bétournay
Geneviève raconte son parcours avec la sclérose en plaques dans l’épisode 66 du balado Pulse.

Écoutez maintenant :

À 20 ans seulement, Junie a immigré au Canada à partir de la Malaisie avec l’ambition d’étudier à l’Université de Toronto. Une nouvelle vie venait de commencer. Cette nouvelle vie, qui a incité sa famille à la suivre dans les années qui ont suivi, allait toutefois être marquée par l’adversité.

Junie a d’abord été attirée au Canada pour faire ses études, mais une expérience survenue au cours de ses premières années à Toronto lui a donné envie de vivre au Canada. C’était près d’un kiosque à journaux situé dans une rue animée du centre-ville de Toronto. « Il y avait une pile de journaux, mais il n’y avait personne autour. J’ai remarqué que les gens s’approchaient, prenaient un journal et déposaient de l’argent dans un bol. C’était tellement méthodique. Je n’arrivais pas à croire que les gens étaient si polis. » Tout reposait sur la confiance. C’est ce qu’elle a aimé. « Je me suis dit que c’est dans ce type de société que je veux vivre. »

Junie est à Sydney en Australie.

Au cours des quelques années suivantes, Junie s’est mariée et toute sa famille a suivi son chemin vers le Canada. Son frère s’est installé à Ottawa. Junie, sa sœur et leurs maris ont décidé de lui rendre visite dans sa nouvelle maison en 1996. Ils ont passé de merveilleux moments à renouer le contact.

Pendant que les deux couples rentraient chez eux une semaine plus tard, ils ont été impliqués dans une collision frontale dévastatrice à une heure d’Ottawa. Les deux hommes sont morts et les deux sœurs ont été gravement blessées. Junie a repris connaissance sur le lieu de l’accident et a demandé à un policier ce qui s’était passé. « Il m’a dit qu’il y avait eu un accident. J’ai vu nos deux maris effondrés à l’avant, puis j’ai perdu connaissance. » Les deux sœurs ont été transportées d’urgence au Centre de traumatologie de L’Hôpital d’Ottawa.

Seul centre de traumatologie de niveau 1 dans l’Est de l’Ontario

L’Hôpital d’Ottawa héberge le seul centre de traumatologie de niveau 1 de l’Est de l’Ontario au Campus Civic. Il accueille les patients les plus gravement blessés de toute la région, y compris de l’Ouest du Québec.

L’équipe inclut un chef d’équipe, un anesthésiologiste, des infirmières spécialisées en soins d’urgence, des médecins résidents et un thérapeute respiratoire. Elle est ainsi parée pour un vaste éventail de cas complexes et le code un.

Nous lançons un code un lorsqu’un patient gravement blessé est en route vers l’hôpital afin que toutes les ressources convergent vers l’Urgence. Nous pouvons le lancer aussi s’il y a de multiples blessés, comme dans le cas de la collision de Junie et sa sœur. S’il y a un incident d’ampleur considérable ou une catastrophe locale, nous recourons au code orange.

Quand Junie a rouvert les yeux, elle était à l’hôpital et présentait des blessures internes graves. Elle a appris que sa sœur avait de multiples fractures et la perte inimaginable de son mari et de son beau-frère.

« Je me suis dit que si je m’en sortais, j’allais devoir redonner. J’étais tellement reconnaissante des excellents soins que je recevais. » – Junie

– Junie 

Junie a reçu de puissants sédatifs et des soins intensifs pendant deux semaines. Elle se rappelle les soins empreints de compassion qu’elle a reçus lorsqu’elle ne pouvait plus se laver elle-même. Elle n’oubliera jamais la gentillesse et la sensibilité. « Je me suis dit que si je m’en sortais, j’allais devoir redonner. J’étais tellement reconnaissante des excellents soins que je recevais. »

Des essais cliniques changent l’exercice de la médecine

Pendant les premiers jours de son hospitalisation, son frère Lawrence a été témoin de ces soins empreints de compassion lorsqu’il se rendait à l’hôpital chaque jour pour soutenir ses sœurs. Il est aussi resté au chevet de Junie lorsqu’elle était dans un état critique parce qu’elle perdait beaucoup de sang.

Le frère de Junie, Lawrence, en compagnie de sa femme Catherine

Junie a reçu de multiples transfusions de sang pour rester en vie et a eu l’occasion de participer à un essai clinique visant à déterminer à quel moment il est préférable de donner une transfusion de sang aux patients dans un état critique. Lawrence, impressionné par l’équipe chevronnée, a signé le consentement à participer à l’essai au nom de sa sœur dans l’espoir que l’essai puisse l’aider et aider d’autres patients.

« Cette recherche a permis de sauver des milliers de vies et d’améliorer les transfusions de sang de millions de personnes. »

– Dean Fergusson, Ph.D.

Junie s’est non seulement remise de l’accident, mais sa participation à l’essai a aussi aidé à changer la pratique en matière de transfusions à l’échelle mondiale. Dean Fergusson, Ph.D., scientifique principal et directeur du Programme d’épidémiologie clinique à l’Hôpital, explique les répercussions pour les patients. « Aujourd’hui, les patients du monde entier reçoivent des transfusions de sang basées sur un protocole plus restrictif conçu à L’Hôpital d’Ottawa. Grâce à des patients comme Junie, nous avons une bien meilleure idée du moment où il faut transfuser, de la durée de conservation du sang et de la manière de prévenir les saignements afin que les patients puissent éviter les transfusions. Cette recherche a permis de sauver des milliers de vies et d’améliorer les transfusions de sang de millions de personnes. »

Une immense gratitude toujours présente

Aujourd’hui, Junie vit à Toronto avec son deuxième mari et est toujours profondément reconnaissante des soins exceptionnels qu’elle et sa sœur ont reçus. Peu après son retour à la maison, elle s’est inscrite pour faire un don mensuel à l’Hôpital, tenant ainsi la promesse de redonner faite pendant son hospitalisation.

Donner est une chose que sa défunte mère lui a inculquée. Son père est décédé lorsqu’elle était très jeune. Cela a contribué à façonner sa personnalité. « Nous étions une famille de travailleurs. Nous n’étions pas riches, mais nous avons persévéré. Ma mère était tout simplement une personne extraordinaire. Elle était altruiste. Nous avons appris de cette façon : lorsque nous recevons quelque chose de bon, nous essayons de le rendre en nature, surtout par des gestes. Je pense que cela a beaucoup d’influence sur moi », confie Junie.

Junie visite sa famille

La force est un attribut qu’elle a également hérité de sa mère. À 55 ans, Junie a reçu un diagnostic de cancer du sein et eu une chirurgie pour retirer les cellules cancéreuses. Peu après, elle a reçu un diagnostic de cancer de l’ovaire. Elle a constaté personnellement la nécessité de la philanthropie en santé pour fournir les soins les plus perfectionnés. Malgré tout ce qu’elle a affronté dans la vie, elle s’estime chanceuse. « J’ai quand même eu une belle vie. Cela fait 13 ans qu’on a diagnostiqué ces types de cancer et je suis toujours là. J’ai beaucoup de chance. Je suis une femme très chanceuse. »

« Lorsque je mourrai, je laisserai quelque chose derrière moi pour aider ceux qui ont pris soin de moi. C’est ce qui me motive. »

– Junie 

Aujourd’hui à la retraite après une carrière réussie dans le secteur bancaire, Junie pense à l’avenir et à la manière dont elle peut continuer à donner au suivant. C’est pourquoi elle a décidé de faire un don testamentaire à L’Hôpital d’Ottawa afin que les patients puissent bénéficier des dernières technologies et des traitements les plus évolués pour rester en vie. « Lorsque je mourrai, je laisserai quelque chose derrière moi pour aider ceux qui ont pris soin de moi. C’est ce qui me motive. »

Les dons planifiés sont importants

En faisant un don à L’Hôpital d’Ottawa dans votre testament, vous aidez à façonner l’avenir des soins. Vous laisserez ainsi dans votre sillage des possibilités extraordinaires pour les générations à venir.

Nous sommes là pour vous conseiller au besoin sur la façon de faire un don testamentaire en faveur de notre hôpital. Il s’agit d’une occasion de renforcer l’avenir des soins de santé en faisant un don plus important que vous ne l’auriez cru possible – plus important que les dons faits de votre vivant. Imaginez l’héritage que vous lèguerez.


L’Hôpital d’Ottawa est un important hôpital universitaire d’enseignement et de recherche fièrement affilié à l’Université d’Ottawa.

Vittorio Petrin n’a jamais vu le visage de ses petits-enfants. Le dessinateur italien a commencé à perdre sa vision périphérique au début des années 1980, après la naissance de son deuxième fils, ce qui a forcé un arrêt de travail et une retraite précoce. Il a reçu un diagnostic de rétinite pigmentaire, une maladie génétique incurable qui entraîne la dégénérescence de la rétine. Sa vision a diminué progressivement jusqu’à ce que son monde devienne entièrement noir.

Avant de perdre la vue, Vittorio a construit un modèle miniature de la Basilique de Saint-Marc à Venise. Il lui a fallu six ans pour assembler plus de 3 000 pièces de cuivre. « C’était le plus bel endroit que j’avais vu et je voulais en créer une réplique. La construire détournait mon esprit de ce qui allait se produire », confie Vittorio.

An image of Vittorio Petrin with a replica of St. Mark’s Basilica he built while losing his vision to retinitis pigmentosa.
Vittorio Petrin montre la réplique de la Basilique de Saint-Marc qu’il a construite pendant qu’il perdait la vision à cause de la rétinite pigmentaire.

« Mon père était un artiste. Il était un excellent dessinateur et il aimait faire des vidéos. La vue était essentielle pour lui », affirme son fils, Dino Petrin. « Il ne s’est jamais plaint de perdre la vue. Nous ne l’avons jamais entendu le faire quand nous étions enfants. Il avait toujours le sens de l’humour et un solide caractère. Il n’a jamais cherché à faire pitié. Il a seulement accepté avec sérénité. »

Des millions de gens en Amérique du Nord ont une maladie de la rétine comme la rétinite pigmentaire, le glaucome, une ischémie rétinienne et la dégénérescence maculaire liée à l’âge. Ces maladies peu comprises sont progressives et bien souvent incurables.

Grâce à une thérapie génique et cellulaire prometteuse en cours de conception, Dino espère qu’un jour, d’autres personnes comme son père ne perdront plus la vision.

Dr. Catherine Tsilfidis' research is aimed at developing a gene therapy strategy that blocks apoptosis and slows down retinal disease progression.
Catherine Tsilfidis, Ph.D.

« Bientôt, nous serons en mesure de concrétiser la mission à laquelle nous aspirons depuis le début : amener la thérapie basée sur le gène XIAP au chevet des patients. »

– Catherine Tsilfidis Ph.D.

Une découverte susceptible de changer la donne

La scientifique Catherine Tsilfidis peut imaginer le jour où le premier patient recevra la thérapie génique contre les maladies rétiniennes que son laboratoire tente de mettre au point depuis 20 ans. Il n’arrivera pas demain, mais dans un avenir quand même rapproché.

« La thérapie basée sur le gène XIAP est prometteuse parce qu’elle empêche la mort des cellules au fond de l’œil », explique Mme Tsilfidis, Ph. D., scientifique principale à L’Hôpital d’Ottawa et professeure agrégée à l’Université d’Ottawa. « Cette thérapie pourrait ralentir ou arrêter la perte de la vision causée par un grand nombre de maladies rétiniennes. »

Mme Tsilfidis dirige une équipe de chercheurs de calibre mondial qui a récemment reçu 2,4 M$ du Fonds pour la recherche en Ontario afin de mettre au point des thérapies géniques et cellulaires contre les maladies de la rétine. Un de leurs objectifs est d’accomplir le travail nécessaire pour lancer un essai clinique de la thérapie basée sur le gène XIAP, ce qui pourrait être possible dans quelques années.

La conjoncture actuelle est parfaite pour la thérapie génique et cellulaire

Concrétiser la promesse de remplacer les gènes et les cellules défectueuses de l’œil par des versions saines est tout à fait possible. Bien que ces domaines n’en soient encore qu’à leurs débuts, ils devraient connaître une croissance exponentielle au cours de la prochaine décennie. La thérapie génique contre les maladies oculaires a particulièrement pris son envol, notamment après l’approbation de Santé Canada de la première thérapie génique contre une forme génétique rare de perte de vision en 2020.

« Grâce à ce programme de recherche, l’Ontario pourrait devenir un chef de file en thérapie génique et par cellules souches. »

– Pierre Mattar Ph.D.
The Ottawa Hospital's Dr. Pierre Mattar aims to develop stem cell therapies for retinal ganglion cell diseases such as glaucoma.
Pierre Mattar Ph.D.

Ottawa et Toronto sont des plaques tournantes importantes dans le domaine de la recherche sur les cellules souches à des fins de thérapie cellulaire. En tant que partenaire du programme de recherche sur la rétine dirigé par Mme Tsilfidis, la scientifique Valerie Wallace au UHN s’efforcera d’accroître la survie des cellules souches greffées dans l’œil pendant que le scientifique Pierre Mattar à L’Hôpital d’Ottawa visera à concevoir des thérapies à base de cellules souches pour traiter des maladies qui touchent les cellules ganglionnaires de la rétine comme le glaucome.

La collaboration entre les chercheurs en laboratoire et les cliniciens est la clé du succès

Il faut une équipe exceptionnelle pour relever le défi considérable de mener une découverte en science fondamentale jusqu’aux essais cliniques. Pour réaliser ce programme de recherche, Mme Tsilfidis a mis sur pied une « équipe de rêve » composée de collaborateurs de longue date et de nouveaux partenaires.

En tant que scientifique fondamentaliste, elle a toujours travaillé étroitement avec des cliniciens pour que sa recherche tienne compte des besoins des patients.

« Les ophtalmologistes nous aident à cerner les plus importantes questions à poser, ajoute-t-elle. Notre laboratoire a commencé à se pencher sur des maladies comme la neuropathie optique héréditaire de Leber et le glaucome parce que des cliniciens nous ont dit à quel point elles étaient problématiques. »

Deux collaborateurs cliniciens de Mme Tsilfidis, Stuart Coupland, Ph.D. et le Dr Brian Leonard, prennent part à ce nouveau programme de recherche sur la rétine. Ils travaillent aux côtés du Dr Bernard Hurley et du Dr Michael Dollin, spécialistes de la rétine, qui aident à élaborer des protocoles d’essais cliniques.

« Nos chercheurs se sont taillé une solide réputation pour mener des découvertes du laboratoire au chevet des patients. »

– Dr. Duncan Stewart

Le laboratoire et les bureaux de l’équipe de Mme Tsilfidis sont situés dans le même couloir que les bureaux et les centres de traitement des ophtalmologistes, ce qui facilite la collaboration. Le regroupement de scientifiques et de cliniciens a joué un rôle clé dans le succès de L’Hôpital d’Ottawa pour mener des découvertes du laboratoire jusqu’au chevet des patients.

The highly skilled team at The Ottawa Hospital's Biotherapeutics Manufacturing Centre will make the clinical-grade virus to deliver gene therapy into the eye.
L’équipe spécialisée du Centre de fabrication de produits biothérapeutiques fabriquera des virus de qualité clinique pour livrer la thérapie génique dans l’œil.

Tirer parti de notre expertise en fabrication de produits biothérapeutiques

L’équipe savait qu’elle devait ajouter des ressources et des partenaires, en plus des spécialistes cliniciens, pour assurer la réussite.

« Nous avons surtout mis l’accent sur la science fondamentale dans le laboratoire par le passé, précise Mme Tsilfidis. Maintenant que nous sommes à l’étape de mener la thérapie basée sur le gène XIAP au chevet des patients, nous avons besoin de toute l’aide possible. »

L’une des pièces manquantes pour y parvenir était un virus de qualité clinique pour livrer le gène XIAP dans l’œil, à savoir un virus adéno associé (VAA). Trouver des sources économiques de VAA a été un obstacle majeur au lancement d’essais et à la conception de thérapies géniques.

Heureusement, L’Hôpital d’Ottawa s’est doté du Centre de fabrication de produits biothérapeutiques – une installation de calibre mondial qui a déjà fabriqué plus d’une dizaine de produits viraux et cellulaires différents pour alimenter des essais cliniques réalisés chez l’humain dans quatre continents. Les spécialistes du Centre s’affairaient à étendre leurs activités à la production de VAA lorsque Mme Tsilfidis leur a demandé s’ils aimeraient collaborer à son programme de recherche sur la rétine. Le Centre travaille depuis avec elle et son équipe pour concevoir le processus de fabrication des VAA dont l’équipe aura besoin pour faire approuver les essais cliniques de sa thérapie basée sur le gène XIAP par Santé Canada.

Le Centre est en voie de devenir la première installation au Canada à fabriquer des VAA de qualité clinique pour soutenir des études de thérapies géniques. Cette nouvelle expertise l’aidera à alimenter d’autres essais de thérapies géniques, plus particulièrement ceux ciblant des maladies rares.

Drs. Manoj Lalu and Dean Fergusson along with other experts at the Ottawa Methods Centre are helping to plan a future clinical trial of gene therapy for retinal disease.
Le Dr Manoj Lalu, Dean Fergusson, Ph.D. et d’autres experts du Centre de méthodologie d’Ottawa aident à planifier l’essai clinique d’une thérapie génique contre les maladies de la rétine.

Planifier un essai clinique de calibre mondial

En plus de virus de qualité clinique, l’équipe de recherche a besoin d’aide pour planifier l’essai clinique de la thérapie basée sur le gène XIAP. Fort heureusement, il n’y a pas de pénurie de spécialistes en essais cliniques à L’Hôpital d’Ottawa.

« Je n’ai jamais planifié un essai clinique auparavant, poursuit Mme Tsilfidis. Je connais toutefois quelqu’un qui l’a déjà fait : Dean Fergusson. J’ai toujours été impressionnée par les trajets rigoureux qu’il a aidé à établir. Lorsque je lui ai demandé conseil, il m’a dirigée vers le Centre de méthodologie d’Ottawa. »

Le Centre de méthodologie d’Ottawa est le centre de ressources de L’Hôpital d’Ottawa pour obtenir une expertise et du soutien en recherche. Son objectif est d’aider tous les cliniciens, les membres du personnel et les chercheurs de l’Hôpital à mener des recherches de grande qualité à l’aide des meilleures méthodes. Chaque année, il soutient plus de 200 projets de recherche menés par des chercheurs cliniciens et fondamentaux.

« Le Centre de méthodologie nous épaule avec brio, ajoute Mme Tsilfidis. Son expertise en méthodologie de recherche a renforcé notre programme de recherche et nos demandes de financement. »

Au Centre de méthodologie, l’équipe tire parti du programme Excelerator du groupe de recherche translationnelle Blueprint. Codirigé par Dean Fergusson, Ph.D. et le Dr Manoj Lalu, ce programme est conçu pour favoriser la transition efficace de découvertes en recherche fondamentale vers des essais cliniques à l’aide de méthodes et d’approches rigoureuses. Son personnel aide à concevoir le protocole d’essais cliniques et appuie l’élaboration de demandes d’essais cliniques à Santé Canada en réalisant des examens systématiques des données précliniques et cliniques disponibles.

Un programme de recherche extrêmement prometteur

S’attaquer aux maladies de la rétine sera un grand défi, mais Mme Tsilfidis a réuni une excellente équipe de partenaires de longue date et nouveaux pour cheminer vers la réussite.

« Ces thérapies pourraient transformer la vie des gens. Si nous pouvions guérir des maladies ou ralentir la perte de la vision, ce serait extraordinaire. »

– Dino Petrin

« Nos chercheurs se sont taillé une solide réputation pour mener des découvertes du laboratoire au chevet des patients, mais nous ne réussirons que grâce à un effort d’équipe comme celui-ci », affirme le Dr Duncan Stewart, vice-président exécutif de la Recherche à L’Hôpital d’Ottawa et professeur de médecine à l’Université d’Ottawa. « Tirer pleinement parti de l’expertise de nos chercheurs, de nos cliniciens et de nos ressources fondamentales en recherche est la clé pour offrir de nouveaux traitements aux patients qui en ont besoin. »

L’enthousiasme est palpable, selon Mme Tsilfidis. « Bientôt, nous serons en mesure de faire ce que notre laboratoire essaie de faire depuis le début : amener la thérapie basée sur le gène XIAP au chevet des patients. »

Dino, ancien étudiant diplômé du laboratoire de Mme Tsilfidis, voit le potentiel des thérapies géniques pour aider des personnes comme son père. « Ces thérapies pourraient changer la vie des gens. Si nous pouvions guérir des maladies ou ralentir la perte de la vision, ce serait extraordinaire. »

Vittorio Petrin pictured with his wife Maria Petrin
Vittorio Petrin et sa femme Maria Petrin

Fièrement affilié à l’Université d’Ottawa, L’Hôpital d’Ottawa est un centre de recherche et de santé universitaire de premier plan.

Au moment d’apprendre pour la troisième fois en dix ans qu’un lymphome menaçait sa vie, Owen Snider croyait avoir épuisé ses options. Or, un nouveau traitement révolutionnaire à base de cellules CAR-T lui a redonné espoir. L’Hôpital d’Ottawa recrutait justement des patients à l’essai clinique d’une approche avant-gardiste uniquement canadienne. Il devait toutefois y être admissible.

En 2010, Owen amorçait la soixantaine lorsqu’il a reçu un diagnostic de lymphome à grandes cellules B. Il a alors suivi une chimiothérapie connue sous le nom de R CHOP, qui dure habituellement 18 semaines. « C’était un traitement rigoureux. Je m’en suis bien sorti et j’ai vécu six ans sans cancer. Le lymphome est toutefois revenu en 2016 », explique Owen.

Lorsque le cancer est réapparu, son équipe de soins à L’Hôpital d’Ottawa lui a recommandé une greffe de cellules souches. Cette année-là, il a suivi un programme intensif exigeant de fortes doses de chimiothérapie pour éliminer puis remplacer ses cellules souches au moyen d’une greffe. « C’est très éprouvant. Mais après deux ou trois mois à souhaiter ne plus être là, les choses se sont améliorées. J’ai ensuite passé quatre années de plus sans cancer. »

« Il m’a donné cinq ou six mois à vivre. Ma femme et moi étions abattus. »

— Owen Snider

Troisième récidive

Pendant ces quatre années, Owen a profité de sa retraite chez lui, dans une belle région boisée près de Calabogie, avec sa femme, Judith Snider. Puis s’est présenté son plus grand défi : une troisième récidive. Cette fois, le diagnostic est tombé en mai 2020, en plein cœur de la pandémie. « Mon oncologue m’a dit qu’ils avaient fait à peu près tout ce qu’il était possible de faire. Il m’a donné cinq ou six mois à vivre. Ma femme et moi étions abattus. Je me suis résigné à recevoir des soins palliatifs pour alléger ma souffrance pendant mes six derniers mois », ajoute Owen.

Judith and Owen Snider kayaking.

La semaine suivante, un appel de son oncologue lui propose une autre chance à la vie; l’essai clinique d’un traitement par cellules CAR-T venait de débuter à L’Hôpital d’Ottawa – une première au Canada. Il restait à vérifier si Owen répondait aux critères de participation. Pour le savoir, il passe le mois de juin 2020 à subir une multitude de tests et d’examens d’imagerie.

« Ce type de recherche en immunothérapie est extrêmement novateur et n’avait jamais été réalisé au Canada. »

– Dre Natasha Kekre

Quand Owen reçoit le feu vert en mi-juin, sa décision était déjà prise : « Soit je participais à l’essai, soit je restais allongé ici pendant des mois à attendre la fin. Qui aurait fait autrement à ma place? J’ai saisi l’occasion parce que chez nous, on voit toujours le verre à moitié plein ».

Traitement par cellules CAR-T

Le traitement par cellules CAR-T est une immunothérapie émergente qui tire parti de la puissance des lymphocytes T d’un patient – un type de cellules immunitaires – pour traiter son cancer. Les lymphocytes T jouent un rôle essentiel pour tuer les cellules qui sont anormales, infectées par des germes ou cancéreuses.  Ces dernières peuvent, comme dans le cas du lymphome ou de la leucémie, devenir invisibles pour les lymphocytes T. Le traitement consiste alors à prélever ces cellules CAR-T et à les reprogrammer en laboratoire de sorte qu’elles reconnaissent et détruisent les cellules cancéreuses

La Dre Natasha Kekre est hématologue et scientifique adjointe à L’Hôpital d’Ottawa. Elle dirige la conception de la première plateforme de recherche sur les cellules CAR-T au Canada en collaboration avec le centre de cancérologie de la Colombie Britannique. « Ce type de recherche en immunothérapie est extrêmement novateur et n’a jamais encore été réalisé au Canada. Le traitement utilise le système immunitaire du patient même. C’est de la médecine très personnalisée », précise la Dre Kekre.

L’Hôpital d’Ottawa est l’un des premiers hôpitaux au Canada à participer à des essais CAR-T dirigés à l’échelle nationale. Étant l’un des plus importants centres de recherche et de traitement en santé au Canada, l’Hôpital est bien positionné pour jouer un rôle de premier plan pour doter les Canadiens d’un programme de recherche novateur sur le traitement par cellules CAR-T.

Effet « Pacman »

Vers la fin de juin 2020, Owen était prêt pour une aphérèse, intervention qui permet de prélever des lymphocytes T dans le sang. « Ils posent dans mon bras droit un cathéter intraveineux pour acheminer mon sang dans l’appareil d’aphérèse, d’où il ressort pour m’être injecté par un second cathéter dans mon bras gauche. L’appareil pompe le sang et en extrait les cellules avant de retourner le reste du sang dans mon corps. Je suis resté étendu pendant les trois ou quatre heures du processus. Sans bouger, je dois ajouter. »

« C’est un peu comme dans le jeu Pacman : les cellules modifiées se déploient dans la circulation sanguine et tuent les cellules cancéreuses. »

– Owen Snider

Ils ont ensuite envoyé les lymphocytes T à un laboratoire en Colombie-Britannique, où on les a reprogrammés et multipliés avant de les renvoyer à l’hôpital deux semaines plus tard. Les cellules sont administrées au patient par transfusion sanguine. « Ces cellules peuvent ensuite circuler pour trouver les cellules cancéreuses, les attaquer et les tuer. Elles stimulent aussi le système immunitaire afin qu’il passe à l’attaque et combatte le cancer », ajoute la Dre Kekre.

Le 2 juillet, Owen s’est fait poser un cathéter central inséré par voie périphérique, puis une chimiothérapie de trois jours. Quatre jours plus tard, il a reçu ses lymphocytes T reprogrammés, qui se sont mis au travail. « C’est un peu comme dans le jeu Pacman : les cellules modifiées se déploient dans la circulation sanguine et tuent les cellules cancéreuses. »

Ses lymphocytes T étaient programmés pour reconnaître et détruire précisément des cellules cancéreuses. Owen devait maintenant attendre qu’elles fassent leur travail.

Owen Snider

Le traitement allait-il fonctionner?

Un mois plus tard, Owen et Judith ont reçu des nouvelles exceptionnelles. « Lors de ma visite de suivi, je n’avais presque plus de cellules cancéreuses. L’examen d’imagerie a montré qu’il ne restait presque plus rien. J’étais stupéfait », confie-t-il.

Trois mois plus tard, Owen était « propre comme un sou neuf » comme il aime affirmer. Dix-huit mois plus tard, toujours aucune trace de lymphome.

Donner aux patients comme Owen un nouvel espoir pour l’avenir est ce qui inspire la Dre Kekre. « Pour la première fois depuis longtemps, Owen a senti que le lymphome pouvait véritablement disparaître. De nombreux examens d’imagerie semblent le confirmer. Je pense qu’il commence maintenant à y croire. C’est pour cette raison que je fais ce travail : d’autres patients qui ont épuisé leurs options pourraient bientôt avoir recours au traitement par cellules CAR-T. C’est ce qui s’est passé dans le cas d’Owen et c’est ce que nous espérons pour beaucoup d’autres patients », poursuit la Dre Kekre.

Prochaines étapes de l’essai clinique

La Dre Kekre et son équipe suivent tous les patients inscrits à l’essai et espèrent en publier les résultats en 2022. L’objectif est de fournir à Santé Canada la preuve que le traitement est sécuritaire. « Notre comité de surveillance de la sécurité des données et de l’essai n’a eu aucune inquiétude. Du point de vue de la sécurité, nous sommes donc très satisfaits de l’essai. C’est pourquoi il est toujours possible de s’y inscrire », affirme la Dre Kekre.

Caractère unique du traitement par cellules CAR-T de L’Hôpital d’Ottawa

Le traitement par cellules CAR-T doit être fabriqué à partir de cellules du patient et d’une grande quantité de virus extrêmement purs afin de livrer le gène pour le CAR, qui est un récepteur antigénique chimérique. Le Centre de fabrication de produits biothérapeutiques de L’Hôpital d’Ottawa est bien positionné pour fabriquer les virus de qualité clinique nécessaires pour créer des cellules CAR-T à des fins d’essais cliniques. En fait, nous avons la seule installation au Canada qui produit ce type de virus précisément à ces fins

On espère que ce traitement pourra un jour servir à combattre une variété de cancers. Selon la Dre Kekre, « nous avons reçu beaucoup d’attention du Danemark et quelques autres pays européens nous tendent la main. Ils adhèrent à un système de santé similaire au nôtre, où les patients ont tous le droit d’accéder aux soins. Si les lymphocytes CAR-T sont ici pour de bon, ils doivent être fabriqués selon une approche durable pour les patients. Globalement, ce n’est que le début, alors tout le monde nous observe pour savoir comment nous nous y prenons. »

« Sans la philanthropie, nous n’aurions ni le Centre de fabrication de produits biothérapeutiques ni le Centre de méthodologie à L’Hôpital d’Ottawa. Nous ne serions pas en mesure de réaliser des essais cliniques novateurs comme celui-ci. »

– Dre Natasha Kekre

La plateforme de recherche sur les cellules CAR-T fabriquée au Canada permettra aux Canadiens d’avoir un meilleur accès à des essais cliniques novateurs. « Les Canadiens atteints du cancer ne devraient pas devoir attendre que la recherche soit effectuée ailleurs. Ils devraient pouvoir participer à des essais cliniques novateurs ici, chez eux », précise la Dre Kekre.

Apprécier chaque jour et soutenir la recherche

Aujourd’hui, Owen a une bonne qualité de vie grâce à l’essai clinique. Il se sent fort et attend avec impatience le jour où Judith et lui pourront à nouveau voyager. Ils sont reconnaissants pour la recherche qui sauve des vies. « Ce fut un honneur et un privilège d’être choisi pour l’essai. »

Il rend également hommage à l’extraordinaire équipe de soins et se rappelle avec émotions des moments privilégiés lors de ses visites à l’hôpital. « Je me suis toujours senti si bien accueilli. Je suis ressorti de chaque rencontre encouragé. L’équipe du 5 Ouest est merveilleuse. J’ai eu l’occasion d’y retourner ce printemps et ce fut de si belles retrouvailles. »

Owen donne depuis longtemps à L’Hôpital d’Ottawa, et il soutient encore davantage la philanthropie depuis qu’il a constaté son rôle important dans la concrétisation de l’essai clinique qui l’a sauvé. « Le financement de base des hôpitaux ne suffit pas pour propulser les réalisations novatrices et avant-gardistes ni pour acheter certains équipements hautement spécialisés. C’est là que chaque don fait la différence. »

Owen and Judith Snider. Owen was accepted into a made-in-Canada CAR-T therapy clinical trial at The Ottawa Hospital to treat his lymphoma.
Owen et Judith Snider.

La philanthropie permet d’amorcer des essais cliniques de ce type et peut contribuer à les faire progresser. « Sans la générosité de la collectivité, nous n’aurions ni le Centre de fabrication de produits biothérapeutiques ni le Centre de méthodologie à L’Hôpital d’Ottawa, estime la Dre Kekre. Nous ne pourrions pas réaliser des essais cliniques novateurs comme celui-ci. Nous avons besoin de ce type de recherche pour que tous les Canadiens puissent bénéficier de ces traitements. Sans la philanthropie, nous n’y arriverions jamais. »

Owen souhaite transmettre un message simple à la Dre Kekre et à son équipe pour leurs efforts collectifs qui donnent de l’espoir aux patients. « Merci. Vous avez créé un programme remarquable. »

Quelques mots sur le programme de recherche CLIC

Le programme de recherche CLIC, établi en 2016, réunit chercheurs, cliniciens et patients de l’ensemble du Canada afin de bâtir une expertise et une capacité canadienne qui nous permettra d’innover dans le domaine prometteur de l’immunothérapie cellulaire contre le cancer, y compris en thérapie par lymphocytes T à CAR. Le premier essai clinique (CLICL-01) a été lancé en 2019 à L’Hôpital d’Ottawa et à BC Cancer avec le soutien de BioCanRx, de BC Cancer, de la Fondation de l’Hôpital d’Ottawa et de l’Institut ontarien de recherche sur le cancer. Les principales installations et ressources qui appuient le programme CLIC incluent le Centre de fabrication de produits biothérapeutiques de L’Hôpital d’Ottawa, le laboratoire d’immunothérapie familiale Conconi de BC Cancer, le Centre de méthodologie d’Ottawa et le Groupe de recherche translationnelle Blueprint. Les chercheurs mobilisés dans le programme CLIC incluent les Drs Natasha Kekre, Harold Atkins, Kevin Hay et Manoj Lalu, ainsi que les scientifiques John Bell, Rob Holt, Brad Nelson, John Webb, Kednapa Thavorn, Dean Fergusson, Justin Presseau et and Jen Quizi.


Fièrement affilié à l’Université d’Ottawa, L’Hôpital d’Ottawa est un centre de recherche et de santé universitaire de premier plan.

La voix mélodieuse de Paula Helmer a résonné dans la section alto de plusieurs chorales d’Ottawa pendant des décennies. Et sa voix se fait toujours entendre même après avoir perdu sa bataille contre le cancer du sein – non pas par la chanson, mais par la science.

« Faire progresser la science est ce que Paula espérait de tous ces essais cliniques », explique Jeff Christie, son mari.

« Faire progresser la science est ce que Paula espérait de tous ces essais cliniques. »

—Jeff Christie

Jeff et Paula se sont rencontrés pendant leurs études en économie à l’Université de Waterloo. Ils ont ensuite déménagé à Ottawa, soit la ville natale de Paula, pour entreprendre au gouvernement fédéral une carrière enrichissante qui allait s’étendre sur des décennies. Pendant tout ce temps, Paula a poursuivi sa passion pour le chant choral au sein de l’église presbytérienne St. Timothy’s et de la Société chorale d’Ottawa. Jeff affirme que c’est toutefois la vie de famille qui était au centre de tout : les enfants, les petits-enfants, les voyages et le chalet familial.

Paula (back row, fourth from right) in 2005 with members of the Ottawa Choral Society.

« Cinq ans après notre retraite, nous avons appris que Paula avait le cancer », se rappelle Jeff.

Il s’agissait d’une forme mortelle de cancer du sein qui avait fait des métastases dans la colonne vertébrale et lui causait une douleur considérable. Une chirurgie a permis d’enlever la tumeur, mais n’a pas réussi à éradiquer le cancer, ni à contrôler la douleur. C’est à ce moment que Paula a rencontré le Dr Mark Clemons, oncologue médical à L’Hôpital d’Ottawa.

« Nous avons mis au point un plan comportant plusieurs volets pour non seulement diminuer la douleur de Paula, explique le Dr Clemons, mais aussi pour contrôler la maladie. »

« Nous avons su dès le départ que le Dr Clemons était très compétent et avisé. Il a gagné notre confiance dès la première rencontre et les traitements qu’il suggérait pour elle étaient toujours si fructueux. C’est le genre de personne qu’on aime instantanément », affirme Jeff.

Une passion pour les essais cliniques

Le Dr Clemons est à la tête du Programme de reconception des essais cliniques (REaCT) qu’il a lancé en 2014 avec Dean Fergusson, Ph. D., scientifique principal et directeur du Programme d’épidémiologie clinique, et d’autres collègues. Le programme REaCT vise à faciliter la participation aux essais cliniques en mobilisant les patients atteints du cancer et leur famille à chaque étape du processus. Habituellement, seulement 3 % des patients participent à des essais cliniques. Grâce au programme REaCT, le pourcentage est maintenant près de 90 % parce que les essais ne comportent plus de visite ou de test supplémentaire. Paula a commencé à participer à une série d’essais cliniques destinés à lui venir en aide, mais aussi à améliorer les options de traitement pour les prochaines générations. Jeff affirme que c’était une source de motivation inébranlable.

« Paula a joué un rôle important dans l’avancement du traitement des patients dans le monde entier. »

— Dr Mark Clemons

« C’était vraiment important pour elle comme pour moi, ajoute-t-il. Il reste bien des traitements à découvrir et on va les trouver grâce aux essais cliniques. Si personne n’y participe, personne n’aura de nouveau traitement. »

Reprendre un certain contrôle sur sa vie et contribuer à la science

Plus important encore, estime Jeff, la participation à ces essais cliniques lui a donné une voix et permis de participer activement à son traitement.

« Paula a toujours eu l’impression d’être aux commandes, juste à côté du Dr Clemons. Ils l’ont écoutée, ils l’ont crue.»

Le Dr Clemons explique que l’un des nombreux essais cliniques auxquels Paula a participé consistait à déterminer à quelle fréquence il faudrait administrer des agents osseux aux patients atteints d’un cancer du sein métastatique. Traditionnellement, le traitement est administré par injection toutes les quatre semaines, ce qui oblige les patients à se rendre à l’hôpital et à passer de longues périodes loin de chez eux.

« Paula avait la motivation inébranlable de non seulement améliorer son propre pronostic, mais aussi d’aider à approfondir les connaissances dans l’intérêt des prochains patients. »

— Dr Mark Clemons

« Grâce à la participation de Paula et de nombreux autres patients, poursuit le Dr Clemons, nous avons pu réaliser un essai qui a montré qu’une injection toutes les 12 semaines était tout aussi efficace et était associée à moins d’effets secondaires. »

Il a également amélioré la qualité de vie de Paula en permettant au couple de continuer à aller au chalet et à voyager entre ces 12 semaines.

« C’était formidable, précise Jeff. Les soins que nous avons reçus cadraient à notre style de vie. Ils nous ont permis de voyager comme nous voulions le faire. »

La mission de Paula perdure

Paula a malheureusement perdu son combat contre le cancer le 18 février 2021, mais Jeff poursuit son travail : il fait connaître le programme REaCT à ses amis et collègues, il amasse des fonds pour soutenir ce travail essentiel qui contribue à façonner de meilleures options de traitement pour les patients atteints de cancer dans le monde entier.

« J’ai parlé de REaCT dans mes cercles sociaux, poursuit Jeff. J’ai mentionné que Paula a participé à au moins des dizaines d’essais cliniques et en a bénéficié. »

« C’est fantastique que Jeff poursuive la mission de Paula, précise le Dr Clemons. Paula a joué un rôle important dans l’avancement du traitement des patients dans le monde entier. »

C’est un rôle qu’elle a assumé avec la même ferveur qu’elle a abordé tout ce qu’elle a fait dans la vie, que ce soit en tant qu’économiste, épouse, mère, et même en tant que chanteuse.

« Il reste bien des traitements à découvrir et on va les trouver grâce aux essais cliniques. »

— Jeff Christie

Fièrement affilié à l’Université d’Ottawa, L’Hôpital d’Ottawa est un centre de recherche et de santé universitaire de premier plan.

L’étude qui change le traitement du cancer du sein partout dans le monde

On voit l’amour profond que porte Gina Mertikas-Lavictoire à ses trois jeunes enfants lorsqu’elle pose son regard sur eux. Mais on y décèle aussi autre chose : la peur. La peur qu’une de ses filles, ou même les deux, développe un jour la même forme agressive du cancer du sein qu’elle a eue. Lorsqu’on lui a offert de participer à un essai clinique du programme REaCT (Rethinking Clinical Trials) de L’Hôpital d’Ottawa, elle a donc accepté sans hésiter.

Gina Mertikas, centre, and her family
Gina et sa famille

«Je crois vraiment aux essais cliniques, explique Gina. Je n’ai eu aucune hésitation à participer, et je faisais confiance au Dr Clemons.»

Chercheur et oncologue à L’Hôpital d’Ottawa, le Dr Mark Clemons a été l’oncologue de Gina. C’est lui qui a mis sur pied en 2014 le programme REaCT, de concert avec le Dr Dean Fergusson, chercheur principal et directeur du Programme d’épidémiologie clinique de L’Hôpital d’Ottawa, et d’autres collaborateurs. Le programme REaCT vise à faciliter la participation aux essais cliniques pour les patients atteints de cancer, puisque plus le nombre de participants est élevé, meilleurs sont les constats, ce qui améliore les traitements et les pratiques.

«Quand on sait que c’est le cancer qui tue le plus de gens et que seulement 3 % des patients participent à des essais cliniques, c’est très choquant, affirme le Dr Clemons. Les patients sont prêts à tout pour faire avancer les choses, non seulement pour eux, mais aussi pour leurs enfants. Ils veulent que leurs enfants puissent bénéficier de meilleurs traitements s’ils devaient un jour se retrouver dans la même situation. »

Une étude axée sur la sécurité des soins et la diminution des coûts et des visites à l’hôpital

Gina a participé à une étude qui portait sur un médicament appelé «filgrastim». Ce dernier stimule la production des globules blancs qui combattent les infections. Les patients atteints d’un cancer du sein au stade précoce reçoivent souvent des injections quotidiennes de ce médicament au début de chaque cycle de chimiothérapie, ce qui peut représenter 5, 7 ou 10 doses. Les patients sont nombreux à avoir de la difficulté à se payer le médicament (plus de 200 $ par injection) et à composer avec les effets secondaires.

«C’est un médicament extrêmement cher, et les patients se sentent souvent très mal après l’avoir reçu. Ils sont dans un état misérable», explique le Dr Clemons.

Jusqu’à maintenant, on ne s’entendait pas sur le nombre d’injections à privilégier. Après avoir passé en revue toutes les données et sondé médecins et patients, le Dr Clemons et ses collègues ont lancé un essai clinique pour trouver une réponse : 466 patients de 7 centres de cancérologie du pays y ont pris part.

Gina faisait partie de ces patients. Elle devait se donner une injection de filgrastim par jour, pendant 10 jours d’affilée, après chacun de ses trois cycles de chimiothérapie.

Gina qui remet un chèque au Dr Clemons en appui au programme REaCT de L’Hôpital d’Ottawa.

«Je suis si heureuse d’avoir pu participer à cet essai.»

Gina indique qu’elle n’a pas hésité une seconde à se porter volontaire pour participer à l’essai parce que cela lui permettait d’aider de futurs patients atteints du cancer. Elle précise qu’elle est heureuse d’avoir eu la chance participer, puisque chaque essai permet d’aider les générations futures.

Elle est aussi heureuse des résultats de l’étude, publiés dans Annals of Oncology, qui ont contribué à modifier les traitements partout dans le monde. Les chercheurs ont découvert que 5 doses de filgrastim étaient tout aussi efficaces que 7 ou 10 doses pour prévenir les infections. Sur le plan des hospitalisations, cinq doses sont également préférables : les patients qui avaient reçu 5 doses présentaient un risque de 3,3 % d’hospitalisation liée aux effets secondaires comparativement à 10,9 % pour les patients qui avaient reçu de 7 à 10 doses, un risque plus de trois fois supérieur.

«C’est comme ça que nous allons trouver comment guérir le cancer.»

– Gina Mertikas-Lavictoire

Des résultats qui changent les normes de traitement mondiales

Drs Mark Clemons and Dean Fergusson developed the Rethinking Clinical Trials or REaCT program
Les Drs Mark Clemons et Dean Fergusson ont mis sur pied le programme «Rethinking Clinical Trials» (REaCT).

«L’étude change déjà les pratiques partout dans le monde, affirme le Dr Clemons. Les patients sont en meilleure santé et ils peuvent passer plus de temps avec leurs proches, puisqu’on réduit le nombre de visites à l’hôpital. Notre système de santé y économise aussi des millions de dollars chaque année.»

«L’étude change déjà les pratiques partout dans le monde. Les patients sont en meilleure santé et ils peuvent passer plus de temps avec leurs proches.»

– Dr. Mark Clemons

L’équipe du programme REaCT veut aller plus loin et déterminer si un nombre encore plus réduit de doses peut être efficace. Elle vient tout juste de présenter une demande de financement pour lancer le processus, et surveille aussi de près plusieurs autres essais cliniques. Avec plus de 2 700 patients participant à 17 essais dans 15 centres partout au pays, le programme REaCT est actuellement le programme d’essais cliniques en cancérologie le plus important en son genre au Canada.

«En changeant de paradigme et en utilisant des approches novatrices, nous répondons efficacement aux questions les plus importantes des patients et de notre système de santé, explique le Dr Fergusson. L’Hôpital d’Ottawa est un chef de file dans ce type de recherche novatrice et nos patients sont parmi les premiers à en bénéficier.»

Gina le sait bien. Elle a participé à deux autres essais cliniques dans le cadre du programme REaCT et ne ménage aucun effort pour amasser des fonds; elle a recueilli plus de 25 000 $ pour la recherche sur le cancer à L’Hôpital d’Ottawa.

«L’Hôpital d’Ottawa est un chef de file dans ce type de recherche novatrice et nos patients sont parmi les premiers à en bénéficier.»

— Dr Dean Fergusson


Fièrement affilié à l’Université d’Ottawa, L’Hôpital d’Ottawa est un centre de recherche et de santé universitaire de premier plan.

Le Programme de reconception des essais cliniques (REaCT) est un programme de recherche unique qui vise à améliorer la vie des personnes atteintes du cancer grâce à des essais cliniques centrés sur le patient et à orientation pragmatique.

Basé à L’Hôpital d’Ottawa, le Programme REaCT mobilise les patients et leurs proches dans chaque étape de la recherche, y compris le lancement d’idées, l’établissement des priorités, la conception des études et la communication des résultats.

Contrairement à la plupart des essais cliniques en cancérologie, qui mettent l’accent sur l’évaluation de traitements expérimentaux chez une étroite tranche de la population de patients, les essais lancés dans le cadre du Programme ReaCT visent à comparer des traitements standards en contexte réel chez un vaste éventail de patients. Ainsi, les essais répondent à certaines des questions les plus importantes, tant pour les patients atteints du cancer que pour le système de santé.

REaCT est le plus vaste programme d’essais cliniques pragmatiques sur le cancer au Canada. Plus de 2 700 patients participent à 17 essais cliniques dans 15 centres au Canada.

Gina Mertikas-Lavictoire grateful for her care at The Ottawa Hospital

« Je suis si heureuse d’avoir pu participer à cet essai. »

— Gina Mertikas-Lavictoire

« Recevoir un tel diagnostic, ça change pas mal une vie. Par empathie pour les autres femmes qui vivent cette épreuve, j’ai voulu redonner à la collectivité pour les soins que je recevais afin d’aider d’autres femmes. J’étais ouverte à tout traitement nouveau et novateur. Le processus lié aux essais du programme REaCT était simple et facile à comprendre. »

– Connie Chartrand, patiente atteinte d’un cancer du sein et ayant participé à trois essais du programme Repenser les études cliniques (REaCT)