Publié: avril 2023

Découvrez pourquoi il attribue son rétablissement rapide à une étude sur la préréadaptation 

En mai 2021, l’oncologue de Christopher Wanczycki lui a appris une mauvaise nouvelle inattendue : il avait une tumeur de 5 cm dans son rectum. Cinq semaines après sa chirurgie oncologique en janvier 2022, l’homme de 63 ans était pourtant de retour sur les pistes de ski de fond. Il estime qu’il s’est rétabli rapidement grâce à un essai clinique national d’une préréadaptation dirigé par des chercheurs de L’Hôpital d’Ottawa.

« Sans cet essai, je ne peux pas imaginer ce qu’aurait été mon rétablissement, affirme-t-il. Je recommande fortement la préréadaptation à toute personne qui se trouve dans le même cas que moi pour se préparer à la chirurgie et au rétablissement par la suite. » 

Christopher a subi une radiothérapie et une chimiothérapie agressives pour rétrécir la tumeur de stade 3B présente dans son rectum. Son oncologue a ensuite recommandé une chirurgie pour confirmer la suppression de toutes les cellules cancéreuses. 

« J’étais un peu abattu à ce moment-là. Mon oncologue m’avait dit qu’il fallait attendre quelques mois pour que les effets de la chimiothérapie disparaissent de l’organisme, se souvient-il. Lors de la dernière séance de chimiothérapie, le personnel m’a conseillé de prendre du poids – de manger tout ce que je pouvais pour reprendre le poids perdu avant de passer à la chirurgie. » 

Christopher avait perdu 37 livres pendant la chimiothérapie et avait peu d’appétit. Ses jambes et ses pieds étaient enflés et engourdis, ce qui rendait la marche désagréable. 

Christopher Wanczycki skier.

Il a pris du temps entre la fin de sa chimiothérapie en octobre 2021 et sa chirurgie en janvier 2022 pour essayer de reprendre du poids, de faire de légers exercices et de reprendre ses activités habituelles. 

C’est là que la préréadaptation est entrée en jeu. À la suggestion de son accompagnateur en cancérologie – une personne assignée par l’Hôpital pour aider les patients à cheminer pendant leur combat contre le cancer – Christopher a accepté de participer à l’un des plus vastes essais cliniques au monde de la préréadaptation en novembre 2021, qui est dirigé par le Dr Daniel McIsaac et son équipe. 

Qu’est-ce que la préréadaptation? 

« La préréadaptation, c’est un peu comme s’entraîner en vue d’une course, mais c’est plutôt une chirurgie qui a lieu le jour », explique le Dr McIsaac, scientifique et anesthésiologiste à L’Hôpital d’Ottawa et titulaire de la Chaire de recherche en soins périopératoires innovants de l’Université d’Ottawa. « Ce sont des exercices et une alimentation structurés de façon continue qui rendent les muscles, le cœur et les poumons plus forts. De nombreux exercices visent à renforcer les jambes et les muscles abdominaux dont on a besoin pour sortir du lit après la chirurgie. » 

« La préréadaptation, c’est un peu comme s’entraîner en vue d’une course, mais c’est plutôt une chirurgie qui a lieu le jour. »

— Dr  Daniel McIsaac

De précédentes études montrent que les personnes jeunes et en santé qui ont fait une préréadaptation avant une chirurgie se sont rétablies plus rapidement et ont vécu moins de complications. 

« Plus une personne est en bonne santé avant une chirurgie, plus elle se remet et reprend ses activités quotidiennes rapidement », ajoute le Dr McIsaac. 

La plupart des Canadiens qui ont besoin d’une chirurgie importante ont toutefois 65 ans ou plus et beaucoup d’autres sont affaiblis par des problèmes de santé. Ces gens ont beaucoup à retirer d’une préréadaptation, mais ils ont habituellement plus de difficultés à réaliser les exercices. 

Le programme de recherche du Dr  McIsaac vise à rendre la préréadaptation plus faisable pour les aînés ayant des problèmes de santé afin qu’ils puissent eux aussi retirer les bienfaits d’un rétablissement plus rapide. 

En quoi consiste une préréadaptation? 

Lorsque Christopher s’est inscrit à l’essai en novembre 2021, Keely Barnes, assistante de recherche, lui a enseigné les exercices et les étirements à faire à la maison au moins trois fois par semaine, en plus de lui remettre des instructions écrites et une vidéo pour l’épauler. La plupart des exercices étaient réalisables sur une chaise. 

Christopher Wanczycki skier.

Keely lui a aussi demandé de marcher, de faire du vélo ou de nager pendant au moins 20 minutes trois fois par semaine et lui a remis un podomètre pour lui permettre de noter les distances ainsi parcourues. 

Christopher adorait skier, faire du vélo et faire d’autres activités à l’extérieur avant de recevoir le diagnostic de cancer. Faire tous les exercices ne représentait donc pas une montagne insurmontable pour lui. En fait, il a même apprécié la distraction. 

« J’ai découvert pendant ma lutte contre le cancer que nous avons besoin de nous concentrer sur quelque chose chaque jour pour nous changer les idées. Cette étude m’a incité à me donner un objectif, c’est-à-dire une chose sur laquelle me concentrer chaque jour : essayer d’augmenter les répétitions des exercices chaque semaine. » 

Keely a appelé Christopher chaque semaine pour savoir combien de répétitions et de pas il avait faits. Ce fut non seulement une excellente motivation pour effectuer les exercices, mais aussi une occasion de vérifier si certains exercices donnaient du fil à retordre. Ensemble, ils ont ensuite cherché des façons de les adapter. 

À la mi-décembre 2021, Christopher a recommencé à faire du ski de fond. Tous les exercices avaient en plus augmenté son appétit, ce qui l’avait aidé à reprendre le poids perdu pendant la chimiothérapie. 

La recherche centrée sur l’expérience du patient 

« Les patients nous ont très clairement dit que la recherche sur la préréadaptation doit faire partie des priorités, poursuit le Dr McIsaac. Ils sont impatients de reprendre leur vie quotidienne après une chirurgie, et la préréadaptation peut les y aider. » 

Comme pour tout exercice, toutefois, il faut y consacrer des efforts pour en retirer les bienfaits. Les aînés qui ont de la douleur ou ont d’autres problèmes de santé ont plus de difficultés à consacrer ces efforts. 

Un essai pilote d’une préréadaptation dirigé par l’équipe du Dr McIsaac révèle que les patients âgés ayant des problèmes de santé qui ont respecté au moins 80 % du programme de préréadaptation ont été capables de marcher sur une plus longue distance et ont déclaré une incapacité moins élevée après la chirurgie par comparaison à ceux qui n’y ont pas pris part. Le taux de respect moyen des participants a toutefois été de 60 %, ce qui n’est pas suffisant pour récolter les bienfaits. 

« Pour assurer le succès d’un programme de préadaptation, nous devons soutenir et motiver les participants et personnaliser les exercices à leurs besoins. » 

– Dr Daniel McIsaac

À la lumière de ces conclusions, l’équipe a ajouté des exercices mieux personnalisés et adaptés à son essai national du programme de préréadaptation réalisé dans 11 emplacements au Canada. L’équipe recrute environ 10 nouveaux patients par semaine et, jusqu’à présent, le taux de respect global se situe beaucoup plus près de 80 %. Elle veut recruter 750 personnes d’ici la fin de 2023 et publier ses résultats au cours des années suivantes. 

« Pour assurer le succès d’un programme de préadaptation, nous devons soutenir et motiver les participants et personnaliser les exercices à leurs besoins, ajoute le Dr McIsaac. Les assistants de recherche appellent les participants chaque semaine. Ils apprennent donc à les connaître et peuvent les aider à surmonter les défis qui se présentent. » 

Cette année, l’équipe prévoit lancer un plus petit essai en Ontario pour vérifier l’efficacité d’une autre méthode pour offrir le programme : des séances virtuelles de groupe. Contrairement à l’essai national qui recrute des patients par le truchement des équipes chirurgicales, les patients pourront proposer eux-mêmes leur candidature à l’essai.

« Si nous voulons inclure la préréadaptation dans la pratique clinique quotidienne, nous avons besoin d’un processus qui fonctionne dans le monde réel, poursuit le Dr McIsaac. Nous croyons que des séances virtuelles de groupe seront probablement davantage faisables pour les professionnels de la santé que des appels téléphoniques individuels. Nous ne savons toutefois pas si ce modèle fonctionne auprès des patients tant que nous ne l’avons pas mis à l’essai. » 

Les patients-conseillers jettent un éclairage instructif 

L’une des armes secrètes de l’équipe est de s’entourer de patients-conseillers. Des membres de l’équipe comme Gurlie Kidd, une travailleuse sociale à la retraite qui a eu une chirurgie à L’Hôpital d’Ottawa en 2017, aident à maintenir la recherche pertinente pour les patients. 

Les commentaires de Gurlie aident l’équipe à mieux comprendre comment et quand demander à des patients de participer à des études de sorte à réduire leur fardeau. Elle et ses pairs ont également aidé l’équipe à fixer des priorités et à adapter la conception de l’étude, par exemple en incluant l’envoi régulier de mises à jour aux patients qui y participent. 

« Au sein de cette équipe de recherche, je sais qu’on m’écoute, confie Gurlie. Il y a un respect pour le patient et ses contributions qui est assez étonnant. Cela légitime certaines des choses que nous avons traversées et reconnaît notre expertise. » 

« Je ne peux pas imaginer ce qu’aurait été mon rétablissement sans cet essai. » 

Après deux mois de préréadaptation, Christopher se sentait confiant et prêt lorsqu’il a appris qu’il passerait sous le bistouri en janvier 2022. La chirurgie colorectale s’est bien déroulée et son chirurgien a retiré d’autres cellules cancéreuses de stade 1 en croissance près de la tumeur. 

Christopher a été étonné de pouvoir quitter aussi tôt l’hôpital après la chirurgie. 

« Un diagnostic de cancer n’est jamais facile. Les étapes du traitement sont éprouvantes. J’estime que la participation à cet essai clinique de la préréadaptation a été une importante partie de mon plan de traitement. »  

– Christopher Wanczycki
Christopher et sa femme au Sommet Gros-Morne Septembre 2022.

« Ma chirurgie a eu lieu un lundi. Le mercredi suivant, je pouvais m’asseoir dans un fauteuil pour manger. Le jeudi, je me suis habillé et je suis allé au poste de soins pour leur demander une mise en congé. Le vendredi, je montais et descendais les marches à la maison. Cette réussite n’aurait pas été possible dans le programme de préréadaptation. » 

Il a continué d’effectuer des exercices de préréadaptation pendant un mois par la suite. Une semaine plus tard, soit seulement cinq semaines après la chirurgie, il retournait régulièrement sur les pistes de ski de fond. Il a appris qu’il était complètement libéré du cancer en avril 2022. 

En septembre 2022, Christopher est parvenu au sommet du mont Gros-Morne situé à Terre-Neuve-et-Labrador avec un sac d’iléostomie – soit seulement huit mois après la chirurgie. 

Il est reconnaissant de pouvoir refaire toutes ces activités qu’il adore et il attribue son rapide rétablissement à l’étude sur la préréadaptation. 

« J’ai la totale certitude que ça fait une différence physiquement et aussi psychologiquement de donner des objectifs à quelqu’un, c’est-à-dire d’orienter ses efforts. De plus, le cancer touche durement aussi la conjointe et les enfants. Grâce à ce programme d’exercices, ma femme a pu constater que je progressais et que j’allais de mieux en mieux. » 

En décembre 2022, Christopher a fait retirer son iléostomie. La chirurgie est des plus réussies. Il a depuis repris le ski alpin et le ski de fond. 

« Un diagnostic de cancer n’est jamais facile. Les étapes du traitement sont éprouvantes. J’estime que la participation à cet essai clinique de la préréadaptation a été une importante partie de mon plan de traitement. » 

Christopher avec sa famille.
Christopher avec ses filles.

Il est possible de réaliser de la recherche à L’Hôpital d’Ottawa grâce aux infrastructures et aux services de soutien financés par les généreux dons à la Fondation de l’Hôpital d’Ottawa. La recherche du Dr McIsaac est aussi financée par les Instituts de recherche en santé du Canada, la PSI Foundation, l’International Anesthesia Research Society et le Réseau canadien de soins aux personnes fragilisées. Elle est soutenue par le Centre de méthodologie d’Ottawa et le Bureau de la participation des patients aux activités de recherche