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C’était une journée glaciale d’hiver, Le vendredi 11 janvier  2019. Marcie Stevens quittait le centre-ville afin de rentrer chez elle à Kanata pour la fin de semaine. L’employée de Sécurité publique Canada était assise au deuxième étage de l’autobus à deux étages d’OC Transpo lorsque celui-ci a heurté un abribus à la station Westboro. Il était 15 h 50.

À dix minutes de route de la scène de l’accident, l’équipe de traumatologie de L’Hôpital d’Ottawa a reçu l’alerte, et un code orange a été déclaré. On a commencé à faire de la place à l’Urgence et un grand nombre d’employés sont arrivés, dont des chirurgiens, des infirmières, des anesthésiologistes, des urgentologues et du personnel de soutien. Une importante équipe d’environ 150 personnes attendait de recevoir les passagers blessés. À 16 h 28, le premier patient est arrivé au Campus Civic de L’Hôpital d’Ottawa où se trouve le seul centre de traumatologie de niveau 1 de l’Est de l’Ontario. Au total, 13  patients gravement blessés ont été transportés d’urgence au centre de traumatologie – Marcie Stevens était parmi ces blessés.

Le calme durant la tempête

La femme mariée, mère de deux enfants, se souvient qu’elle était consciente et extrêmement calme tout au long de l’épreuve. Même si elle était coincée au niveau supérieur de l’autobus et grièvement blessée, elle a pu téléphoner à son mari, Christopher, pour lui dire qu’elle ne pouvait pas aller chercher les enfants. Elle a même pensé à téléphoner au travail pour signaler qu’elle allait être absente lundi et a été en mesure d’aider à calmer les autres blessés alors que les équipes d’urgence s’efforçaient de les extirper des débris. Confrontée à l’adversité, Marcie allait avoir besoin de cette sérénité tranquille pour affronter ce qui l’attendait.

« Je n’aurais jamais pu me rendre aussi loin sans les gens et le soutien incroyables de L’Hôpital d’Ottawa – de l’équipe de traumatologie, du personnel des Soins intensifs et de celui du Centre de réadaptation – c’est incroyable. Le mot idéal pour les décrire, c’est la compassion ». – Marcie Stevens

L’équipe de traumatologie était prête

Une fois arrivée à l’Urgence, Marcie se rappelle avoir perdu tant de sang que sa tension artérielle a commencé à chuter après sa tomodensitométrie, mais l’équipe de traumatologie était prête. « L’infirmière à l’Urgence avait déjà un sac de sang O négatif dans sa poche. Ils ont immédiatement commencé à pomper le sang dans mon organisme. Ma tension s’est stabilisée et j’ai ensuite été transportée à la salle d’opération. Le seul moment où j’ai perdu connaissance était lorsqu’ils m’ont mis le masque pour m’endormir. 

Four physicians in an emergency room at The Ottawa Hospital

(De gauche à droit) Dr Maher Matar, Dr Peter Glen, Dr Ian Grant et Dre Jacinthe Lampron

Marcie s’est réveillée le dimanche matin, sonnée et enflée. C’est alors que son mari lui a dit que ses deux jambes avaient été amputées. « Avant de subir l’opération, je savais que j’avais perdu ma jambe gauche, parce qu’ils me l’ont dit. Ils allaient essayer de sauver la jambe droite, mais ils n’ont pas été capables de le faire, et ils ont dû l’amputer le samedi ». 

Alors qu’une vie complètement nouvelle l’attendait, Marcie n’a jamais perdu son attitude positive. « On s’adapte aux choses, et c’est ce que j’ai fait. C’est comme ça la vie. Je n’aurais jamais pu me rendre aussi loin sans les gens et le soutien incroyables de L’Hôpital d’Ottawa – de l’équipe de traumatologie, du personnel des Soins intensifs et de celui du Centre de réadaptation – c’est incroyable. Le mot idéal pour les décrire, c’est la compassion ».

La vidéo est uniquement disponible en anglais.

L’aube d’une nouvelle vie

Peu de temps après l’accident d’autobus, la Dre Nancy Dudek, directrice médicale du programme du Centre de réadaptation de L’Hôpital d’Ottawa conçu pour les amputés, a rencontré Marcie à son chevet pour la première fois. « Je rendais régulièrement visite à Marcie lorsqu’elle était à l’unité de traumatologie afin de déterminer le moment où elle serait prête du point de vue médical à être transférée au Centre de réadaptation ». Le Centre de réadaptation de L’Hôpital d’Ottawa se spécialise dans la réadaptation physique d’adultes ayant subi une maladie ou une blessure qui a diminué leur capacité fonctionnelle. Ses services sont offerts aux résidents de l’Est de l’Ontario.

Cependant, la Dre Dudek ne manque pas de mentionner que le processus de réadaptation de Marcie a été entamé peu de temps après que cette dernière a été admise à l’hôpital. « Nous avons commencé à élaborer le programme de réadaptation pendant qu’elle était encore à l’unité de traumatologie. Elle participait très activement à la réadaptation précoce ».

Marcie chez elle avec sa famille

Marcie a commencé son parcours vers un nouveau mode de vie pendant que son équipe multidisciplinaire l’aidait à guérir de ses blessures. Dans le cadre de ce processus, elle a appris encore une fois comment se déplacer de manière indépendante.

À la fin du mois de février, Marcie a été transférée au Centre de réadaptation de L’Hôpital d’Ottawa. Elle raconte que les employés étaient incroyables dès le moment où elle est arrivée. « J’étais dans une chambre avec trois autres femmes. Ils ont installé les deux patientes qui s’endormaient tôt d’un côté et les oiseaux de nuit – une patiente plus âgée et moi – de l’autre côté ».

Pendant sa réadaptation, Marcie a appris comment passer de son lit à son fauteuil roulant toute seule. Elle a appris à faire la cuisine dans une cuisine non adaptée afin de se préparer à retourner chez elle, et elle est en train d’apprendre comment conduire à l’aide de commandes à la main.

Préparer le retour à la maison

La Dre Dudek explique qu’il y a beaucoup de matière à couvrir en réadaptation. « Nous enseignons des compétences sur le plan des fauteuils roulants, y compris comment déterminer quel est le bon fauteuil roulant pour le patient. Il fallait également travailler sur le renforcement musculaire, dont les abdominaux. Ensuite, nous avons discuté de ses besoins immédiats afin de lui permettre de retourner chez elle pour vivre avec sa famille, dont ses fils âgés de cinq et de douze ans ».

Marcie Stevens and Dr. Dudek
Marcie avec le Dr Nancy Dudek au Centre de réadaptation.

Marcie est rentrée à la maison le vendredi 12 avril 2019, trois mois après son arrivée à L’Hôpital. Questionnée pour savoir ce qu’elle ressentait lorsqu’elle a quitté le Centre de réadaptation, elle prend un moment, puis elle répond : « C’était excitant. Ce n’est pas comme si je n’appréciais pas le Centre de réadaptation », précise-t-elle immédiatement en souriant à la Dre Dudek, « mais ça faisait du bien d’être de retour à la maison avec les enfants ».

Bien sûr, le fait de rentrer à la maison ne voulait pas dire que Marcie avait terminé sa réadaptation, mais c’était un important jalon dans son rétablissement – un rétablissement qu’elle a affronté avec ténacité, sans jamais fléchir. La Dre Dudek affirme que Marcie a été une source d’inspiration au cours de la dernière année. « Elle est une personne incroyablement positive. Cela a toujours été constant. C’était là dès notre première rencontre et ça n’a jamais vraiment disparu. Elle est pleine d’énergie et les gens gravitent vers elle. Elle est très populaire ici ».

« Le Centre de réadaptation est génial. C’est le joyau de l’hôpital que tout le monde ignore. Le personnel est comme caché ici et doit gérer une si grande variété de blessures et d’états d’esprit. Ce ne sont pas tous les patients du Centre qui acceptent ce qui leur est arrivé », admet Marcie.

Alors qu’elle raconte tout ce qu’elle a vécu durant la dernière année, Marcie continue de plaisanter et de rire. Questionnée pour savoir si elle croit que cette incroyable attitude a joué un rôle dans le rétablissement de Marcie, la Dre Dudek ne tarde pas à répondre. « Absolument. Elle a fait d’importants changements et mis en application de nouvelles choses dans sa vie. C’est très impressionnant à voir. Nous pouvons montrer aux gens comment faire, mais nous ne pouvons pas le faire pour eux ».

Aller de l’avant

Aujourd’hui, Marcie et sa famille vont de l’avant. Ils doivent emménager dans une nouvelle résidence qui est totalement adaptée, et Marcie dit vouloir retourner travailler un jour.

Ses collègues lui manquent, mais elle sait que ce jour finira par arriver. « Je suis une personne très positive et j’aurai besoin d’un certain temps pour m’habituer aux changements dans ma vie, pour m’adapter au fait de ne plus avoir de jambes. C’est difficile, mais j’y arriverai ».

Pour le moment, Marcie poursuit ses activités de réadaptation régulières. Ultimement, il lui suffira de ne faire que des visites annuelles. D’ici là, elle passe ses semaines au centre sportif et à la piscine pour bâtir la force nécessaire afin d’affronter sa nouvelle réalité. Malgré les difficultés, elle prend les choses avec confiance, avec le sourire et, si l’on peut dire, avec un certain aplomb alors qu’elle se met en route sur son fauteuil roulant, vêtue d’un manteau de cuir noir, des lunettes de soleil sur le nez et une mèche rose dans les cheveux.

Mise à jour : Deux ans plus tard

Aujourd’hui, Marcie apprend à marcher avec ses nouvelles prothèses. Malgré les retards causés par la pandémie, elle espère avoir de bonnes nouvelles au printemps. « J’explore des interventions qui faciliteront mes déplacements avec mes prothèses après une importante perte de poids », dit Marcie. Elle a perdu 60 livres dans un effort de mieux s’adapter à ses prothèses orthopédiques.

Au printemps, Marcie espère pouvoir essayer des genoux électriques qui faciliteront ses mouvements pour s’asseoir et se lever. Elle recevra aussi son véhicule adapté pour pouvoir conduire ses garçons à leurs activités. En deux ans, Marcie a fait beaucoup de chemin. Notre équipe de réadaptation accompagne Marcie à chaque étape de son rétablissement en cours.


Fièrement affilié à l’Université d’Ottawa, L’Hôpital d’Ottawa est un centre de recherche et de santé universitaire de premier plan.

Réponse de l’équipe de traumatologie et de l’Urgence

Les blessures et les événements qui font de nombreuses victimes peuvent survenir à tout moment. Même s’il est impossible de savoir où et quand surviendront la majorité des événements, la réponse de L’Hôpital d’Ottawa reste la même : l’hôpital est prêt à fournir les meilleurs soins pour vous et votre famille, si jamais vous vous trouvez parmi nos patients victimes de traumatismes.

L’Urgence et le Service de traumatologie de l’hôpital forment une équipe multidisciplinaire dont les membres travaillent ensemble afin de fournir une gamme complète de soins de haute qualité aux patients blessés et à leur famille. Cette équipe est composée de traumatologues, d’anesthésistes, de médecins, d’infirmières autorisées, de thérapeutes respiratoires, de travailleurs sociaux, de diététistes, d’orthophonistes et d’ergothérapeutes. Ils travaillent tous ensemble afin d’aider nos patients à se rétablir le mieux possible après avoir subi des blessures.

En tant que centre régional de traumatologie de l’Est de l’Ontario, le seul centre de traumatologie de niveau 1 dans la région, L’Hôpital d’Ottawa joue un rôle essentiel dans l’élaboration, l’évaluation, la formation et l’amélioration continue de la qualité des soins en matière de traumatologie pour adultes.

« Grâce à notre plan d’action en cas de code orange, nous sommes toujours prêts à intervenir, peu importe l’heure à laquelle survient un désastre » – Dr Andrew Willmore, directeur médical, Gestion des urgences, L’Hôpital d’Ottawa

Mise à l’essai de l’état de préparation

Lors d’un matin enneigé du mois de novembre, l’Urgence du Campus Civic a effectué un exercice d’intervention en cas d’urgence. Le scénario suivant a été présenté aux participants : Une fusillade survenue lors d’une conférence avait fait des dizaines de blessés, et les ambulanciers étaient en route avec des patients.

En l’espace de quelques minutes, l’hôpital a déclaré un code orange, signalant qu’il réagissait à un accident ayant fait de nombreuses victimes. Le personnel est immédiatement passé à l’action afin de se préparer à recevoir les patients et de trouver les ressources dont il aurait besoin au cours des prochaines heures, comme s’il s’agissait d’un véritable code orange.

Alors que la majeure partie de l’exercice d’intervention en cas de code orange était axée sur le poste de réanimation, du travail important se faisait ailleurs. Une équipe triait les patients près de la salle d’attente de l’Urgence. À des postes de commandement à l’Urgence et aux salles d’opération, des membres du personnel s’affairaient en coulisses pour acheminer les ressources en fonction des besoins et se servaient du taux d’occupation de l’hôpital en temps réel afin de déterminer la manière de libérer de l’espace essentiel dans les salles d’opération, de même que des lits pour patients hospitalisés, dans le cas d’une situation concrète.

Le code orange déclaré ce matin-là n’était qu’un exercice – l’un des plus importants exercices effectués par l’hôpital. L’exercice de formation a été bien réussi et a fourni au personnel une importante occasion d’apprentissage en vue d’être encore mieux préparé dans l’éventualité où un vrai code orange serait déclaré.

« Grâce à notre plan d’action en cas de code orange, nous sommes toujours prêts à intervenir, peu importe l’heure à laquelle survient un désastre », déclare le Dr Willmore, directeur médical, Gestion des urgences, L’Hôpital d’Ottawa.

Accident d’autobus à la station Westboro

À peine quelques mois après l’exercice de formation, un autobus a heurté la station Westboro.

Tard en après-midi, le vendredi 11 janvier 2019, le personnel à l’Urgence du Campus Civic a commencé à entendre parler d’une grave collision survenue à la station d’autobus Westboro, située tout près. L’hôpital a déclaré un code orange. Cette fois-ci, ce n’était pas un exercice. Des équipes d’intervention partout dans l’hôpital ont convergé vers l’Urgence en l’espace de quelques minutes. Des chariots de matériel d’urgence ont été rapidement déployés. Les membres du personnel dela pharmacie et de la médecine transfusionnelle ont rejoint leur poste. Huit postes de traumatologie, chacun soutenu par une équipe complète de traumatologie, ont été établis. Le personnel de l’hôpital était prêt lorsque les premiers patients sont arrivés.

Grâce à l’exercice d’intervention en cas de code orange effectué avant l’accident d’autobus à la station Westboro, le personnel était bien préparé pour gérer un désastre de cette ampleur. C’est pour cette raison que les essais, les exercices et les mises en situation sont devenus une procédure courante.

État de préparation de niveau militaire

Doctor in scrubs standing in a hospital emergency room
Dre Jacinthe Lampron, traumatologue

La Dre Jacinthe Lampron, traumatologue, était parmi les nombreux membres du personnel qui ont rejoint leur poste ce jour fatidique, le 11 janvier 2019.

En tant que réserviste dans les Forces armées canadiennes qui a servi dans l’hôpital militaire de Kandahar comme traumatologue avant de travailler à L’Hôpital d’Ottawa, la Dre Lampron est prête à affronter n’importe quel défi.

Selon elle, son expérience à l’hôpital militaire de Kandahar l’a outillée pour gérer les circonstances difficiles à l’unité de traumatologie. « Durant mes affectations en Afghanistan pour travailler avec les forces armées, des événements faisant de nombreuses victimes survenaient presque chaque semaine, explique la Dre Lampron.

Les techniques acquises sur le champ de bataille sont souvent appliquées aux soins que reçoivent les patients au quotidien. C’est justement ce qu’a fait la Dre Lampron quand L’Hôpital d’Ottawa a déclaré un code orange ce jour glacial du mois de janvier. Grâce à leur capacité d’organiser huit postes de traumatologie et de gérer le traitement de chaque victime qui est arrivée dans les deux heures suivant l’accident d’autobus, la Dre Lampron et son équipe étaient prêtes à intervenir avec une précision militaire.

Impact durable

Marcie Stevens comptait parmi les 13 patients gravement blessés qui sont arrivés au centre de traumatologie de L’Hôpital d’Ottawa à la suite de l’accident d’autobus de Westboro. Un an plus tard, après avoir perdu ses deux jambes, Marcie poursuit son rétablissement au Centre de réadaptation et elle est reconnaissante des soins empreints de compassion qu’elle a reçus.

Les effets d’événements faisant de nombreuses victimes, comme la collision à la station d’autobus Westboro, ont un impact considérable non seulement sur les patients et leur famille, mais aussi sur l’unité de traumatologie, sur l’Urgence et sur l’hôpital dans son ensemble.

Un événement de cette ampleur touche la vie de nombreuses personnes. Pour nos patients, leur arrivée à l’Urgence cet après-midi-là n’était que le début de leur rétablissement. Les patients gravement blessés comme Marcie Stevens, qui a perdu ses deux jambes à la suite de l’accident, ont subi de multiples interventions chirurgicales dans les semaines après l’accident, suivies d’un long processus deréadaptation. Leur rétablissement affectif prend beaucoup plus de temps.

Des centaines de membres du personnel sont toujours touchés, étant donné que nous prenons au sérieux notre vision de traiter tous nos patients comme des êtres chers et que nous établissons de profonds liens avec chacun d’entre eux durant leurs moments difficiles.

« L’effet durable de cet événement sur notre hôpital, sur le personnel et sur chaque patient a été considérable », affirme la Dre Lampron.


Premier anniversaire

Un an plus tard, il y a beaucoup de souvenirs. Les membres de notre communauté continuent de persévérer et de guérir.

« Peu importe le niveau de préparation, ce n’est jamais la même qu’une situation réelle, et il y a toujours des leçons à tirer, explique la Dre Lampron. Nous n’avons jamais été mieux préparés qu’aujourd’hui pour fournir des soins exceptionnels à nos patients ».


Fièrement affilié à l’Université d’Ottawa, L’Hôpital d’Ottawa est un centre de recherche et de santé universitaire de premier plan.

Le 20 juin 2017 était une journée comme les autres sur le chantier, jusqu’à ce que la lame diamantée de 14 pouces de la scie électrique d’Adrian Molloy se coince dans le béton qu’il découpait, puis rebondisse sur son bras.

« C’est arrivé si vite que je ne m’étais même pas rendu compte que j’étais blessé », affirme Adrian.

L’entrepreneur âgé de 40 ans utilisait des scies électriques au travail depuis 20 ans. Il était dans un trou en train de découper du béton lorsque la scie a rebondi. Il était couvert de poussière et ne pouvait donc pas voir son bras, mais il savait qu’il s’était blessé. Il a attrapé son bras droit au-dessus du coude et ses doigts se sont posés sur un os. Adrian savait que c’était une blessure grave. Il a réussi à sortir du trou et à se diriger vers la route pour aller chercher de l’aide. Son bras saignait énormément.

Adrian Molloy
Adrian  Molloy, entrepreneur, a subi deux  interventions chirurgicales de quatre  heures  et  demie chacune pour que son bras partiellement sectionné soit remis en place.

Sur la route, deux travailleurs de Hydro One étaient assis dans leur camion et s’apprêtaient à partir. Quand ils ont vu Adrian, la personne assise sur le siège du passager a appelé le 911. Le chauffeur a sauté à l’extérieur du véhicule, a rapidement enlevé sa ceinture et s’en est servi pour faire un garrot autour du bras d’Adrian. Il était calme et a fait parler Adrian jusqu’à ce que l’ambulance arrive.

Dans l’ambulance, Adrian entendait les ambulanciers paramédicaux discuter avec le centre de déploiement.

« J’avais compris qu’ils essayaient de contourner Kemptville, mais je ne savais pas ce qui se passait », raconte Adrian. « Je savais que c’est à L’Hôpital d’Ottawa que j’avais les meilleures chances de m’en tirer. J’ai donc été heureux d’entendre que nous allions au Centre de traumatologie du Campus Civic. J’allais là où on savait comment traiter ma blessure. »

Ce dont Adrian ne se rendait pas compte, c’était qu’il était l’un des premiers patients à bénéficier d’une initiative d’amélioration de la qualité que le Programme régional de traumatologie d’Ottawa avait mise à l’essai pour que les patients reçoivent les soins plus rapidement et obtiennent de meilleurs résultats.

« Adrian est un bénéficiaire direct de notre initiative relative au délai de contournement de 60 minutes », déclare Mathieu LeBreton, coordonnateur du Programme régional de traumatologie d’Ottawa à L’Hôpital d’Ottawa. « À l’échelle provinciale, les ambulanciers paramédicaux sont soumis à des règles qui leur permettent de contourner les hôpitaux locaux pour se rendre à un hôpital principal qui dispense des soins de traumatologie s’ils se trouvent sur un trajet de 30 minutes ou moins d’un centre de traumatologie. Avec l’approbation de tous les hôpitaux communautaires régionaux, nous avons porté ce délai à 60 minutes. Une grande partie de la littérature semble indiquer que plus tôt un patient reçoit des soins définitifs en traumatologie, mieux cela vaut. »

L’ambulance devait parcourir un trajet de 45 minutes pour transporter Adrian de l’endroit où il s’était blessé jusqu’au Centre de traumatologie. Dans le passé, il aurait fallu l’emmener à l’hôpital communautaire le plus proche. Selon M. LeBreton, il faut d’importantes ressources en soins intensifs pour les patients qui subissent un traumatisme et qui doivent être réanimés à la suite d’une blessure qui met leur vie en danger. Ils ont besoin de plus de personnel médical, d’un accès aux salles d’opération, de matériel d’imagerie, de plus de sang ainsi que d’autres ressources dont les hôpitaux communautaires ne disposent pas dans leur service d’urgence. Le Campus Civic est doté d’une équipe de professionnels de la santé spécialement formés pour prendre en charge les traumatismes.

Lorsque les ambulanciers paramédicaux informent le service des urgences du Campus Civic qu’ils y amènent un patient ayant subi des blessures multiples ou susceptibles d’être fatales, le code 1 relatif aux traumatismes est lancé par l’interphone de l’hôpital. Il sert à alerter l’équipe de traumatologie, qui comprend des traumatologues, des urgentologues, des infirmières, des anesthésistes, des inhalothérapeutes et le coordonnateur en traumatologie, Mathieu LeBreton, afin qu’elle se prépare à l’arrivée du patient. Le code 1 relatif aux traumatismes indique également au laboratoire d’analyses sanguines, au service de radiologie et au personnel de la salle d’opération que des analyses de sang, des radiographies, une tomodensitométrie et une intervention chirurgicale peuvent se révéler nécessaires.

« Parfois, nous recevons un cas de traumatologie sans avis préalable et nous y réagissons immédiatement », explique Kelly Barnett, gestionnaire clinique de l’Unité de traumatologie. « Chacun a une tâche à accomplir. D’ailleurs, c’est un code qui fonctionne bien pour procéder au diagnostic, au triage et pour sauver le patient. »

« Je ne suis jamais allé dans un hôpital avec une blessure pareille auparavant », dit Adrian. Pendant qu’il était allongé dans l’ambulance, mille et une inquiétudes lui traversaient l’esprit. « J’ai demandé : “Est-ce qu’ils sont avertis de mon arrivée? Sont-ils prêts pour moi?” »

La réponse était affirmative. L’équipe de traumatologie était prête et l’attendait lorsque l’ambulance est arrivée. Lorsqu’on l’a fait entrer précipitamment à l’Urgence, Adrian dit qu’il n’arrivait pas à croire : « Comment une pièce pouvait-elle contenir autant de personnes pour un seul patient? » Il était en salle d’opération 47 minutes après son arrivée à l’Urgence.

« Je savais que c’est à L’Hôpital d’Ottawa que j’aurais les meilleures chances de m’en tirer. J’ai donc été heureux d’entendre que nous allions au Centre de traumatology du Campus Civic. J’allais là où on savait comment traiter ma blessure. »

La scie électrique avait sectionné 75 % de son biceps droit, deux artères et un nerf. En salle d’opération, des chirurgiens lui ont rattaché le bras. L’opération de quatre heures et demie a permis de réparer les artères et le nerf sectionné. Il a subi une deuxième intervention chirurgicale de quatre heures pour réparer le biceps endommagé grâce à un don de muscle en novembre 2017.

Le Campus Civic de L’Hôpital d’Ottawa est le principal établissement de traumatologie pour adultes de l’Est de l’Ontario. Cela correspond à une zone qui englobe 1,3 million d’habitants incluant Ottawa, qui s’étend à l’ouest jusqu’à Pembroke et à l’est jusqu’à Hawkesbury. Les personnes qui subissent des blessures potentiellement mortelles de Gatineau et de l’Ouest du Québec, ainsi que les patients de l’île de Baffin et de l’Est du Nunavut sont transportés au Centre de traumatologie. Vingt pour cent de la population desservie vit dans une zone rurale.

Le Centre a traité 856 cas de traumatismes l’année dernière. Cent quatre-vingt-douze de ces patients ont bénéficié des directives concernant l’allongement du délai de transport du lieu de l’accident jusqu’au Centre de traumatologie, le temps de transfert moyen étant de 42 minutes.

L’Unité de traumatologie de huit lits est réservée aux patients qui souffrent de blessures multiples. Cela peut inclure les traumatismes crâniens ou cérébraux, la perte d’un membre, les lésions vasculaires, médullaires, internes, ainsi que les fractures multiples et les fractures de la colonne vertébrale ou du cou.

« Les patients sont transférés de l’Urgence à l’Unité de traumatologie et une fois qu’ils sont stabilisés, ils passent le plus tôt possible à différents services de l’hôpital pour pouvoir soit rentrer chez eux, soit aller en réadaptation ou encore dans un autre lieu de convalescence », explique Kelly.

Cette dernière ajoute que la durée de séjour du patient à l’Unité de traumatologie peut être de 24 heures seulement ou de plusieurs mois, selon la gravité de la blessure et la capacité du patient à récupérer et à guérir. Les professionnels de la santé du Centre planifient les soins de suivi du patient ou travaillent en étroite collaboration avec des services de physiothérapie et de réadaptation pour évaluer ses besoins en matière de réadaptation.

« Je sais que nous comparons souvent nos normes à celles appliquées aux traumatismes dans d’autres régions : autrement dit, nous nous comparons à d’autres hôpitaux pour établir les normes de soins en traumatologie. Nous nous tournons vers des hôpitaux comme St. Mike’s [Hôpital Saint-Michael] à Toronto pour connaître leurs pratiques ainsi que pour échanger des idées et des objectifs communs que nous essayons d’atteindre », déclare Kelly.

L’Hôpital d’Ottawa fait partie de l’Association canadienne de traumatologie où des membres des quatre coins du pays partagent des pratiques dynamiques sur les moyens d’améliorer les soins aux patients.

Hamilton et Kingston ont également des centres de traumatologie, bien que L’Hôpital d’Ottawa soit plus grand en raison de l’étendue de la région dont les patients viennent.

L’Hôpital d’Ottawa possède l’un des plus grands centres de traumatologie de la province, Sunnybrook et St. Michael’s étant les deux plus grands. Cependant, les deux hôpitaux de Toronto desservent une région de grande densité urbaine. L’Hôpital d’Ottawa couvre une zone géographique plus vaste, ainsi, le temps nécessaire pour transporter des patients d’un endroit éloigné au Centre de traumatologie est la raison pour laquelle l’initiative de contournement de 60 minutes est d’importance cruciale.

« Ce que nous avons constaté, c’est qu’il n’y a pas encore eu de résultats négatifs. Des personnes comme Adrian en ont profité directement », déclare Mathieu.

Adrian en compagnie de sa femme Shelly à l’extérieur de leur maison
Adrian pose aux côtés de sa femme Shelly à l’extérieur de leur maison.

Un an plus tard, Adrian est de retour sur le chantier et utilise pleinement son bras et sa main droite.

« J’ai perdu la mobilité nécessaire pour utiliser un tournevis. Je m’en sers comme excuse pour me débarrasser du travail que je n’aime pas. Je l’utilise à mon avantage maintenant », dit Adrian en riant. « Je fais tout ce que je faisais avant. »


Fièrement affilié à l’Université d’Ottawa, L’Hôpital d’Ottawa est un centre de recherche et de santé universitaire de premier plan.

La vie peut changer en un instant. Ashley Ruelland en sait quelque chose et peut maintenant raconter son « instant » après y avoir survécu.

Ashley, qui a récemment raconté son histoire de courage au Petit déjeuner du président de la Fondation de l’Hôpital d’Ottawa, vivait avant son accident en appartement avec ses deux chats. À 27 ans, elle avait une vie bien remplie comme directrice de travaux, administratrice de bureau à temps partiel et propriétaire d’une nouvelle entreprise de traiteur. Elle n’avait pratiquement jamais été malade et ne savait pas du tout où se trouvait le Campus Civic de L’Hôpital d’Ottawa.

Mais tout a changé le vendredi 13  mars 2015.

La jeune femme conduisait la future mariée et une amie à un enterrement de vie de jeune fille au Mont Tremblant. Les trois amies débordaient de joie par cette belle journée.

À environ une heure de leur destination, sur la route 323, une voiture a traversé la ligne centrale et les a frappées de front. Ce fut l’« instant » d’Ashley. L’impact a produit un son atroce, un bruit de métal broyé et de verre fracassé.

Ashley Ruelland dans son lit d’hôpital
Ashley  Ruelland  a passé neuf  mois à L’Hôpital d’Ottawa pour guérir de ses blessures, qui comportaient une longue liste de fractures. Sa mère,  Cheryl  Ruelland-Jackson  (à gauche), le chat  de thérapie Pecan, de  Therapeutic  Paws  of Canada,  et son frère, Robbie Ruelland, figuraient  parmi ses visiteurs.

Comble du miracle, une des premières personnes sur les lieux était une résidente de L’Hôpital d’Ottawa, qui s’est empressée d’évaluer les blessures d’Ashley. Les premiers intervenants se sont démenés pendant une heure pour sortir la conductrice de son véhicule. Envoyée d’urgence à l’Hôpital de Hull, la patiente avait des blessures si graves qu’elle a dû être transférée à l’unique centre de traumatologie de la région, le Campus Civic de L’Hôpital d’Ottawa.

Ses amies s’en sont tirées avec des blessures relativement mineures, mais Ashley avait une liste interminable de fractures, allant du gros orteil droit aux côtes. Elle avait principalement une fracture ouverte du fémur, une fracture ouverte du coude gauche, une fracture de l’humérus droit, un pied écrasé et brisé avec fractures à la cheville, une fracture en « livre ouvert » du bassin et plusieurs vertèbres lombaires fracturées.

« La vie de cette femme a changé à jamais », s’est dit le Dr Guy Hébert, chef du Département de médecine d’urgence, lorsqu’il a examiné les centaines de dossiers portant sur les chirurgies et le traitement de Mme Ruelland.

Plongée dans un coma artificiel pendant deux mois aux Soins intensifs, la patiente a eu de nombreuses chirurgies reconstructives, 100 heures de chirurgie orthopédique et interne et plus de 100 transfusions de sang et infections.

Quatre mois après l’accident, elle a commencé à faire de la physiothérapie dans son lit d’hôpital et à manger des aliments solides. Elle avait perdu tous ses cheveux et avait de graves dommages aux nerfs ainsi qu’une myopathie et neuropathie chroniques.

 « Penser à la vie qui m’attendait à l’extérieur de l’hôpital me faisait peur. »

— Ashley  Ruelland

« Je ne pouvais pas manger ni me brosser les dents par moi-même, et je ne pouvais pratiquement pas bouger », dit-elle. « Les premières semaines étaient comme une torture. Les infirmières fixaient de petits objectifs, comme m’asseoir dans un fauteuil roulant 20 minutes par jour. Le physiothérapeute et l’ergothérapeute ne savaient pas si j’allais pouvoir un jour marcher à nouveau. Penser à la vie qui m’attendait à l’extérieur de l’hôpital me faisait peur. »

Le premier signe véritable de rétablissement est apparu quelques semaines plus tard, lorsqu’elle a pu manger toute seule.

Ashley Ruelland aux barres parallèle
Un  an et demi après son « instant »,  Ashley  Ruelland  a pu marcher  à nouveau  avec  l’aide d’une marchette.

En août 2015, Mme Ruelland a été transférée au Centre de réadaptation de L’Hôpital d’Ottawa, au Campus Général, où elle a commencé un programme intense de physiothérapie, d’ergothérapie et de psychothérapie. Peu avant Noël, neuf mois après l’accident, elle quittait l’hôpital. Toujours en fauteuil roulant et encore peu fonctionnelle, elle se sentait néanmoins plus forte et en meilleure santé.

La jeune femme a continué de recevoir des soins comme patiente externe en réadaptation et a eu sa dernière chirurgie en février 2016, ce qui lui a permis de passer de son lit à son fauteuil sans aide.

« En mai 2016, je me suis tenue debout sans aide pour la première fois », dit-elle. « Et après beaucoup d’autres semaines à apprendre à me tenir debout et à marcher avec beaucoup de douleur dans la piscine thérapeutique du Centre de réadaptation de l’Hôpital, j’ai commencé à marcher entre des barres parallèles avec l’aide d’un harnais. À la fin de l’été, je pouvais me déplacer avec une marchette. »

Plus de deux  ans plus tard, Mme  Ruelland peut marcher. En fait, elle ne fait pas que marcher, mais elle voyage et vient de rentrer d’Irlande. Elle est aussi aux études et cherche à acheter une maison.

*La vidéo est uniquement disponible en anglais.

*Ce balado est offert en anglais seulement.


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