La Dre Kirsty Boyd avait débuté sa carrière médicale depuis à peine six semaines lorsqu’une patiente ayant subi des blessures catastrophiques est arrivée au Centre de traumatologie de L’Hôpital d’Ottawa. Karen Toop avait été heurtée par un chasse-neige en traversant une rue pour rentrer chez elle. Il lui manquait la moitié de son bassin à son arrivée. Une équipe multidisciplinaire composée de spécialistes de la chirurgie plastique reconstructive s’est efforcée de lui sauver la vie et de la ramener à sa famille, en plus d’appliquer une idée unique pour améliorer radicalement sa qualité de vie.
Dès le moment où l’accident s’est produit, Karen a su que ses blessures étaient dévastatrices. Elle se souvient avoir pensé à son fils de cinq ans à la maison lorsqu’elle gisait impuissante sur la route. « Je n’arrêtais pas de me dire que je ne pouvais pas le laisser sans mère. »
Karen a brièvement perdu connaissance. Elle se souvient s’être réveillée dans l’ambulance et avoir parlé à l’ambulancier. « Je lui ai demandé de dire à mon fils que je l’aime parce que je pensais vraiment que j’allais mourir. Puis il m’a dit non, vous allez le lui dire vous-même. Je n’ai rien répondu. »
« Les blessures de Karen sont des blessures qu’on ne voit qu’une seule fois au cours d’une carrière. Nous ne voyons pas régulièrement ce type de blessures. »
— Dre Kirsty Boyd
Prêts pour le cas le plus difficile
Karen est arrivée au Centre de traumatologie le 23 janvier 2012. La Dre Boyd n’oubliera jamais ce jour. « Les blessures de Karen sont des blessures qu’on ne voit qu’une seule fois au cours d’une carrière. Nous ne voyons pas régulièrement ce type de blessures. »
Ses blessures étaient terribles. Elle avait perdu une jambe, le côté gauche du bassin et plusieurs organes internes. Il a fallu les équipes de la Chirurgie vasculaire, de la Chirurgie générale et de la Chirurgie traumatologique pour stabiliser son état. Deux jours plus tard, la femme de 40 ans est retournée en salle d’opération pour une première chirurgie plastique. « Je n’étais qu’une petite partie d’une grande équipe qui s’occupait de Karen. Le Dr Murray Allen, mon mentor aujourd’hui à la retraite, faisait partie intégrante de l’équipe. J’étais relativement nouvelle au sein du personnel lorsqu’elle est arrivée. Les autres services chirurgicaux m’ont consulté à l’origine pour aider à soigner ses plaies, car elle présentait un déficit de tissus mous assez important à la suite des blessures », explique la Dre Boyd.
Ce fut le début d’un long cheminement vers la guérison à l’aide de multiples interventions chirurgicales pendant de nombreux mois. Karen a passé deux mois et demi à l’Unité de soins intensifs. Elle se souvient de certains moments effrayants, mais elle se souvient aussi de l’équipe de soins qui l’a entourée et aidée – chaque heure, chaque jour. « Le personnel a été extraordinaire. J’avais cette infirmière, Lynne, qui était aux petits soins pour moi – toujours à l’affût, s’assurant que j’étais aussi à l’aise que possible. Elle m’a vraiment aidée. »
Hors des sentiers battus
La chirurgie de reconstruction la plus importante de Karen n’a eu lieu que le 18 octobre 2012. Elle a nécessité des mois de planification de la part de l’équipe de la Chirurgie plastique et la combinaison de techniques de reconstruction existantes d’une manière novatrice pour reconstruire le bassin de Karen et lui rendre son autonomie.
L’absence d’une partie du bassin empêchait Karen de pouvoir s’asseoir. « Je ne pouvais pas m’asseoir à plus de 20 degrés dans mon lit. Je devais manger, boire et tout faire dans cette position », se souvient Karen.
« Nous avons exploré de nombreuses options. Nous avons contacté des collègues de partout au pays. Je pense que cette intervention n’avait jamais été faite ou décrite auparavant »
— Dre Kirsty Boyd
L’équipe chirurgicale a alors commencé à sortir des sentiers battus pour trouver un moyen d’améliorer la qualité de vie de Karen et de la ramener chez elle auprès de son mari et de son fils. Les Drs Allen et Boyd ont collaboré étroitement avec la Dre Nancy Dudek , spécialiste du Centre de réadaptation , et le Dr Allan Liew, spécialisé en chirurgie orthopédique, pour réfléchir à une façon de créer un nouveau bassin pour Karen.
« Karen a perdu une jambe et une partie de son bassin dans l’accident. L’autre jambe présentait toutes sortes de problèmes, notamment une mauvaise circulation sanguine, une perte de sensation et des lésions nerveuses si importantes qu’elle ne pouvait pas la bouger. La jambe était toujours reliée au bassin, mais elle n’était plus fonctionnelle », poursuit la Dre Boyd, avant d’ajouter qu’ils ont passé beaucoup de temps en consultation avec Karen et sa famille avant de prendre la décision d’amputer la jambe.
Karen a alors dû faire entièrement confiance à son équipe de soins. « Les efforts qu’ils ont déployés pour me sauver la vie ont été incroyables. Ils ont demandé l’avis d’experts du monde entier. Tout le monde s’est mobilisé. »
Rôle de la chirurgie reconstructive en traumatologie
L’intervention a été longue et compliquée – près de 14 heures. « Nous avons réarrangé l’os de sa jambe droite pour en faire un bassin tout en gardant les os attachés à leurs tissus mous. Je pense que l’origami décrit bien la situation : il fallait simplement réarranger les parties et les déplacer à proximité », explique la Dre Boyd.
« Ils étaient si gentils, compatissants et serviables. »
— Karen Toop
Voilà une approche unique d’un cas compliqué, mais l’équipe de Karen estimait que c’était la meilleure chance de l’aider dans les années à venir. « Nous avons exploré de nombreuses options. Nous avons contacté des collègues de partout au pays. Je pense que cette intervention n’avait jamais été faite ou décrite auparavant », poursuit elle.
L’expertise chirurgicale et l’effort de collaboration ont transformé l’avenir de Karen. « Après l’intervention, j’étais en mesure de m’asseoir dans un fauteuil, mais cette progression a eu lieu lentement. J’ai eu l’occasion de faire beaucoup de réadaptation physique. J’ai commencé à utiliser un vélo à main, à faire des exercices et à utiliser des poids. Ils m’ont ramenée au point où je pouvais m’asseoir dans un fauteuil », ajoute Karen.
Des soins exceptionnels empreints de compassion
En plus de sa réadaptation physique, Karen n’est pas près d’oublier les soins empreints de compassion qu’elle a reçus tout au long de son rétablissement. « Ils étaient si gentils, compatissants et serviables. Les infirmières écrivaient les plans des médecins pour que je puisse mieux les visualiser. Un des membres de mon équipe de traumatologie, la Dre Jacinthe Lampron, m’a préparé un gâteau d’anniversaire et m’a dit qu’elle l’a fait avec amour. Les infirmières ont préparé, quant à elles, des petits gâteaux pour l’occasion. »
« Je remercie les médecins et les infirmières de L’Hôpital d’Ottawa qui ont sauvé la vie de ma mère. »
— Ryan Toop
Renforcer la santé mentale de Karen et gérer le traumatisme de l’accident ont également fait partie intégrante de son parcours. « Ils s’occupent de notre santé émotionnelle grâce aux services d’un psychologue, d’un physiothérapeute, d’assistants du physiothérapeute et de préposés aux soins personnels. Ils ont tous été fantastiques. Ces gens si généreux ont fait un travail d’équipe incroyable. »
De retour chez elle auprès de sa famille
Après 11 mois à l’Hôpital et neuf mois au Centre de réadaptation, où elle a appris une toute nouvelle façon de vivre, Karen a emménagé dans une maison de retraite jusqu’à ce que sa nouvelle maison accessible soit prête.
« Dès le début, j’ai su que j’allais mettre L’Hôpital d’Ottawa dans mon testament parce qu’il a redonné sa mère à mon fils, ce qui est très éloquent. »
— Karen Toop
La partie la plus inoubliable a été de retrouver sa famille. « C’était incroyable. Je ne peux pas décrire à quel point nous étions tous heureux d’être à nouveau ensemble », confie t elle.
Ce qui est encore plus incroyable est que son fils, Ryan, ait sa maman à la maison. Aujourd’hui âgé de 14 ans, il est reconnaissant de l’avoir à ses côtés. « Je remercie les médecins et les infirmières de L’Hôpital d’Ottawa qui ont sauvé la vie de ma mère. »
Un don dans son testament
Cette expérience a permis à Karen d’apprécier les petites choses de la vie, comme serrer les membres de sa famille dans ses bras ou aller voir Ryan jouer au football – des choses qu’elle ne tiendra jamais pour acquises. Elle a également réfléchi à ceux qui lui ont sauvé la vie et se sont battus pour lui donner une bonne qualité de vie. « Mon accident s’est produit en une fraction de seconde. On ne sait jamais quand on aura besoin de l’Hôpital. Je suis passée d’entièrement valide à amputée des deux jambes. D’autres choses arrivent qui ne sont peut-être pas aussi radicales, mais qui nécessitent quand même l’Hôpital. »
Ce sont les services offerts par l’équipe spécialisée prête pour Karen lorsqu’elle avait des blessures critiques qui l’ont amenée à laisser un don dans son testament à l’Hôpital. « Dès le début, j’ai su que j’allais mettre L’Hôpital d’Ottawa dans mon testament parce qu’il a redonné sa mère à mon fils, ce qui est très éloquent. »
Elle estime avoir vraiment de la chance d’avoir eu accès à ces soins. « Ils m’ont donné des soins de calibre mondial grâce à de nouvelles technologies, par exemple la cicatrisation par pression négative. Si je n’avais pas eu ça, je ne pense pas que j’aurais survécu parce que j’aurais eu trop d’infections. Il y avait aussi la chambre hyperbare. J’y suis allée lorsque mes plaies ne guérissaient pas, puis mes plaies ont guéri. »
Karen est également reconnaissante pour les soins que son mari, Harvey, a reçus à L’Hôpital d’Ottawa lorsqu’il est tombé malade – des soins dont elle a été témoin du point de vue du membre de la famille cette fois. Malheureusement, Harvey est décédé en novembre 2017.
Ainsi, en laissant un don dans son testament, elle aide les patients qui franchiront les portes de l’Hôpital dans l’avenir. Elle encourage aussi les autres à envisager de faire de même. « Il est important que les membres de la collectivité soutiennent l’Hôpital, en particulier lorsqu’il s’agit de mettre au point de nouvelles technologies et de construire le nouveau campus. Pour concrétiser ce projet incroyable et réaliser ces objectifs, l’Hôpital a besoin du soutien des gens de la collectivité. »
Pour Karen, c’est le moins qu’elle puisse faire pour l’équipe qui lui a permis de réaliser son objectif de voir son jeune fils devenir un jeune homme.
Fièrement affilié à l’Université d’Ottawa, L’Hôpital d’Ottawa est un centre de recherche et de santé universitaire de premier plan.